dimanche 8 juin 2025

Bruno Procopio interprète Rameau.Des Invalides à Caracas, reportage vidéo et entretien

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Rameau: pièces de clavecin en concerts
Bruno Procopio, clavecin


Rameau concertant
Les pièces de clavecin en concerts de Jean-Philippe Rameau soulignent la nouvelle autonomie du clavecin enfin délivré de sa seule fonction de basse continue. Acteur et non plus accompagnateur, le clavecin grâce à Rameau propose un nouveau jeu dialogué entre les instruments: la conversation musicale à la française peut naître dans un rapport dynamique entre clavecin, violon et flûte…
Le claveciniste virtuose Bruno Procopio en dialogue avec trois autres solistes d’exception souligne l’invention expressive de ce nouveau dispositif instrumental qui fait de Jean-Philippe Rameau, un défricheur visionnaire… Pièces de clavecin en concerts de Jean-Philippe Rameau par Bruno Procopio, clavecin, avec Philippe Couvert, violon; François Lazarevich, flûte allemande; Emmanuelle Guigues, viole de gambe. Reportage vidéo exclusif
jouer Rameau à Caracas
Les oeuvres de Jean-Philippe Rameau restent un défi pour tout interprète
digne de ce nom: après avoir jouer les pièces de clavecin en concerts à
Paris aux Invalides, Bruno Procopio interprète plusieurs extraits des pages orchestrales extraits de ses opéras… le 14 avril 2011 à Caracas, à la tête de l‘Orchestre Simon Bolivar du Venezuela… le propre orchestre qu’en son temps au début de sa carrière, un certain Gustavo Dudamel a conduit au résultat que l’on sait…
Reportage vidéo et entretien avec Bruno Procopio, claveciniste et
chef d’orchestre, subtil ramiste, au tempérament mordant et défricheur,
un jeune maestro désormais à suivre…
Jouer Rameau au Venezuela
Bruno Procopio
à Caracas

Chef d’orchestre et claveciniste, Bruno Procopio ne
cesse de marquer la scène baroque en renouvelant l’approche des oeuvres
connues, mais il sait aussi cultiver son tempérament défricheur sur des
rivages plus récents et pourtant méconnus comme le riche patrimoine
musical entre Portugal et Brésil (sa terre natale), celui des
compositeurs façonnant au Nouveau Monde, la musique romantique
autochtone qui s’est construite à partir des modèles européens. Voyez sa résurrection de la Missa Grande de Marcos Portugal,
perle de jeunesse entre Portugal et Brésil (1782), qui fusionne
l’écriture des compositeurs napolitains et le style polyphonique du
XVIIè siècle encore en vigueur au Portugal. Bruno Procopio y dirige
son nouvel ensemble Le Sans-Pareil, formation voyageuse qui a déjà fait
escale à Cuenca, Edinburgh et Paris… ainsi que le nouveau Chœur
l’Échelle dirigé par Caroline Marçot et Charles Barbier.

Le 14 avril 2011, à Caracas (Vénézuela), comme chef d’orchestre, Bruno Procopio aborde plusieurs extraits des opéras de Jean-Philippe Rameau,
réunis en une Symphonie recomposée dont l’interprétation est un défi
pour l’orchestre des Jeunes Simon Bolivar. Les instrumentistes qui ont
accompagné l’avènement du prodige actuel Gustavo Dudamel, découvrent
avec Bruno Procopio, la subtilité baroque française. C’est pour
l’orchestre, une découverte totale, et pour Bruno Procopio, une nouvelle
étape de son parcours de jeune maestro très prometteur…

En quoi consiste votre direction au Vénézuéla auprès du Simon Bolivar Orchestra?

En 2009, j’ai eu le plaisir d’enregistrer à Caracas un disque autour des Quatre Saisons
de Vivaldi avec l’Orchestre Simón Bolivar et la violoniste américaine,
Lara St John. J’ai adoré cette expérience auprès de ce jeune et
dynamique orchestre. Les musiciens, pour la plupart des jeunes adultes,
sont très ouverts à tous les courants musicaux, qu’il s’agisse des
grandes symphonies du répertoire traditionnel, de la musique populaire
européenne ou latino-américaine.
Dans ce même esprit de curiosité vers les nouveaux programmes,
l’orchestre Simón Bolivar m’a invité en avril 2011, à diriger un concert
dédié uniquement à la musique du XVIII siècle. Pour eux, c’est une
petite révolution, car le répertoire baroque reste une part
confidentielle de chacun de leur programme!


