vendredi 19 avril 2024

CRITIQUE CD. OLIVIA GAY : Whisper Me A Tree – Olivia Gay, violoncelle – 1 cd Fuga Libera

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CRITIQUE CD. OLIVIA GAY : Whisper Me A Tree – Olivia Gay, violoncelle — Orchestre national de Cannes – Benjamin Lévy, direction – 1 cd Fuga Libera – Le parcours de ce programme très équilibré répond idéalement à l’engagement de l’interprète pour la défense de la nature, des arbres, pour la sanctuarisation des forêts… Les motifs et sujets célébrant la nature et le chant du vivant ainsi suggérés se réalisent au fur et à mesure, dans le passage d’une partition à l’autre. D’Elgar, on distingue l’élégance bienheureuse, la nonchalance allégée pour un « matin » d’une sérénité voluptueuse ; le « Papillon » de Fauré entame sa course volubile, prétexte à une séquence souple et active – Dans « Three High Places », Adams joue sur les vibrations et un jeu arachnéen, ciselé, évanescent en phase ou à l’écoute des résonances ténues, du microcosme et des éléments immatériels comme le souffle d’Eole, claire référence au « vent à Maclaren ».
La soliste exprime toute la sensualité rêveuse d’Offenbach, lui-même prodigieux virtuose de l’instrument et compositeur inspiré dans sa « Rêverie au bord de la mer »… évocation d’un songe enfoui, secret ; d’une sincérité intime qui conserve dans le jeu mesuré, toute sa pudeur évocatrice, le secret de son extase souple et caressée avec une gravité tendre. Le son et l’agilité de la violoncelliste permettent de capter ses frémissements ténus. « L’Esprit des eaux » exprimé par R Edwards affirme soudainement un climat plus intranquille, vibratile voire inquiétant. Soliloque écrit comme un huis clos presque hypnotique au chant d’une secrète mélancolie qui pleure un monde menacé ou à l’agonie : voilà qui colle là encore à l’engagement de la musicienne.

 

Le violoncelle inspiré d’Olivia Gay
Chants saisissants
d’une Nature à sauver

 

 

 

Puis, la diversité des séquences, la caractérisation qui les porte chacune vers un audelà suggestif affirment la sensibilité de la violoncelliste ; d’une souplesse éloquente, énoncée comme la danse voluptueuse et insouciante d’un animal majestueux et fragile : « Silent woods » de Dvorak égale ici le Saint-Saëns le plus inspiré – la pièce est réalisée comme une élégie, un songe amoureux des plus élégants, exposant la couleur moelleuse, melliflu du violoncelle aux teintes mordorées, crépusculaires et automnales ; la page est d’une infinie séduction sonore : d’autant mieux polie que le jeu de la violoncelliste est en fusion murmurée avec l’orchestre et le chef.

Beau contraste avec la frénésie qui trépigne dans l’excitation fugace, astucieuse, aérienne d’ « Elfentanz », la danse de l’elfe de D Popper, claire hommage à la vie invisible des bois enchantés et aussi surgissement d’une vie électrisée proche de l’esprit du Puck de Shakespeare : digitalité filigranée, suggestive, nuancée, Olivia Gay convainc.

Enfin, l’interprète captive dans le chant funèbre d’une infinie douceur triste, en longues notes tenues, étirées presque fantomatiques où Max Richter compose comme un requiem qui frappe par la gravité du recueillement et l’expression d’une sidération à l’inéluctable noirceur et en même temps d’une dignité intacte (transcription pour orchestre de sa mélodie « On the Nature of Daylight »).
« Gris Brume » de Pépin évoque l’activité souterraine, magique et fantastique, d’une Nature impénétrable aux murmures et éclats permanents, scintillants, auxquels répondent les vagues réverbérées, somptueusement tristes du Nocturne / « Musique du soir » de P. Vasks pour orgue et violoncelle (association sonore d’une ampleur poétique inouïe). Et pour conjurer le désordre et les prémices avant la tempête et le chaos, rien de tel que la volupté secrète elle aussi mystérieuse de « Nuit calme » de H. Bosmans dont le chant semble mourir avec son secret. Programme envoûtant dont la justesse fait sens autant qu’elle nous convainc.

 

 

 

 

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CRITIQUE CD. OLIVIA GAY : Whisper Me A Tree – Olivia Gay, violoncelle — Orchestre national de Cannes – Benjamin Lévy, direction – 1 cd Fuga Libera Réf.: FUG807 – enregistré en 2022 – Parution : octobre 2022. CLIC de CLASSIQUENEWS automne 2022

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