Le 18 décembre 2006 à 15h
Récital
Kun Woo Paik, piano
Ludwig van Beethoven
Sonate n°30 en mi majeur opus 109
Sonate n°31 en la bémol opus 110
Sonate n°32 en ut mineur, opus 111
Prima la musica
Présenté par Jean-Michel Damian
Les sonates opus 109 et 110
C’est le dernier Beethoven qui est ici présent. Dans ces trois dernières sonates, comme dans ces derniers quatuors, son style reste difficile à cerner. La surdité du compositeur est devenue totale, et son isolement complet lui inflige a contrario, une nouvelle force de création. Les dernières compositions s’apparentent à de profondes méditations intérieures. Le solitaire privilégie le style fugué et les variations. Il étudie les grands maîtres passés allemands : Bach, « le père universel de l’harmonie », et Haendel, qu’il vénère et prend pour nouveau modèle. Ces trois dernières sonates furent peu connues et peu jouées de son vivant, de même qu’à la génération qui suit.
L’opus 109 ouvre le cycle composé entre 1820-22. Il semble, d’après Schindler, que le compositeur se lança un défi car l’ « Allgemeine Musikalische Zeitung » l’avait présenté comme figurant désormais hors de la vie musicale de son temps. Autrement dit, Beethoven, trop vieux, est écarté par les critiques, démodé et même épuisé : l’inspiration tarie, elle semble ne plus rien avoir à dire. Comme nombre de témoignages du célèbre secrétaire de Beethoven, on peut douter de cette hypothèse. Composée durant l’été de 1820 à Mödling, la sonate est adressée à la fille d’Antonia Brentano. La partition est publiée chez Schlesinger à Berlin, en novembre 1821. Alors que les deux premiers mouvements s’enchaînent sans interruption, le troisième révèle la science du dernier Beethoven : un thème cantabile très expressif et d’une grande simplicité, est suivi de six variations très ingénieuses.
Esquissée en même temps que l’Opus 109 en 1819, la sonate opus 110, est achevée le 18 décembre 1821 et publiée bien plus tard par Schlesinger, à la fois à Berlin et à Paris en août 1822. Elle devait au départ être destinée à Antonia Brentano (ainsi que l’Opus 111), mais finalement Beethoven abandonne cette intention. Les deux premiers mouvements sont courts, mais le troisième est un long finale complexe qui se décompose en plusieurs parties dont un adagio et une fugue.
L’Opus 111, dernière sonate du maître, comprend seulement deux mouvements. Achevée début 1822, la dédicace va à l’archiduc Rodolphe. Elle a suscité bien des commentaires, nombre de musicologues, se sont souvent amusés à en chercher la signification. Le rythme des variations finales est d’une grande complexité (la partition reste surprenante). A noter, encore une fois, la belle inspiration du thème initial, aussi profond que d’une grande simplicité. Selon Schindler, Beethoven n’aurait pas eu le temps de composer un troisième mouvement, chose peu probable.