jeudi 8 mai 2025

Anna Netrebko, diva d’avril et de mai 2007Sur France 3, Mezzo, Arte: Anna Netrebko, la diva télégénique

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Anna Netrebko, soprano
Diva d’avril 2007

France 3

Le 14 avril 2007 à 22h30
Verdi, La Traviata.
« L’heure de l’Opéra »,
documentaire, inédit.


Mezzo

A partir du 21 avril 2007 à 20h45
Mozart, Les Noces de Figaro.
Production 2006.
Direction: Nikolaus Harnoncourt.


Arte

Le 9 mai 2007 à 20h15
Manon de Jules Massenet
avec Rolando Villazon.
Opéra
Unter der Linden de Berlin.
Direction: Daniel Barenboim

Le 13 mai 2007 à 19h:
Récital à Saint-Pétersbourg (2003)

De Susanna à Violetta, la diva télégénique

A l’affiche de France 3, le 14 avril en deuxième partie de soirée, dans un documentaire exceptionnel dédié à La Traviata de Verdi, puis sur Mezzo, dans les Noces de Figaro, à partir du 21 avril 2007 à 20h45, sous la direction de Nikolaus Harnoncourt, la diva de l’heure, Anna Netrebko n’en finit pas d’imposer l’éclat de sa voix lumineuse et la présence de son tempérament dramatique. En duo avec Rolando Villazon pour Verdi, aux côtés de Dorothea Röschmann et Christine Schäfer, chez Mozart, la cantatrice russe, née en 1971, depuis naturalisée autrichienne, éclaire différemment la sensibilité de chacun de ses rôles féminins. Portrait d’une chanteuse télégénique.

Premier prix du concours Glinka de Moscou, en 1993, à 22 ans, Anna Netrebko rejoint la troupe du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg. Elle s’y impose dans le rôle de Suzanne des Noces de Figaro, dès 1994. C’est qu’en plus d’une voix de velours, au timbre chaud et opulent, elle affirme la vraisemblance d’un physique inoubliable, ténébreux et fatal mais aussi à l’innocence romantique. En 2002/2003, la soprano dramatique ajoute un nouveau rôle à son répertoire, celui de Violetta Valéry, l’héroïne de La Traviata de Giuseppe Verdi, qu’elle chante, suscitant un triomphe, sous la direction de Nikolaus Harnoncourt à l’Opéra d’état de Bavière. Elle signe alors un contrat d’exclusivité avec Deutsche Grammophon. Dès lors, la chanteuse, aujoud’hui âgée de 36 ans, poursuit une carrière exemplaire grâce au choix mesuré des rôles abordés et une discipline vocale qui rend chacune de ses incarnations, convaincante pour ne pas dire captivante. En 2005, elle a fait ses débuts dans Juliette pour Roméo et Juliette de Gounod, à Los Angeles.

Bellini, Verdi, Glinka, Tchaïkovski
La voix a évolué. Le timbre s’est étendu, quelques aigus sont perdus mais l’intensité et le feu dramatique sont intacts. Si elle chantait Gilda dans Rigoletto de Verdi, n’éprouvant aucune difficulté dans les aigus verdiens, Anna Netrebko avoue rechercher aujourd’hui, entre autres, le chant du bel canto romantique, celui précisément de Bellini qui « est idéal pour placer la voix, pour le contrôle du souffle, pour la longueur du phrasé« . A l’agilité du coloratoure, elle préfère le dramatisme et la clarté de la ligne. Ce qui la rapproche de Callas et de Renata Scotto plutôt que de Tebaldi et de Gruberova. Bellinienne racée, Anna Netrebko abordera à Paris, sur la scène de Bastille (en mai 2008), la rôle de Giuletta dans I Capuletti ed i Monteccchi (avec Joyce DiDonato comme partenaire, dans le rôle de Romeo). Mais, le personnage final qu’elle s’est choisi pour cible, demeure Norma. Car les grands défis dramatiques sont à venir. Et pour mieux les servir, il faut apprendre à s’économiser. Parce qu’elles ont su préserver dans la durée l’âme de leur voix, Renata Scotto qui est son « mentor » et qu’elle admire pour ses lectures des rôles de Gilda ou de Luisa Miller, ou Mirella Freni, restent des « modèles ».
Evidemment, Anna Netrebko pense aux héroïnes verdiennes, dans le sillon tracé par sa Violetta. Un rôle qui l’a révélé au Festival de Salzbourg 2005, édité au cd, puis enregistré au dvd (Deutsche Grammophon), et qui souligne la cohérence de son jeu dramatique, malgré l’amplitude de la scène du Grosses festpielhaus, restructurée alors dans la mise en scène, épurée, implacable, de Willy Decker.
Aux côtés de Verdi qu’elle admire parce que décidément l’italien est une langue qui lui va parfaitement (même si elle vient d’ajouter à son carnet de rôles, Manon de Massenet), l’opéra russe figure aussi en bonne place. La Ludmilla de Ruslan et Ludmilla de Glinka, chante à présent Yolanta de Tchaïkovski, un rôle qu’elle s’apprête à enregistrer sous la direction de Valéry Gergiev, aux côtés de René Pape et du ténor Rolando Villazon, son partenaire de prédilection.

