jeudi 28 mars 2024

COMPTE-RENDU, concours. SAINT-PRIEST (Lyon), FINALE du 7 avril 2019, Concours International de piano Antoine de Saint Exupéry.

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COMPTE-RENDU, concours. SAINT-PRIEST (Lyon), du 4 au 7 avril 2019, Concours International de piano Antoine de Saint Exupéry. Connaissez-vous Saint-Priest ? C’est peu probable si vous n’êtes de la région ou n’avez aucune attache locale. A l’initiative de Béatrice Quoniam, cette petite ville de la couronne lyonnaise eut l’audace, en novembre 2017, d’organiser un concours international de piano. Elle choisit l’excellent Pascal Nemirowski comme président de jury – encore à l’œuvre cette session – et se donna les moyens de son ambition. Cette deuxième édition, placée sous le patronage du Lyonnais Antoine de Saint-Exupéry, permet au concours de se hisser dans la cour des grands. Un jury comme on peut en rêver, où les compétences se doublent des parcours les plus riches, une organisation et une logistique parfaitement huilées, sans oublier l’engagement fort de la municipalité, comme des bénévoles, et le soutien de nombreux sponsors, tout était réuni pour une réussite évidente.

 

Un nom à retenir : Andrzej Wiercinski

 

Le jury, outre son président, orfèvre en la matière, se composait d’une productrice de la BBC (Emma Bloxham), de quatre pianistes concertistes aux profils variés (Philippe Cassard, Vladimir Ovchinnikov, Marie-Catherine Girod et Ilana Vered) et d’un agent artistique influent (Pierig Escher). Les récompenses (premier prix de 10 000 €…), les prix divers (concerts, invitations) et l’engagement des aînés à aider leurs jeunes confrères ont suscité de nombreuses candidatures (plus de cent postulants, de 14 nationalités). 25 ont été retenus pour les quarts de finale, 10 pour les demi, et enfin 5 à l’ultime épreuve. La moyenne d’âge des lauréats est à peine supérieure à 22 ans.
Le règlement du concours offrait la liberté à chaque candidat de composer son programme dans un cadre horaire contraint. Les choix furent-ils toujours judicieux ? Ils traduisent en tous cas certains tropismes : ainsi, les trois sonates « de guerre » de Prokofiev pour les trois premiers lauréats.

 

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On imagine les débats animés du jury pour départager les deux premiers, comme les deux suivantes. Le nombreux public, concentré, passionné débattait avec passion durant les délibérations. L’enregistrement intégral de toutes les épreuves depuis la demi-finale, disponible sur YouTube, permettra à chacun de se faire sa propre opinion.
Comment exprimer mieux que Philippe Cassard l’enthousiasme qu’a suscité le vainqueur ? Nous lui empruntons sa réaction spontanée : «… retenez bien ce nom, car le plus grand avenir lui est promis : ANDRZEJ WIERCINSKY (…). Quel artiste ! Quel pianiste ! Je suis encore dans le souvenir de son incroyable épreuve finale, cet après-midi, avec la 12ème Rhapsodie de Liszt jouée avec une virtuosité étincelante, un chic, une maestria grisante; suivie d’une 7ème Sonate de Prokofiev comme je l’ai très rarement entendue : orchestrale, dramatique, hallucinée, constamment surprenante par la créativité de l’interprète et la sidérante réalisation instrumentale. Et hier [demi-finale], nous étions plusieurs, dans le jury, à être au bord des larmes en l’écoutant jouer les Variations Corelli de Rachmaninov : quelle classe, quelle noblesse, quelles inoubliables sonorités pour exprimer la mélancolie, la tendresse et les colères de cette œuvre souvent malmenée. Bravo Andrzej ! »
Le second prix, Alexander Gadjiev, italo-slovène, a fait forte impression, jeu puissant, virtuose. Alignant une spectaculaire « Après une lecture de Dante », un splendide « En plein air » (Bartok), un Scriabine, et enfin la sixième sonate de Prokofiev, il fait montre du plus haut niveau technique et d’une maturité musicale indéniable. Alice Burla, canadienne, troisième prix, nous offrit la huitième sonate …de Prokofiev, d’un jeu très différent de ses rivaux, d’une conduite admirable, motorique, mais colorée comme lyrique, exaltée et jubilatoire pour finir. Un grand moment.  Il faut mentionner l’extraordinaire pianiste géorgienne, Ana Kipiani, dont on retiendra l’Humoresque et le Carnaval : tout Schumann, versatile, de la délicatesse au grotesque, avec des bouffées de passion, un jeu qui nous emporte. Nul n’a démérité et nombre de demi-finalistes mériteraient d’être cités (ainsi la jeune Américaine Adrea Ye pour ses Variations Eroica, de Beethoven). Chacun des auditeurs s’est régalé, et tous ces jeunes, qu’ils figurent ou non au palmarès, ont été admirables, donnant le meilleur d’eux-mêmes. Souhaitons à ces derniers de partager leurs joies avec les plus larges publics.
Rendez-vous est déjà pris pour la troisième édition, au dernier trimestre de 2021.

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Compte rendu, concours. Saint-Priest (Lyon), du 4 au 7 avril 2019, Concours International de piano Antoine de Saint Exupéry. Crédit photographique © Albert Dacheux

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