vendredi 29 mars 2024

Compte-rendu, concert. BLANC-MESNIL (93), La symphonie sur l’herbe, le 31 août 2018

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blanc-mesnil-symphonie-sur-l-herbe-concert-2018-annonce-crtique-sur-classiquenewsCompte rendu, concert. BLANC-MESNIL (93), La symphonie sur l’herbe, le 31 août 2018. En Seine-Saint Denis loin des élites parisiennes et des salles fermées qui se sont appropriées la musique symphonique pour la délectation des nantis, voici une expérience populaire au sens le plus noble du terme qui redéfinit la fonction, le sens, les valeurs d’un concert de musique classique: la magie, le partage, la détente. C’est le classique comme on l’aime ni compassé et arrogant ni low cost ou bradé. La qualité et la beauté sont pour tous particulièrement pour ceux qui n’en sont ni habitués ni désabusés.

Car ici sous la voûte étoilée, les familles et les enfants ont investis le vaste tapis qui  fait face à la scène ; ils sont couchés, en tailleur et de toute façon non contraints par l’étiquette sociale et mondaine qui a décrété hier que l’opéra et le classique se consommaient uniquement assis en costumes de soirée, dans des lieux réservés.

 

 

 

En plein air et gratuit,
le classique s’offre un nouvel oxygène au Blanc Mesnil

 

 

C’est comme à Berlin les grands rvs populaires de la Waldbühne ou à Orange dans le Théâtre Antique sous le ciel là encore car le classique à besoin de telles expériences pour repenser et enrichir sa propre expérience du spectacle, pour réécrire la nature de sa relation avec le public ou plutôt les publics. De spectacle il s’agit bien. Les artistes se succèdent comme dans une grande soirée de gala comme on en a vu et vécu de nombreuses fois ; d’autant qu’il y en a pour tous les styles : la danse style foxtrot, la guitare, le lyrique aussi… Et même le conte musical Pierre et le loup de Prokofiev passe aussi vite qu’une apparition fabuleuse et la narratrice Julie Depardieu trouve le ton exact : celui de l’émerveillement et de l’enfance, surprise elle-même par l’enchantement des timbres instrumentaux et le raffinement sonore de l’orchestre conteur.

Ceux qui nous ont le plus ébloui restent les sœurs Bertholet, Camille et Julie, deux sirènes de blanc vêtues, et le jeune pianiste Peter Bence qui a le swing transcendant et réalise ce que nous sommes venus écouter spécifiquement au cours d’une telle soirée face à un tel dispositif : le mélange des genres, classique et cinéma, surtout classique et pop (on rêve d’un symphonique rock à la façon géniale des québécois qui osent chez eux ce qui est encore impossible en France : les Rolling Stones, les Bee Gees par un orchestre symphonique…)… Le jeune Bence lui dans le parc du Blanc-Mesnil, joue au piano suivi par l’orchestre, un medley de tubes de Michael Jackson en une immersion poétique scintillante et swinguante, très convaincante.

symphonie-sur-lherbe-blanc-mesnil-2018-grand-format-concert-festival-musique-classique-par-classiquenewsÉvidemment l’orchestre (près de 80 instrumentistes classiques, placés sous la direction du chef Jérôme Pillement) est l’acteur majeur de ce soir qui ouvre la soirée avec le galop de l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini, se perd dans l’adagio de la symphonie n°2 de Rachmaninov (un mauvais choix en définitive car la tension retombe à plat)  mais contexte oblige, en grand format et en plein air, les extraits de Star Wars fonctionnent immédiatement et c’est une excellente idée que d’associer à quelques extraits du Moussorgski retenu (les fabuleux Tableaux d’une exposition), la féerie de feux d’artifice qui nous renvoie cette fois à un grand final façon Disney. Les yeux, les oreilles sont comblés. On ne peut que souscrire à l’expérience qui décloisonne définitivement le classique, surprend la majorité des spectateurs en une fête des sens stimulés par le pouvoir évocatoire des seuls instruments : ici la beauté se partage en toute décontraction. BRAVO au Maire du Blanc-Mesnil (Thierry Meignen / lire notre entretien ci dessous) dont l’action est exemplaire. En rétablissant la place de la musique classique au plus proche des habitants de la commune, c’est l’art et la magie de l’orchestre symphonique qui réenchante l’espace urbain. Ce n’est pas tant une question de choix et de partenariat artistique, c’est surtout la vision qui nous convainc. Comme il n’est pas de futur sans nature, pas d’essor démocratique sans symphonique !

Comme un événement majeur de l’agenda du 93, « La Symphonie sur l’herbe » est à présent ancrée dans le territoire, rv incontournable de la fin d’été de la Seine-Saint-Denis. Plus de 5000 spectateurs se sont massés cette nuit pour vivre l’expérience symphonique proposée par le Monsieur le Maire : on ne pourrait concevoir meilleur accueil, ni plus éloquente validation. Rv est pris pour août 2019. A suivre.

 

 

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