CRITIQUE, opéra. MONTPELLIER, le 11 juin 2022. HAENDEL : Giulio Cesare. Arquez, Baráth, Fagioli, Michieletto / Artaserse, Jaroussky

handel-haendel-portrait-classiquenewsCRITIQUE, opĂ©ra. MONTPELLIER, le 11 juin 2022. HAENDEL : Giulio Cesare. Arquez, Baráth, Fagioli, Michieletto / Artaserse, Jaroussky – Après les reprĂ©sentations du TCE, le Giulio Cesare dirigĂ© par Philippe Jaroussky dĂ©barque Ă  Montpellier avec une distribution lĂ©gèrement remaniĂ©e. Il y confirme ses talents de chef, magnifiĂ©s par la puissante vision allĂ©gorique de Michielletto, cohĂ©rente, mais contestable.

Giulio Cesare funeste et mortifère

Pour son premier opéra, Philippe Jaroussky a choisi l’un des chefs-d’œuvre de Haendel, et sans doute son opéra le plus joué. Des quatre heures de la partition intégrale, le chef a retranché une trentaine de minutes qui n’obère pas la continuité et la cohérence dramatique d’une intrigue souvent qualifiée de shakespearienne. La lecture de Damiano Michielletto, qui s’attaque ici à son premier opéra baroque, se concentre sur les aspects sombres et mortifères du drame (oubliant son origine vénitienne qui repose toujours sur un fragile équilibre entre les différents registres) : point d’exotisme égyptomaniaque, mais une sorte de huis-clos symbolisé par les quatre murs d’une boîte qui suggère l’unité de lieu de la tragédie classique. La mort rôde en permanence, comme en témoigne la présence récurrente des trois Parques, aux silhouettes cadavériques et dont les fils de la vie apparaissent aussi comme… le fil rouge du dispositif scénique, sortant tour à tour de la bouche de certains personnages ou constituant une immense toile de fond, ou encore les traces de sang ou les cendres funéraires se déversant sur César, qui rappellent constamment la finitude du personnage que symbolise la présence des conspirateurs à la fin du drame. Une scénographie austère, mais non moins spectaculaire qui gomme, et c’est bien dommage, un aspect essentiel du drame vénitien, même si la version de Haendel, à la base, s’en éloignait déjà quelque peu.

Sur scène, la distribution réunie pour ces 3h30 de musique, confine à la perfection.  Dans le rôle-titre, Gaëlle Arquez déploie un timbre solide et sonore, faisant preuve d’un abattage efficace, bien que tempéré par sa position de victime en sursis. Ses arie di sdegno « Empio dirò tu sei » et « Al lampo dell’armi » impressionnent par leur virtuosité martiale, tandis qu’une grande variété de couleurs et d’affetti triomphent dans « Va tacito e nascosto » et dans le sublime « Alma del gran Pompeo ». Carlo Vistoli incarne magnifiquement le tyrannique et effemminato Tolomeo, fougueux à souhait, présence scénique électrisante et étendue vocale à couper le souffle. Le Sesto de Franco Fagioli mérite les mêmes louanges, même si l’on peut parfois regretter certains maniérismes qui nuisent à la clarté de l’élocution. Les autres rôles masculins oscillent entre l’impeccable Achillas de Francesco Salvadori, au timbre caverneux et superbement projeté, l’exceptionnel Nireno de Paul Figuier (en lieu et place de Paul-Antoine Benos-Djian), malgré un rôle très limité (on est admiratif de cette voix d’une grande pureté et d’une diction absolument parfaite), et le Curio décevant d’Adrien Fournaison, au registre pas toujours bien timbré, à la voix quelque peu nasillarde et à la souplesse souvent défaillante. Mention spéciale pour la Cléopâtre d’Emőke Baráth (qui remplace Sabine Devieilhe au TCE), très émouvante dans l’un des plus beaux airs de la partition (« Se pietà »), malgré une position peu confortable, à quatre pattes et coiffée d’une tête de cheval… Sa présence scénique, qui avait déjà fait merveille dans la belle Elena de Cavalli exhumée à Aix par Leonardo García Alarcón, est ici une nouvelle fois exemplaire ; elle imprime au personnage une fougue et une fièvre qui montrent une large palette de sentiments, de la femme ambitieuse et vengeresse à l’amoureuse sincère à la fin du drame. Quant à la Cornelia de Lucile Richardot, son timbre unique, ses graves abyssaux, que révèle davantage encore une présence paradoxalement tout en retenue, continue de nous faire écarquiller les yeux de stupore (symbole de la meraviglia baroque), et le duo avec Sesto qui clôt le deuxième acte, restera un des grands moments de la soirée.
 Dans la fosse, Philippe Jaroussky gagne en assurance par rapport à son entrée en scène l’an dernier en tant que chef dans l’oratorio de Scarlatti, Il primo omicidio, qui avait déjà fait fort bonne impression. Si l’on peut regretter certains manques de justesse (chez les violons et les cuivres notamment), et parfois des tempi un peu trop rapides, son énergie communicative, son attention à l’équilibre des pupitres et surtout sa louable intégrité, insufflent une réelle continuité dramatique qui fait oublier la durée quasi wagnérienne de la partition. Artiste en résidence, il reviendra l’an prochain dans un opéra vénitien d’Antonio Sartorio, le compositeur de la version originale de Giulio Cesare, dont s’est inspiré Haendel. On s’en délecte déjà.

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CRITIQUE, opéra. MONTPELLIER, le 11 juin 2022. HAENDEL : Giulio Cesare. Gaëlle Arquez (Jules César), Emőke Baráth (Cléopâtre), Franco Fagioli (Sextus), Lucile Richardot (Cornélia), Carlo vistoli (Ptolémée), Francesco Salvadori (Achillas), Adrien Fournaison (Curio), Paul Figuier (Nireno), Sébastien Duvernois (Pompeo), Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin  (décors), Agostino Cavalca (Costumes), Alessandro Carletti (lumières), Thomas Wilhelm (chorégraphie), Cécile Kretschmar (coiffure, maquillage et masques), Diane Clément (Assistante à la mise en scène), Gianluca Castaldo (assitant aux décors), Chiara Amaltea Ciarelli (assistante aux costumes), Ensemble Artaserse, Philippe Jaroussky (direction).

France Musique, sam 20 nov 2021, 20h. Haendel : Il Trionfo del Tempo e del Disinganno.

handel-haendel-portrait-classiquenewsFrance Musique, sam 20 nov 2021, 20h. Haendel : Il Trionfo del Tempo e del Disinganno. A travers l’oratorio peu à peu élaboré, Haendel soumet l’éclectisme géniale de son imagination à l’aulne de son exigence dramatique. Pas un emprunt ou une idée adoptée s’ils ne servent surtout l’efficacité de l’action, l’acuité et intensité de l’expression. Avant Londres et alors qu’il n’est que le jeune compositeur saxon à Rome, Haendel aborde le genre oratorio mais en… italien. Ainsi se succèdent Il trionfo del Tempo e del Disinganno, oratorio allégorique (Rome, juin 1707), surtout La Resurrezione (Rome, Palazzo Bonelli, avril 1708)… premier oratorio sacré alors dirigé par Corelli : le jeune Haendel y écrit comme à l’opéra, mais sans virtuosité gratuite, soignant l’expression d’une effusion hallucinée, victorieuse à l’énoncé de la Résurrection.

