COFFRET LUCIANO PAVAROTTI, présentation, analyse : the complete opéras recordings (DG, DECCA) : PART 1 / 4

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Pavarotti-complete-opera-recordings-coffret-edition-limitee-Decca-DG-2017COFFRET LUCIANO PAVAROTTI, analyse, présentation : the complete operas (DG, DECCA). VOL. 1 / 4. Classiquenews suit les éditions discographiques majeures. Ce coffret de l’intégrale des opéras enregistrés par le ténor légendaire Luciano Pavarotti, édité pour les 10 ans de sa disparition (septembre 2007) constitue une somme dont la valeur artistique et esthétique demeure essentielle. La Rédaction de CLASSIQUENEWS présente et analyse ce en quoi chacun des 4 lots de cd constituant cette intégrale en 101 cd a réalisé des enregistrements exemplaires, proposant toujours des perles lyriques dont il faut écouter et récouter le sens et le raffinement formel… A noter, si le coffret au phénoménal apport s’intitule « the complete opéra recordings », il contient aussi les enregistrements des partitions sacrées tels le Requiem de Verdi, ou déjà dans ce premier lot, le Stabat Mater de Rossini…

pavarotti_03 luciano tenorPAVAROTTI : the complee opera for DG and DECCA. Volume 1 / 4. On ne saurait trop souligner la valeur du coffret édité par Decca Deutsche Gramophone totalisant les grands rôles qui ont marqué la carrière du ténor Luciano Pavarotti… Ses débuts comme bel cantiste aux côtés de Joan Sutherland sous la baguette de l époux de cette dernière Richard Bonynge : déjà y rayonne un timbre exception taille comme un diamant pour l’expressivité subtile, l’art des phrasés faciles naturels d’une chaleur dans l’aigu et le suraigu sans équivalent alors.
Le bellinien et le donizettien (qu’il restera toute sa vie) allait devenir par cette maestria linguistique et poétique un verdien ardent un Puccini en éloquent et profond comme en témoigne déjà le contenu du premier volet d’enregistrements ici présentés analysés.

DEBUTS BELLINIENS DU JEUNE TRENTENAIRE… Les 2 premiers enregistrements londoniens sous la baguette de Richard Bonynge et aux côtés de la stratosphérique Sutherland… attestent de la subtilité première du chant de Luciano Pavarotti, alors jeune trentenaire (il est né le 12 octobre 1935 à Modène). Dans Beatrice di Tenda (1966), son Orombello captive par sa tendresse solaire et le sentiment de compassion directe, sincère pour la diva sacrifiée.

Dans La Fille du Régiment (1967), même délicatesse incisive, et intensité franche pour son Tonio, de surcroît chanté en français : incandescence du timbre, ardeur et agilité des aigus enfilés en un legato souverain et continu d’une musicalité impériale jamais forcée ni prise en défaut, ni négociée et contournée… Sa prestation pour le finale du I, « Ah mes amis », est portée par une ivresse jubilatoire car le timbre brille… palpite, frétille. La santé vocale et la juvénilité triomphe, mais sans artifices.

En 1968, il se prête à la réhabilitation de L’Amico Fritz de Mascagni, comédie sentimentale, dans le sillon tracé par l’inusable Bohème de Puccini, pour lequel, Pavarotti retrouvera bientôt sa fidèle partenaire (avec Joan Sutherland) : Mirella Freni. Ici à Londres aussi, Pavarotti prête sa voix ardente au rôle-titre, Fritz Kobus. Derrière la figure du personnage, le timbre coloré, nuancé, clair exprime les sentiments de l’individu.

Pour sa part, le Requiem de Verdi, version Solti en octobre 1967 est capté dans la Sofiensaal de Vienne ; – comme le visuel de couverture de cette version à la fois incisive et organiquement exaltée, le chef d’origine hongrois allie avec une force nuancée, la pointe sèche, linéaire, cursive du dessin de Michel Ange (le Jugement dernier de la Sixtine) et aussi sa formidable musculature nerveuse et plastique : lui répond le sens du legato et de la couleur du ténor dans son fameux solo : «  Ingemisco » (cd 5, plage 8 : 3mn36) où le timbre souffle les braises…

 

 

 

PAVAROTTI luciano the complete opera recordings decca set box review critique cd by par classiquenews

 

 

