jeudi 28 mars 2024

COMPTE RENDU, festivals 2017. GSTAAD Menuhin Festival & Academy : concerts des 14, 15, 16, 18 août 2017

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GSTAAD festival prospekte-2017-2-465COMPTE RENDU, festivals 2017. GSTAAD Menuhin Festival & Academy : concerts des 14, 15, 16, 18 août 2017. GSTAAD, UN EDEN MUSICAL ESTIVAL… Dans le sillon tracé par la légende Yehudi Menuhin qui l’a créé il y a 61 ans,- 2016 avait marqué le jubilé du festival suisse dans le Saanenland, le festival estival de Gstaad (précisément selon la nomenclature officielle : « GSTAAD MENUHIN Festival & Academy ») poursuit la double vocation première du cycle de concerts : partage et pédagogie. Le public vient y goûter les meilleurs interprètes dans une palette élargie de formes musicales (musique de chambre, récitals intimistes, concerts symphoniques, opéra en version de concert.)… Les jeunes musiciens viennent y perfectionner leur métier le temps des 5 académies dont la plus impressionnantes demeure celle dédiée à la direction d’orchestre, cette année pilotée par le chef néerlandais Jaap von Zweden. Un tempérament énergique volontiers démonstratif, soucieux de conduire jusqu’à leurs limites ultimes, les 12 jeunes chefs en lice, candidats au prix Neeme Jarvi qui promet à l’heureux élu des engagements concrets avec les orchestres partenaires (Bern, Bâle…).

 

 

gstaad-eglise-festival-yehudi-menuhin-presentation-classiquenewsINTIMISME PRÉSERVÉ DANS LE SAANENLAND… Mais Gstaad doit son charme irrésistible aux concerts intimistes dans les chapelles et églises du territoire (Saanenland : Saanen étant la ville noyau où Yehudi Menuhin dès 1957 donnait ses premiers concerts), dont l’austérité et la rusticité protestante assurent des conditions acoustiques idéales, en partie grâce au volume bien dimensionné de leur nef central et unique, coiffée souvent d’une voûte en bois, idéal écrin pour les concerts de musique de chambre et les récitals.

 

C’est le cas des premiers concerts auxquels nous avons assisté à partir du 14 août et jusqu’au 19 août 2017. Point d’orgue de cette semaine, le concert du soir du 19 indique une autre dimension pour le festival suisse, celle des grands rendez vous symphoniques (et lyriques). En effet le concert du 19 août reste celui attendu, sous la tente cathédrale de Gstaad où maestro Zweden dirige Sol Gabetta dans le Concerto de Lalo, avant d’aborder avec le même orchestre du festival (GFO Gstaad Festival orchestra, soit près de 100 musiciens), la 5ème de Tchaikovski dont le maestro faisait dès les répétitions, une grande machine Philharmonique au souffle éloquent et électrique, confinant à une série d’éruptions orchestrales d’une véhémence spectaculaire. Lire notre compte rendu complet à partir du 22 août 2017.

Le 14 août 2017, place à l’intimité chambriste d’un programme qui met surtout en avant le violon ardent, juvénile de Christel Lee, nommée “Menuhin heritage artiste” (Ysaye subtilement tendu et expressif).

 

Vengerov-Maxim-17Puis le 15 août, c’est Maxim Vengorov qui fête les 30 ans de l’Académie Menuhin,- international Menuhin music academy / IMMA (académie qu’il dirige à présent), dans un programme copieux (Mozart, Prokofiev, Brahms, Bartok) : entouré par les jeunes instrumentistes académiciens, le musicien russe (né à Novossibirsk), revenu au violon récemment, confirme bien qu’il est avec le très rare à présent Vadim Repin, le plus bon son violonistique du moment,… saisissant de pureté lumineuse, en une sonorité brillante mais habitée, d’une intelligence sobre, d’une franchise expressive sans effet ni boursouflure qui illumine et porte tout le Concerto de Mozart. De surcroît l’église de Saanen est celle où tout a commencé quand en 1957, Menuhin lui-même tombait sous le charme du village qui allait devenir l’épicentre de la vie musicale estivale suisse. L’aventure a commencé il y a plus de 60 ans et poursuit son extraordinaire périple.