Haendel en Italie: 3 ans d’éblouissement

Voici le jeune Haendel en voyage à Rome, Naples, Venise. Le tour d’Italie se révèle propice à une révélation personnelle et artistique; celui qui, déjà émancipé à 18 ans comme violoniste de rang dans l’orchestre de l’opéra de Hambourg (1703, alors dirigé par l’intraitable Keiser), découvre in situ, la magie de l’opéra italien, “dans le texte”. Immersion d’autant plus féconde que les premiers chefs d’oeuvre ne tardent pas à éclore: le jeune musicien âgé de 22 ans, protégé de Ferdinand de Medicis à Florence, rejoint Rome.

HAENDEL CLASSIQUENEWS handel_-_fr_gesellschaftSes premiers “devoirs” catholiques (Dixit Dominus, Laudate pueri, Nisi Dominus) étonnent, captivent, convainquent. Très vite, les “grands” se disputent sa manière: le cardinal Pamphili lui commande la musique de son texte pour un oratorio Il trionfo del Tempo e del Disinganno (création au Palais Ottoboni, Carême 1707). Comme c’est le cas du peintre Poussin au XVIIè, le contact du milieu romain produit un déchaînement de l’énergie créatrice, une “furià” magnifique qui n’est pas seulement éblouissante dans les moyens et l’écriture: sa vérité et sa justesse de ton sont indiscutables aussi.
Avant La Résurezzione, l’oratorio Il trionfo del Tempo e del Disinganno marque un premier coup d’éclat musical à Rome, accordé aux intentions poétiques et morales du texte cardinalesque : la cantate célèbre l’inconstance première de la Beauté, d’abord séduite par le Plaisir, ce dernier opposé par le Temps (Tempo) et la Vérité (Disinganno). La Beauté évolue enfin et s’accorde à une révélation progressive où triomphent les deux derniers, Temps et Vérité. Outre les acrobaties vocales requises pour chacun des solistes, Haendel réserve au Plaisir, l’air célèbre, de haute séduction manipulatrice : « Lascia la spina », version originale du tube devenu incontournable « Lascia ch’io pianga » de l’opéra Rinaldo.

Concert donné le 11 octobre 2021 en la Grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie à Paris.
Il Trionfo del Tempo e del Disinganno
Le triomphe du Temps et de la Vérité
Georg Friedrich Haendel
Oratorio en deux actes sur un livret du du Cardinal Benedetto Pamphili.
Julia Lezhneva, soprano, Piacere
Ana-Maria Labin, soprano, Bellezza
Carlo Vistoli, contre-ténor, Disinganno
Krešimir Špicer, ténor, Tempo
Les Accents Thibault / Noally, violon et direction

France Musique, sam 20 nov 2021, 20h. Haendel : Il Trionfo del Tempo e del Disinganno

LIRE aussi notre dossier Haendel en Italie
https://www.classiquenews.com/georg-friedrich-haendel-portrait-le-voyage-en-italiefrance-musique-grands-compositeur-du-13-au-17-avril-2009-13h/

ENTRETIEN avec Mathieu Salama, contre ténor (à propos de son nouveau cd Furioso Barocco, 1 cd Klarthe records)

furioso barroco cd clic classiquenews matheiu salama cd klarthe critiqueENTRETIEN avec Mathieu Salama, contre ténor. Fougueux voire furieux, le chant investi du contre ténor français Mathieu Salama marque les esprits par la qualité de son implication pour chaque air choisi. Au concert dont il est familier depuis des années, le chanteur se passionne dans l’expression des affects baroques. Fort de cette expérience, Mathieu Salama enregistre son dernier album chez Klarthe records, « Furioso barocco », nouveau jalon dans la maturation d’un tempérament vocal franc, direct, à l’impérieuse intensité. Pour classiquenews, Mathieu Salama dévoile les coulisses de l’enregistrement (distingué par le CLIC de CLASSIQUENEWS) et précise quelques éléments de sa genèse.

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CLASSIQUENEWS : D’après quels critères avez vous opéré le choix des airs ?

 

MATHIEU SALAMA : Cette diversité de l’album « Furioso Barocco » est celle de ma claveciniste Ghislaine Gignoux et moi-même. Il ne serait pas juste de n’en montrer qu’un coté sombre et tragique comme « Gelido in ogni vena » ou « Piangéro la sorte mia » dans lequel Haendel fait cohabiter dans le personnage de Cléopâtre la détresse et l’hystérie. Nous en avons de joyeux, comme « Sound the trumpet » ou « Strike the viol » de Purcell.

 

 

Mathieu Salama : Furioso Barocco
CHANTER LA FUREUR D’AMOUR…

 

 

CLASSIQUENEWS : Sur quels points s’est rĂ©alisĂ© votre complicitĂ© avec l’ensemble La RĂ©jouissance ?

MATHIEU SALAMA : L’ensemble “La RĂ©jouissance” est spĂ©cialisĂ©e dans les oeuvres de musique baroque dont le chef Stefano Intrieri que j’avais rencontrĂ© lors d’un festival de musique baroque m’avait inspirĂ©e tant par sa vibration musicale que par son humanitĂ©. Évidement ma passion pour la langue italienne et les oeuvres théâtrales interprĂ©tĂ©es me transporte davantage grâce Ă  ce chef italien dont la direction artistique commune Ă  donnĂ© naissance Ă  ce nouvel album.

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS : VIVALDI / HAENDEL : qu’est ce qui rapproche et distingue l’Ă©criture des deux compositeurs ?

 

MATHIEU SALAMA : Vivaldi pour moi c’est la folie Ă  l’italienne, c’est ce cĂ´tĂ© passionnĂ© et théâtral qui m’emporte, dans l’écriture de Vivaldi on sent que la voix est comparĂ©e Ă  celle d’un violon que je retrouve Ă©galement mais diffĂ©remment dans l’Ă©criture moins extravertie et plus modĂ©rĂ© dans les opĂ©ras incroyables et oratorios d’Haendel, mais aussi fou dans la musicalitĂ© et dans la façon d’amener les Arias au plus profond des Ă©motions. Ces 2 compositeurs exaltent nos passions et nous transportent.

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS : En incarnant les passions baroques, que souhaitez vous transmettre au public ? Que souhaitez vous partager avec les musiciens ?

