CD, compte-rendu, critique. WILLIAM BYRD : Virginals & Consorts / SKIP SEMPÉ, Capriccio Stravagante (1 cd Paradizo, PA 0015). Alors qu’il s’apprête à ravir les auditeurs parisiens grâce au festival de musique baroque « TERPSICHORE », 15 sept – 12 oct 2017-, nouvel événement de musique ancienne et baroque dans la Capitale française (un manque enfin comblé), le claveciniste Skip Sempé rend un hommage particulièrement affiné, techniquement, esthétiquement, en l’honneur de son prédécesseur du XVIIè, William Byrd (1539 – 1623), lui-même, souverain du clavier. Il s’agit d’une bande enregistrée en 1997, il y a 20 ans, mais dans une version remastérisée, elle restitue mieux qu’hier, la séduction singulière d’un compositeur, claveciniste d’une qualité supérieure, maître entre Renaissance et premier Baroque. Aborder la musique de consorts de Byrd pose évidemment la question du geste interprétatif, et entre autres de la résolution des ornements, des « agréments » ou des diminutions : à l’interprète, le choix d’opter pour tel ou tel accent, nuance, tour technique… propre à préserver la profonde et ineffable poésie du vivant, léguée par Byrd dans ses partitions.
Intercalés brillamment avec plusieurs Pavanes et Gaillardes (associées en duos réguliers), nerveuses, étincelantes, – magnifiquement choisies pour créer une dramaturgie du mouvement et de l’énergie (à la façon d’une suite de danses, comme en France), de nombreux épisodes musicaux structurent un programme qui retient l’attention par sa diversité et sa grande cohérence. Le cycle ainsi joué par Capriccio Stravagante, célèbre le génie du compositeur britannique William Byrd, prince de l’effusion suggestive voire énigmatique propre à l’extase et cette capacité à l’émerveillement nostalgique de l’Angleterre du XVIIè. Les instrumentistes suivent habilement le claveciniste et directeur musical de l’ensemble dans un souci régénérateur de liberté et d’invention, car Byrd ici fascine dans un jeu virtuose et multiple, proche de la manière italienne contemporaine. La musique céleste (heavenly noise) est ainsi produite par ce jeu à la fois vivant et harmonique, lié à la capacité d’écoute et le désir de fusion collectif ; à cela s’ajoute, l’intention du relief individuel, et cette caractérisation qui permet à chaque session, d’exprimer intentions et sentiments en une sonorité chatoyante, heureusement réverbérée.
Le consort de violes (6) joue en dialogues sensuels parfois extatiques avec le groupe des flûtes (recorders) d’un même effectif, en miroir… Aux deux danses invoquées et donc subtilement récurrentes (les gaillardes sont remarquablement ciselées par le clavecin soliste de Skip Sempé), l’auditeur goûte ce festin charnel, sensuel et céleste de mélodies probablement tubes à l’époque de Byrd et références très identifiables alors (The Queen’s Alman, The Leaves be green, The Carman’s Whistle, A Fancie, sans omettre la dernière Pavane « Belle qui tiens ma vie »…) soit tout un monde sonore qui murmure, bouillonne, s’enivre et enchante, à la fois nostalgique et extraverti. Le génie de Byrd, « l’un des plus grands parmi les maîtres négligés » (Skip Sempé) ne pouvait trouver meilleur témoignage. Superbe programme. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2017, pour cette réédition révélatrice.
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Cd, critique. WILLIAM BYRD : Virginals & Consorts. SKip Sempé et Capriccio Stravagante. 1 cd Paradizio PA 0015 — 1h13 — enregistré en 1997 (remastérisé en 2017) — CLIC de classiquenews de septembre 2017
Programme :
1 Fantazia à 6, T. 389
2 Pavan & Galliard, MB 32 « Kinbourough Good » : I.
3 Pavan & Galliard, MB 32 « Kinbourough Good » : II. Galliard
4 The Queen’s Alman – Hugh Ashton’s Ground (MB 20)
5 Pavan and galliard à 6 : I.
6 Pavan and galliard à 6 : II. Galliard
7 Pavane « Mille Regretz »
8 Pavan and Galliard, MB 14 : I.
9 Pavan and Galliard, MB 14 : II. Galliard
10 Browning (The Leaves be Green)
11 Pavan a 5
12 The Carman’s Whistle, MB 36
13 The Irish March, MB 94
14 My Lord of Oxenfords Maske
15 Pavan, MB 17
16 A Fancie, MB 25
17 Praeludium & Ground
18 Pavan & Galliard, MB 60 « Ph. Tregian », : I.
19 Pavan & Galliard, MB 60 « Ph. Tregian », : II. Galliard
20 Belle qui tiens ma vie, MB 21 « French Corantos » : I. Pavan
Skip Sempé, clavecin / harpsichord
Capriccio Stravagante
LIRE aussi notre présentation du festival TERPSICHORE à PARIS, du 15 sept au 12 oct 2017
http://www.classiquenews.com/paris-baroque-festival-terpsichore-15-septembre-12-octobre-2017/
Le 28 septembre, concert William Byrd : Consorts privés et publics au Temple de Pentemont
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