Diva autrichienne et mozartienne
Aujourd’hui, Anna Netrebko, après son succès salzbourgeois a pris la nationalité autrichienne. Elle se félicite d’avoir enregistré Desdémone, dans Otello de Verdi, sous la baguette de Claudio Abbado (avec les instrumentistes du Mahler Chamber Orchestra, tous saisis par le charisme de leur rencontre). La diva, réservée et toujours très réfléchie quant à ses prochains rôles lyriques, précise qu’elle ne chantera pas La Comtesse des Noces car après Donna Anna dans Don Giovanni (Londres, Royal Opera House, en juin et juillet 2007), elle préfère se concentrer sur le personnage d’Elettra d’Idomeneo. Le rôle sombre et passionné, maudit et sanguin, convient parfaitement à son tempérament « lunaire » : il révélera une personnalité vocale autant que théâtrale qui aura su, en 2009 sur la scène du Châtelet à Paris, évoluer encore et gagner en instinct comme en musicalité.

Télé

France 3

Le 14 avril 2007 à 22h30. Verdi, La Traviata. « L’heure de l’opéra », documentaire d’Alain Duault (2007, 52mn). Réalisation: Jérémy Rozen.
Genèse, analyse et décryptage de l’opéra de Verdi avec comme illustration sonore et visuelle, la production de Salzbourg, réunissant le duo Anna Netrebko et Rolando Villazon, dans les rôles principaux de Violetta et Alfredo. Le documentaire est suivi de la diffusion de l’opéra dans sa version intégrale, dans la version du Festival de Salzbourg 2005.

Mezzo

Le samedi 21 avril 2007 à 20h45. Mozart, Les Noces de Figaro. Opéra (2006, 3h20). Réalisation: Brian Large.
Mise en scène par Claus Guth. Anna Netrebko (Susanna), Christine Schäfer, Dorothea Röschmann, Bo Skovhus et Ildebranco D’Arcangelo. Orchestre Philharmonique de Vienne, direction: Nikolaus Harnoncourt.

Arte

En mai 2007, Arte célèbre à son tour le talent de la diva de l’heure, Anna Netrebko.
Le 9 mai 2007 à 20h15: Manon de Jules Massenet avec Rolando Villazon. Production de l’Opéra Unter der Linden de Berlin. Direction: Daniel Barenboim. Enregistré en Avril 2007.
Le 13 mai 2007 à 19h: Récital avec le baryton Dmitri Hvorotovsky, enregistré à Saint-Pétersbourg en 2003. Avec le Philharmonque de Saint-Pétersbourg sous la direction de Yuri Temirkanov.

Sélection cd
Enregistré en décembre 2005 puis mai et juin 2006, le programme de cet album révèle le timbre corsé, ample, ardent de la soprano dans plusieurs airs russes, sa langue natale, accompagnée par Valery Gergiev qui fut le premier à remarquer son intensité voire son « feu » dramatique. Gergiev a oeuvré pour la reconnaissance de nombreux opéras russes, y compris en mettant l’accent sur certains ouvrages de Tchaïkovsky, comme Yolanta (1892), dont la présence à l’affiche des théâtres européens, reste encore exceptionnelle. De fait, l’empathie entre soliste et chef fonctionne à merveille dans ce répertoire marqué par la sombre et lyrique mélancolie russe.
Yolanta est une très belle entrée en matière et les Glinka qui suivent, dont Une vie pour le Tsar (1836), montre l’hypersensibilité fragile, blessée dont la cantatrice est capable, dans un cantabile à la vocalité, pure et tendue. L’air d’Antonida fait valoir la soie et le velours d’un chant fervent qui d’ailleurs se marie idéalement avec le timbre de la clarinette. Quant à l’aria de Marfa à l’acte IV de la Fiancée du Tsar (1899), la passion brûle et l’embrasement portée par la jeune soprano se déploie davantage encore, dans la scène de la lettre d’Eugène Onéguine où Tatiana exprime le violent sentiment d’amour qui la saisit après avoir rencontré Onéguine. Le programme met en avant l’irrésistible charme d’une voix naissante qui s’impose par sa passion déjà pleine, incandescente dans un répertoire de mélodies et d’airs russes qu’elle sert admirablement (1 cd Deutsche Grammophon 00289 477 6151).

