BRAVA HD. Delibes : Sylvia, Coppelia, le 21 février 2016, 20h30 puis 22h. Hommage spécial à Léo Delibes pour les 125 ans de sa disparition. 2016 marque les 125 ans de la disparition du compositeur romantique Léo Delibes (1836-1891). La musique de Delibes a gagné ses galons de la renommée grâce à ses deux ballets, devenus sommets romantiques, « Sylvia » et « Coppélia ». Tchaïkovski était grand admirateur de Delibes : il préférait « Sylvia » à son propre « Lac de cygnes ». Chose curieuse, « Sylvia » n’a pas été dansé pendant des décennies, jusqu’à ce que la chorégraphie de 1952 de Sir Frederick Ashton soit réinterprétée par le Royal Ballet de Londres. Brava diffuse la production à 20h30, ce 21 février. Ensuite, à 22h04, place à « Coppélia », la figure légendaire qui mêle féerie et fantastique. Le chorégraphe Eduardo Lao et son Ballet Víctor Ullate redonnent vie à cette œuvre. Le jour du 180e anniversaire de sa naissance, Brava honore Léo Delibes en présentant deux productions qui soulignent la
pertinence poétique et la puissance dramatique de son œuvre. Récemment (2011), le Palais Garnier a ressuscité avec faste et magie le ballet La Source de 1866 que Degas a peint, lui aussi subjugué par la force onirique de la musique de Delibes… LIRE notre compte rendu de La Source de Delibes à l’Opéra de Paris en octobre 2011
Edgar Degas : Melle Fiocre dans le ballet La Source, musique de Delibes (1868)
Dimanche 21 février 2016 à 20h30
Delibes – Sylvia
« Un homme aime une femme, la femme est capturée par un méchant, la femme est rendue à l’homme par Dieu. » C’est la façon dont Sir Frederick Ashton a décrit l’histoire du ballet Sylvia en quelques mots. Sa chorégraphie a rendu ce ballet à la vie et l’a révélé au monde entier en 1952. Les représentations avant cette date n’étaient pas très réussies, peu scrupuleuses dans la restitution de la danse, malgré la musique magnifique, et le ballet n’était guère représenté pendant des années. Depuis Ashton, l’œuvre a retrouvé sa place dans le répertoire classique de toutes les grandes compagnies. Production enregistrée au Royal Opera House en 2007, avec entre autres Darcey Bussel, Roberto Bolle, Thiago Soares.
Compositeur : Léo Delibes
Chef d’orchestre : Graham Bond
Solistes : Sylvia: Sylvia: Darcey Bussell, Aminta: Roberto Bolle, Orion: Thiago Soares, Eros: Martin Harvey, Diana: Mara Galeazzi
Ballet : Ballet de la Royal Opera House
Chorégraphie : Frederick Ashton
Orchestre : Orchestre de la Royal Opera House
Producteur : BBC, Royal Opera House
Réalisateur : Ross MacGibbon
Lieu : Royal Opera House, Londres
Année : 2007
Pertinent Delibes. Grâce à sa Sylvia, le monde de la forêt, des suivantes de Diane, des chasseresses et des bergers n’a rien de la fantaisie légère et décorative du pastoralisme d’un Rameau ou des compositeurs du XVIIIè, lorsque ce dernier par exemple mettait en scène la mythologie grecque.
Sylvia est un ballet « moderne » créé spécialement pour le nouvel Opéra de Charles Garnier en 1876. Les scénographes selon les productions renforce sa séduction « contemporaine », sa construction nette et franche, qui nous éloigne ô combien des poncifs larmoyants et romantiques du ballet classique.
Ici, les hommes restent seules, incompris. Ils souffrent: Aminta, amoureux de la belle nymphe chasseresse, Sylvia, suivante de Diane, aime sans retour. Et même Diane qui se souvient de son bel Endymion, reste in fine, en fin de ballet, irrémédiablement seule.