DER ROSENKAVALIER, version Solti, 1968… L’hédonisme détaillé, la finesse du trait et la nostalgie viennoise qui regarde vers l’opulence mozartienne de Johann Strauss, le faiseur de valse, mais revivifiée par le génie chromatique de Richard Strauss, éblouissent grâce à la baguette somptueusement flexible et suavement dramatique de Solti, maître de cérémonie à Vienne pour ce Rosenkavalier de référence (Sofiensaal, novembre 1968)… Après le réveil de la Maréchale et de son amant, soit la divine Régine Crespin et son Oktavian (Yvonne Minton, le mezzo qu’adulait Solti et qu’il associa à ses lieder de Mahler), voici, en guest star invité, le jeune et luxueux « singer » de Luciano Pavarotti, qui tient remarquablement son office de jeune stentor italianissime, à la flamme ardente, réchauffant le décor rococo de la Maréchale à son lever, un tableau chamarré, pétulant, digne de Versailles. Là encore le legato, le phrasé de ce chanteur alla veneziana brûle d’une ardeur… irrésistible. Pavarotti met le feu…

pavarotti jeune tenor luciano-pavarotti-2-1385995078-view-0En 1970, Luciano Pavarotti retrouve à Londres, ses partenaires belcantistes habituels, soit le duo Joan Sutherland et le chef Richard Bonynge, dans la comédie L’ELISIR D’AMORE de Donizetti : l’abattage, la finesse percutante du timbre, le legato qui semble infini assurent à son Nemorino, un tempérament dramatique à l’ardeur permanente. Alors, quand surgit, après la scène collective à perdre l’esprit (d’une ivresse rossinienne), son air solitaire du II « Una Furtiva lagrima », en sa profonde gravité (initié par le chant du basson), soudain surgit dans ce chant direct, une prière déchirante dont la justesse d’intonation atteint le tragique le plus sincère : un diamant bouleversant au sein d’une farce équivoque où semblait vaincre les faux semblants et l’apparente insouciance. Sobre, presque dépouillé de tout artifice, et d’une franchise instrumentale qui fait surgir, l’effroi glaçant de la sincérité, le timbre saisit par sa vérité émotionnelle. Un must absolu. On ne trouvera pareille authenticité qu’avec son incarnation de Paillasse… autre figure comique et tragique, dont la double nature produit la séduction.

Le premier RICCARDO du BALLO. En 1970 toujours, le premier Riccardo du Bal Masqué (un Ballo in maschera de Verdi) de Pavarotti séduit par son ardeur, sa coupe fiévreuse, celui du jeune souverain épris malgré lui, et en dépit de ses valeurs de loyauté, de la femme de son meilleur ami (Renato : impeccable et noble Sherill Milnes). Pavarotti offre cette lumière ardente de son timbre solaire au personnage qui a choisi malgré lui, malgré la dignité de sa fonction royale, de suivre les élans de son coeur. Une prise de rôle époustouflante qui assurera par la suite, la réussite de ses reprises sur scène et les réalisations plus récentes au disque (dont celle à Londres dirigé par Solti, 12 ans plus tard, en 1982). On y voit clairement la mystique instrumentale de Verdi qui d’abord par le violoncelle (comme dans Don Carlo pour Felipe II) exprime les tourments du destin le plus éprouvant, puis réalise l’apothéose du héros sur le volant souple de la clarinette. Riccardo pourra ainsi dire adieu à son aimée, affronter la mort qu’on lui avait prédit, accepter la vengeance de son ami Renato, dans un renoncement ultime et le sacrifice de sa propre vie dans le respect de son amitié à Renato. Le roi accepte de payer le tribut de cet amour interdit qu’il a fait sien malgré lui. Avant Pavarotti, aucun ténor n’avait à ce point fouillé la psyché du personnage, dévoré entre son désir, son devoir, ses valeurs.

Et enfin MACDUFF supplante MACBETH.. Du roman noir, des ténèbres de l’horreur tirés du drame originel de Shakespeare, Verdi fait surgir d’abord l’espoir du chœur des opprimés (début du IV), puis la lumière, tel un poignard vengeur et vainqueur, du chant déchirant d’humanité du ténor, ici Macduff qui chante la vertu de la résistance et de la lutte (contre le couple Macbeth qui a tué sa femme et ses enfants). Il n’en fallait pas moins pour exalter parmi l’assistance, les patriotes italiens, et faire de Verdi, le compositeur de l’unité italienne contre l’Autriche. Avant Domingo dans le même rôle, Pavarotti à l’été 1970, à Londres fait valoir son diamant vocal iridescent et roboratif, en une prière ardente, humaniste contre toutes les tyrannies («  O figli, figli miei. »)… Un seul air suffit à comprendre l’enjeu de son personnage (le cri d’un père et d’un mari endeuillé et détruit), et l’horreur d’un opéra qui voudrait victimiser le couple des bourreaux. Rien ne peut effacer les crimes commis au nom du pouvoir. La présence de Dietrich Fischer Dieskau et de la Souliotis dans les rôles du couple Macbeth, accrédite encore la valeur de l’enregistrement piloté par le chef efficace mais peu détaillé : Lamberto Gardelli.

