Compte rendu critique, concert. Montpellier, le 23 juillet 2017. HAYDN, DEVIENNE… Le Concert de la Loge. Julien Chauvin, direction. Lorsqu’on s’intéresse de près à cet orchestre fabuleux qu’est Le Concert de la Loge, on entrevoit la volonté artistique de Julien Chauvin aisément, celle de la « réinvention du Concert ». Mais que veut dire « réinventer le concert »? En quoi consiste le « concert » en tant que tel? S’il est vrai que pour nous, êtres connectés de l’ère virtuelle, Le « concert » revient soit à tapoter sur internet ou sur la tablette sur les sites YouTube ou Vimeo, le fait de se déplacer au concert (précisons que nous excluons l’opéra) revient cejourd’hui à un véritable acte de foi, un engagement du public pour la musique et pour l’artiste.
Réinventer le concert
Chaque concert de Julien Chauvin et de ses musiciens du Concert de la Loge et du Quatuor Cambini construit un véritable manifeste pour créer un lien direct avec le public et que le « concert » soit un rendez-vous du XXIème siècle tout comme il l’a été au XVIIIème et au XIXème siècles. Ce lien social entre la scène et La Salle et parmi le public rend le concert beaucoup plus vivant et est inoubliable par sa durée dans le temps.
Pour répondre à la thématique de l’édition 2017 du Festival Radio France Occitanie-Montpellier, un détour par la musique de La Révolution de 1789 ne devait pas manquer.
Pour ce concert, Julien Chauvin a proposé deux symphonies Françaises très peu données serties de la Symphonie 82 de Haydn dite « l’Ours ». Afin de multiplier les sensations, Le Quatuor à cordes Opus 18 n. 4 de Beethoven est ajouté au programme comme un rappel au raz de marée idéologique de la Révolution Française sur l’esthétique européenne.
Magnifique programme qui a été interprété avec un véritable enthousiasme contagieux. Les partis pris ont été justes et originaux, l’orchestre d’un équilibre de couleurs et d’une Maîtrise sans faille. Nous retrouvons aussi dans le Haydn et Le Devienne une réelle incarnation sonore, une pâte qui surprend, séduit et rend gourmand de cette musique brillante.
Le public, sollicité directement par Julien Chauvin a réagi avec vivacité lors des variations de la Symphonie Concertante de Devienne, tout comme à l’époque. Une expérience fabuleuse et didactique pour aprehender la musique comme un organisme vivant qui vise à interpeler.
La Symphonie sur des airs patriotiques de Davaux est une curiosité où s’entremêlent La Marseillaise, La Carmagnole, Ah ça ira! et ce qui semble être La Guillotine permanente (1793). C’est par un tel étalage de « patrioterie » à outrance que Davaux a survécu au « hachoir national ». Cependant nous sommes surpris par la beauté des arrangements qui piquent au plus vif par les deux violons solo.
La Symphonie de Haydn et Le Quatuor de Beethoven sont exécutés avec une fantastique maitrise du style, un éveil des beautés cachées de ces deux chefs d’œuvre. Nous attendons avec impatience que « l’Ours » vienne hanter nos oreilles dans une future intégrale.
D’ici là, nous parions que Julien Chauvin et son fabuleux Concert de la Loge ont réussi olympiquement à réinventer le concert et qu’ils pourront l’ancrer à tout jamais dans la pratique quotidienne de notre société.
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FESTIVAL RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER
Dimanche 23 Juillet – 20h30
Salle Pasteur – Le Corum
Musique au temps de la Révolution Française
Joseph Haydn
Symphonie n 82 en ut majeur
« L’Ours »
François Devienne
Symphonie Concertante n. 4
Pour flûte, hautbois, basson et cor en fa majeur
Tami Krausz – flûte
Emma Black – hautbois
Javier Zafra – basson
Nicolas Chedmail – cor
Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes n 4 en ut mineur
Opus 18, n 4
Quatuor Cambini
Jean-Baptiste Davaux
Symphonie Concertante en sol majeur mêlée d’airs patriotiques pour deux violons principaux
Julien Chauvin – Violon
Chouchane Siranossian – Violon
Le Concert de la Loge
Dir. Julien Chauvin