vendredi 29 mars 2024

CD critique. GLUCK : ORFEO (Naples 1774),Jaroussky,I Barrochisti, Fasolis 1cd Erato 2016-2017).

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GLUCK ORFEO napoli 1774 fasolis jaroussky forsythe cd erato cd review critique cd par classiquenewsCD critique. GLUCK : ORFEO (Naples 1774),Jaroussky,I Barrochisti, Fasolis 1cd Erato 2016-2017). VERSION NAPOLITAINE. Diego Fasolis, en maestro inspiré nous dévoile une version peu connue de l’Orfeo gluckiste donnée triomphalement à Naples (après sa création originelle à Vienne en 1762) avec danses et arrangements spécifiques pour réussir sa création au moment du carnaval de 1774. D’emblée la tenue magistrale de l’orchestre sur instruments anciens, détaillée, colorée, vive et subtilement énoncée impose une parure idéale à cette version historiquement informée de l’Orfeo de GLUCK à la mode napolitaine. L’activité de l’orchestre, très fluide et nerveux, mais sans sécheresse s’impose de bout en bout. Le dramatisme rond jamais véritablement mordant mais parfaitement équilibré dans sa caractérisation demeure l’atout majeur de cette lecture très aboutie voire ciselée : elle n’a pas encore la force décuplée de la version parisienne une décennie plus tard (entre autres grâce au morceau qu’ajoute alors Gluck, la fameuse danse des Furies, d’une frénésie hallucinée/nante) mais ici, le souffle que projette dans le tableau des furies justement, et que doit assagir et séduire l’endeuillé Orphée (scène III, entrée aux enfers) le maestro maître des rebonds élégiaques (évocations des ombres heureuses aux Champs-Elysées, scène V) ou donc tragiques, Diego Fasolis, suscite notre plein enthousiasme.
Il s’agit de la version pour voix de contre ténor aigu à laquelle il n’est pas certain que le chant de Philippe Jaroussky, tout en acidité (souvent peu contrôlée) et en intonation univoque, malheureusement toujours égale apportent l’éclairage idéal: on sait la séduction du timbre du français mais force est de constater l’usure d’une voix de plus en plus aigre aux aigus tirés dont le médium préserve désormais la tessiture inégale et pleine de contorsions linguistiques assez surprenante.

Face à ce chant limité et artificiel, l’amour de la soprano Emöke Barath séduit, envoûte. De même, l’Euridice d’Amanda Forsythe est d’une élégance mozartienne et l’adjonction de son grand air de bravoure (pour satisfaire les caprices narcissiques de la prima donna et aussi satisfaire aux canons de l’opéra italien soit l’air peu joué ailleurs signé Lasnel / Naselli: « tu sospiri ») apporte un éclairage premier, majeur, grâce au timbre suave et idéalement incarné de la soprano : voilà qui donne une épaisseur inédite au personnage d’Euridice ; on comprend mieux que dans la scène VI, la ressuscitée confrontée à l’apparente froideur de son aimé, provoque son retournement fatal en pleine ascension salvatrice. La jeune soprano vole la vedette au contre-ténor français. Son chant reste sincère et juste malgré l’écriture ornementée, un rien bavarde de Lasnel. L’expression de l’amoureuse perdue, démunie, déconcertée est totalement réussie.
Le choeur demeure honnête parfois appliqué mais articulé. Les vrais protagonistes restent les instruments anciens, idéalement canalisés sous la baguette d’un orfèvre épris de sensualité tragique : maestro Fasolis. Pilotant avec flexibilité et efficacité ses I Barrochisti, le chef diseur et lui aussi poète, souligne ce qui fait la force de l’opéra révolutionnaire de GLUCK aidé de son librettiste Cazalbigi, sa grande cohésion continue, son souffle unitaire : un chef d’œuvre et une épure dramatico tragique conçue selon les divines proportions d’un relief antique.

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CD, critique. GLUCK : ORFEO (Naples 1774),Philippe Jaroussky, Emöke Barath, Amanda Forsythe, I Barrochisti, Diego Fasolis, 1cd Erato 2016-2017)

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