mardi 29 avril 2025

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CD
Musique baroque sacrée

Oeuvres inédites, premières mondiales, lectures jubilatoires… retrouvez ici nos coups de coeur dans le registre de la musique baroque sacrée (Messes, Cantates, récitals thématiques…)

Philipp Heinrich Erlebach: Cantates


Heureux Philipp Heinrich Erlebach (1657-1714), compositeur décisif entre Schütz et Bach, qui connaît grâce à ce disque convaincant une juste résurrection. L’auteur de ces cantates ne mérite pas un salut anecdotique mais une reconnaissance à la mesure de son génie qui le situe très exactement entre le XVIIème et le XVIIIème, comme un jalon majeur de la piété musicale du baroque germanique. 2007 marquait le 350 ème anniversaire de sa naissance, ce disque en recueille l’apport des célébrations et des dernières recherches d’interprétation. Maître de chapelle à Rudolstadt à partir de 1693, Erlebach compose sans compter pour son protecteur le comte Albert-Anthon qu’il accompagne jusqu’à Mulhouse, alors cité impériale, afin d’y donner avec son « orchestre », plusieurs oeuvres commémoratives en hommage à l’Empereur Joseph II. A Rudolstadt, au cours de ses 35 années de service, Erlebach interprète autant d’oeuvres anciennes que contemporaines: il laisse même un catalogue impressionnant de presque 750 oeuvres autographes, marquant les actes de dévotion de la Cour comme les événements dynastiques de nature festive et profane. De ce corpus incontournable, se distinguent entre autres, les Cantates qui forment six cycles. Hélas, bon nombre périrent lors de l’incendie du château ducale en 1735. Ludger Rémy et son ensemble Les Amis de Philippe abordent 7 Cantates de madrigal, dont l’origine provient de la collection Jacobi. La seule Cantate de la Pentecôte montre par exemple l’ampleur festive de l’écriture d’un Erlebach « universel », capable de parodier l’écriture française, italienne, de les mêler au fonds germanique avec un sens aiguisé du dramatisme. Même ambitieuses par leur effectif, les oeuvres ne sacrifient jamais rien à l’effusion tendre et sincère des croyants en quête de salut. Malgré quelques tensions parfois âpres des cordes, ou un engagement « confidentiel » des solistes (en particulier la basse dans l’évocation des lamentations de Jérémie de la Cantate « Ach, da, ich Wassers genug hätte... »), le style des interprètes ne manque pas de musicalité ni de relief collectif: chaque prière se fait hymne éperdu, dirigé vers Dieu, jusqu’à la célébration finale, sorte d’exultation qui conclue ce voyage fervent en une arche triomphale. En entonnant à plusieurs reprises « Mein Jesu », chaque soliste semble enfin se rapprocher de Celui vers lequel l’ensemble des hymnes étaient dirigés. Superbes révélations. Souhaitons que d’autres oeuvres d’Erlebach soient bientôt tirées d’un oubli bien dommageable.


Philipp Heinrich Erlebach: Die Liebe Gottes ist ausgegossen. Cantates
. Dorothee Mields, Margaret C.Hunter, Alexander Schneider, Andreas Post, Mathias Vieweg. Les Amis de Philippe. Ludger Rémy, direction. Collection « Thuringia Cantat », volume 7 (2 cd CPO). A noter le remarquable et très riche livret, documenté et argumenté par Manfred Fechner (2007). Parution: avril 2008.

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