lundi 28 avril 2025

90 ans de Yehudi Menuhin: l’hommage televisuel – Arte, le 22 avril

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Mort en 1999, il aurait eu 90 ans cette année, le 22 avril précisément. Hommage au « violon du XX ème siècle », Yehudi Menuhin. L’enfant prodige, devenu humaniste engagé, inspire en ce mois d’avril presse magazine (lire notre compte rendu du Monde de la musique en rubrique « cahier des médias ») et télévision, de Mezzo (18 avril à 14h45) à Arte (22 avril à 22h30). Retour sur un itinéraire d’exception, avec un résumé des programmes présentées sur le petit écran.

L’enfant montre des dispositions prodigieuses pour le violon. A 7 ans, il joue déjà la symphonie espagnole de Lalo avec l’Orchestre de San Francisco. Constatant le talent de son fils, Moshe Menuhin se décide à accompagner dès lors l’enfant prodige, n’épargnant rien pour lui permettre de gravir peu à peu les échelons d’une formation musicale exceptionnelle. Si son fils fait montre d’une précocité technicienne géniale, il faut aussi lui apporter les éléments nécessaires à sa propre maturité et sa réflexion musicale. Sous l’aile paternelle, le jeune Yehudi se forme en Europe auprès d’Enesco à Paris, d’Adolf Busch à Bâle. De retour aux States, le jeune adolescent âgé de 11 onze, donne un concert retentissant en 1927 : le concerto en ré de Beethoven sous la direction de fritz Busch au Carnegie Hall de New York, sa ville natale. C’est le début d’une gloire planétaire.

Au début des années 1930, débutent concerts et tournées. Le duo qu’il forme avec sa sœur cadette, la pianiste Hephzibah Menuhin, enchaîne les enregistrements dès 1934, et ce jusqu’à la mort de la jeune femme en 1980. L’aura du violoniste gagne une renommée internationale en 1935 quand âgé de 19 ans, il triomphe dans une tournée mondiale qui compte pas moins de 73 villes dans plus de 10 états.

Quand la guerre éclate, le jeune homme de 23 ans s’engage aux côtés des forces alliées, redoublant le nombre de concerts. En réponse à la déflagration des canons, il fait entendre le chant pacificateur de la musique. C’est d’ailleurs au nom des valeurs humanistes, où la musique est entendue comme une arme pacifique contre l’horreur de la barbarie, qu’il enregistre en 1947, le concerto en ré de Beethoven, sous la direction de Furtwängler. Il a défendu le chef allemand soupçonné de collusion passive avec le pouvoir nazi. Avec ce dernier, il enregistre plusieurs enregistrements légendaires des concertos de Beethoven, Mendelssohn, Brahms et Bartok.
La même année, il épouse se seconde épouse, Diana Gould. L’homme a toujours poursuivi une activité débordante au service de la musique. Musique de paix, arme de tolérance qu’il a professé avec la dernière ardeur. Curieux, il étend son répertoire aux compositeurs vivants : Bartok dès 1943. Interprète lumineux du Deuxième concerto pour violon et de la Première sonate pour violon et piano, Menuhin qui a gagné l’admiration de musicien hongrois, lui commande la Sonate pour violon seul, créée à New York en novembre 1946.

C’est dans ce contexte qu’âgé de 32 ans, il accepte de donner un concert à Hollywood. Arte nous offre le 22 avril prochain en un 52 mn réalisé par Günter Atteln, plusieurs extraits de ce concert complété par un entretien que le violoniste donna à son biographe de l’heure, Humphrey Burton. L’artiste évoque son combat contre la guerre, son engagement auprès de Furtwängler, et sa découverte de Bartok.

