lundi 5 mai 2025

Vespro della Beata Vergine au Puy en Velay

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Vierge assomption assunta titien assomption assuntaTiziani,_assunta_04PUY-EN-VELAY : Vespro della Beata Vergine, les 16 et 17 août 2016. Le 50ème festival de La Chaise Dieu inaugure son cycle commémoratif en jouant à deux reprises l’arche sacrée conçue par Monteverdi en 1610. Une partition expérimentale où le compositeur baroque affirme un génie unique, capable de renouveler les formes musicales comme les effectifs pour une plus grande expressivité… 2 concerts événements. Concerts d’ouverture de la 50ème édition du Festival de la Chaise-Dieu (du 18 au 28 août 2016)

 

 

Vespro della Beata Vergine
Vêpres à la Vierge
Festival de la Chaise Dieu
les 16 et 17 août 2016, 21h
Cathédrale Notre-Dame
Le Puy en Velay

Claudio Monteverdi : Vespro della Beata Vergine, 1610

Prolongeant en musique les festivités du Jubilé de Notre-Dame du Puy et en prélude à sa 50e édition, le Festival investit pour la première fois la splendide Cathédrale, où le chef-d’oeuvre de Monteverdi résonnera devant la célèbre Vierge noire.

Maîtrise de la Cathédrale du Puy-en-Velay
Choeur d’adultes du Centre de musique sacrée du Puy-en-Velay
Ensemble Consonance
FRANÇOIS BAZOLA, direction

 

 

 

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UNE ARCHE MONUMENTALE pour quitter MANTOUE… Les Vêpres sont l’aboutissement d’une maîtrise. Monteverdi en homme qui connaît sa dramaturgie – il l’a magistralement démontré avec son Orfeo de 1607, lequel fixe un premier modèle pour le genre de l’opéra naissant-, déploie avec un sens non moins sûr et même somptueux, toute la science musicale dont il est capable en cette année 1610. La pluralité des effets, la diversité des modes et des effectifs requis pour les 14 pièces composant cette ample portique dédié à la Vierge impose un tempérament exceptionnel, autant mûr pour le théâtre que pour l’église. Le désir de démontrer ses compétences est d’autant plus important qu’il souffre de sa condition de musicien à la Cour des Gonzague de Mantoue. Les relations avec son employeur, le Duc Vincenzo de Gonzague ne sont pas parfaites, pire, son patron est un mauvais payeur. A peine estimé, Monteverdi doit supplier pour être payé. Les Vêpres sont bien l’acte accompli et mesuré d’un musicien courtisan qui recherche un nouveau protecteur, des conditions et un mode de vie plus agréables. Déjà avant Mozart, le Monteverdi des Vêpres est un homme peu reconnu, du moins pas à la mesure de son génie, une figure « gâchée » de la musique de son temps.

GENESE… Avant d’être le Vespro que nous connaissons aujourd’hui, l’oeuvre religieuse qui nous concerne a vécu sous une première forme, non liée au culte virginal. Monteverdi après la mort du maître de la chapelle de la Basilique Palatine de Santa Barbara à Mantoue, – Gastoldi, décédé en 1610-, se met sur les rangs pour offrir ses services. Il souhaite diriger officiellement l’activité d’une institution musicale sacrée digne de sa qualité. Mais là encore les autorités mantouanes en décidèrent autrement et le musicien dépité, transforma son œuvre qui faisait initialement les louanges de Sainte-Barbe à laquelle par exemple le motet Duo Seraphin – absolument étranger au culte de la dévotion mariale-, renvoie immanquablement. Autour du premier axe développé sur le thème de la Sainte locale, Monteverdi ambitionne une œuvre plus spectaculaire dédiée à la Vierge pour saisir l’attention d’autres possibles mécènes et patrons.

