jeudi 28 mars 2024

AVIGNON. Dimanche 26 novembre 2017, 17h. CRR. Duo MAUILLON. Airs du premier baroque italien

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avignon baroque en avignon musique baroque en avignon festival saison 2017 2018 coup de coeur de classiquenews 20664797_1482893888453523_2776363418729602027_nAVIGNON. Dimanche 26 novembre 2017, 17h. CRR. Duo MAUILLON. Airs du premier baroque italien. Seicento. Pien d’amoroso affetto… Les duo composé par un frère et sa sœur sont suffisamment rares pour ne pas manquer un concert qui les réunit, d’autant que Marc et Angélique Mauillon excellent dans le registre poétique, dramatique, langoureux…

C’est une remarquable palette de chants amoureux que déclinera le quatrième concert de la saison du festival Musique Baroque en Avignon, toujours soucieux d’accorder programmes musicaux et lieux investis. Grâce au duo Angélique et Marc Mauillon, la sœur et le frère, le chant de la harpe et la tessiture de baryton léger, offre une traversée passionnante aux premières heures de l’écriture monodique en Italie, quand Caccini, Peri et d’autres Florentins, pensant ressusciter le chant de la Grèce Antique, réinventaient le langage lyrique.
Les territoires explorés se déploient et se précisent entre le XVIe et le XVIIe siècles, soit dans cette passionnante période de transition entre la fin de la Renaissance et
l’épanouissement du premier baroque (Seicento). La voix soliste, expression des sentiments, est alors accompagnée par les cordes pincées, luth ou théorbe notamment. Dans ce récital à deux voix, c’est la harpe d’Angélique Mauillon qui sculpte les sons enchantés, aériens et mordants, propres à tisser l’étoffe des épisodes et des situations dramatiques. Dans un remarquable enregistrement intitulé LI DUE ORFEI, les deux artistes complices avaient convaincu la Rédaction de classiquenews dans un programme très cohérent, restituant cette éloquence primitive et franche où les compositeurs à Florence, fondateurs des premiers spectacles chantés, Caccini (essentiel, dont l’une des pièces sublimes donne le titre du programme) et Peri (plus séducteur et « bavard »), déjà cités, articulent, colorent, tempèrent ou exacerbent l’expressivité du texte, des poèmes amoureux, entre langueur, ivresse, tourments…

mauillon marc et angelique duo caccini peri portrait crtique cd classiquenews Capture d’écran 2016-02-22 à 10.26.49AUX ORIGINES DE L’OPERA … Voici en quelques mots, l’art du chanteur, véritable diseur, soucieux du verbe, du sens comme de la clarté mélodique qui les porte, (extrait de la critique du cd par notre rédacteur Hugo Papst : « … Diseur enchanté d’une saisissante flexibilité avec de surcroit un souffle souverain, le soliste déploie un exceptionnel abattage, un goût de la langue dramatique qui s’impose en modèle absolu ; doué d’aigus clairs et soutenus, le baryton saisit par sa diction précise, vivante, naturelle.  Un legato qui semble infini et surtout pour chaque séquence, une intonation idéale. Chez Caccini, on salue la langueur d’Amarilli  (8), l’étonnante déclamation puissante et d’une mâle sensualité qui dans l’épisode suivant Tutto ‘l Di piangi  (9) égale la vocalita déclamée de l’Orfeo montéverdien. C’est comme chez les cubistes, la parenté qui rapproche ici des tempéraments fraternels entre Jacopo Peri et Giulio Caccini semble parfois interchangeable comme s’il s’agissait de créateurs provenant du même atelier, – comme Picasso et Braque qui sans le concours de la correspondance seraient indiscernables. Ici même identité des langages, même absolue obsession du texte.
Mais la finesse de Marc Mauillon éclaire chacun d’une différence qu’il rend explicite ; le chanteur maîtrise absolument l’élégance aristocratique de l’articulation de chaque poème mais avec un sens de l’expression palpitante qui rend tout cela extrêmement vivant, avec un équilibre subtil et d’une rare intelligence entre expressivité, suggestivité, intelligibilité et sobre musicalité;  le charme de la  voix convainc sans les habituelles affèteries ou effets vocaux fréquents chez tant de ses confrères  (Odi Euterpe plage 10, sommet de son articulation vivante, ou le numéro 16 d’une verve précise et naturelle sur une mélodie vraie tube de l’époque). Or évidemment  le maniérisme et le surjeu si fréquents ailleurs sont totalement hors sujet…. » LIRE la critique complète 

MARC MAUILLON, baryton enchanteurNé en 1980, Révélation Artiste lyrique aux Victoires de la musique 2010, à la fois baryton et ténor, le baryténor Marc Mauillon étend son charme vocal du baroque – son domaine de prédilection – au contemporain (Peter Eötvös), que ce soit en opéra, en opérette parfois, en récital ou en petites formations. Il travaille avec William Christie, Jordi Savall,ou Douce Mémoire… Sa soeur Angélique s’est spécialisée dans la harpe ancienne (médiévale, Renaissance ou baroque), partageant son art avec de nombreux ensembles, et elle enseigne au Conservatoire à rayonnement régional de Tours.

 

 

 

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AVIGNON
Festival Musiques en Avignon
Dimanche 26 novembre 2017 à 17h
Conservatoire à Rayonnement Régional,
Auditorium Mozart

Pien d’amoroso affetto

MARC MAUILLON, baryton
ANGELIQUE MAUILLON, harpe

 

 

 

RESERVATIONS, INFORMATIONS

boutonreservationwww.musiquebaroqueenavignon.fr
ou auprès de l’Opéra Grand Avignon : 04 90 14 26 00,
ou www.operagrandavignon.fr,
ou service de location place de l’Horloge à l’Espace Vaucluse
Tarifs : 20€/ 16€/ 8€/ 5€ (pass culture).