 

CLIC D'OR macaron 200MATHIEU SALAMA : Je souhaite transmettre au public ce que je sais faire de mieux c’est donner de l’émotion, partager des sentiments, j’essaye de respecter ce que le compositeur a voulu Ă©crire en ajoutant une part de moi, de mon expĂ©rience, de mes sentiments de joie et de peine. Ma complicitĂ© avec les musiciens de l’ensemble « La RĂ©jouissance » est profonde de sens et de partage au coeur de cette musique baroque remplie de tendresse et de fureur d’amour, c’est donc pour ça que j’ai choisi d’appeler cet album « Furioso barroco »

 

 

 

 

Propos recueillis en novembre 2020

 

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LIRE aussi notre critique du cd Furioso Barocco / Mathieu Salama – CLIC de CLASSIQUENEWS

furioso barroco cd clic classiquenews matheiu salama cd klarthe critiqueCD, événement. FURIOSO BAROCCO : Mathieu Salama, contre ténor (1 cd Klarthe records 2019) – Mathieu Salama chante Haendel et Vivaldi : l’interprète peut s’appuyer aujourd’hui sur une solide expérience du concert ; une aisance qui explique ce naturel engagé qui perce et le porte en studio. Investi, incarné, d’une intensité qui touche par son immédiate sincérité, le chant du contre ténor Mathieu Salama rayonne en clarté et acuité expressive. Pour Klarthe, le chanteur offre un récital emblématique de ses possibilités et de son tempérament : agilité, engagement, profondeur. Le soliste s’entoure de deux autres chanteurs pour entre autres exprimer d’autres langueurs amoureuses en duo (Duo final Poppée / Néron de l’Incoronazione di Poppea de Monteverdi). Mathieu Salama chante l’ivresse et le vertige des coeurs amoureux, du délire inquiet à la détermination audacieuse voire éruptive… voilà qui convient à sa nature fougueuse voire intempestive (d’où le titre Furioso Barocco). Mathieu Salama dévoile le vertige des sens qu’habite son chant direct, puissant, d’une rondeur constante, écartant les acidités de bon nombre de ses confrères.

 

 

 

CD, événement. FURIOSO BAROCCO : Mathieu Salama, contre ténor (1 cd Klarthe records 2019)

furioso barroco cd clic classiquenews matheiu salama cd klarthe critiqueCD Ă©vĂ©nement, critique. FURIOSO BAROCCO : Mathieu Salama, contre tĂ©nor (1 cd Klarthe records 2019) – Mathieu Salama chante Haendel et Vivaldi : l’interprète peut s’appuyer aujourd’hui sur une solide expĂ©rience du concert ; une aisance qui explique ce naturel engagĂ© qui perce et le porte en studio. Investi, incarnĂ©, d’une intensitĂ© qui touche par son immĂ©diate sincĂ©ritĂ©, le chant du contre tĂ©nor Mathieu Salama rayonne en clartĂ© et acuitĂ© expressive. Pour Klarthe, le chanteur offre un rĂ©cital emblĂ©matique de ses possibilitĂ©s et de son tempĂ©rament : agilitĂ©, engagement, profondeur. Le soliste s’entoure de deux autres chanteurs pour entre autres exprimer d’autres langueurs amoureuses en duo (Duo final PoppĂ©e / NĂ©ron de l’Incoronazione di Poppea de Monteverdi). Mathieu Salama chante l’ivresse et le vertige des coeurs amoureux, du dĂ©lire inquiet Ă  la dĂ©termination audacieuse voire Ă©ruptive… voilĂ  qui convient Ă  sa nature fougueuse voire intempestive (d’oĂą le titre Furioso Barocco). Mathieu Salama dĂ©voile le vertige des sens qu’habite son chant direct, puissant, d’une rondeur constante, Ă©cartant les aciditĂ©s de bon nombre de ses confrères. De fureur il est question certes, mais sous l’élan quasi instinctif, se cachent en vĂ©ritĂ© un dĂ©sarroi, voire une inquiĂ©tude et une impuissance panique Ă  demi mots que le chanteur rĂ©vèle peu Ă  peu, apportant Ă  son jeu, une richesse de couleurs qui sĂ©duit inexorablement.

Ainsi se déploie une hypersensibilité active portée par l’écriture souvent incandescente de deux génies lyriques du XVIIIè, le vénitien Vivaldi et le plus italien des saxons, Haendel. Habilement associées ici, les héros vivaldiens et haendéliens font crépiter un tempérament taillé pour le drame. Ce programme s’articule comme un condensé d’opéra: à chaque air correspond un personnage en souffrance ou en désir, une situation clé dont le soliste éclaire les enjeux manifestes et souterrains. Son Tolomeo (« Stille amare ») touche dans l’ample lamento traversé par la mort ; en un précipité nostalgique, le chanteur en exprime le frisson glaçant de la mort. Plus rugueux et combattif voire impérieux, Serse affirme sa volonté guerrière et conquérante, à la limite du caprice royal (« Si, la volgio e l’ottero »). Et la somptueuse cantate RV 684 de Vivaldi souligne par son timbre incandescent, au verbe attentif, le diamant d’un cœur exacerbé lui aussi, toujours digne mais blessé, qui semble avoir vécu tous les tourments de l’amour.

CLIC D'OR macaron 200Interprète soucieux d’éloquence comme de finesse poĂ©tique, Mathieu Salama offre une remarquable collection d’airs d’opĂ©ras parmi les plus saisissants du rĂ©pertoire. Difficile de rester de marbre d’autant qu’à son contact, la complicitĂ© des instrumentistes de l’ensemble La RĂ©jouissance s’affirme sans rĂ©serve, – que des cordes impĂ©tueuses et bondissantes, sous la direction du chef italien, lui-mĂŞme passionnĂ© par les affetti baroques, Stefano Intrieri. Superbe rĂ©cital lyrique.

 

 

 

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CD, Ă©vĂ©nement. FURIOSO BAROCCO : Mathieu Salama, contre tĂ©nor (1 cd Klarthe records 2019) - sortie discographique le 23 octobre 2020 – Plus d’infos : https://www.klarthe.com/index.php/fr/enregistrements/furioso-barocco-detail

 

 

 

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VOIR la vidéo FURIOSO BAROCCO par le contre ténor Mathieu Salama, teaser de son nouveau cd édité par Klarthe records :
https://www.youtube.com/watch?v=obOQ11enrjc&feature=emb_logo

 

 

 

 

Programme détaillé :

Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
Il Farnace RV 711, Venezia 1727 : “Gelido in ogni vena”
cantate RV 684, ca. 1727 : “Ah, ch’infelice sempre”
Orlando RV 728, Venezia 1727 : “Nel profondo cieco mondo”

Georg Friedrich Händel (1685 – 1759)
Giulio Cesare in Egitto HWV 17, London 1724 : “Piangerò la sorte mia”

Claudio Monteverdi (1567 – 1643)
L’incoronazione di Poppea SV 308, Venezia 1643 : “Pur ti miro, pur ti godo”

Girolamo Frescobaldi (1583 – 1643)
Primo libro d’arie musicali, Firenze 1630 : “Se l’aura spira”

Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
Il Giustino RV 717, Roma 1724 : “Sento in seno ch’in pioggia di lagrime”

Georg Friedrich Händel (1685 – 1759)
Serse HWV 40, London 1738 : “Sì, la voglio e l’otterrò”

Henry Purcell (1659 – 1695)
Ode for the Birthday of Queen Mary Z. 323, London 1694 : “Sound the trumpet”

Georg Friedrich Händel (1685 – 1759)
Tolomeo, re d’Egitto HWV 25, London 1728 :
Recitativo, Accompagnato & Aria “Stille amare”

 

 

 

Mathieu SALAMA, contre-ténor
Jeanne PARIS, mezzosoprano
Benjamin LOCHER, contre-ténor II