Le niveau des cordes de l’Académie Menuhin est représenté ce soir aussi par les musiciens du Sextuor de Brahms dont l’écheveau contrapuntique aux harmonies parfois âpres et mordantes (spécificités de la vie intérieure et mystérieuse de Brahms) s’éclaircit à mesure que le flux musical se développe et s’accomplit. L’expérience collective semble être totalement comprise et assimilée. Les musiciens incarnent magnifiquement ce qui importait tant pour leur fondateur Menuhin : dépassement, écoute, partage.

 

 

 

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Le 16 août au soir, dans une autre église du Saanenland (Zweisimmen), focus sur le nouveau projet Stradivarius d’un petit groupe de cordes du Berliner Philharmoniker, soit 6 solistes jouant sur des joyaux instrumentaux (prêtés par une fondation), dont les qualités instrumentales sont rendus harmonieusement proches grâce aux secrets de fabrication Stradivarius dont découlent les 6 instruments,vedettes de la soirée. La littérature musicale pour sextuor est riche; ce soir le choix se porte sur Brahms et surtout Tchaikovski (Souvenirs de Florence).
Du tissu brahmsien complexe à la fois introspectif et très dense, les 6 solistes atteignent et nourrissent une vision rarement claire, à l’intonation étonnamment heurtée qui manque souvent de fluidité. On sait combien documentaires nombreux à l’appui, le son Stradivarius et ses soit disantes qualités supérieures voire transcendantes relèvent d’une vue de l’esprit, du mythe plutôt que de la réalité objective d’un phénomène scientifiquement quantifiable.
Or l’engagement à défaut de la cohérente synchronicité est bien souverain dans ce programme aux multiples vertus sonores.
Même velléités de fusion chantante aux éclairs intimes et pépites mélodiques dans Souvenirs de Florence : malgré une irrésistible séduction mélodique- qui assure le surgissement d’une nostalgie apaisée, la partition ne cache en rien cependant la nature angoissée et terriblement inquiète de Piotr Ilyitch. Le concert de ce 16 août sensuellement caressé par les timbres inspirés quoique souvent imprécis des 6 Stradivarius, l’a bien démontré.

 

 

 

 

COMME PILIER DE SON ACADEMIE DE DIRECTION, le GSTAAD MENUHIN Festival dispose d’un orchestre maison de premier plan

 

 

zweden jaap van gstaadL’ACADEMIE DE DIRECTION D’ORCHESTRE… Aucun doute, Gstaad poursuit dans la diversité d’une offre équilibrée, cette attention spécifique aux cordes, révérence renouvelée au violon de son fondateur historique Yehudi Menuhin. Vendredi 18 août 2017, autre lieu, autre concert, sous la tente, magnifique emblème à triples pointes sommitales du Gstaad moderne: des 12 jeunes maestros ayant suivi le coaching intensif du maître Jaap Von Zweden, finalement 7 dirigent lors de la finale avec orchestre. Beaucoup sont techniquement déjà très précis, peu savent fusionner la souplesse éloquente des intentions à une gestuelle métronomique et rythmique impeccable. Parmi nos préférés plus convaincants par une maîtrise qui s’autorise l’apparence de l’abandon mais maîtres d’une belle communication avec les plus de 80 musiciens, citons les très prometteurs : GONZALO FARIAS (Chili), l’autrichienne KATHARINA WINCOR qui a remporté le prix : geste sobre, économe d’une belle fluidité qui incite à l’intériorité.

 

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Enfin les deux coréens en lice, deux passionnantes sensibilités pour le moins, qui méritaient légitimement d’être présents ce soir sous la tente : la très subtile HOLLY CHOE dont le galbe de la baguette saisit immédiatement autant que le nerf vif, incisif de son compatriote HEE-BEOM JEON captive par son sens affûté du relief, sa fougue virile et cravachée. A la première revenait la gestion tout en finesse de la valse de la 5ème de Tchaikovski (scintillement instrumental), au second, l’énergie de conquête qui doit emporter la fièvre de l’ultime séquence, forme transfigurée d’une marche finale.
Répondant à la personnalité des candidats où l’on regrette que pas un français ne soit présent, s’affirme le feu collectif de l’orchestre du festival, somptueuse phalange composée des meilleurs instrumentistes issus d’un noyau primitif des orchestres suisses de Bâle et de Bern.