Enregistré en août 2006, le récital donne à entendre un duo qui sur la scène s’est imposé peu à peu. En Rolando Villazon, Anna Netrebko a trouvé un partenaire privilégié, recherché, désormais complice. Un interprète fraternel dont elle partage la fraîcheur, l’ardeur, l’implication juvénile, et sur la scène, une présence souvent en adéquation avec les rôles traversés par le désir et la tragédie. Autant dire que la sélection des duos, extraits de l’opéra italien, russe (pour elle), français, de la Zarzuela (chanté en espagnol, donc pour lui), un répertoire dont on sait l’implication du ténor mexicain, permet d’écouter les sémillantes voix dans des rôles au dramatisme ardent et sensuel, taillés pour leurs qualités accordées. « La » Netrebko qui a derrière elle une sérieuse carrière en particulier salzbourgeoise où elle fut de 2002 à 2006, Donna Anna, Violetta, Susanna, des rôles qui l’ont imposée au firmament des grandes divas en devenir, fusionne totalement avec son partenaire, d’une élégance rare. Leur Bohême illustre le rêve suspendu de deux coeurs en extase, Lucia puis Rigoletto sont enchaînés avec un même état de grâce; jusqu’aux deux opéras français, Bizet (Les Pêcheurs de Perles, duo Leïla/Nadir), et Massenet (les retrouvailles de Des Grieux et de Manon à Saint-Sulpice…) où l’engagement des chanteurs fait oublier l’articulation un rien défaillante: en maîtresse repentante, Netrebko sait retrouver les arguments justes pour la reconquête de son ancien amant! S’il n’étaient les redoutables airs de pure colorature, sa Manon mériterait d’être prolongée sur la scène, tant dans ce tableau déchirant, la soprano est juste. Mais plus qu’une voix mise en avant, c’est bien le genre du duo qui est magnifiquement vécu, intensément défendu, avec une passion également partagée. Une excellente réalisation, d’autant que Nicola Luisotti à la tête de la Staatskapelle Dresden, cisèle, ne force jamais, trouve aussi l’intonation précise et nuancée. Plaisir et délectation garantis (1 cd Deutsche Grammophon 00289 477 6457).

Sélection dvd
Certes les versions de légende ne manquent pas : Maria Callas, Ileana
Cotrubas, voire Montserrat Caballe, autant d’enregistrements
aujourd’hui, heureusement gravés, dont le disque garde le souvenir…
Mais côté vidéo? Depuis l’essor du dvd, les mises en scènes sont
l’autre aspect qui pèse dans la balance d’une vérité dramatique souvent
malmenée. Alain Duault a l’idée juste d’illustrer son documentaire par
la version intégrale de la production produite au Festival de
Salzbourg en 2005.
Pour beaucoup de mélomanes, le film fut un choc.
Paru après l’album cd, le film en dvd édité aussi chez DG rétablissait
la « vérité » des acteurs, la justesse de leur personnage, dans le
dispositif à l’implacable froideur de Willy Decker.
On avait souligné la faiblesse vocale des chanteurs, on découvrait la cohérence du spectacle.
La
palme de ce « miracle » visuel et filmique revient pour beaucoup à la
caméra de Brian Large qui parvient, insigne de pertinence, à restituer,
le souffle et l’urgence, l’émotion et la sensibilité du spectacle
vivant.
Avec une volonté affirmée, récurrente de serrer les visages,
piéger les plans rapprochés afin de mieux saisir la psychologie des
protagonistes.
La netteté des contrastes entre le blanc et le noir
où « crie » le rouge sang de la robe pourtant fleurie de Violetta, rose
fatale, accable davantage le déroulement de cette « tragédie ». Avec ses
airs d’Amfortas, Hampson (Germont) incarne un père et un homme loyal,
blessé, digne, compassionnel. Villazon paraît hagard, en suspension,
égaré, perdu comme un enfant démuni, et Netrebko, sur laquelle tout un
milieu musical a fondé ses rêves (fantasmes), ses espoirs surtout,
donne une dimension très humaine, presque terrassée de la courtisane,
prise dans les rets de l’amour… Chacun est victime, en proie à des
expressions propres au cinéma des années 1940: c’est décapant et
grandiose. Pleinement investi, incarné. Théâtralement bouleversant car
ici le chant n’est qu’un élément de la tension scénique, pas son
aboutissement. Le sublime à l’opéra, comme on aime! Un très grand
spectacle.
Giuseppe Verdi (1813-1901): La Traviata. Violetta Valery : Anna Netrebko, Alfredo Germont : Rolando Villazon, Giorgio Germont : Thomas Hampson, Annina : Diane Pilcher, Dottore Grenvil : Luigi Roni. Wiener Philharmoniker, Carlo Rizzi, direction. Enregistrement en public, Festival de Salzbourg 2005. Mise en scène : Willy Decker. Réalisation : Brian Large (1 dvd Deutsche Grammophon 0440 0734 196).

Crédit Photographique
Anna Netrebko © Kassakara pour Deutsche Grammophon
Anna Netrebko dans le rôle de Violetta Valéry dans La Traviata de Giuseppe Verdi (DR)

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