ANGERS / NANTES, Rameau, Mozart, Gossec…, le 3-12 mars 2017. Bruno Procopio en une tournée de 7 dates pilote un programme réjouissant, récapitulant trois esthétiques en un seul cycle : baroque avec Rameau ; classique avec Mozart ; romantique avec l’un des compositeurs de Napoléon, figure de la fièvre nerveuse impériale : Gossec. Entre virtuosité et sentiment, l’Orchestre national des pays de la Loire met à l’honneur l’esprit français à l’époque bénie où l’élégance fusionne avec l’esprit, le coeur, l’esprit. Voici donc PARIS à l’époque des Lumières…
Rameau sur instruments modernes : Bruno Procopio en connaît toutes les épreuves techniques et les défis stylistiques : il a depuis plusieurs années diriger les Suites de Castor et Pollux et d’Acanthe et Céphise, outre Atlantique avec entre autres, le mythique Orchestre Simon Bolivar à Caracas, ou l’orchestre Symphonique du Brésil (le même orchestre avec lequel il a aussi interprété la Symphonie de Gossec, à Rio récemment en 2015). C’est peu dire que le jeune maestro franco-brésilien se passionne pour l’articulation de l’élégance et de la vivacité virile, telle qu’elles s’expriment avec ô combien de finesse chez Rameau (sans omettre le raffinement des couleurs d’Acanthe) et Gossec. N’oublions pas la grâce – déjà romantique, par sa justesse des sentiments, d’un Mozart, si bouleversant dans Les Petites riens (une partition qu’il ne faut pas prendre aux pieds de la lettre : ici le rien signifie sincérité, vérité, profondeur des intentions), inspiré comme rarement dans son irrésistible Concerto pour harpe et flûte : sommet de la conversation concertante avec orchestre, où la virtuosité exprime avant tout une fusion harmonique et expressive entre les deux solistes…
Relevant le défi de l’énergie et de la finesse ramélienne, de la grâce mozartienne, du tempérament conquérant tel qu’il se déploie dans la fameuse Symphonie pour 17 parties de Gossec (1808), Bruno Procopio approfondit encore sa parfaite connaissance du style de chaque partition, réussissant cette alliance rare de l’intelligibilité et de la puissance rythmique. Mise en place impeccable, direction douée pour les climats aussi, qu’ils soient volontaires voire guerriers et éclatants (Gossec), ou d’une rare finesse émotionnelle chez Mozart, le jeune maestro joue des styles et des esthétiques comme un vrai explorateur : découvrant, ciselant avec les instrumentistes qu’il dirige, de vrais accents coloristes où la clarté de l’intention, la lisibilité de l’architecture frappent l’esprit de l’auditeur.
Mozart et Paris : Wolfgang ne s’est jamais vraiment plu dans la capitale française, incompris et peu soutenu en définitive, le jeune compositeur souffrira même au delà de ce qu’il pouvait imaginer, perdant sa mère en 1778… Le sublime Concerto pour harpe et flûte est composé pour la fille du Duc de Guisnes, excellente harpiste, le Duc étant lui-même très bon flûtiste. L’inspiration de Mozart permet d’atteindre des sommets entre élégance et virtuosité, séduction et suavité dans le jeu concertant, dialogué, des deux instruments solistes. La tendresse pastorale du mouvement central est particulièrement attractif, révélant le génie d’un Mozart d’une intelligence mondaine, capable de répondre au goût des amateurs parisiens, à la fois mélomanes et praticiens.
Associer Rameau et Mozart, c’est diffuser les vertus de la subtilité et le raffinement d’un festival de timbres. Puis enchaîner en seconde partie, le même Rameau (plus nerveux et guerrier, celui de Castor) avec la 17 parties de Gossec, c’est de la même façon, tisser ce même fil stylistique qui unit en énergie et finesse deux compositeurs qui ont servi cet esprit des Lumières, à deux moments majeurs de son histoire, en ces teintes encore baroques (Rameau mort en 1764), conquérant à l’époque impériale (Gossec en 1808).
Avec la complicité des musiciens de l’Orchestre national des Pays de La Loire, avec le concours des solistes Juliette Hurel (flûte) et Isabelle Moretti (harpe) dans le Concerto de Mozart, le programme qui circule en région, en 7 dates, du 3 au 12 mars 2017, promet d’éloquentes et électriques Lumières, servies par d’irrésistibles musiciens. Tournée événement.