 

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La présence de cet orchestre festivalier concourt grandement au succès de cette académie de direction d’orchestre à Gstaad. Son implication, sa volonté, son entrain (emmené par le premier violon d’origine roumaine « Vlad ») est un point crucial du festival estival de Gstaad.

 

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D’ailleurs les festivaliers familiers et adeptes ont immédiatement mesuré les progrès parcourus par l’orchestre : une sonorité éloquente, une fièvre collective prête à en découdre, une interactivité immédiate pour qui savait les stimuler. Au final, après une séquence riche en sensibilités maîtrisées, très efficacement pilotées par le pédagogue Zweden, les jeunes femmes et jeunes hommes prétendants au Prix Neeme Järvi (du nom de l’ancien chef ayant dirigé cette académie de direction d’orchestre) ont offert une synthèse passionnante de ce qu’est le travail d’un chef et d’un orchestre : empathie voire charisme, précision et clarté, sensibilité et intention… Tout passe par le geste et le regard, l’anticipation et la réactivité. En cela, la Gstaad Conducting Academy propose une expérience captivante, évidemment pour les candidats académiciens, pour le public aussi, venu assister à l’émergence et l’affirmation d’un tempérament fédérateur. Au terme du concert, le jury désigné a distingué deux baguettes parmi les 7 : celles de Katharina Wincor (Autriche), et de Petr Popelka (République tchèque). LIRE aussi notre dépêche « Palmarès du Neeme Järvi Prize 2017, Gstaad Menuhin Festival & Academy »…

Prochain compte rendu, concert du 19 août 2017 sous la tente : Zweden / Gabetta / GFO (Ravel, Lalo, Tchaikovski).

 

 

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AGENDA : 3 concerts événements à GSTAAD 2017
DUO de charme et de choc : Sol Gabetta et Celilia Bartoli accordent leurs voixProchains concerts événements à GSTAAD (jusqu’au 2 septembre 2017). 3 programmes s’annoncent absolument incontournables à GSTAAD : Evgueny KISSIN dans le Concerto n°2 de Bartok sous la direction de Antonio Pappano (et l’Orchestre de l’Academie Santa Cecilia Roma) le samedi 26 août (Tente, 19h30) ; le programme en création mondiale (suivi d’un enregistrement chez DECCA) : « Dolce Duello » réunissant les deux tempérements superlatifs de la violoncelliste Sol GABETTA et de la mezzo Cecilia BARTOLI (airs d’opéras, dimanche 31 août, église de Saanen, 19h30) ; enfin la version de concert d’AIDA de Verdi, sous la tente de Gstaad, le 1er septembre 2017 à 19h30, avec Francesco Meli (remplaçant Roberto Alagna initialement programmé), Kristin Lewis (Aida), Anita Rachvelishvili (Amnéris)… sous la direction de Gianandrea Noseda et le LSO London Symphony Orchestra. Ajoutons que le pianiste Evgeny Kissin publie un nouvel album fin août 2017, marquant son grand retour chez Deutsche Grammophon (Sonates et Variations de LV Beethoven : « CLIC » de CLASSIQUENEWS de la rentrée 2017 / grande critique à venir le 25 août) dans le mag cd dvd livres de classiquenews.

 

+ D’INFOS et RESERVATIONS sur le site du Festival Menuhin à GSTAAD (Suisse)

 

 

 

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Illustrations : Jeunes chefs académiciens de la Conducting Academy GSTAAD 2017 : © Eve Kohler / Conférence de presse Neeme Järvi Prize GSTAAD 2017 en plein air : © Raphael Faux / pour le GSTAAD Menuhin festival & Academy 2017

 

 

 

 

 

 

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