samedi 20 avril 2024

Compte-rendu, concert. Toulouse, le 15 juin 2018. Smetana. Brahms. Batiashvili. Ch Orchestra of Europe. Nézet-Séguin.

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seguin_yannick_nezet_chef_maetroCompte-rendu, concert. Halle-aux-Grains. Toulouse, le 15 juin 2018. Smetana. Brahms. Batiashvili. Chamber Orchestra of Europe. Nézet-Séguin. Un très beau concert force de proposition. Pour finir en beauté une saison de grande qualité, les Grands Interprètes ont invité un chef connu à Toulouse depuis bien 10 ans et qui est chéri du public. Yannick Nézet-Séguin est un Québécois inoubliable et irrésistible. Son énergie est celle d’un sportif. A la Halle-aux-Grains, il a dirigé l’Orchestre du Capitole, le Rotterdam Philharmonic Orchestra et le Chamber Orchestra of Europe avec la même fougue communicante. Ce soir avec le Chamber Orchestra of Europe, il est en pleine confiance et l’alchimie qui les lie, est belle à voir. Dès les premières mesures de l’ouverture de la Fiancée Vendue de Smetana, un tourbillon s’envole des seconds violons qui va gagner le quatuor à corde progressivement avant d’embraser tout l’orchestre. La rapidité du tempo est folle et la musicalité pourtant déroule son charme sans précipitation. La précision des attaques, la virtuosité de chacun donnent comme une ivresse au spectateur.

Avec l’arrivée sensuelle de la violoniste Lisa Batiashvili dans une superbe robe longue, la tension monte encore d’un cran. La jeune violoniste écoute avec émotion la longue introduction orchestrale du concerto de Brahms, que Nézet-Séguin développe avec méthode et calme plan par plan. La montée progressive est de toute beauté et l’entrée du violon un vrai bonheur. Tout le concerto passera comme par magie avec un sentiment de puissance, d’aisance, de beauté pure. La jeune violoniste a un aplomb sidérant et ne fait qu’une bouchée de ce redoutable concerto. La puissance du jeu est inhabituelle et la maitrise technique laisse sans voix. La chaleur du son de la soliste est largement soutenue par la pureté de l’orchestre qui sait tisser une texture aérée et lumineuse. Tout ceci met en valeur le jeu soliste. Voici une superbe interprétation avec des moments de tendresse particulièrement émouvants entre le chef et la violoniste. Ils se retrouveront dans le bis associant les cordes de l’orchestre et de la soliste dans une adaptation d’un choral de Bach.

Brahms johannes concertos pianos orchestre par adam laloum nelson freire critique annonce par classiquenewsEn deuxième partie de concert, Nézet-Séguin ose une proposition interprétative très inhabituelle de la 3° symphonie de Brahms. Les premiers violons limpides plus que puissants ouvrent la symphonie en obligeant à une écoute renouvelée. Toute la chorégraphie de Nézet-Séguin entraîne l’orchestre et le public à sa suite dans une aventure incroyable. La qualité analytique de cette interprétation, la profondeur des nuances, les phrasés inhabituellement découpés, tout donne un air de jeunesse à cette partition si connue. Même le 3° mouvement valsé, que d’aucun connaissent presque trop, prend une allure plus sensuelle et envoutante que de coutume. Il faut essayer de décrire la direction, de Nézet-Séguin. Il occupe toute l’estrade par des mouvements de jambe d’une grande souplesse, parfois à la limite de tomber dans l’orchestre ou vers le public. Tout son corps accompagne ses phrases mais ce sont ses mains qui sont inouïes. Il dirige par cœur, et de ses mains entièrement libres, il semble malaxer tendrement ou avec puissance, une pâte musicale, de celle qui deviendra brioche.
Incroyable direction qui renouvelle complètement cette symphonie, l’éloignant d’une prétendue tradition lourde et puissante. Le final sera le mouvement le plus réussi dans une vivacité et un élan irrépressible. La douceur des nuances, l’audace des contrastes, conduisent vers un abandon sensuel terminal.
L’orchestre a une beauté de son lumineuse et un éclat particulier. Chaque instrumentiste a une solidité de soliste et chacun se met tout entier au service de ce chef d’exception. Nézet-Séguin ne reviendra probablement plus aussi souvent en Europe car la saison prochaine il sera au New York Metropolitan Opera et l’on sait les exigences d’une telle maison. Sa venue à Toulouse à l’invitation des Grands Interprètes prend donc une dimension de rareté émouvante.

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Compte-rendu, concert. Halle-aux-Grains. Toulouse, le 15 juin 2018. Bedrich Smetana (1824-1884) : La fiancée vendue, ouverture. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour violon et orchestre, en ré majeur, op.77 ; Symphonie n°3, en fa majeur, op.90. Lisa Batiashvili, violon. Chamber Orchestra of Europe. Yannick Nezet-Séguin, direction musicale.

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