________________
TOURNÉE de l’Orchestre national des Pays de la Loire
Paris au siècle des Lumières
7 dates pour un programme riche en finesse, force, élégance
Baroque, classicisme, romantisme
De Rameau à Mozart, de Mozart à Gossec
Le 3 mars 2017, au MANS, Palais des Congrès, 20h30
Le 4 mars 2017, LAVAL, Théâtre, 20h30
Le 5 mars 2017, ANGERS, Centre de congrès, 17h
Les 7 et 8 mars 2017, NANTES, La Cité, 20h30
Le 9 mars 2017, ANGERS, Centre de congrès, 20h30
Le 12 mars 2017, St-NAZAIRE, Théâtre, 17h
INFOS & RESERVATIONS
http://www.onpl.fr/concert/paris-au-siecle-des-lumieres/
_______________
APPROFONDIR
VOIR notre reportage vidéo : BRUNO PROCOPIO joue la Symphonie en 17 parties de Gossec (1809), avec l’Orchestre Symphonique du Brésil – avril 2015 (Rio de Janeiro)
Partition majeure de la symphonie romantique française à l’époque de Napoléon : entre classicisme et premier romantisme, la virtuosité énergique de Gossec s’impose à nous, commune œuvre fondatrice du symphoniste français à l’époque des Viennois Haydn, Mozart et Beethoven. Bruno Procopio s’engage pour diffuser la connaissance et l’interprétation des compositeurs français en Amérique Latine : après avoir dirigé le Simon Bolivar Orchestra du Venezuela, le jeune chef à la double culture, brésilienne et française, retrouvait l’Orchestre Symphonique du Brésil à Rio de Janeiro dans un programme dédié au premier romantisme français : vitalité et énergie, puissance mais sensibilité aux détails instrumentaux… la direction du chef de l’autre côté de l’Atlantique, à la fois analytique et dramatique, trouve un équilibre idéal au service des grands classiques et romantiques français. Extraits vidéo exclusifs © studio CLASSIQUENEWS.TV 2015
EXTRAIT de la présentation et du compte rendu du concert GOSSEC à Rio de Janeiro par Bruno Procopio :
Pour la Symphonie de Gossec (1734 – 1829), Bruno Procopio a respecté l’usage instrumental historique : c’est à dire le nombre impressionnant de contrebasses : car l’orchestre en France à l’époque de Gossec totalise près de 12% des effectifs de cordes : le principe est réalisé à Rio et la sonorité qui en découle apporte ses bénéfices expressifs : puisque la musique ne module pas beaucoup, l’éloquence élargie des basses nourrie une matière étonnamment riche malgré des lignes plutôt simples. Des quatre mouvements (Maestoso – Allegro molto ; Larghetto ; Menuet – trio ; Finale : Allegro molto), le chef réalise la continuité tout en apportant les fruits d’un travail spécifique sur le relief instrumental.
A 17 parties soit 17 pupitres, l’orchestre de Gossec demeure résolument classique avec clarinettes et trompettes par deux. Ordinairement datée de 1809, la Symphonie pourrait remontée à une époque précédente : le dernier mouvement commence par un système fugué défendu par les premiers violons selon la tradition du Concert Spirituel telle qu’elle s’était affirmée dans le paysage de la fin XVIIIè à Paris. De fait, outre ces points d’écriture, tout l’esprit de la Symphonie de Gossec résonne de l’Esprit des Lumières plutôt que du plein romantisme. L’auteur de Thésée, opéra majeur, très emblématique de l’esthétique néoclassique de la fin du XVIIIè européen, reste résolument classique et respectueux des inflexions de son époque.
________________________
Grand portrait vidéo
BRUNO PROCOPIO, maestro transatlantique
PORTRAIT VIDEO : Bruno Procopio, maestro transatlantique. Transatlantique… telle est l’activité atypique et exemplaire d’un chef défricheur entre deux cultures, deux continents, deux esthétiques : né au Brésil, français de cœur et résident non loin de Paris, le jeune maestro Bruno Procopio cultive les richesses multiples de sa double culture. Entre France et Brésil, il sait faire dialoguer les accents de chaque nation, des deux côtés de l’Atlantique. Jouer les compositeurs français, Baroques et Romantiques à Rio de Janeiro ; jouer à Paris, Villa-Lobos et Jobim… au TCE, Théâtre des Champs Elysées. Maître des croisements féconds, porteur d’une singularité artistique visionnaire, Bruno Procopio dirige les orchestres sur instruments modernes au service de Rameau, Gossec, Méhul… Tout en présentant les spécificités du jeu et du style orchestral au service des compositeurs toujours trop méconnus, tel Méhul (et sa formidable Symphonie n°1, si Beethovénienne), le jeune maestro en claveciniste affûté, sait aussi ressusciter en duo avec le pianoforte, l’écriture expérimentale d’un autre oublié, Rigel, doué d’une énergie dramatique particulière… Portrait d’un maestro transatlantique – grand reportage vidéo / Réalisation : Philippe Alexandre Pham © studio CLASSIQUENEWS 2017