Maître de chœur du Duc Vincenzo de Gonzague, depuis 1595, Monteverdi a le sentiment de végéter à Mantoue. C’est pourquoi, il reprend totalement son œuvre première, y combine tout ce qu’il lui semble témoigner à cette date, de son éblouissante maestrià. Selon son assistant à Mantoue, Bassano Cassola, le compositeur ambitionnait d’aller lui-même apporter un exemplaire au Pape Paul V à Rome, à qui d’ailleurs, le recueil des Vêpres est dédié. Au final pas de poste nouveau au sein d’une église prestigieuse. Il lui faudra encore attendre trois années, quand il sera pressenti pour diriger la chapelle du Doge à Venise, au sein de la Basilique San Marco. Pour le concours et l’audition de principe, le matériel éclectique et foisonnant de ses Vêpres lui sera très probablement utile.

La qualité et la fascination de la partition, qui n’a peut-être jamais été jouée d’un seul tenant comme les interprètes baroques ont coutume de le faire aujourd’hui du vivant de l’auteur, apparaissent clairement dans l’alliance de l’ancien et du moderne dont Monteverdi fait une arche entre deux mondes. Le compositeur offre une synthèse quasi encyclopédique de toutes les formes possibles à son époque. Les Vêpres de ce point de vue, dessinent une superbe passerelle édifiée pour la réconciliation de deux tentations ou deux directions esthétiques et musicales, apparemment antinomiques.
Le passé et l’avant-garde ici dialoguent. Cette facilité est à la fois troublante et totalement convaincante. Tradition ancestrale héritée du Grégorien avec son cantus firmus, avec le plain-chant aussi (Sonata sopra sancta Maria), d’un côté ; liberté du geste vocal, en solo (Nigram sum pour ténor), ou en duo (Pulchra es pour deux sopranos), par exemple, de l’autre, dont les hymnes incantatoires, la projection dramatique du texte (l’écho de l’Audi Caelem sur le nom de Maria, répété comme une incantation obsessionnelle et tendre à deux voix…) désigne en pleine fresque paraliturgique, le dramaturge dont la magie fut capable d’infléchir les âmes les plus insensibles, par le chant de son Orfeo de 1607. L’opéra n’est pas loin de la ferveur virginale. Disons même qu’il s’invite à l’église. Le Vespro est bien l’archétype des grandes messes et célébrations religieuses baroque à venir, préludant à Bach, Haendel, Vivaldi.

Monteverdi_claudio_portrait_claudio_monteverdi_1_hiA 43 ans, Claudio le Grand affirme son art de la synthèse, son intuition innovatrice, une vision grandiose qui confine à un langage universel. Avec le Vespro, le musicien se révèle comme le penseur le plus génial de son époque. Mais la partition n’était qu’une étape qui le mènera vers les deux ouvrages de la pleine maturité. Une contradiction ou une singularité qui lui est spécifique, entre le profane et le sacré, se précise. Musicien des divertissements et du théâtre pour la Cour ducale de Mantoue, il écrit le chef-d’oeuvre des grandes célébrations sacrées. Maître de chapelle à partir de 1613 pour le Doge de Venise , il composera pour la scène lyrique, le Couronnement de Poppée puis le Retour d’Ulisse dans sa patrie qui marque sur le plan profane cette fois, un nouvel accomplissement après les Vêpres. Sous la voûte de San Marco, sur la scène des théâtres d’opéra de Venise, l’homme transmet un même témoignage, saisissant d’émotion et de vérité.

 

 

ASSOMPTION DE MARIE. Assomption de Marie. Appelée « Dormition » dans l’église orthodoxe d’Orient, l’Assomption de la Vierge indique la montée au ciel de l’âme et du corps de Marie, sans connaître corruption ni putréfaction. Le miracle est lié à la nature divine de la Sainte Mère et au dogme de l’Immaculée Conception ; au ciel, Marie est accueillie par son Fils Jésus. Le 15 août célèbre en France l’apothéose céleste de la Vierge à laquelle Louis XIII au début du XVIIème, n’avait cessé de consacrer une dévotion personnelle après la naissance de son fils tant attendu, Louis, futur Roi Soleil.

 

 

 

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