Vivaldi,
Farnace, 1727
Paris, Salle Pleyel
Le 16 janvier 2007 à 20h
(version de concert)
Attention événement ! Bordeaux accueille un découvreur visionnaire dont la justesse de l’instinct musical s’impose indiscutablement. Pape de la scène baroque, le catalan Jordi Savall n’a jamais faibli sur ses chantiers de prédilection : les compositeurs méconnus, l’industrie discographique, le spectacle vivant, plus généralement : la passion de la musique vécue comme un humanisme à partager. Il a révélé Marin Marais et Sainte-Colombe, père et fils : douze années après le film culte, Tous les matins du Monde, il publie en juin 2003 un disque-coffret incontournable dédié à ces musiciens du Grand Siècle. Il reste aussi le seul artiste de musique classique qui osa créer son propre label Alia Vox, en 1998. Avec plus de 700 000 exemplaires vendus, la maison pourtant jeune s’est imposée sur les marchés du monde entier.
Plus infatigable que jamais, voici notre « croisé » sur un chantier nouveau : le théâtre Vivaldien. On sait l’art avec lequel Jordi Savall cisèle chacune de ses performances publiques. La rigueur, l’exigence conduisent ici un génie des dosages musicaux, un expert dans l’alchimie des nuances de timbres, des intonations infimes, des figures émotionnelles contenues dans les pages musicales et dramatiques. Celui qui rêve toujours de monter Alcyone de Marin Marais, aborde un opéra de la maturité vivaldienne : Farnace. Une production remarquée sur la scène de l’Opéra de Bordeaux (juin 2003) avait déjà montré à l’appui de l’enregistrement discographique paru la même année, l’affinité savalienne pour le théâtre de Vivaldi. C’est donc avec plaisir que le public parisien retrouve en janvier 2007, les fastes passionnels d’une partition baroque flamboyante. L’oeuvre fut créée à Venise au Sant’Angelo en 1727, puis reprise à Pavie en 1731.
Jordi Savall nous offre la seconde version : en dirigeant un collectif de chanteurs aguerris associés au lustre rugissant de son orchestre Hesperion XXI, le chef catalan aborde le génie d’un Vivaldi quinquagénaire, au sommet de son art. Sur la trame convenue des airs da capo, électrisé par la concurrence du théâtre napolitain, plus en verve sur le mode comique, Vivaldi signe une superbe fresque héroïque. Il y déchaîne un torrent de musique où la virtuosité vocale n’empêche pas la plasticité pensée de l’orchestre. Jordi Savall se délecte à souligner la profondeur oubliée d’un Vivaldi humain et poétique, profond et sincère, génie dramatique et mélodiste né, grâce à un travail remarquable sur les accents, les colorations, les intentions scéniques.
Après Bordeaux (juin 2003), la nouvelle salle Pleyel participe au retour en grâce du génie Vivaldien lyrique, quand les salles d’opéra boudent encore la dramaturgie du Pretre Rosso. L’expérience de ce Farnace remonte au Théâtre de la Zarzuela de Madrid en octobre 2001.
Distribution
Lire la fiche de la production sur le site de la salle Pleyel
Cd
Farnace de Vivaldi – coffret de 3 cds – Alia Vox (enregistrement live des sessions madrilènes des 26 et 28 octobre 2001)
Les spectateurs parisien du 16 janvier, retrouveront dans le rôle-titre, Furio Zanassi qui incarne dans l’enregistrement Alia Vox, le Roi du Pont, fils et successeur de Mithridate.
Approfondir
Lire notre dossier « les opéras de Vivaldi ».
Lire notre dossier « Farnace d’Antonio Vivaldi : contexte et genèse
Illustrations
Giambattista Tiepolo, Rinaldo (Wurzburg, Residenz. 1752)