Gruppo strumentale La Réjouissance
Jan Pieter van COOLWIJCK, violon I
Evert-Jan SCHUUR, violon II
Niek IDEMA, alto
Jérôme VIDALLER, violoncelle
Michel FRÉCHINA, viole de gambe & contrebasse

Stefano INTRIERI, clavecin & direction

 

 

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LIRE aussi notre présentation du concert de Mathieu Salama, Salle Cortot, le 16 oct 2020 : https://www.classiquenews.com/paris-cortot-mathieu-salama-furieusement-baroque/

 

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LIRE aussi notre ENTRETIEN avec Mathieu SALAMA : http://www.classiquenews.com/entretien-avec-mathieu-salama-contre-tenor-a-propos-de-son-nouveau-cd-furioso-barocco-1-cd-klarthe-records/

furioso barroco cd clic classiquenews matheiu salama cd klarthe critiqueENTRETIEN avec Mathieu Salama, contre ténor. Fougueux voire furieux, le chant investi du contre ténor français Mathieu Salama marque les esprits par la qualité de son implication pour chaque air choisi. Au concert dont il est familier depuis des années, le chanteur se passionne dans l’expression des affects baroques. Fort de cette expérience, Mathieu Salama enregistre son dernier album chez Klarthe records, « Furioso barocco », nouveau jalon dans la maturation d’un tempérament vocal franc, direct, à l’impérieuse intensité. Pour classiquenews, Mathieu Salama dévoile les coulisses de l’enregistrement (distingué par le CLIC de CLASSIQUENEWS) et précise quelques éléments de sa genèse.

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PARIS, Cortot : Mathieu Salama “furieusement baroque”

furioso barroco cd clic classiquenews matheiu salama cd klarthe critiquePARIS, Cortot : Mathieu Salama chante Haendel et Vivaldi, Ven 16 oct, 20h30. Investi, incarné, d’une intensité qui touche par sa grande sincérité, le chant du contre ténor Mathieu Salama rayonne en clarté et acuité expressive. A Cortot, le chanteur offre un récital emblématique de ses possibilités et de son tempérament : agilité, engagement, profondeur. Le soliste s’entoure de deux autres chanteurs pour entre autres exprimer d’autres langueurs amoureuses en duo (Duo final Poppée / Néron de l’Incoronazione di Poppea de Monteverdi). Mathieu Salama chante l’ivresse et le vertiges des coeurs amoureux, du délire inquiet à la détermination audacieuse voire éruptive… De Vivaldi à Haendel, se déploie une hypersensibilité active portée par l’écriture souvent incandescente de deux génies lyriques du XVIIIè, le vénitien Vivaldi et le plus italien des saxons, Haendel.
Interprète soucieux d’éloquence comme de finesse poétique, Mathieu Salama offre une remarquable collection d’airs d’opéras parmi les plus saisissants du répertoire. Chaque séquence gagne en vivacité et relief émotionnel grâce au chant très engagé du soliste. Comme dans le disque édité par Klarthe et qui paraît ce 23 octobre, le récital à Cortot bénéficie de la complicité des instrumentistes de l’ensemble La Réjouissance sous la direction du chef italien, lui-même passionné par les affetti baroques, Stefano Intrieri. Concert événement.

VOIR la vidéo FURIOSO BAROCCO par le contre ténor Mathieu Salama, teaser de son nouveau cd édité par Klarthe records :
https://www.youtube.com/watch?v=obOQ11enrjc&feature=emb_logo

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PARIS, Salle Cortotboutonreservation
Ven 16 octobre 2020, 20h30
SoirĂ©e exceptionnelle / Lancement du nouveau cd de Mathieu Salama “Furioso Barocco”

Le TEASER vidéo FURIOSO BAROCCO / Nouvel album événement de Mathieu Salama (édité par Klarthe records):

Programme détaillé :

Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
Il Farnace RV 711, Venezia 1727 : “Gelido in ogni vena”

Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
cantate RV 684, ca. 1727 : “Ah, ch’infelice sempre”

Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
Orlando RV 728, Venezia 1727 : “Nel profondo cieco mondo”

Georg Friedrich Händel (1685 – 1759)
Giulio Cesare in Egitto HWV 17, London 1724 : “Piangerò la sorte mia”

Claudio Monteverdi (1567 – 1643)
L’incoronazione di Poppea SV 308, Venezia 1643 : “Pur ti miro, pur ti godo”

Girolamo Frescobaldi (1583 – 1643)
Primo libro d’arie musicali, Firenze 1630 : “Se l’aura spira”

Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
Il Giustino RV 717, Roma 1724 : “Sento in seno ch’in pioggia di lagrime”

Georg Friedrich Händel (1685 – 1759)
Serse HWV 40, London 1738 : “Sì, la voglio e l’otterrò”

Henry Purcell (1659 – 1695)
Ode for the Birthday of Queen Mary Z. 323, London 1694 : “Sound the trumpet”

Georg Friedrich Händel (1685 – 1759)
Tolomeo, re d’Egitto HWV 25, London 1728 : Recitativo, Accompagnato & Aria “Stille amare”

Mathieu SALAMA, contre-ténor
Jeanne PARIS, mezzosoprano
Benjamin LOCHER, contre-ténor II

Gruppo strumentale La Réjouissance
Jan Pieter van COOLWIJCK, violon I
Evert-Jan SCHUUR, violon II
Niek IDEMA, alto
Jérôme VIDALLER, violoncelle
Michel FRÉCHINA, viole de gambe & contrebasse
Stefano INTRIERI, clavecin & direction

FURIOSO BAROCCO : Mathieu Salama, contre ténor
Sortie du cd Furioso Barocco, 1 cd Klarthe records, le 23 octobre 2020
https://www.klarthe.com/index.php/fr/enregistrements/furioso-barocco-detail

PLUS D’INFOS sur le site de la salle Cortot
http://www.sallecortot.com/concert/furioso_barocco.htm?idr=29392

RADIO. SĂ©lection de la rentrĂ©e 2020 – sĂ©lection jusqu’au 10 janvier 2021

CONFINEMENT : quels spectacles et concerts ne pas manquer ?RADIO. Sélection de la rentrée 2020… Classiquenews sélectionne ici les programmes à ne pas manquer sur les ondes. Opéras, concerts symphoniques, plateaux éclectiques, retrouvez ci dessous les programmes incontournables à écouter dès la rentrée 2020 et bien après… Y figurent plusieurs concerts enregistrés en huis clos, dans un dispositif adapté au nouveau confinement imposé depuis le 29 octobre 2020.

