CD, compte rendu critique. Henry Madin : Te Deum. Stradivaria (2015, 1 cd Alpha). Connaissez vous Madin? Le compositeur né à Verdun mort en 1748 porte l’éclat de la musique française post lullyste avec un brio séduisant tel qu’il inspire aux musiciens de Stradivaria ce programme monographique qui avait en juin 2015, toute sa place à Versailles où le présent programme a été joué et enregistré sur le vif; l’initiative en revient non pas au CMBV (Centre de musique baroque de Versailles) qui aurait eu une belle intuition à le défendre mais plutôt au directeur de l’institution décidément bien inspirée, Château de Versailles Spectacles, Laurent Bruner, lequel signe en ouverture et comme présentation une bien belle défense de Madin sujet de ses propres recherches musicales. La passion et la sincérité qui ont manifestement piloté le projet apportent leurs fruits en un album qui vaut la meilleure preuve du talent d’Henri Madin (1698-1748). Le tempérament lumineux voire souriant du créateur est surtout connu pour l’un de ses meilleurs motets (donné en complément de l’imposant Te deum) : « Diligam, te », sommet du genre après les Lully et Dumont, de 1737 – et par une secrète construction harmonique interne, référence directe et « image musicale » du monarque lui-même. Musicien reconnu et récompensé, Madin assista Gervais et Campra au sein de la Chapelle de Louis XV, puis pilota la formation des pages de la Chapelle royale en 1742.
Compositeur majeur du premier XVIII ème français – Madin offre donc un clair aperçu de l’essor de la ferveur officielle à Versailles et aussi en province, au temps de JS Bach et de Haendel.
La restitution du Te Deum l’un des plus longs et ambitieux du XVIII ème marque le 17 novembre 1744 (date de sa première audition), la Paix de Fribourg, jalon de la guerre de Succession d’Autriche ; et de la même façon la prise de Tournai le 21 mai 1745 : d’une palpitante instrumentation, colorée, expressive (Tu ad dexteram patris), à la fois majestueuse et tendre (ce que le timbre clair, doué de beaux phrasés de la haute-contre Robert Getchell, exprime idéalement), l’écriture de Madin apprécié du Cardinal de Fleury comme de Louis XV illustre la dévotion versaillaise officielle à l’époque rocaille. L’orchestre Stradivaria de Daniel Cuiller apporte profondeur, allant, intériorité (choeur Te ergo quaesumus) en un geste à la fois articulé et noble (partagé en cela par le choeur des Cris de Paris), idéalement réverbéré sous la voûte peinte de la Chapelle royale. Une lecture vive et parfois ardente au service d’un compositeur opportunément mis en lumière : l’édition de ce disque particulièrement opportun, à l’initiative remarquable de Château de Versailles Spectacles, vaut réhabilitation pour Henry Madin. CLIC de CLASSIQUENEWS d’avril 2016.
CD, compte rendu critique. Henry Madin : Te Deum pour les victoires de Louis XV ; Motet Diligam te, Domine HM 22. Stradivaria, Les Cris de Paris. Daniel Cuiller, direction (enregistrement réalisé à la Chapelle royale de Versailles en juin 2015, 1 cd Alpha, collection Château de Versailles). CLIC de CLASSIQUENEWS d’avril 2016.