vendredi 29 mars 2024

CD. Thomas Leleu, tuba. In the mood for tuba (1 cd Fondamenta, 2011)

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leleu thomas tuba in the modd for tuba cd fondamenta compte rendu critique classiquenewsCD. Thomas Leleu, tuba. In the mood for Tuba (1 cd Fondamenta). Les vrais jeunes tempéraments sont suffisamment rares pour être soutenus… et encouragés. Incroyable souffle et sensibilité du jeune tubiste Thomas Leleu (né Lillois en 1987) qui dans ce récital atypique (et courageux car risqué) convainc totalement. L’approche mono instrument aurait pu lasser mais la versatilité agogique de l’instrumentiste laisse entrevoir nuances et climats insoupçonnés : le programme éclaire un tempérament délirant, fantaisiste qui sait varier les plaisirs ; le Concerto de départ signé Jean-Philippe Vanbeselaere (première) cultive une saine vitalité, ciselée, non tapageuse, sertie malgré une étonnante diversité de climats, dans l’énoncé raffiné. L’instinct musical du musicien est ainsi confirmé après sa Victoire de la musique classique 2012 (à 24 ans). Eclectique, agile, le Concerto met en avant toutes les composantes de la fougue généreuse de Thomas Leleu.

In the mood for Thomas

CLIC_macaron_2014Heureusement les amateurs d’intériorité et de pudeur seront exaucés dans le numéro qui suit : une transposition de l’air de Dalila, « mon cœur s’ouvre à ta voix » (Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns), où le velouté sombre et tendre à la fois du tuba soliste sait être enivrant et séducteur (quelle ligne tenue et quelle délicatesse dans l’expression amoureuse ainsi préservée). Thomas Leleu fixe ici un souvenir vécu depuis la fosse de l’opéra de Marseille où il est alors tuba solo de l’orchestre : l’enivrement chanté in situ par Olga Borodina.

L’interprète est idéalement suggestif encore dans l’intermède (irrésistible) extrait de Cavalleria Rusticana de Mascagni, le tubiste enchante en dévoilant un paysage d’une infinie gravité, d’une ample respiration, d’une profonde blessure.

La vitalité précise du musicien dans Les Fables of Tuba impose une frénésie intense, pourtant d’une classe chambriste irrésistible. Le pachyderme des cuivres semble léviter dans la Romance de Mendez, et Tristorosa de Villa-Lobos, à l’allant chostakovitchien, balance entre insouciance et nostalgie. La séduction hypersensible du tubiste rayonne avec ses complices de l’Orquesta Sinfónica de Lara (Venezuela) dans le dernier épisode, Les Valseuses de Grapelli, claire référence à Piazzola. Le swing racé, l’agilité et cette nonchalance suggestive font ici la signature d’un talent sûr, trempé, marquant. Magistral premier cd. Et vrai rencontre car il s’agit bien d’un jardin personnel où chaque partition investie résonne d’un souvenir personnel (dont les enjeux sont explicités dans le livret).
Le très efficace Concerto de Vaughan Williams en trois mouvements de moins de 15 mn libère les qualités du collectif réuni en complicité : la précision nuancée du soliste, la frénésie swinguée des musiciens vénézuéliens du Sinfónica de Lara (fondé en 1976, dirigé par Tarcisio Barreto). Belle et sémillante entente.

CD. Thomas Leleu, tuba. In the mood for Tuba (1 cd Fondamenta). Enregistrement réalisé en octobre 2011 au Vénézuela puis à Compiègne en septembre 2014 (Thomas Leleu sextet).

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