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décembre 2020

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Dimanche 6 décembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Orchestre national en rĂ©gion Hauts-de-France – Arie van Beek, direction.
Melody Louledjian, soprano
MAHLER, Symphonie n°4 en sol majeur

 

 

Samedi 5 décembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Orchestre National Montpellier Occitanie
Karen Kamenseh, dir
Elza van den Heever, soprano
PEPIN Camille, Laniakea
WAGNER R, Wesendonck Lieder
STRAUSS R, Intermezzo-4 interludes symphoniques
WAGNER R, Tristan et Isolde -Prélude et Liebestod pour orchestre

 

 

 

novembre 2020

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Dimanche 29 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Concert OphĂ©lie Gaillard, violoncelle / Un violoncelle Ă  l’opĂ©ra

 

p style=”text-align: right;”> Samedi 28 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Concert de l’Orchestre de Paris
Enregistrement en huis clos. STRAUSS : Quatre derniers lieder / Vier Lietzer lieder
BRAHMS : Symphonie n°4
Orchestre de Paris / Simone Young, direction

 

p style=”text-align: right;”> Dimanche 22 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : BRUCKNER, Symphonie n°4 “Romantique” – Philharmonique de Munich, Valery Gergiev, direction.
Arhives de l’Orchestre Philharmonique de Munich,dir. Z.Mehta, S.Celibidache (Concerto piano n° 2 de Brahms avec D.Barenboim), J.Levine, E.Jochum (Lied de Reger, avec C.Ludwig)

 

p style=”text-align: right;”> Samedi 21 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : W.A. Mozart, Sonate K 304 – R. Strauss Sonate op. 18
WE Korngold : garden scene de la suite “much do about nothing”

 

 

 

 

septembre 2020

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 Dim 27 sept 2020, 16h – FRANCE MUSIQUE
Tribune des critiques de disques : STABAT MATER de POULENC
Quelle est la meilleure version enregistrĂ©e ? Ecoute comparative…

 

Ven 11 sept 2020, 21h.
Musiques en Fête ! en direct d’Orange sur France Musique et France 3

Malgré le contexte sanitaire, voici une soirée musicale inédite avec des artistes en live destinée au plus grand nombre. Présentée par Cyril Féraud (entre autres), cette 10e édition de « Musiques en fête » réunit un plateau de chanteurs pour un mixte de genres mêlés : airs d’opéra, d’opérette, de comédies musicales, ainsi que des musiques traditionnelles et des chansons françaises…
Les mĂ©lodies de Verdi, Donizetti, Bellini s’associent aux airs cultes : “Oh happy day !”, “Calling you”, “La MĂ©lodie du bonheur”, interprĂ©tĂ©s en direct sur France 3 et sur France Musique, depuis la scène du théâtre antique d’Orange.
Se succédent ainsi sur scène Florian Sempey, Thomas Bettinger, Claudio Capeo, Sara Blanch Freixes, Jérôme Boutillier, Alexandre Duhamel, Julien Dran, Julie Fuchs, Thomas Bettinger, Mélodie Louledjian, Patrizia Ciofi, Fabienne Conrad, Marina Viotti, Florian Laconi, Amélie Robins, Béatrice Uria-Monzon, Marc Laho, Jeanne Gérard, Anandha Seethaneen, Jean Teitgen. Avec l’Orchestre national de Montpellier Occitanie. Le Chœur de l’Opéra de Monte Carlo, Chef de chœur : Stefano Visconti. La Maîtrise des Bouches-du-Rhône. Les élèves des classes CHAM du collège de Vaison la Romaine. Chorégraphies de Stéphane Jarny.
Puis les jeunes talents de Pop the Opera, rĂ©unissant une centaine de collĂ©giens et de lycĂ©ens issus d’établissements scolaires de la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d’Azur, interprètent plusieurs chansons cultes.

 

 

PROGRAMME

Georges Bizet : Carmen
Giacomo Puccini : Nessun dorma, ext. de Turandot (Act.III)

Charles Trenet
Paul Misraki
Je chante

Charles Gounod
Je veux vivre – Ariette, ext. de RomĂ©o et Juliette

Giuseppe Verdi
Di geloso amor sprezzato, ext. de Le Trouvère (Act.I, Sc.15)

Michel Polnareff
On ira tous au paradis
Hommage Ă  Jean-Loup Dabadie, auteur

Gaetano Donizetti
Io son ricco e tu sei bella (Barcaruola), ext. de L’ Elisir d’amore (Act.II, Sc.3)
Una furtiva lagrima, ext. de L’ Elisir d’amore (Act.II, Sc.12)

Jules Massenet
Profitons bien de la jeunesse, ext. de Manon (Act.III, Sc.10)

Abba : Björn Ulvaeus, Benny Andersson, Stig Anderson Dancing Queen

Bella ciao (Hymne des Partisans italiens)

Anonyme
Paul Misraki

Qu’est-ce qu’on attend pour ĂŞtre heureux ?
ext. de la BO du film Feux de joie de Jacques Houssin

Pop the Opera : collégiens et lycéens de la région académique Provence-Alpes-Côte-d’azur

Giacomo Puccini
E lucevan le stelle, romance – ext. de Tosca (Act.III, Sc.3)

Giuseppe Verdi
Carlo vive ? , ext. de I masnadieri (“Les Brigands”)
Mélody Louledjian, soprano, Amalia

Di provenza il mar il suol, ext. de La Traviata (Act.II, Sc.13)
Jérôme Boutillier, baryton

Lucio Battisti
E penso a te
Claudio Capeo, chant

Giuseppe Verdi
O Carlo ascolta, ext. de Don Carlo (Act.III, Sc.9)
Pace pace mio Dio, ext. de La forza del destino (“La force du Destin”) – Act.IV Sc.5

Richard Rodgers
Do-Re-Mi (Do le do), ext. de La Mélodie du bonheur
Elèves des classes CHAM du collège de Vaison la Romaine

Traditionnel Tsigane de Russie
Medley “Les trois tĂ©nors” : Les Yeux noirs (“Otchi tchornye”), Cielito lindo, O sole mio (“mon soleil »)

Gaetano Donizetti
Deh! tu di un umile preghiera, ext. de Maria Stuarda (Act.III, Sc.14)
Cruda funesta smania, ext. de Lucia di Lammermoor (Act.I, Sc.4)

John Kander
Cabaret
Isabelle Georges, chant

Gioacchino Rossini
La calunnia e un venticello, ext de Le barbier de SĂ©ville (” Il Barbiere di Siviglia”) – Act.I Sc.16 Non piu mesta, ext. de La Cenerentola
Marina Viotti, mezzo-soprano, Angelina dite La Cenerentola

The Edwin Hawkins Singers
Oh Happy Day
Choeur de Gospel

Pablo Sorozábal
No puede se, ext. de la zarzuela “La tabernera del puerto »

Vincenzo Bellini
La tremenda ultrice spada, ext. de
Les Capulets et les Montaigus (“I Capuleti e i Montecchi”) – Act.I
Héloïse Mas, mezzo-soprano

Gaetano Donizetti
O luce di quest’anima, ext. de Linda di Chamounix (Act.I, Sc.10)

Louis Ganne
C’est l’amour, ext. de Les Saltimbanques
Julie Fuchs, soprano, Suzanne
Florian Sempey, baryton, Grand-Pingouin

Bob Telson
Calling You
Ext. de la BO du film américano-allemand réalisé par Percy Adlon
Anandha Seethaneen, chant, membre du gospel “Oh happy day »

Vincenzo Bellini
Ah! non giunge uman pensiero, ext. de La Sonnambula (Act.II, Sc.14)
Amélie Robins, soprano, Amina

