Fondé en 1966, l’Opéra de Chambre de Genève met à l’honneur, chaque été, en collaboration avec l’Orchestre de chambre de Genève, des titres rares du répertoire lyrique tels que – ces cinq dernières années -, Lo Speziale de Haydn, Le Serve rivali de Traetta ou encore Il Mondo della luna de Piccinni. Directeur artistique et musical de la compagnie helvète, le chef italien Franco Trinca s’est porté cette année sur le couplé : Pomme d’Api/Monsieur Choufleuri restera chez lui de Jacques Offenbach. Après que Genève ait connu un record de chaleur historique en ce jour de première du 7 juillet (42 degrés!), le spectacle a malheureusement du être déplacé (à cause des orages) de la superbe cours de l’hôtel de ville au Casino-Théâtre de Genève, charmante salle au demeurant, mais où régnait une chaleur dépassant les 30 degrés. Commençons ainsi cette recension en saluant artistes comme public qui ont affronté ces aléas sans broncher, et qui ont quand même offert, pour les premiers, une haute qualité artistique.
Comédies rafraîchissantes sous la canicule de Genève
Car il faut (beaucoup) de talent pour interpréter Offenbach, même lorsqu’il s’agit d’ouvrages mineurs comme ce soir, tant la drôlerie y est débridée, la musique, qu’elle soit sautillante ou sentimentale, toujours peine de verve et les situations bouffonnes toujours irrésistibles Qu’on songe seulement ici à la scène, dans Monsieur Choufleuri, où les trois protagonistes se livrent à une parodie de l’opéra italien en personnifiant Henriette Sontag, Antonio Tamburini et Giovanni Rubini. On ne saurait trop souligner les qualités dramatiques et lyriques de Marion Grange, Ernestine (et Catherine dans Pomme d’Api) tout à fait charmante et parfaitement en voix, de Richard Rittelmann, Choufleuri (et Rabastens) désopilant, d’une « rondeur » comique aussi à l’aise dans les parties chantées que parlées, et enfin du prometteur ténor alsacien André Gass, Babylas (et Gustave) fantaisiste, au superbe registre aigu. Une mention également pour l’inénarrable Petermann- le majordome à l’accent belge – de Humberto Ayerbe Pino. A la tête de l’Orchestre de Chambre de Genève, Franco Trinca fait preuve de la même bonne humeur et de la même précision, deux vertus essentielles à ce répertoire.
Signataire d’une production de l’Amant Jaloux de Grétry – salué par le public comme la critique à l’Opéra Comique en 2010 -, Pierre-Emmanuel Rousseau (qui signe également décors et costumes) livre une mise en scène alerte et drolatique, ne lésinant ni sur les gags, ni sur les anachronismes. Au regard de l’exiguïté des lieux, la scénographie est spartiate mais fonctionnelle – : un divan, une table, quelques chaises et de très beaux panneaux reproduisant des lithographies du Palais Garnier. Sans nul doute, c’est avec conviction et talent que cette sympathique équipe a défendu les deux petits chefs d’œuvre de parodie et d’humour – trop rarement montés – de l’auteur de La Belle Hélène.
Compte-rendu, opéra. Genève, Casino-Théâtre. Jacques Offenbach : Pomme d’Api & Monsieur Choufleuri restera chez lui. Richard Rittelmann (Rabastens & Choufleuri), Marion Grange (Caherine & Ernestine), André Gass (Gustave & Babylas), Humberto Ayerbe Pino (Petermann), Fernando Cuellar (Mr Balandard), Laura Andres (Mme Balandard). Pierre-Emmanuel Rousseau (mise en scène, décors & costumes). Franco