qu’offrir? Que partager au moment des fêtes de fin d’année et pour
célébrer l’an neuf? La Rédaction cd de classiquenews s’est concertée et
vous dévoile les 10 meilleurs dvd de l’année écoulée à
offrir absolument…

Dans la scénographie de Villégier, le théâtre que Lully souhaitait
supplanter en faveur de la divine musique et du chant, reprend ses
droits: sobriété, épure voire ascétisme des mouvements d’acteurs;
absence des machineries féeriques et enchanteresses originelles… Atys déploie une langueur tragique irrépressible qui va son cours sanglant et sacrificiel sans faiblir,
s’affirmant telle la tragédie en musique la plus noire du règne de
Louis XIV, et curieusement la plus aimée du souverain. Lully et Quinault
s’y dépassent il est vrai: le premier dans une musique sans dilution
aucune, âpre, expressive, mordante; le second, plus inspiré que jamais
écrivant une poésie faite musique, à la fois grandiose par sa
déclamation et si juste dans sa sincérité émotionnelle. Préférant
Sangaride à la déesse Cybèle, le beau berger Atys connaîtra l’horreur du
délire criminel puis le suicide. Il n’y a pas d’ouvrage comparable à
cette exacerbation des passions emportant dieux et mortels.

l’imaginaire qui déborde et porte le rêve chorégraphique de Vicky, le
ballet-lui-même qui est le point d’orgue dramatique de l’action
enrichissent ce chef d’oeuvre visuel qui malgré son sujet tragique,
grâce à la beauté et l’intelligence de sa forme, reste un hymne
atemporel donc légendaire à la danse. Magistral.
En 1948,
ce film en Technicolor heureusement restauré (voir en préambule la
présentation par Martin Scorcese soi même sur le process de restauration
des 3 bandes de négatifs à traiter) se distingue par sa maitrise
dramaturgique à 100 lieues de l’outrance caricaturale de Black swan,
récent blocbuster sur le même sujet: la lente et sûre ascension d’une
danseuse classique, avant sa chute mortelle…

véritables icônes médiatiques, les autres chanteurs et le choeur se
montrent globalement convaincants. Et l’orchestre sous la direction
d’Evelino Pido se distingue lui aussi par sa finesse constante. En
somme, une production d’Anna Bolena mémorable voire… historique. En 1830, Donizetti écrit Anna Bolena:
opéra romantique italien, contemporain des oeuvres dernières de
Bellini; le bel canto donizettien n’a pas la subtilité mélodique des
ouvrages belliniens mais avouons que la constrution d’Anna Bolena
bénéficie du livret de Felice Romani, un maître en matière
dramaturgique: pas de diluation ni de tunnel mais une action serrée qui
renforce le relief des caractères en particulier s’il s’agit de
rehausser l’intensité psychologique des confrontations; de ce point de
vue, les duos Anna Bolena et Jane Seymour constituent la clé de voûte du
spectacle: deux divas contemporaines font toute la séduction du
spectacle viennois. Si le marketing investit à fond sur l’image
cinématographique des deux chanteuses (la couverture du dvd fait
immanquablement penser à une affiche d’un film technicolor de capes et
d’épée des années 1960), l’écoute de la production fait toute la lumière
sur … leur indiscutable mérite musical. Autour des deux divas,
véritables icônes médiatiques, les autres chanteurs et le choeur se
montrent globalement convaincants. Et l’orchestre sous la direction
d’Evelino Pido se distingue lui aussi par sa finesse constante. En
somme, une production d’Anna Bolena mémorable voire… historique.

sur une personnalité d’exception. Carlos Kleiber, sur les traces d’un
chef de légende. Réalisation : Eric Schulz … Magistral et
incontournable. Portrait documentaire majeur. La direction de Carlos Kleiber
reste l’une des plus captivantes du XXè siècle: au-dessus de Karajan,
Kleiber le fils, né en 1930 et mort le 1″ juillet 2004 est bien
l’hériter de son père, le légendaire (et guère tendre) Erich Kleiber.
De son père qu’il admire toute sa vie (au point de ne diriger une
partition que dans la connaissance parfaite et précise de
l’enregistrement qu’a réalisé son père de l’oeuvre concernée: c’est le
cas des Noces de Figaro, du Chevalier à la Rose, de Wozzek dont Erich
assure la création en 1935…), Carlos Kleiber défend une valeur devant
toute autre chose: l’excellence. Le garçon hypersensible (trop fragile
dit sa soeur), sait pourtant imposer dans la famille, sa vocation d’être
maestro. A 20 ans, il est dans le contexte de l’après guerre, à Zürich
où il fait ses débuts. Son premier coup d’éclat reste à Stuttgart, un
Freischütz d’anthologie dans le mise en scène de Walter Felsenstein…
Rien de moins

vendue sur l’autel du commerce artistique propre à la fin du XIXè: les
scènes et les tableaux s’enchaînent et le profil de la petite danseuse
se précise avec une cruauté réaliste des plus touchantes. A l’origine, Martine Kahane étudie le tutu de la fameuse sculpture en bronze patiné de Degas, conservée au Musée d’Orsay à Paris: la petite danseuse:
oeuvre majeure et pourtant atypique du peintre génial datée entre 1921
et 1931, quand la jeune fille alors âgée de 14 ans aurait bien été
modèle entre 1865 et 1881… Quel type de tutu lui allouer? Ce
chef-d’oeuvre sculpté fixe les traits et la pose d’une adolescente,
entre tension et douleur, dignité et élégance. Car tout est là: sous les
doigts de Degas, l’effigie se fait allégorie d’un monde et d’un milieu
artistique ambivalent; elle est aussi le portrait de Marie Van Goethen,
élève inscrite par sa mère (Elisabeth Maurin), comme ses deux soeurs, à
l’école de danse de l’Opéra. Or, la mère manipulatrice et avide,
surtout peu scrupuleuse ne tarde pas à monnayer le corps de sa fille
pour l’exposer dans les ateliers d’artistes (dont celui de Degas), ou,
esclavage et exploitation à peine masqués, à l’adresse des abonnés de
l’opéra, ses hauts de forme toujours amateurs des petits rats de
l’Opéra… pour des motifs bien peu dignes du foyer de l’Opéra où ont
lieu les tractations honteuses.