Autre registre sous la baguette racée, éruptive et incisive, formidablement précise et spirituelle d’Ivan Kertesz, à Londres toujours en 1970 et 1971, dans un Stabat Mater de Rossini, inscrit dans une vision d’apocalypse où le chant des solistes perce comme des lueurs d’espoir, incarnés, fortement individualisés, implorant la rémission et le grand pardon… Dans le premier air, « Cujus animam », Pavarotti colore son intensité au diapason d’une humanité maudite en quête de salut justement… à écouter d’urgence.

pavarotti 360_l_pavarotti_09054 PERSONNAGES CLÉS : Le duc, Edgardo, Rodolfo, Calaf… De linsouciance cynique à l’amour éperdu le plus suave. Les 4 derniers ouvrages de ce premier lot (sur les 4 au total de l’intégrale des opéras enregistrés par Luciano Pavarotti), soulignent les affinités en terme de caractère du ténor, avec 3 personnages clés de sa carrière, – après les Riccardo et Nemorino : le Duc de Mantoue (et sa romance solaire aux aigus sublimement tenus : « La donna è mobile », déclaration cynique au III, qui justifie son insouciance criminelle (Rigoletto de Verdi, direction : Richard Bonynge Londres 1971). Pavarotti cristalise la fragilité presque touchante de ce prince qui ne cultive que la satisfaction de son désir et demeure totalement sourd au tragique du couple Rigoletto / Gilda. Qu’il a de classe, de tempérament, félin, ardent au charme irrésistible, grâce à un chant tout en clarté et legato, franchise de l’émission et aigus d’une richesse harmonique jamais entendue avant lui. La présence de Joan Sutherland dans le rôle de Gilda, de Sherill Milnes dans celui de Rigoletto ajoute au crédit de cette version typique du début des années 1970.

C’est ensuite, un retour au belcanto romantique le plus pur : celui de Lucia di Lammermoor de Donizetti, avec les mêmes : Sutherland (Lucia) et Richard Bonynge, à Londres en juin 1971 également (quelle santé vocale pour le ténor qui enchaîne les rôles importants) : ici, son Edgardo Rawenswood brille d’une humanité, faite loyauté et compassion, d’une gravitas – sobre, recueillie, pudique, qui assure à la fin de l’ouvrage la couleur funèbre, inéluctable de la partition ; car ici, le fiancé qui s’est éloigné, comprend que Lucia son aimée est morte… (« Tombe degli avi miei… » ). Solitude endeuillée, impuissante fureur… l’amant dépossédé tel Orphée ne peut que chanter sa (sublime) prière face au destin indifférent. La ligne, les phrasés, le soutien, le style, l’articulation (sans aucun effet artificiel), le sens de l’intensité expressive… outre la qualité du timbre et l’ampleur de la technique, sa sûreté comme sa « facilité », son naturel,… font de Luciano Pavarotti un belcantiste affûté. Qualité qui assure à ses Verdi et Puccini, leur finesse de phrasé.

Divin RODOLFO dans LA BOHEME, version Karajan (oct 1972).
Cette première moisson riche en accomplissements, s’achève avec ses deux Puccini, propres au début des 1970’ies. D’abord son Calaf, anthologique sous la direction de Zubin Mehta, TURANDOT, à Londres, été 1972 (avec Sutherland dans le rôle titre, et la Caballe en Liù..) ; enfin, en octobre 1972, LA BOHEME où son Rodolfo brille d’une poésie qui régénère l’approche d’un Carlo Bergonzi : poète et chanteur, nouvel Orphée parisien sous les combles romantiques de la misère artistique, cette Bohème qui ne cesse de pleurer et de s’émouvoir mais avec quel tact et quel style : Luciano Pavarotti trouve une partenaire idéale en Mirella Freni dans le rôle de Mimi (version Karajan, – à Berlin avec les Philharmoniker, qui parviennent à exprimer tout ce qu’a d’onirique et de rugissant l’orchestration de Puccini). Un must absolu.

 

 

 

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A suivre… COFFRET PAVAROTTI / The complete operas recordings / for DG et DECCA. Volume 2 / 4.

Pavarotti-complete-opera-recordings-coffret-edition-limitee-Decca-DG-2017LIRE aussi notre présentation du coffret PAVAROTTI / The complete operas recordings for DG et DECCA (101 cd), paru en octobre 2017, pour les 10 ans de la mort de Luciano Pavarotti. Idéal cadeau de Noël 2017, le coffret représente à ce jour une somme inestimable pour tout amateur de lyrique, en particulier d’opéras italiens romantiques, de Rossini, Bellini, Donizetti, aux plus tardifs, Verdi, Puccini sans omettre les véristes : Mascagni, Giordano, Leoncavallo, Cilea…etc… Must absolu et coffret au très riche contenu, de surcroît comme nous le précisions dans notre présentation générique, idéalement éditorialisé, avec photos, illustrations (des enregistrements) et présentation des ouvrages et intégrales ainsi rééditées et pour certains titres présentés en BLU RAY PURE AUDIO.

 

 

 

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