ARTE, sam 3 août 2019, MASCAGNI : CAVALLERIA RUSTICANA (1890). Dans les rues du village de MATERA, l’opéra saisissant et tragique du jeune Mascagni, Cavalleria Rusticana (1890) se déploie, dans les airs jaloux de Sentuzza ; à travers l’amour réchauffé de Turiddu, rabiboché avec Lola. Mais c’est sans compter la haine frustrée et l’impuissante folie de Sentuzza qui dénonce l’adultère à l’époux de Lola, le riche Alfio dont le tempérament sanguin, bestial aura raison du jeune homme. Il a trahi Sentuzza : il doit le payer de sa vie. Mascagni signe un chef d’œuvre lyrique absolu, aussi court et fulgurant que passionnel et ardent. L’orchestration est somptueuse (et compte l’un des intermèdes les plus bouleversants de tout l’opéra italien) ; l’écriture moderne, réaliste et incandescente : le modèle dramatique, efficace et franc de Verdi est assimilé, mais dans cette veine vériste qui traite désormais les gens du petit peuple et les drames de la rue, plutôt que les romans chevaleresques ou les héros de la littérature « noble ». En Sicile, ainsi en ce dimanche de Pâques, la passion très profane d’une maîtresse délaissée et abandonnée se mue en horreur vengeresse…
________________________________________________________________________________________________
ARTE, sam 3 août 2019, 20h50. MASCAGNI : CAVALLERIA RUSTICANA (1890). Dans les rues du village de MATERA
________________________________________________________________________________________________
SYNOPSIS
La jalousie dévorante et criminelle fait les bons drames passionnels en particulier sur la scène lyrique. En Sicile, le dimanche de Pâques, Santuzza se désespère, démunie et trahie : elle a perdu l’amour de son ancien amant Turiddu qui en aime une autre Lola, l’épouse du charretier Alfio. Santuzza a beau se confier à la propre mère de Turiddu (Mamma Lucia), rien ne peut adoucir le ressentiment et la haine, le désir de vengeance et la tentation du meurtre qui envahissent l’esprit de l’amoureuse humiliée. L’action se déploie comme un relief antique : sans dilution, droit au but, épure, expsoition, embrasement, catastrophe. Mascagni compose sa partition en 1890 (deux années avant I Pagliacci de Leoncavallo, autre partition courte et fulgurante avec laquelle Cavalleria est souvent couplée dans la même soirée) : c’est le manifeste de toute une esthétique à l’opéra. Franche, immédiate, réaliste : l’opéra vériste ou naturaliste est né sous sa plume car le drame est court, concis, resserré, d’une irrépressible activité et sur une durée très limitée (ici 1h10mn selon les versions). A la fin du siècle où se répand le poison du wagnérisme, l’Italie post verdienne a trouvé la forme lyrique capable de proposer une alternance à l’opéra allemand et français. Production 2019 du San Carlo de Naples / Juraj Valcuha, direction.
PÂQUES SANGLANTES
________________________________________________________________________________________________
GENESE et ENJEUX d’une partition éblouissante
L’ouvrage est une commande de l’éditeur Sonzogno, soucieux d’organiser un concours musical pour repérer de nouveaux talents. Pietro Mascagni (1863-1945) remporte haut la main la compétition: il n’a que 27 ans. Cavalleria Rusticana est créé au Teatro Costanzi de Rome le 17 mai 1890. La violence des passions, le huit clos s’intéressant aux petites gens de la campagne sicilienne, surtout les pages orchestrales qui rétablissent le drame dans le souffle des éléments, au sein d’une nature à la fois flamboyante mais indifférente, renforcent l’impact tragique et poétique de l’ouvrage sur les spectateurs. Cavalleria rusticana est un immense succès dès sa création et depuis lors jamais démenti.
Personnages
Santuzza, une jeune paysanne (soprano)
Turiddu, un jeune paysan (ténor)
Mamma Lucia, la mère de Turiddu (contralto)
Alfio, un charretier (baryton)
Lola, la femme d’Alfio (mezzosoprano)
Villageoises et villageois (chœurs)
Argument
Dès le début, Mascagni joue le contraste : l’ouverture développe le désespoir de Santuzza auquel succède la sérénade de Turiddu à Lola, sa nouvelle maîtresse; alors que le village entier rentre dans l’église en ce jour de Pâques, Santuzza interroge Lucia, vendeuse de vins, afin de savoir où se trouve son fils, Turiddu.
Survient Alfio le charretier qui désire boire du vin… mais Turiddu qu’il a pourtant aperçu près de chez lui, est parti en chercher pour sa mère Lucia.
Après qu’elle confesse à Lucia, son amour malheureux avec Turiddu, Santuzza se querelle avec ce dernier devant l’église. Le jeune homme la maltraite et Santuzza le maudit. Alfio sort alors de l’église et pour se venger, Santuzza lui apprend la liaison de sa femme Lola avec Turiddu : Alfio furieux et accablé quitte la place du village, Santuzza prise de remords part à sa suite.
Mascagni place alors un sublime intermezzo qui exprime et le souffle de la campagne, la violence du drame, et l’annonce de la catastrophe à venir…
De fait, sur la place, Turiddu propose un verre à Alfio mais celui ci refuse tout net, provoquant le jeune homme en duel au couteau. Les deux hommes se battent et Turiddu y laisse la vie : sur la place, sa mort est annoncée. Mamma Lucia et Santuzza pleurent leur désespoir.
________________________________________________________________________________________________