éblouit et captive par son charisme d’une finesse déchirante…
L’orchestre du Met et les choeurs très présents sous la direction de
Patrick Summers ajoutent à la pleine réussite de cette production
éblouissante, grâce au charisme tragique mais toujours humain de la
diva, grâce à l’intelligence de la réalisation scénique réalisée par le
britannique Minghella… En ouverture de sa saison 2006, le Met demande au cinéaste surdoué Anthony Minghella de remettre en scène la tragédie japonaise, Madama Butterfly de Puccini. La lecture du réalisateur britannique (décédé en 2008), auteur du Patient anglais (1996), du Talentueux mr Ripley (1999), de Retour à Cold Mountain (2003)
avait été conçue à l’origine pour l’English National Opera en 2005…
C’est l’une des plus brillantes incursions d’un cinéaste à l’opéra, loin
des applications un peu tièdes observées sur les scènes lyriques
internationales depuis plusieurs années… En voici la reprise sur la
scène new yorkaise, captation live du 7 mars 2009.

du Covent Garden, en juillet 2010, Placido Domingo éblouit dans un rôle
scénique qui lui va comme un gant: profondeur émue et engagée d’un
timbre à nul autre pareil, style irréprochable même en dépit des limites
d’une voix mûre et qui n’a plus la vaillance ancienne: le ténor chante
le rôle du baryton verdien avec un tact, une humanité, un souffle…
exemplaires… Verdi donne aux barytons, un rôle idéal dans Simone Boccanegra:
c’est un personnage qui force l’admiration par sa profondeur et sa
progression émotionnelle durant l’opéra. Héros roturier, Simon, connu
comme corsaire défendant les intérêts génois en Méditerranée, devient le
premier doge d’origine populaire, élu par le peuple de Gênes. Un destin marqué par la noblesse d’un homme qui porte chevillé au corps, les idéaux du Risorgimento,
– cet idéal à la fois politique et humaniste, contre l’oppression des
faibles, pour la liberté et la paix d’une société juste et égalitaire.

Paris en septembre 2008 permet de revoir la subtilité stylistique des
étoiles parisiennes: Marie-Agnès Gillot (En Sol, Triade); Laetitia Pujol
(Triade); surtout Claire-Marie Osta et Agnès Letestu comme Benjamin
Pech et Nicolas Le Riche dans In the night (1970): variations nocturnes
où Robbins relit l’attraction-aimantation du pas de deux… Quelques mois après sa mort, l’Opéra de Paris rend un hommage développé au chorégraphe new yorkais Jerome Robbins;
en passant l’Atlantique, le regard des Français retient en particulier
cette élégance faussement insouciante mêlée d’humour et de culture qui
revisite ici de 1956 à 1975, l’histoire de l’art chorégraphique, non
sans auto dérision. La scène parisienne ajoute une création signé
Benjamin Millepied qui malgré son titre, « Triade » met en scène 2 couples
(il y a bien 4 danseurs) et répétitif, brouillon, se voulait un écho au
maître dont il fut assistant, n’atteint jamais l’inventivité ni la
grâce d’un Robbins résolument inclassable.

Tosca, Carsen, fait du Carsen, chic et parfois toc. Mais les hommes
Kaufmann et Hampson embrasent littéralement le plateau… Dans cette mise en scène zurichoise d’avril 2009,
ce n’est ni la direction certes fluide mais un rien trop lisse et
décorative du chef Paolo Carignani (qui gomme les aspérités dramatiques
de la partition: où est cette anxiété mordante si envoûtante à Orange en 2010 sous la baguette d’un magicien autrement plus inspiré, Mikko Franck?), ni le chant honnête de la soprano Emily Magee qui frappent directement l’esprit. Les hommes en revanche sont à leur sommet vocal… et scénique. Jonas Kaufmann
souffle le feu et la braise dans un rôle expressif qu’il sert avec la
passion et le mesure nuancée qui le caractérise. Qu’il ait le physique
du beau Mario artiste et bonapartiste ajoute évidemment à l’aplomb
indiscutable de sa performance.

mémorable, cette Platée déjantée et délirante rend pleinement justice au
plus bouillonnant des compositeurs français du plein XVIIIè: il invente
la comédie musicale tant l’action mêlée de divertissements et de
ballets, d’intermèdes et de registres à 2 voire 3 degrés… réinvente
grâce à la souveraine musique, le genre lyrique hérité de Lully.
Le
comique irrévérencieux, l’action théâtrale et surtout l’orchestre
revendiquent la première place: Platée est ce formidable miracle
théâtral où certes, il s’agit bien d’un jeu de dupe, amer et tragique,
développé au détriment de la trop naïve grenouille, reine des marais…
Les déités supérieures se moquent du batracien ridicule: comment Platée,
si laide et si fade, si fleur bleue, a-t-elle pu croire susciter la
passion de … Jupiter? Rameau prend prétexte de cette intrigue assez
mince pour délirer lui-même: jamais il n’a mis autant de musique,
d’idées, de formes mêlées, de registres poétiques contrastés.
Notre sélection Noël 2011
ne rend pas compte de la grande richesse des superbes parutions éditées tout au long de l’année 2011. Pour connaître tous nos
coups de coeur 2011, visitez notre sommaire dvd 2011
