jeudi 28 mars 2024

CD, annonce. JAVIER CAMARENA, ténor : contrabandista (1 cd DECCA)

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camarena javier tenor cd review critique cd annonce sur classiquenews decca4833958secondCD, annonce. JAVIER CAMARENA : contrabandista (1 cd DECCA). Le disque fait partie (avec un coffret réjouissant à venir dédié à ROSSINI) des célébrations des 30 ans de complicité artistique entre CECILIA BARTOLI et DECCA. Alors qu’a à faire ce récital Camarena dans le cycle Bartoli / Decca ? C’est que le ténor mexicain est son « protégé », jeune artiste qu’elle a choisi d’accompagner. Ici le soliste (« mentored by BARTOLI » à travers sa fondation) « ose » un récital d’airs d’opéras romantiques, mais dans un répertoire qu’il connaît (surtout d’esprit et de style rossinien). Bartoli ajoute certains airs de son cher Manuel Garcia, le père de Maria Malibran, qui fut un chanteur de premier ordre au XIXè.
S’agissant de Camarena, Bartoli met ainsi en avant un tempérament qu’elle connaît d’autant mieux qu’il a été à plusieurs reprises son partenaire à la scène.
On connaît déjà ainsi Javier Camarena, qui a paru dans plusieurs productions, entre autres : Le Comte Ory (aux côtés de Bartoli, dvd DECCA Zurich 2011 : notre rédacteur critique soulignait combien le ténor manquait … de finesse, malgré la furià scénique et expressive de Cecilia Bartoli, en comtesse Adèle délirante. Lire la critique en bas d’article ci-dessous), ou dans Les Puritains de Bellini, avec Diana Damrau (DVD Bel Air classiques)… Actuellement, le chanteur inaugure avec Pretty Yende (couronnée révélée par le Concours Bellini), la nouvelle saison du Liceo de Barcelone (I Puritani de Bellini : 5-21 oct 2018)

camarena javier tenor annonce cd critique cd review cd par classiquenews ContrabandistaDisons que Javier Camarena, déjà chanteur et soliste professionnel, a les qualités et les défauts de son type de voix : techniquement, il maîtrise abattage, vocalises (en précision et en intensité) mais la couleur de la voix et le timbre sont serrés dans les aigus (pris en général de façon trop dure et forcée). Son style manque de cetet tendresse alanguie que d’autres avant lui ont porté avec autrement de subtilité. L’élégance et l’élégie ne sont pas dans ses gènes (on écoutera pour se faire une idée à ce propos Juan Diego Florez).

C’est donc un ténor héroïque et agile pas vraiment di grazia… le feu, l’abattage, la dureté devront être mieux ciselés ou adoucis s’il veut demain réussir à être un rossinien, un mozartien plus convaincant.

Mais l’artiste sait souligner ses qualités et choisir des airs qui lui vont parfaitement. Les 2 premiers airs sont en espagnol ; tous deux, de Manuel Garcia, le compositeur le plus adapté, techniquement et dans le caractère, à sa voix. Le 1 (El Gitano por amor) est d’esprit rossinien : virtuosité et agilité sont présentes et bien défendues.

Le 2 (Yo soy contrabandista (El Poeta calculista, qui donne son titre au présent programme) affirme ce feu espagnol, ce chien et ce chant racé à la latinité mexicaine, un rien nerveuse et tendue, parfaitement assumée, plus avide, conquérante voire démonstrative que pudique, réservée, introspective. En cela Camarena a des allures de Villazon à ses débuts.

Et voici le premier air de Rossini (plage 3 : « Si, ritrovarla io giuro » de La Cenerentola) qui met en avant son abattage nerveux ; on regrettera un manque d’élégance dont nous parlions. Cependant dans la partie plus tendre, le ténor mesure ses effets enfin, et fait entendre des couleurs plus riches et profondes, troubles, suspendues avec cependant des aigus un peu serrés (sa faiblesse). D’autant que « en fosse », l’orchestre fouetté avec tension par Gianluca Capuano lui donne une réplique pleine de sang et de nerf.

En espagnol, en italien, et aussi en français, le ténor est prêt à relever le défi d’un programme plutôt ambitieux. La plage 4 souligne à nouveau le génie de Manuel GARCIA : baryténor et professeur de chant, célébré par Cecilia Bartoli dont le cd MARIA (Malibran) éclairait le sens théâtral et dramatique d’une famille qui, du père à la fille, de Manuel à Maria, ont incarné un âge d’or du chant romantique. Ici en français quand il ne force pas trop, le ténor mexicain sait ciseler un chant cantabile, assez riche en nuances, au français hélas perfectible (les é et les è sont interchangeables entre autres)… un cycle de coaching s’impose s’il veut reprendre les grands rôles romantiques français. Néanmoins, saluons la belle révélation de cet air en forme de prière, extrait de La Mort du Tasse dont le style reste rossinien dans la coloratoure (Rossini n’a t il pas avant Meyerbeer, inventé l’opéra romantique français, avec Guillaume Tell en 1828 ?.

Pièce maîtresse du récital : le duo avec sa protectrice Bartoli dans Armida de Rossini. Les plus sévères ne manqueront pas de relever ici, le chant dur et aux aigus forcés, d’une tendresse approximative…
question de style, de goût, selon que l’on conçoit Rossini comme tremplin vocal de pure virtuosité ou chant élégant capable de sensibilité émotionnelle… chacun jugera sur pièces. Par contre même l’orchestre sonne échevelé voire même brouillon dans le final.

Autre Garcia, en français (Florestan, 7) : Camarena y déploie une hargne vocale qu’il maîtrise sans forcer. Assurément les airs de Garcia lui vont comme un gant car il y met l’intensité requise, aidé aussi par la langue du livret, l’espagnol qui est sa langue natale (en ce sens l’air « Formaré mi plan con cuidado » / j’élaborerai mon plan avec soin – plage 9-, est la pièce de choix, presque 10 mn de feu théâtral qui souligne le génie lyrique de l’ouvrage clé de Garcia, – déjà abordé dans la plage 2, au début du récital : El poeta calculista) . Ainsi s’il est moins rossinien que « Garcien », Camarena devrait véritablement être à son aise et d’un naturel convaincant dans une prochaine production d’un opéra de Manuel Garcia sur la scène (directeurs d’opéras que faîtes vous ?) … Suite de la critique à venir.

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camarena javier tenor cd review critique cd annonce sur classiquenews decca4833958secondCD, annonce. JAVIER CAMARENA : contrabandista (1 cd DECCA, parution annoncée le 5 octobre 2018). Airs de Garcia, Rossini, Zingarelli… Les Musiciens du Prince / Gianluca Capuano. Prochaine grande critique dans le mag cd dvd livres de classiquenews, le jour de la parution officielle du cd, le 5 octobre 2018.

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Approfondir

LIRE notre critique du DVD Le Comte Ory par Cecilia Bartoli et Javier Camarena (Decca)
https://www.classiquenews.com/dvd-rossoni-le-comte-ory-cecilia-bartoli-2011/

VOIR : Les Puritains de Bellini, avec Diana Damrau (DVD Bel Air classiques)
Extrait vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=o1jmF55lg0k&vl=en

 

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Illustrations : Javier Camarena en contrabandista
© Amanda Nikolic

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