France Musique, samedi 9 novembre 2013, 19h : La Straniera de Bellini. A la demande de Barbaja, intendant de la Scala de Milan, le jeune Bellini auréolé d’une gloire grandissante grâce au Pirate (triomphalement reçu dans la salle scaligène en octobre 1827), compose la musique d’un nouvel opéra L’Étrangère, La Straniera, dont la pièce de théâtre originelle avait été dévoilée à Naples dès décembre 1827.
Le librettiste adoré du compositeur, Felice Romani, tarde à livrer son texte, et l’ouvrage ne sera finalement créé que le 14 février 1829. Lui aussi porté en triomphe, grâce entre autres au plateau des solistes, tous remarquables selon le propre témoignage du compositeur.
Vincenzo Bellini
La Straniera
France Musique
Samedi 9 novembre 2013, 19h
L’action se déroule en France sous le règne de Philippe Auguste : Bellini explore le climat de mystère qu’il enveloppe d’une brume romantique et gothique ; l’écriture vocale rompt définitivement avec le vieux récitatif accompagné hérité de Rossini pour un arioso libre, véritable discours textuel proche du langage parlé. Préfigurant le rôle de Riccardo des Puritains, le personnage de Valdeburgo reste le plus bel emploi de baryton conçu alors par Bellini. La romance d’Adelaide, son duo avec Arturo demeurent aussi des instants très réussis qui expliquent certainement l’enthousiasme du parterre et l’admiration qu’exprima Berlioz à l’endroit de La Straniera : une performance critique quand on sait le peu d’intérêt du Français pour le bel canto italien…
Le sujet ressuscite la Bretagne au début du XIVè : Adélaide aimée d’Arturo n’est autre qu’Agnès, l’épouse exilée de Philippe Auguste… Elle vit comme une ermite au bord du lac, telle une étrangère dont les habitants n’ont pas tardé à faire une sorcière. La fin est des plus tragiques et confirme l’impossibilité pour Arturo promis à une autre qu’il n’aime pas (Isoletta), de s’unir à celle qu’il aime : le jeune homme comprenant qu’il ne sera jamais l’époux d’Adélaide, se tue à ses pieds. Le ténor ivre d’amour, éperdu et toujours impuissant, la soprano au secret tenace qui la tiraille, le baryton noble et qui affronte malgré lui le ténor … forment une manière de huit clos haut en couleurs dont l’interaction de plus en plus intense et expressive fonde le nouvel opéra romantique italien. De nos jours, l’ouvrage souffre d’une injuste réputation : il s’agit bien avant les Norma, Sonnambula et Lucia, du premier grand jalon de l’opéra romantique.