L’amour est une souffrance, un délice mortel qui blesse et afflige. Voici donc un ballet bien peu conforme et complaisant qui offre un quatuor de rôles superbes pour des solistes rompus à l’élégance acrobatique. Diane se languit d’Endymion, veut séparer Aminta de Sylvia, mais ne connaît aucun bonheur ; Aminta reste un peu lisse et sans guère d’aplomb, un peu comme Ottavio dans le Don Giovanni de Mozart: un benêt fade qui admire sans se battre: est-il réellement digne d’être aimé de Sylvia ?….. D’abord, Sylvia, tendre, juvénile, d’une nervosité fière et idéale : elle est prête pour se laisser séduire par le bel et tentateur Orion (Amour déguisé). Sur la scène de l’Opéra de Paris en 2005, Aurélie Dupont devenue directrice de la Danse depuis quelques jours (février 2016) incarnait une chaste et suave Sylvia, prête à croquer la fruit défendu… La chorégraphie de John Neumeier souligne alors la défaite du bonheur, la tension fatale auquel sont livrés les êtres les uns contre les autres: Orion/Amour/Thyrsis est seul vainqueur. Rien ne résiste à son élan trop désirable: « Amor vincit omnia « . Superbe spectacle pour une chorégraphie en rien minaudante malgré son sujet.
Dimanche 21 février 2016 à 22h04
Delibes – Coppelia (1870)
Avec « Coppélia » de Delibes, le Ballet Víctor Ullate ajoute une nouvelle version d’un ballet de renommée internationale à son répertoire. Le chorégraphe et directeur artistique Eduardo Lao s’est donné pour tâche de réinventer « Coppélia » ; sa compagnie polyvalente de 23 danseurs l’aide à réaliser sa vision personnelle. Lao accentue l’esprit comique de « Coppélia », tout en gardant la partition originale écrite par Léo Délibes en 1870. La création de Lao se déroule dans un laboratoire cybernétique spécialisé en intelligence artificielle, où le docteur Coppélius tente de créer un robot androïde qui se comporte comme un être humain. Cette production de « Coppélia » permet aux danseurs du Ballet Víctor Ullate d’étaler leur savoir-faire technique et artistique, en combinant plusieurs styles de danse et en mettant à jour un ballet classique.
Le collectif espagnol ajoute une nouvelle version du ballet romantique avec la ferme intention selon son directeur artistique Eduardo Lao de réinventer « Coppélia » ; sa compagnie de 23 danseurs accentue ainsi l’esprit comique de « Coppélia », tout en adoptant la partition originale écrite par Léo Délibes en 1870. Le thème de la vie artificielle, de l’automate, de la poupée mécanique se pose avec acuité, inscrite dès l’origine dans le sujet du ballet (inspiré d’une nouvelle de ETA Hoffmann). La création de Lao se déroule dans un laboratoire cybernétique spécialisé en intelligence artificielle, où le docteur Coppélius tente de créer un robot androïde qui se comporte comme un être humain. Cette production de « Coppélia » offre aux danseurs du Ballet Víctor Ullate de faire valoir leur savoir-faire technique et artistique, en combinant plusieurs styles de danse dont le vocabulaire du ballet classique et romantique. Outre le jeu fécond entre nature et artifice, le ballet ainsi réadapté exploite les ressources de l’art en ciselant les références multiples et les styles de danses historiques et contemporains.
On sait avec quel éclat en 1973 sur la scène du Palais Garnier, Pierre Lacotte si scrupuleux et si respectueux de la chorégraphie comme du plan originels avait reconstitué le ballet Coppélia, sublime ballet d’action, conçu par Saint-Léon et Delibes en 1870. La musique de Delibes (qui intègre une csardas sur la scène parisienne, volonté folkloriste oblige dans le I) apporte un supplément d’âme à l’action dansée, que Tchaikovski saura assimilé pour ses chefs d’oeuvres postérieurs (Le Lac des cygnes ou Casse noisette). A travers le thème et la figure de la poupée mécanique, c’est le fantasme d’un corps fantasmé, idéal qui s’impose sur la scène : l’art chorégraphique est-il humain ? La danse, défi contre la pesanteur en forçant le corps naturel, n’a-t-elle pas une origine irréelle voire magique ?
