jeudi 28 mars 2024

Compte-rendu, concert. AVIGNON, le 14 déc 2018.  Bruch, Penard, Brahms. Orch Avignon-Provence / S Wieder-Atherton

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique et à l’opéra - et notamment avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

piquion alex chef maestro concert critique classiquenewsCompte-rendu, concert. Avignon, Opéra Confluence, le 14 décembre 2018.  M. Bruch, O. Penard, J. Brahms. Orchestre Régional Avignon-Provence / Sonia Wieder-Atherton / Alexandre Piquion. Inaugurée il y a tout juste un an, la salle de l’Opéra Confluence d’Avignon a maintenant atteint son rythme de croisière, et accueille la riche saison symphonique de l’Orchestre Régional Avignon- Provence. Pour le concert du 14 décembre, Philippe Grison (son directeur artistique) a invité la talentueuse violoncelliste française Sonia Wieder-Atherton pour défendre une création contemporaine (dont on la sait férue) : le Concerto pour violoncelle et orchestre d’Olivier Penard (1974), une co-commande avec l’Orchestre de Tours et celui de Cannes, où l’ouvrage a été créé au printemps dernier. Mais avant cela, Sonia Wieder-Atherton s’attaque au fameux « Kol Nidrei » (1881) de Max Bruch.
Imploration à Dieu, la prière Kol Nidrei est une douce et majestueuse mélodie qui résonne souvent lors de l’Office de Yom Kippour (Grand Pardon). Séduit par ce thème, le compositeur allemand, pourtant de confession protestante, s’inspira de cette oraison pour écrire une superbe pièce concertante plus proche cependant du style de Brahms que de l’esprit religieux original. D’une belle musicalité, l’interprétation qu’en donne l’artiste est aussi emplie d’une certaine grandeur, et d’une intensité qu’on n’entend pas à chaque exécution de ce superbe morceau.
L’œuvre (précitée) qui suit permet encore plus d’apprécier la virtuosité et l’éclectisme de son jeu, car la pièce se veut avant tout une joute verbale, pleine d’une fantaisie aux accents « jazzy », entre l’instrument et l’orchestre. Le mouvement médian vient cependant conférer plus de calme à l’œuvre, et se mue en une douce rêverie nimbée de mélancolie. Elle séduit pleinement le public qui fait une fête au jeune compositeur au moment de rejoindre le chef Alexandre Piquion et Sonia Wieder-Atherton sur la scène pour les saluts.

En seconde partie, Alexandre Piquion (professeur au CNSMDP depuis 2013) et la phalange provençale jouent la Deuxième Symphonie de Johannes Brahms. Chef rompu à tous les répertoires – il est également directeur musical de la Musique de la Police Nationale (depuis 2016) après avoir longtemps été chef de chœurs aux Théâtres des Champs-Elysées et du Châtelet – Piquion dirige un Brahms classieux et très maîtrisé. Refusant les effets de mode interprétatifs, son Brahms avance avec beaucoup de naturel et un authentique sens de la construction. Les développements thématiques de l’« Allegro non troppo » initial sont ici conduits avec haute compétence et intelligence artistique. On retrouve cette élégance du geste dans l’« Allegretto grazioso », portée par une maîtrise évidente du discours musical. Cette hauteur de vue se prolonge dans le finale « Allegro con spirito », délivré avec une maîtrise totale de tous les ingrédients (puissance, timbres, équilibre entre les pupitres), la volonté de ne rien laisser au hasard et surtout l’organisation d’un discours nettement structuré. Bref, Brahms joué comme cela, on en redemande, et le chef ne se fait d’ailleurs pas prier en reprenant illico un des thèmes du dernier mouvement !

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Compte-rendu, concert. Avignon, Opéra Confluence, le 14 décembre 2018.  M. Bruch, O. Penard, J. Brahms. Orchestre Régional Avignon-Provence / Sonia Wieder-Atherton / Alexandre Piquion. Illustration : Alexandre Piquion (DR)

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