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Piotr Illyich Tchaïkovski, Symphonie n°6 « Pathétique » France Musique. Mercredi 17 décembre 2008 à 14h30

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Piotr Ilyitch Tchaïkovski
Symphonie n°6
« Pathétique »

France Musique
Mercredi 17 décembre 2008 à 14h30

Les Clefs de l’Orchestre. Séance explicative, présentée, argumentée par Jean-François Zygel. Avec L’Orchestre Philharmonique de Radio France. Leonard Slatkin, direction

Symphonie subjective et tragique


En 1893, Tchaïkovski s’investit pour la composition d’une nouvelle
symphonie. Symphonie « subjective » dont le programme est laissé
énigmatique pour que le public le devine par lui-même. Ainsi que le
précise l’auteur dans sa correspondance à son neveu Vladimir Davydov,
au mois de février. Tchaikovski emportera avec lui ses secrets les plus
intimes puisque malgré la création de l’œuvre à Saint-Pétersbourg, le
16 octobre 1893, sous la direction de l’auteur, la « Pathétique »
suscita la réaction déconcertée de l’audience. Or la nouvelle
interprétation de la partition sous la baguette, peut-être plus
expérimentée de Napravnik, trois semaines plus tard, produisit un
éclatant succès. Mais entre temps, Tchaokovski était mort, après s’être
suicidé suite à un scandale qui éclaboussait sa vie privée. Ou bien contracta-t-il le choléra comme on le dit communément également… Quoiqu’il en soit, la mort de l’auteur fait planer sur la compréhension de son oeuvre, le sentiment d’amertume et d’échec, de fatalité qui sous-tend tout son oeuvre, balets, opéras et symphonique.

Engendrée
dans un tel contexte tragique, la « Pathétique » n’a pas manqué d’être
assimilée à une sorte de Requiem personnel, où le compositeur ayant la
vision de sa mort prochaine, couche sur le papier, l’expérience et les
dernières impressions de toute une vie.

Symphonie n°6 en si mineur, « Pathétique », opus 74
En 4 mouvements. Commentaire. L’œuvre s’ouvre sur un adagio (1)
aux résonances lugubres (basson). La lutte du héros s’exprime
ouvertement en un développement des plus tragiques, auquel répondent
les sonneries aussi solennels que terrifiantes des trombones : appel du
Destin, comparution imminente devant le Juge suprême. D’ailleurs,
l’auteur a glissé presque imperceptiblement, une phrase du Requiem
orthodoxe « qu’il repose avec les saints ».
La valse de l’allegro con grazia (2)
apporte un bref moment d’accalmie, même dans l’impression d’une
apparente insouciance, les morsures évoquées dans le premier mouvement
reparaissent.
Terrifié par la convocation ultime, mondain voire galant ensuite, Tchaïkovski se montre dans l’allegro molto vivace (3)
rechargé, déployant la dernière énergie en une marche déterminée qui
s’amplifie peu à peu : il y affirme son identité marquée comme une
essence agissante. L’adagio lamentoso (4) qui conclue la forme
sonate, apporte une réponse tout à fait personnelle à la tradition
symphonique depuis Beethoven : un adagio pour finale est le dernier
trait du génie de Tchaïkovski. Amertume, souffrance et angoisse sont
enlevées une à une pour une traversée irrépressible de l’autre côté du
miroir. Prémices de la félicité, paix tant espérée : le flux musical se
fait murmure final dans une brume funèbre, conférant à l’ensemble du
cycle sa texture originale et visionnaire.

Illustrations: Piotr Ilyitch Tchaïkovski (DR)

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