France Musique, lundi 1er août, 20h. Parsifal de Wagner avec Klaus Florian Vogt. Sous la direction de Eberhart Friedrich à Bayreuth, le challenger du ténor compatriote Jonas Kaufmann, chante lui aussi Parsifal mais avec un timbre plus angélique et moins rauque, et pourtant tout aussi convaincant : inscrit définitivement comme son Lohengrin (l’élu céleste descendu sur la terre.)… , dans la lumière.
Klaus Florian Vogt est né à Heide (Schleswig-Holstein), il a d’board commencé la musique comme… corniste. La pratique instrumentale lui a transmis l’art de la tenue et de la justesse du son, aujourd’hui palpable dans un chant souverainement clair et élégant. Qui a marqué chez Wagner, ses Lohengrin et bientôt Tannhaüser (avant Tristan qu’il annonce être prêt à chanter au terme de ce parcours psychologique et dramatique). Pour l’heure son premier Parsifal à Bayreuth est bien l’événement de l’édition 2016 du Festival wagnérien où s’affirment aussi, Le Ring dirigé par Marek Janowski (mais dans la réalisation scénique désastreuse, désenchantée de Castorf) et le Tristan und Isolde de Katharina Wagner, inauguré en juillet de l’année passée (le dvd Tristan und Isolde par Katharina Wagner vient de sortir chez Deutsche Grammophon, juillet 2016).
Dans Parsifal, le ténor allemand a déjà identifié les points de difficulté afin de mieux préserver sa voix, pendant chaque représentation : au I, il convient de ménager son chant d’autant que le chaste fol ne prend pas trop la parole : il découvre alors le milieu des chevaliers du Graal et assiste médusé et bouleversé surtout au miracle du calice dévoilé par un Amfortas, agonisant.
Au II, les choses s’intensifient pour Parsifal : il doit démontrer la force morale qui l’anime car il sait vaincre les enchantements malsains et les voluptés maudites des créatures du magicien Klingsor (les filles fleurs, vraies tentatrices charnellement désirables) dont l’arme la plus redoutable est le corps sensuel de Kundry… laquelle est la première à la nommer du nom qu’employait sa mère perdue : « Parsifal ». Contre Klingsor, sa lance, Kundry, sa danse lascive et provocante, Parsifal demeure indifférent et vainqueur : aucun doute, le ténor doit gérer l’afflux de verbe et la tension dramatique de cet acte clé qui révèle sa nature miraculeuse, laquelle sauvera par son sang neuf, au III, le rituel des Chevalliers. Ainsi, au dernier acte, le miracle du Vendredi Saint s’accomplit grâce à la pureté infaillible du chaste fol, devenu le nouveau roi : il absout Kundry, et surtout guérit Amfortas de la plaie suintante qui le condamnait… Le Graal peut être dévoilé et irradiant, dans un tableau éblouissant de lumière, Parsifal est couronné nouveau roi.
Le vrai défi pour le ténor réside donc bien dans l’acte II où il doit démontrer sa puissance spirituelle sous le masque de la grâce juvénile.
France Musique, lundi 1er août 2016, 20h. Wagner : Parsifal. Avec Klaus Florian Vogt, dans le rôle titre. Consulter la distribution complète du Parsifal Bayreuthien 20016 sur le site du Festival de Bayreuth
Klaus Florian Vogt, visage dans les mains incarne Lohengrin, le chevalier céleste descendu trop tôt sur la terre, pour sauver une Elsa, étrangère au pacte de confiance qu’il demandait…