Anticonformiste, surtout doué d’une générosité fraternelle, il prend une position conspuée par la communauté juive américaine et israélienne, en affichant sa réserve à propos de l’état d’Israël et une sympathie visionnaire envers les Palestiniens.
Infatigable évangéliste d’une musique de plus en plus engagée, du moins très active dans le monde contemporain, Menuhin fonde le festival de Gstaad en Suisse et commence la direction d’orhestre (1956), dirige le festival de Bath en Angleterre (1959), fonde la Yehudi Menuhin School of Music (1963).
Autant de positions assumées et d’activités continues aiguisent son acuité critique sur le monde et le sens de son combat musical. Il dévoile les fruits de sa pensée en 1977 quand paraît une autobiographie « Unfinished Journey » qui souligne la quête d’un voyageur inspiré par la philosophie de l’Inde.
Les puristes ont souhaité défendre une vision réductrice et réservée de cet homme universel, en lui reprochant à partir des années 1940, une certaine instabilité technique, en particulier dans son bras droit. Mais loin d’atténuer sa sensibilité, cet handicap aura au contraire aiguisé son instinct musical et renforcer sa recherche d’un son de plus en plus subtil qu’on aime à définir comme « dématérialisé ». C’est son élève Bruno Monsaingeon, le réalisateur aujourd’hui célèbre pour avoir filmé le pianiste Glenn Gould, qui laisse plusieurs témoignages édifiants sur l’homme et l’artiste Menuhin.
Mezzo nous offre de son côté, plusieurs formats délectables en ce mois anniversaire dont ce N°41 de la collection « classic Archiv » qui regroupe plusieurs concerts filmés au début des années 1970 avec son fils, Jeremy Menuhin et sa sœur, Hephzibah, tous deux pianistes. Le père et le fils jouent en particulier avec la clarinettiste Thea King, le divertissement commandé à Bartok par Benny Goodman à la fin des années 1930.

Yehudi Menuhin au petit écran:
Mezzo – 18 avril, 14h45 (rediffusion : le 27 avril à 11h)
Grâce à la collection « classic Archives », la chaîne musicale nous permet d’entendre Yehudi Menuhin en 1973, accompagné par son fils, Jeremy, et sa sœur, Jephzebah (tous deux panistes), mais aussi par Théa King (clarinettiste) et Yit-Kin Seow (piano), dans Bartok, Bloch, Enesco et Ravel.

Arte – 22 avril, 22h30
Entretien et « concert magique » à Hollywood (1947). Documentaire 2006, 52 mn. Réalisation : Günter Atteln.

Discographie:
Le concerto en ré de Beethoven
Même s’il fut profondément marqué par les enregistrements effectués avec Furtwängler du Concerto en ré de Beethoven ( août puis septembre 1947, avec l’orchestre de Lucerne puis le Philharmonique de Berlin ; en avril 1953, KingswayHall de Londres) au point de ne vouloir jouer l’œuvre qu’avec le chef allemand, Menuhin l’enregistrera par la suite avec Silvestri, Klemperer et Masur. Toutes les lectures témoignent de sa capacité à renouveler son inspiration favorisant toujours un sens aiguë de la densité expressive et de la lumière.

1CD EMI 5 66975 2 (1952) + concerto pour violon de Mendelssohn. Orchestre Phil. De Berlin, direction : Wilhelm Furtwängler.

Bartok
Emblématique de la rencontre miraculeuse de Menuhin et de Furtwängler après la guerre, le concerto pour violon, ici couplé avec la sonate pour violon seul dont le violoniste est le dédicataire, reste indiscutable.
1 CD EMI 5 74799 2.

Enesco
Voici un témoignage unique sur la maturité musicienne du jeune Menuhin dans une œuvre de son « maître » parisien, Enesco.
Sonate pour violon et piano N°3 + Szymanowski, Prokofiev, Ravel. A. Balsam et M. Gazelle, pianos.
1 CD EMI 5 65962 2 (1936).

Dvdthèque:

« The violin of the century ». 1 DVD EMI classics DVB 3101889. Réalisé par Bruno Monsaingeon

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