Toulouse, capitale musicale
Le microcosme parisien et l’ensemble des « grands medias » nationaux, ont tendance à focaliser leur intérêt sur la Capitale voire l’Île-de-France. C’est oublier l’effervescence musicale en région dont la vitalité des projets et le succès des manifestations indiquent une activité permanente. Le mérite en est d’autant plus grand pour les producteurs locaux qui le plus souvent, ne bénéficient pas de l’abondance des mannes financières assurées par l’Etat auprès des lieux parisiens. Ce sont pourtant des initiatives fortement implantées dont les actions renforcent ce lien social et culturel si essentiel à la préservation du vivre-ensemble… Or à Toulouse, capitale de la musique, tant les offres sont aussi multiples que qualitatives, le chant des musiciens semble avoir conquis un public, vaste et fidèle. Voici une ville dont l’Opéra est absorbé dans l’enceinte même de l’Hôtel de ville. La musique, partie intégrée dans le corps politique… indice emblématique? En déplacement dans la cité toulousaine, du 12 au 14 octobre 2007, nous avons pu mesurer le foisonnement des programmations à l’affiche. Régulièrement, la Rédaction de classiquenews.com partira à la découverte de nos capitales régionales dont les chantiers dévolus à la musique n’ont rien à envier à Paris. Au cours de notre séjour toulousain, nous avons pu vivre l’engagement d’une ville jeune et ouverte où la culture, accessible et profuse, fait corps avec le paysage urbain.
Festival, concerts, Opéra…
Le Festival international Toulouse Les Orgues (12 ème édition en 2007) y donnait son dernier ensemble de concerts, soulignant combien la ville, capitale européenne de l’orgue, possède un patrimoine unique au monde, offrant dans ses églises (Saint-Sernin, Saint-Etienne, Chapelle Sainte-Anne…), une exceptionnelle palette d’instruments, de styles, de factures, d’époques, différents. Salles emblématiques, La Halle aux grains et le Capitole étaient aussi à la fête. Sous la direction de son premier chef invité, Tugan Sokhiev, l’Orchestre National du Capitole accompagnait le jeune pianiste polonais, nouveau prodige de l’écurie Deutsche Grammophon (et, après Kryztian Zimerman, le deuxième lauréat polonais du prestigieux Concours Chopin de Varsovie, en 2005), Rafal Blechacz, 22 ans, dans son premier récital Chopin en France, au programme: Concerto pour piano n°1.
Production sujette à rebondissement, scénographiée par le directeur du Capitole, Nicolas Joel, Le Roi d’Ys d’Edouard Lalo a souligné combien l’initiative d’un opéra régional ressuscite avec conviction une oeuvre méconnue, vocalement difficile, violente et même âpre. Distribution cohérente, fosse engagée, spectacle véhément, rien ne manquait à la dernière représentation (le 14 octobre 2007) à laquelle nous assistions, marquée par la présence de la mezzo Sophie Koch, qui après une désaffection malheureuse pour les représentations précédents, y imposait un tempérament mémorable, premier grand rôle dramatique dans sa carrière.
Capitale européenne de la culture 2013?
Un Festival, premier dans son domaine, associant musique et patrimoine, concerts et architecture; la révélation d’un nouveau talent pianistique, un orchestre galvanisé par son jeune chef d’origine ossète, une production lyrique osant le pari d’une partition mésestimée et rare (Qui peut s’enorgeuillir d’avoir vu au moins une production du Roi d’Ys d’Edouard Lalo?)… Voilà qui place Toulouse en bonne position, tout au moins au chapitre « Musique », dans la compétition des villes françaises pour le statut tant convoitée de Capitale Européenne de la culture en 2013!
Et demain, nos prochaines évasions en région? Marseille, Lyon, Nantes, Lille, Strasbourg, Montpellier, Nice… Les destinations ne manquent pas… L’Hexagone regorge d’offres et de projets où la musique fait battre le rythme du développement et de l’innovation, de la découverte, du partage, du dépassement. Il suffit d’en prendre régulièrement le pouls. Pari tenu dans nos colonnes.
Crédit photographique
La Façade du Capitole de Toulouse (DR)