Deh! non volerli vittime, ext. de Norma (Act.II, Sc.18)
Fabienne Conrad, soprano, Norma
Marc Laho, ténor, Pollione

Franz Schubert
Ave Maria (Ellens Gesang III, Hymne an die Jungfrau D 839 op. 52 n°6)
Sara Blanch Freixes, soprano

Maîtrise des Bouches-du-Rhone
Ivan Petrovitch Larionov
Kalinka (“Petite baie”)
Florian Laconi, ténor
Direction : Didier Benetti

Giuseppe Verdi
Schiudi inferno inghiotti, ext. de Macbeth (Act.I, Sc.11)
Alexandre Duhamel, baryton
Béatrice Uria-Monzon, mezzo-soprano
Jean Teitgen, baryton
Thomas Bettinger, ténor
Jeanne Gérard, soprano

Libiamo nè lieti calici, ext. de La Traviata (Act.I, Sc.3)
Patrizia Ciofi, soprano, Violetta
Julien Dran, ténor, Alfredo Germont

Choeur de l’OpĂ©ra de Monte-Carlo dirigĂ© par Stefano Visconti
Orchestre National de Montpellier Occitanie
Direction : Luciano Acocella

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Mardi 8 sept 2020, 20h. HAENDEL : Le Messie.
Concert donnĂ© le 10 juin 2019 en l’Abbaye de Melk dans le cadre du Festival International de JournĂ©es de musique baroque de Melk
Georg Friedrich Haendel
Le Messie HWV 56
Oratorio pour solistes, choeur et orchestre en trois parties sur un livret de Charles Jennens d’après des textes bibliques
Charles Jennens, librettiste
Giulia Semenzato, soprano
Terry Wey, contre-ténor
Michael Schade, ténor
Christopher Maltman, basse
Wiener Singakademie
Concentus Musicus de Vienne
Direction : Daniel Harding

 

 

 

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Dim 6 sept 2020, 16h. PUCCINI : TURANDOT.
Tribune des critiques de disques.Quelle meilleure version au disque de l’ultime opĂ©ra de Giacomo Puccini ? Quelle chanteuse a le mieux incarnĂ© la princesse frigide aux 3 Ă©nigmes ?…

 

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Sam 5 sept 2020, 20h. HAENDEL : Agrippina
20h – 23h Samedi Ă  l’opĂ©ra / opĂ©ra donnĂ© le 11 octobre 2019 au Royal Opera House de Londres.

Georg Friedrich Haendel
Agrippina HWV 6
Opera seria en trois actes sur un livret de Vincenzo Grimani, crée le 26 décembre 1709 au Teatro San Giovanni Grisostomo de Venise.
Vincenzo Grimani, librettiste
Joyce Di Donato, mezzo-soprano, Agrippina
Franco Fagioli, contre-tĂ©nor, NĂ©ron, fils d’Agrippina
Lucy Crowe,soprano, Poppea
Iestyn Davies, contre-ténor, Ottone
Gianluca Buratto, basse, Claudio, Empereur romain
Andrea Mastroni, basse, Pallante
Eric Jurenas, contre-ténor, Narciso
José Coca Loza, basse, Lesbo
Orchestre du Siècle des Lumières
Direction : Maxim Emelyanychev
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opera-garnier-apollon-lyreLe 14 juillet 2020, 19h30 en direct : gala spécial. DUKAS, FAURE, SAINT-SAENS, R STRAUSS, MOZART. En hommage au dévouement et au courage du personnel soignant et de tous ceux qui ont œuvré en faveur de la collectivité au cours des derniers mois, l’Opéra national de Paris organise deux concerts exceptionnels au Palais Garnier, les 13 et 14 juillet 2020. France Musique diffuse en direct le programme du 14 juillet, fête nationale. Fanfares préliminaires, séquence chorale, enfin scène d’opéra (Mozart), puis conclusion symphonique (la Jupiter et sa rayonnante vitalité)… En direct les 13 et 14 juillet sur la page facebook et Youtube de l’Opéra national de Paris. 1h30 sans entracte

Paul Dukas : Fanfare
pour prĂ©cĂ©der “La PĂ©ri »

Richard Strauss : Feierlicher Einzug
(Einzug der Ritter des Jo-hanniterordens), TrV 224

Gabriel Fauré : Madrigal op. 35
Camille Saint-Saëns: Calme des nuits op. 68 n° 1

MOZART : Le Nozze di Figaro
Ouverture
Hai già vinta la causa »
“”Deh vieni non tardar »
Crudel ! Perché finora farmi languir così ?
Symphonie n° 41, “Jupiter” en ut majeur (K 551)

Avec Julie Fuchs, Stéphane Degout, aux côtés de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Philippe Jordan et des Chœurs de l’Opéra national de Paris sous la direction de José Luis Basso. Le 14 juillet en direct du Palais Garnier à PARIS.

CHAINE YOUTUBE de l’Opéra national de Paris
https://www.youtube.com/user/operanationaldeparis
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CD événement, critique. HANDEL : AGRIPPINA. DiDonato, Fagioli, Vistoli… (3 cd ERATO, 2019)

didonato-joyce-agrippina-fagioli-pisaroni-orlinski-vistoli-lemieux-maxim-EMELYANYCHEV-il-pomo-doro-cd-opera-cd-review-opera-concert-orchestre-classiquenews-gd-formatCD Ă©vĂ©nement, critique. HANDEL : AGRIPPINA. DiDonato, Fagioli, Vistoli… (3 cd ERATO, 2019). Pour portraiturer la figure de l’impĂ©ratrice Agrippine, Haendel et son librettiste Vincenzo Grimani n’écartent aucun des Ă©lĂ©ments de la riche biographie de Julie Agrippine, sĹ“ur de Caligula : la 4è Ă©pouse de Claude fait tout pour que le fils qu’elle a eu en premières noces d’Ahenobarbus, soit reconnu par l’empereur et lui succède : NĂ©ron, pourtant dissolu, dĂ©cadent – effeminato (comme Eliogabalo, et tel que le dĂ©peint aussi Monteverdi au siècle prĂ©cĂ©dent dans l’Incoronazione di Poppea), sera bien sacrĂ© divinitĂ© impĂ©riale (non sans faire assassiner sa mère au comble de l’ingratitude : qu’importe dira l’ambitieuse politique qui dĂ©clara « qu’importe qu’il me tue, s’il devient empereur »… ). Au moins Agrippine n’avait aucun faux espoir.

La prĂ©sente lecture suit les recommandations et recherches du musicologue David Vickers (qui signe la captivante et très documentĂ©e notice de prĂ©sentation – Ă©ditĂ©e en français), soucieux de restaurer l’unitĂ© et la cohĂ©rence de la version originelle de l’opĂ©ra, tel qu’il fut créé au Teatro Grimani di San Giovanni Grisostomo en 1709 Ă  Venise. L’action s’achève avec le mariage entre Ottone et Poppea ; s’il perd (fugacement) la main de la jeune beautĂ©, NĂ©ron gagne la fonction impĂ©riale : il est nommĂ© par Claude, empereur, Ă  la grande joie d’Agrippine… Ainsi, l’ambitieuse a triomphĂ© ; ses multiples manigances n’étaient pas vaines.
L’apport le plus crédible de la proposition est ici, la suite de ballet qui conclut l’action comme une apothéose, soit 5 danses dont la Passacaille finale, dérivées de la partition sur papier vénitien du précédent opéra Rodrigo.