Le grand ballet à l’époque industrielle
A l’origine, c’est Charles Nuitter, légendaire archiviste de l’Opéra, devenu librettiste et dramaturge pour les spectacles parisiens qui adapte une nouvelle de ETA Hofmann : « la fille aux yeux d’émail : Coppélia ». Avec Saint-Léon (qui vivait alors entre Paris et Saint-Pétersbourg et était sous l’emprise de samuse, la danseuse étoile Adèle Grantzow), il se concentre surtout sur les épisodes originels qui favorisent l’attraction qu’exerce sur Nathanaël devenu dan sel ballet, Frantz, le poupée Coppélia, ainsi que la relation du docteur Coppélus avec Olimpia (Swanilda). Le fantastique surnaturel est quelque peu atténué, vers une comédie plus légère proche de la farce de la Fille mal gardée. Ici, c’est Swanilda qui sauve Frantz, son fiancé de l’enchantement dont il est victime, en prenant l’aspect de la poupée maléfique / fascinante, sirène mécanique : Coppélia. Pour réussir le ballet nouveau, on emploie une virtuose âgée de 16 ans : Giuseppina Bozzacchi, qui assurant l’éclat spécifique du rôle de Swanilda, pilier du ballet, contribue au succès de la création (25 mai 1870). A la fin du XIXè, surtout dans les années 1870, le romantisme a cédé la place à un rationalisme issu de la Révolution industrielle qui se manifeste sur la scène du ballet, dans une réflexion formelle interrogeant la forme du grand spectacle musical et chorégraphique, alternance de solos et duos et d’ensembles impressionnants, destinés à faire danser tout le corps de ballet. Illustration : portrait de Delibes.
Coppelia, Chorégraphie d’Eduardo Lao
Ballet Victor Ullate Comunidad de Madrid
Musique : Léo Delibes
Enregistré à l’Opéra Royal de Versailles, 2013
Avec
Sophie Cassegrain (Coppélia)
Yester Mulens (Docteur Coppélius)
Cristian Oliveri (Franz)
Zhengyja Yu (La Diva spectrale)
Leyre Castresana (Betty)
Albia Tapia (Rosi)
Zara Calero (Andreina) Dorian Acosta (D.J.)
Artistes chorégraphiques du Ballet Victor Ullate :
Ksenia Abbazova – Federica Bagnera – Marlen Fuerte – Laura Rosillo – Reika Sato – Lorenzo Agramonte – Mariano Cardano – Mikael Champs – Matthew Edwardson – Oliver Edwardson – Jonatan Luján – Andrew Pontius – Josué Ullate
Léo Delibes (1836-1891), comme Gouvy fait partie des compositeurs romantiques français méconnus, mésestimés à torts. Le jeune choriste à la création du Prophète de Meyerbeer, élève d’Adam, auteur d’opérettes finement troussées, se fait remarquer en livrant la musique pour l’acte II du ballet La Source de Minkus à l’Opéra de Paris (1863). La partition plaît tant qu’on lui demande alors un ballet complet : Coppelia, créé en 1870, sommet de l’orchestration française, et aussi de la musique chorégraphique, synthétisant le style Second Empire. Tchaïkovski pour Le Lac des Cygnes et La Belle au bois dormant saura assimiler l’élégance instrumentale et le raffinement dont fut capable Delibes dans l’écriture orchestrale, y compris pour le ballet. Son opéra Lakmé (1883) marque l’apothéose de cet orientalisme à la française d’un raffinement absolu au mélodisme suave irrésistible (air des clochettes)
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