lundi 17 juin 2024

COMPTE-RENDU, critique, opéra. PARIS, Athénée-LJ, le 23 mai 2019. BARRY : The importance of being Earnest. CHAVAZ / KUHN

A lire aussi

Barry gerald importance being earnest critique opera classiquenewsCOMPTE-RENDU, critique, opéra. PARIS, Athénée-LJ, le 23 mai 2019. BARRY : The importance of being Earnest. CHAVAZ / KUHN. Il est des musiques qui ne sont pas d’emblée abordables. On imagine assez le problème des musiques contemporaines, dans un XXIe siècle en proie à la panique dès l’écoute de la moindre dissonance. Osons le dire, certaines musiques de notre temps sont complexes et, par extension, élitistes. Ce n’est pas un problème de public ou de compositeurs, c’est un problème de chaque individu et sa sensibilité. Il existe aussi des personnes qui détestent la moindre note de Wagner ou le son des instruments d’époque: le monde mélomane est polychrome.

Life in technicolor

Pour la musique de Gerald Barry est une construction minutieuse et sans concessions. Il introduit des beaux moments , malgré le caractère parfois psychédélique de ses partitions.

Adapter en musique un chef d’œuvre tel que The importance of being Earnest, est un défi qui dépasse le cadre même du théâtre. Le quiproquo continu de l’argument de Wilde marque un rythme effréné qui ajoute une difficulté supplémentaire à toute adaptation.

Mais, contre toute réserve, la partition de Gerald Barry garde le dynamisme survolté d’Oscar Wilde. On ne perd jamais ni l’humour mordant ni les saltimbanques de chaque instant de l’action. Gerald Barry maintient un la raillerie et le « wit » so British avec notamment de idées fabuleuses comme un concertino de vaisselle cassée pour ponctuer les conflits.

On imaginerait mal cette œuvre sans la mise en scène précise, inventive, pleine d’esprit de Julien Chavaz. Non seulement on apprécie son esthétique très sixties, au tartan pastel, mais aussi une énergie qui révèle les beautés de la partition et qui garde tout l’humour de Wilde. Julien Chavaz nous livre un spectacle brillant et à l’humanité universelle. On retrouve avec plaisir l’humour absurde et cocasse « so british » du film « The wrong box » (Bryan Forbes, 1966). Vivement qu’on le retrouve à la tête d’une nouvelle production à Fribourg ou ailleurs !

La distribution est brillante à la fois dans l’interprétation histrionique et dans la restitution musicale. Nous saluons les très beaux timbres à l’amplitude stratosphérique de Timur et d’Ed Ballard, les deux « Earnest » à la grande classe comme à la pétulance désarmante. Les « ladies » Alison Scherzer et Nina van Essen forment le duo d’amoureuses à la naïveté toute relative mais aux moyens vocaux impressionnants. Notons au passage la désopilante Jessica Walker en Miss Prism déjantée. Et comment ne pas mentionner l’inoubliable Aunt Augusta du baryton-basse Graeme Danby au geste précis et tailleur en tweed violet, petit sac en bandoulière, so Buckingham Palace. Le Dr Chasuble de Steven Beard nous rappelle le célèbre Dr Pratt de la « Wrong box » interprété dans la film par Peter Sellers et en maître de cérémonies Vincent Casagrande est parfait.

Toute cette production contient à la fois l’humour, l’esprit, la richesse musicale pour sertir et sublimer idéalement le chef d’oeuvre d’Oscar Wilde. Gageons que nous aurons le plaisir d’assister bientôt à une reprise et de suivre avec beaucoup d’intérêt les prochaines productions que Patrice Martinet nous offre dans son théâtre de l’Athénée.

______________________________

PARIS, Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet / Jeudi 23 mai 2019 à 20h
GERALD BARRY : The Importance of being Earnest

Cecily Cardew: Alison Scherzer
Dr Chasuble: Steven Beard
Gwendolyn Fairfax: Nina van Essen
Lady Bracknell: Graeme Danby
Jack Worthing: Timur
Algernon Moncrieff: Ed Ballard
Miss Prism: Jessica Walker
Lane/Merriman: Vincent Casagrande

costumes: Severine Besson
scénographie: Julien Chavaz et Séverine Besson
perruques et maquillages: Sanne Oostervink
lumières: Eloi Gianini
chorégraphie: Nicole Morel
dramaturgie: Anne Schwaller
chefs de chant: Stephanie Gurga, Silvia Fraser et Florent Lattuga
constructeur des décors: Yves Besson
peintures: Lola Sacier et Valérie Margot
directeur technique: Alain Menétrey
technique: Jakub Dlab
assistante à la mise en scène: Lauriane Tissot

Mise en scène : Julien Chavaz

Orchestre de Chambre Fribourgeois
Direction : Jérôme Kuhn

Coproduction Opéra Louise, NOF – Nouvel Opéra de Fribourg, Athénée – Théâtre Louis-Jouvet.

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

ENSEMBLE INTERCONTEMPORAIN, nouvelle saison 2024 – 2025. Temps forts : Centenaire Pierre Boulez, Edgard Varèse, Rebecca Saunders, Clara Iannotta, Francesco Filidei, Sofia Avramidou, Bastien...

La nouvelle saison 2024 - 2025 de l’Ensemble Intercontemporain célèbre le centenaire de son fondateur, PIERRE BOULEZ (qui aurait...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img