 

 

Nouvelle lecture d’Agrippina sommet italien de Haendel (Venise, 1709)

JOYCE DIDONATO,  ambitieuse & impérieuse

 

 

 

La diversité des accents, nuances, instrumentaux et vocaux, expriment vertiges et scintillements des affetti, autant de passions humaines qui sont au cœur d’une partition surtout humaine et psychologique ; Haendel avant le Mozart de Lucio Silla, atteignant à une compréhension hallucinante du coeur, de l’âme, du désir ; l’incohérence et la contradiction, la manipulation et la faiblesse sont les codes ordinaires des machinations à l’œuvre ; même cynisme que chez Monteverdi dans l’Incoronazione di Poppea (opera de 1642 qui met en scène le même trio : Agrippine, Néron, Poppée), Haendel fustige en une urgence souvent électrique, embrasée, la complexité sadique des uns, l’ivresse maso des autres, en un labyrinthe proche de la folie, en une urgence aussi qu’expriment parfaitement la tenue de chaque chanteur et l’engagement des instrumentistes : ici Claude et Néron sont faibles ; seule Agrippine impose sa détermination virile (mais elle aussi se montre bien fragile comme le précise son grand air fantastique du II : « Pensieri, voi mi Tormenti » : la machiavélique se présente en proie fragile, en victime). D’ailleurs Haendel dessine surtout des individualités (plutôt que des types interchangeables d’un ouvrage à l’autre) ; il réussit là où Mozart en effet, à révéler les motivations réelles des êtres : pouvoir, désir, argent… pour y parvenir rien n’arrête l’ambition : Agrippine commande à Pallante qu’elle séduit d’assassiner Narcisso et Ottone… puis courtise Narcisso pour qu’il tue Pallante et Ottone (II).
Haendel invente littéralement des scènes mythiques indissociables de l’histoire même du genre opéra : le Baroque fabrique ici une scène promise à un grand avenir sur les planches, en particulier à l’âge romantique : comment ne pas songer à l’air des bijoux de Marguerite du Faust de Gounod, en écoutant « Vaghe perle », premier air qui dépeint la badine et légère Poppea, ici première coquette magnifique en sa vacuité profonde ?

Sur cet échiquier, où l’ambition et les manigances flirtent avec folie et désir de meurtre, triomphe évidemment Agrippine, parce qu’elle est sans scrupule ni morale, et pourtant hantée par l’échec, ainsi que le dévoile l’air sublime du II comme nous l’avons souligné (« Pensieri, voi mi tormentate ») : diva ardente et volubile, viscéralement ancrée dans la passion exacerbée, Joyce DiDonato souligne la louve et le dragon chez la mère de Néron, avec les moyens vocaux et l’implication organique, requis. C’est elle qui règne incontestablement dans cet enregistrement, comme l’indique du reste le visuel de couverture : Agrippina / Joyce très à l’aise, en majesté sur le trône.
A ses pieds, tous les hommes sont soumis : NĂ©ron, en fils dĂ©vouĂ© et tout occupĂ© Ă  conquĂ©rir Poppea (plutĂ´t que le pouvoir) – au miel bavard, lascif (impeccable Franco Fagioli cependant plus vocal que textuel) ; l’époux Claude (non moins crĂ©dible Luca Pisaroni) ; acide et parfois serrĂ©, l’Ottone de Orlinski vacille dans sa caractĂ©risation au regard de sa petite voix… le contre-tĂ©nor qui brille ici, reste le Narcisso de l’excellent Carlo Vistoli (dès son premier air au I : « Volo pronto »), voix claire, assurĂ©e, d’une santĂ© conquĂ©rante : il donne corps et Ă©paisseur Ă  l’affranchi de Claude, et aurait tout autant lui aussi sĂ©duit en NĂ©ron.
Junon de luxe, deus ex macchina, Marie-Nicole Lemieux qui célèbre en fin de drame, les amours (bientôt contrariés) de Poppea et Ottone, complète un cast plutôt fouillé et convaincant.
CLIC D'OR macaron 200Nos seules réserves vont à la Poppea de la soprano Elsa Benoît, aux vocalises trop imprécises, à l’incarnation pas assez trouble et suave ; et aussi à l’orchestre Il Pomo d’oro. Non que l’implication de l’excellent chef Maxim Emelyanychev ne déçoive, loin de là : articulé, fougueux, impétueux même ; mais il manque ostensiblement à sa direction, à son geste, l’élégance, la caresse des nuances voluptueuses que savait y disséminer avec grâce John Eliot Gardiner dans une précédente version, depuis inégalée. Parfois dur, dès l’ouverture, nerveux et sec, trop droit, Emelyanychev déploie une palette expressive moins nuancée et moins riche que son ainé britannique. Haendel exige le plus haut degré d’expressivité, comme de lâcher prise et de subtilité. Caractérisée et impérieuse, parce qu’elle exprime l’urgence de tempéraments possédés par leur désir, la lecture n’en reste pas moins très séduisante. Les nouvelles productions lyriques sont rares. Saluons Erato de nous proposer cette lecture baroque des plus intéressantes globalement. La production enrichit la discographie de l’ouvrage, l’un des mieux ficelés et des plus voluptueux de Haendel. C’est donc un CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2020.

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CD événement, critique. HANDEL : AGRIPPINA. DiDonato, Fagioli, Vistoli… (3 cd ERATO, enregistrement réalisé en mai 2019)

HANDEL / HAENDEL : Agrippina (version originale de 1709)

Avec Joyce DiDonato, Carlo Vistoli, Franco Fagioli, Elsa Benoit, Luca Pisaroni, Jakub JĂłzef OrliĹ„ski, Marie-Nicole Lemieux…
Il Pomo d’Oro / Maxim Emelyanychev, direction – Enregistrement rĂ©alisĂ© en mai 2019 – 3 cd ERATO

LIRE aussi notre annonce présentation du coffret événement AGRIPPINA par Joyce DiDonato :
http://www.classiquenews.com/cd-evenement-annonce-handel-joyce-didonato-chante-agrippina-de-handel-3-cd-erato-mai-2019/

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TEASER VIDEO
Handel: Agrippina – Joyce DiDonato, Franco Fagioli, Elsa Benoit, Luca Pisaroni, Jakub Józef Orliński…

 

 

 

 

 

 

Joyce DiDonato brings the roguish charm of Handel’s leading lady to life in this sensational recording of Agrippina, with Il Pomo d’Oro and their chief conductor Maxim Emelyanychev. Alongside Joyce is a magnificent cast of established and rising stars that includes Franco Fagioli, Elsa Benoit, Luca Pisaroni, Jakub JĂłzef OrliĹ„ski, and Marie-Nicole Lemieux. “Agrippina feels like the most modern drama,” Joyce DiDonato told The Observer. “The story unfolds like rolling news today. And I keep saying, â€This is genius. How did Handel know the human psyche so profoundly?’”