Pourquoi avoir choisi des pages extraites des opéras de Rameau? De quels
passages s’agit-il et quel est l’enjeu pour chacun d’eux?

Je
souhaite apporter aux répertoire baroque une vision « historiquement
informée », comme disent les anglophones. Je ne voulais pas retravailler
un répertoire « commun » pour eux, j’entends par « commun » les œuvres déjà
travaillées par d’autres chefs, comme celles de Bach, Vivaldi ou
Haëndel. Il était important de leur présenter une musique nouvelle et
méconnue, et c’est encore le cas pour la musique de Jean-Philippe
Rameau.
J’ai hâte de les confronter aux différents types de danses et au phrasé
typiquement français, que nous, les spécialistes, appelons « inégalité ».
Ils n’ont jamais abordé ce répertoire: le défi est immense et c’est ce
type de chalenge qui me fait palpiter…
Pour recréer l’idée d’une « Symphonie » de Rameau, j’ai choisi des
extraits d’opéras comme Dardanus, Castor et Pollux, Zoroastre, Acanthe
et Céphise, Les Indes Galantes.

Quelle est pour vous la qualité requise pour le chef afin de relever le défi de ce cycle?

Le
défi est de taille, car la musique française du XVIIIème siècle n’est
pas un patrimoine familier: l’inégalité et la déformation de la notation
musicale (c’est à dire le rubato), ne sont pas des notions évidentes
pour les orchestre modernes, aussi expérimentés soient ils. Toute la
transmission du savoir spécifique et cette notion singulière du goût
reposent sur mes épaules !
Je pense que la première qualité requise est ma musicalité: elle doit
être fédératrice et porteuse d’énergie, c’est à dire embrasser tout
l’orchestre; faire sentir à chacun des instrumentistes, dès les
premières lectures, qu’ils sont en terrain connu, de leur faire sentir
tout ce qu’a de familier la musique choisie comme s’ils étaient chez
eux, même si c’est la première fois qu’ils pénétreront dans cette
demeure.

Vous allez diriger un orchestre de jeunes musiciens sur
instruments modernes. Quel est le défi interprétatif dans le choix d’un
répertoire baroque? Sur quels caractères ou aspects du style allez vous
être vigilant dans l’interprétation de Rameau?

Je
souhaite que le son de l’orchestre s’apparente à un orchestre … sur
instruments d’époque. Pour arriver à cet objectif et sans vouloir les
dérouter sur leurs propres instruments, il faut montrer le chemin
musical à parcourir tout en respectant la technique de chacun.
Je souhaite proposer des coup d’archets plus adaptés à la musique de
Rameau et aux différents types de danses; je proposerai le « vibrato »
comme moyen expressif lié aux ornements, et non comme une attitude
instrumentale systématique. Mais le défi le plus grand est de leur faire
sentir l’inégalité, qui consiste à jouer un phrasé différent à ce qui
est écrit sur la partition, c’est une notion centrale qui est l’essence
même de la musique française.


agenda

Bruno Procopio dirige les jeunes instrumentistes de l’Orchestre Simon Bolivar à Caracas (Venezuela), jeudi 14 avril 2011.

Au programme:
Jean-Philippe Rameau, extraits des opéras Dardanus, Castor et Pollux,
Zoroastre, Acanthe et Céphise et Les Indes Galantes. Simon Bolivar Youth
orchestra of Venezuela (SBYOV). Bruno Procopio, direction.

vidéos
Marcos Portugal: résurrection de la Missa Grande (1784)
par Bruno Procopio à la tête de son ensemble Le Sans-Pareil et du
choeur L’Echelle (Caroline Marçot et Charles Barbier, direction).
Résurrection majeure d’une perle sacrée oubliée… (Paris, Invalides, le
10 février 2011)
Bruno Procopio: Pièces de clavecin en concerts de Jean-Philippe Rameau. Le claveciniste virtuose Bruno Procopio en dialogue
avec trois autres solistes d’exception souligne l’invention expressive
de ce nouveau dispositif instrumental qui fait de Jean-Philippe Rameau,
un défricheur visionnaire… Pièces de clavecin en concerts de
Jean-Philippe Rameau par Bruno Procopio, clavecin, avec Philippe Couvert, violon; François Lazarevich, flûte allemande; Emmanuelle Guigues, viole de gambe. Reportage vidéo exclusif
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