lundi 28 avril 2025

CD. Montserrat Caballé: The Diva (6 cd Sony classical)

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CD. Montserrat Caballé: The diva (Sony classical)
6_nsnk0QmF_2013344H1VOEZ9VRMontserrat Caballe : The Diva (6 cd Sony classical, 80th birthday celebration, le coffret des 80 ans). En couverture un portrait de star, à la fois hollywoodien telle Elisabeth Taylor, mais aussi à la pose glamour et aristocratique, d’un style Callasien: voici l’unique, l’inégalable Montserrat Caballé, une diva au génie lyrique inoubliable… Récemment hospitalisée pour accident cérébral (à 79 ans en octobre 2012 lors d’un séjour en Russie), la soprano catalane née à Barcelone (le 12 avril 1933), fête en 2013 ses 80 ans. Sony classical, major détentrice de tous ses enregistrements historiques majeurs, édite un coffret anniversaire grand format qui présente la Diva, nouveau mythe lyrique après Callas, laquelle d’ailleurs reconnaissait en elle, après avoir écouté sa prestation dans Norma de Bellini (Orange, 1974), sa seule véritable héritière.

De fait, Montserrat Caballé demeure unique et légendaire dans l’histoire des divas de l’opéra: une étoile à nulle autre pareille qui débute au Liceu de Barcelone dès 1962 dans Arabella: legato infini, souffle murmuré, pianissimi éblouissant, timbre cristallin, coloratoure d’une ineffable douceur et d’une technique idéale: Montserrat Caballé incarne la perfection du bel canto qui de Bellini à Verdi, Rossini et Donizetti, recueille les fruits et les apports de Maria Calla, véritable pionnière dans l’interprétation juste et subtile du bel canto italien. Mais Montserrat Caballé ajoute un art inouï des sons filés dans l’ultra aigu comme dans des pianissimi d’une irrésistible maîtrise, et sur la tenue de la ligne et sur la hauteur du son.

Diva des sons filés

Mais en plus de la perfection technique et musicale, Montserrat Caballé ajoute la subtilité et la grâce d’un style d’une finesse inégalable. A l’époque où triomphent aussi les divas Marylin Horne (qui sera souvent sa partenaire chez Rossini), Joan Sutherland, Renata Tebaldi, « la Caballé » affirme une élégance vocale éblouissante qui de 1967 à 1988 (date de ses adieux officiels dans La Bohème aux cotés de Luciano Pavarotti), illumine les scènes lyriques du monde entier.

Le coffret anniversaire que publie Sony classical pour ses 80 ans (parution annoncée le 23 mars 2013) regroupe ses plus grands rôles dont évidemment La Traviata (en 1967 à Rome, sous la direction de George Prêtre avec Carlo Bergonzi, Rodolfo d’une semblable élégance musicale); plus remarquables encore la pureté angélique d’une voix cristalline pour Il Pirata de Bellini: Col sorriso d’innocenza, scène de la folie de 1965; ne manquez pas aussi ses Verdi anthologiques, portés par une subtilité inimaginables de nos jours: un Giorno di regno (il finto stanislao, ou l’air d’Attila: Liberamente or piangi… voici des deux perles d’autant plus précieuses qu’elles servent deux ouvrages méconnus de Verdi. Et que dire encore de cet extrait d’Aroldo: Ah dal sen di quella tomba également de 1967 et d’une maîtrise absolue.

Belcantiste, Bellinienne de premier plan donc Rossinienne, Donizettienne et Verdienne splendide, Montserrat Caballé a aussi servi les Romantiques français tel Charpentier (et ce dès 1965 : Depuis le jour de Louise)… la passerelle était naturellement jetée et aussi subtilement ciselée vers les véristes italiens et Puccini (plusieurs extraits de La Bohème de la fin des années 1960 et du début des années 1970 : Mimi irradiante aux aigus cristallins! aux côtés de Bergonzi toujours sous la baguette de Prêtre là encore et avec Domingo, dirigée par Solti: O soava fanciulla).

The Diva de Barcelona

Norma d’exception (Casta diva puis Mira, o Norma… septembre 1972), Montserrat Caballé fut aussi une rossinienne racée autant que naturelle (le premier cd en témoigne: le mélomane retrouve ses apports convaincants dans Il turco in italia, Tancredi, le Siège de Corinthe, La donna del Lago, Armida et l’inégalable autant qu’incontournable Semiramide : Serbami ognor si fido, avec l’immense Shirley Verrett… en 1969); au programme du premier cd également ses meilleurs Donizetti: Roberto Devereux, Lucrezia Borgia, L’Elisir d’amore, Anna Bolena, Maria Stuarda, Gemma di Vergy… La contribution vaut aussi son pesant d’or d’autant que c’est Donizetti qui révéla The Diva Montserrat. Avant Domingo aujourd’hui, Cabballé se dédie non sans grâce à la Zarzuela comme au registre plus léger: le cd 5 regroupe ainsi plusieurs pépites passionnantes, de Flotow, Offenbach, Sotlz, Lehar, Caballero, à Torroba (Luisa Fernanda), mais aussi Vives, Luna, Toldra, Penella ou Barbieri entre autres… Diva éclectique et prodigieusement ouverte aux métissages des genres, tel son contemporain Pavarotti, Caballé élégantissime jusque dans les mélodies extraclassiques ose Hijo de la luna (1991), Vangelis (Like a dream, 1997), sans omettre la participation de son divin instrument à l’hymne des JO de 1992: Barcelona de sa ville natale, célébration entre pop et opéra, pour une Barcelone étincelante et flamboyante alors au sommet de l’affiche européenne (avec Freddy Mercury (1989). Diva légendaire, facétieuse, imprévisible… Montserrat Caballé à tout pour nous plaire… car depuis votre retraite, aucun tempérament lyrique ne vous a égalé. Bon anniversaire Montserrat ! Coffret majeur et donc incontournable.

Montserrat Caballé: The Diva. 6 cd Sony classical. Réf.: 8 87254 88342 5. Parution: le 23 mars 2013.

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