Programme :

CACCINI
Dolcissimo Sospiro

Amarilli mia bella

Mentre chefra doglie e pene
LUZZASCHI
Toccata
CACCINI
Movetevi a pietà
PERI
Tu dormi
CACCINI
A quei sospiri ardenti

Vedrò il moi sol
PERI
Tra le donne
CACCINI
Tutto il di piango

Odi Euterpe
CACCINI
Torna deh torna
PICCININI
Aria di sarabanda
CACCINI
Perfidissimo volto

Non ha’l ciel
PERI
Tutto il di piango

Al fonte al prato
LUZZASCHI
Canzona
CACCINI
Pien d’amoroso’affetto
PERI
Un di soletto

 

 

 

 

 

MARC MAUILLON, baryton enchanteurENTRETIEN AVEC… la baryton MARC MAUILLON. Chanter la premier baroque italien du XVIIè…  En France les diseurs sont rares. Peu de chanteurs au large ambitus vocal peuvent colorer, ciseler, nuancer, modeler la ligne et ses effets expressifs, dans l’agilité, et sans maniérisme. Le baryténor Marc Mauillon sait cahnter le Baroque comme le contemporain, avec une verve dramatique qui lui permet de réussir aussi bien le délire comique que la langueur tragique. Pour classiquenews, Marc Mauillon répond à 3 questions, s’agissant de son programme défendu avec sa sœur Angélique (à la harpe), dédié au premier bel canto italien, ce parler chanter / « recitar cantando » , propre au début du XVIIè : à Florence, Peri et surtout l’immense Caccini sculptent la puissance incantatoire du verbe, grâce à une langue musicale nouvelle qui met en avant l’articulation du texte : la voix libérée, sur le tapis de la basse continue, (nouvellement énoncée) peut désormais exprimer l’individualité naissante sur la scène musicale. Les passions humaines, les tourments et les vertiges de la psyché enfin  explorés, surgissent dès lors. L’opéra pouvait alors paraître… Dans notre entretien, Marc Mauillon souligne combien le chant du premier baroque s’intéresse davantage au sens qu’à la virtuosité.

 

 

 

 

 

 

 

Sur le plan vocal, quelle est la difficulté majeure pour aborder le choix des pièces choisies ?

 

Nous nous sommes concentrés sur les recueils d’airs de Caccini et de Peri, respectivement les « Nuove Musiche » et  « Varie Musiche ». Vocalement, le challenge est à la fois pour moi de répondre avec aisance et confort aux exigences de virtuosité surtout chez Caccini (ses « Nuove Musiche » sont vraiment conçues comme un traité de chant et il écrit absolument toutes les diminutions telles qu’il les chantait), sans toutefois se laisser dépasser par cette virtuosité et lui donner le premier plan, ce qui n’est absolument pas le message véhiculé par ces pièces.  Ce répertoire, de part cette virtuosité très particulière, questionne l’esthétique vocale en elle-même car elle nécessite une voix très souple et on ne travaille pas ce genre d’agilité dans un répertoire plus traditionnel.

 

 

 

 

 

 

De quelles esthétiques s’agit-il ? (naissance de l’opéra, et du style monodique, etc…)

 

C’est justement LA question à se poser!! Evidemment nous ne pouvons avoir qu’une vision à rebours depuis notre XXIème siècle. Je pense qu’il faut vraiment considérer cette musique comme un laboratoire expérimental sur l’expression des passions … Comment toucher l’âme le plus efficacement et précisément possible ? C’est une immense révolution qui s’est opérée car on veut rendre la musique « parlante » et le fait même de la considérer comme un langage bouleverse tout ce qui a été fait depuis le Moyen-Age où la musique est une science. Si la musique parle d’elle-même on peut donc se passer de texte et cela va permettre l’émergence de la musique instrumentale pure qui va pouvoir signifier quelque chose.

De plus le retour à la monodie (une seule personne chante) et le nouveau style recitar cantando (récité en chantant) vont permettre de raconter des histoires beaucoup plus efficacement qu’auparavant. D’où l’émergence du récitatif (qui fait avancer l’action) de cette nouvelle forme qu’est l’opéra.

On assiste également avec Caccini et son traité des « Nuove Musiche », à la naissance du concept du « Buon canto » qui deviendra le « Bel Canto » ; donc c’est toute l’esthétique vocale qui est également en questionnement avec cette nouvelle musique.

 

 

 

 

 

Quelles sont les qualités du duo harpe et voix ? Comment les deux sonorités fusionnent-elles ; qu’apportent-elles aux airs sélectionnés ?

 

Ce duo c’est d’abord une logique par rapport à ce répertoire, car on sait qu’il a été composé pour une voix seule accompagné le plus souvent par un instrument à cordes pincées. La harpe est pour moi d’une grande aide car nous avons un grand registre commun et elle possède des graves développés qui apportent un soutient très confortable pour ma voix. L’intimité du son permet également d’explorer des couleurs très subtiles.

Enfin ce répertoire était à l’origine prévu pour être joué et chanté par la même personne car on sait que Peri comme Caccini étaient instrumentistes également. Etant frère et soeur, nous faisons de la musique ensemble depuis 30 ans, ce qui nous permet de pouvoir fusionner complètement pour acquérir la liberté et la fluidité qui font respirer cette musique.

 

 

 

© classiquenews.com

Propos recueillis en novembre 2017.

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