Discover / approfondir: https://w.lnk.to/agpLY

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LIRE aussi notre critique du cd Ă©vĂ©nement : SERSE de HAENDEL / Fagioli, Il Pomo d’Or / Maxim Emelyanychev

Handel fagioli serse haendel cd review critique cd par classiquenews opera baroque par classiquenews genaux aspromonte Serse-CoffretCD, critique. HANDEL / HAENDEL : Serse (1738) / Fagioli, Genaux (Emelyanychev, 2017 – 3 cd DG Deutsche Grammophon, 2017). Voilà une production présentée en concert (Versailles, novembre 2017) et conçue pour la vocalità de Franco Fagioli dans le rôle-titre (il rempile sur les traces du créateur du rôle (à Londres en 1738, Caffarelli, le castrat fétiche de Haendel) ; le contre-ténor argentin est porté, dès son air « « Ombra mai fu » », voire stimulé par un orchestre électrique et énergique, porté par un chef prêt à en découdre et qui de son clavecin, se lève pour mieux magnétiser les instrumentistes de l’ensemble sur instruments anciens, Il Pomo d’Oro : Maxim Emelyanychev. La fièvre instillée, canalisée par le chef était en soi, pendant les concerts, un spectacle total. Physiquement, en effets de mains et de pieds, accents de la tête et regards hallucinés, le maestro ne s’économise en rien.

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CD, Ă©vĂ©nement, annonce. HANDEL : Joyce DiDonato chante Agrippina de Handel (3 cd ERATO – mai 2019)

didonato-joyce-agrippina-fagioli-pisaroni-orlinski-vistoli-lemieux-maxim-EMELYANYCHEV-il-pomo-doro-cd-opera-cd-review-opera-concert-orchestre-classiquenews-gd-formatCD, Ă©vĂ©nement, annonce. HANDEL : Joyce DiDonato chante Agrippina de Handel (3 cd ERATO – mai 2019). EnregistrĂ©e en mai 2019, cette nouvelle lecture du premier chef d’œuvre absolu du jeune Haendel, alors finissant son tour d’Italie et Ă©tabli Ă  Venise (l’opĂ©ra Agrippina est créé au San Giovanni Grisostomo le 26 dĂ©c 1709), renouvelle notre connaissance de l’œuvre, un accomplissement pour le Saxon qui s’y montre fin connaisseur de l’opĂ©ra seria auquel il apporte sa science des mĂ©lodies suaves, de l’élĂ©gance et aussi de l’expressivitĂ© tragique et impĂ©rieuse (s’agissant du rĂ´le d’Agrippine, la mère autoritaire du jeune NĂ©ron). Pour l’une et l’autre, la version Ă©ditĂ©e par Erato rĂ©unit un superbe couple, caractĂ©risĂ©, fin, impliquĂ©, au verbe rageur : Joyce DiDonato en impĂ©riale dominatrice ; Franco Fagioli en Nerone, un rĂ´le que le contre-tĂ©nor argentin incarne Ă  merveille tant depuis son Eliogabalo de Cavalli (Palais Garnier, sep 2016 : lire notre compte rendu critique : http://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-paris-palais-garnier-le-16-septembre-2016-cavalli-eliogabalo-recreation-franco-fagioli-leonardo-garcia-alarcon-direction-musicale-thomas-jolly-mise-en-scene-2/ ), son timbre acide et veloutĂ© Ă  la fois excelle Ă  exprimer l’essence des princes effĂ©minĂ©s, dĂ©cadents… soumis Ă  l’empire des sens, portraiturĂ©s avant Haendel par … Monteverdi (l’Incoronazione di Poppea).
En « fosse », Fagioli retrouve d’ailleurs, le pétaradant et très articulé Maxim Emelyanychev et son ensemble sur instruments d’époque, Il Pomo d’Oro : une phalange prête à en découdre pour exprimer tous les vertiges de la passion haendélienne… Contre-ténor, chef et instrumentistes avaient précédemment convaincu dans un Serse (1738), enregistré en 2017 pour DG : Lire ici notre critique du cd Serse par Franco Fagioli ( CLIC de CLASSIQUENEWS d’oct 2018 : http://www.classiquenews.com/cd-critique-handel-haendel-serse-1738-fagioli-genaux-emelyanychev-2017-3cd-deutsche-grammophon/ ).
Autour de ce couple promis Ă  devenir lĂ©gendaire, Erato regroupe un parterre idĂ©al qui joue lui aussi sur la finesse des caractĂ©risations de chaque profil : Elsa Benoit (suave et sobre Poppea), l’impeccable Narciso de Carlo Vistoli, comme l’Ottone de Jakub Jozef Orlinski, lequel ajoute son timbre acide et musical lui aussi pour cette prise en studio proche de l’idĂ©al. Après Monteverdi au siècle prĂ©cĂ©dent, et lui aussi phare de l’opĂ©ra vĂ©nitien, Haendel se hisse Ă  la plus haute marche de l’inspiration d’après l’AntiquitĂ© romaine : le cynisme et la passion embrasent tout ; rien n’arrĂŞte l’ivresse des hauteurs et du pouvoir ; s’il deviennent fous et inhumains, tous les candidats tentĂ©s par la toute puissance s’emballent au delĂ  de toute mesure ; chaque politique ici libĂ©rĂ©, peut exprimer sa soif de puissance, de gloire, de sĂ©duction. Et au sommet de la partition s’inscrit en lettres d’or et chant souverain, l’air accompagnato, très dĂ©veloppĂ©, incisif, hallucinĂ© de la prima donna barocca, Joyce DiDonato, au I : “ Pensieri, voi mi tormentate (de plus de 6 mn : un air essentiel dans la partition), dans laquelle la mère qui manipule, est hantĂ©e par ses propres craintes que tous ses stratagèmes n’Ă©chouent Ă  faire de son fils Nerone, l’empereur, successeur de Claude… TraversĂ©e par les spasmes et les visions d’une fragilitĂ© inconnue jusque lĂ , l’ambitieuse semble mesurer tout ce qu’elle peut perdre et tout ce qu’elle engage dans cette course au pouvoir. La vipère en chef voudrait nous faire croire qu’elle est pauvre victime. GĂ©nial Haendel ! Par sa cohĂ©rence et le relief ciselĂ© de chaque protagoniste de ce huis clos bien romain, s’impose dans la discographie. Grande critique Ă  venir dans le mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS

PARIS, TCE : Christophe Dumaux chante ORLANDO

handel-haendel-portrait-classiquenewsPARIS, TCE. Le 13 janv 2020. Haendel : ORLANDO. Le chef Francesco Corti dirige un Orlando (Haendel) concertant au Théâtre des Champs-Elysées (TCE). Le contre ténor dont les vocalises et la coloratoure rappelle ceux de Bartoli, Franco Fagioli devait assurer le rôle-titre, c’est finalement le français Christophe Dumaux, autre leader lyrique qui relève le défi du personnage, amoureux et chevaleresque (ayant déjà chanté le rôle à Vienne entre autres…) ; aux côtés de plusieurs tempéraments vocaux et dramatiques avérés : le Medoro de la puissante et suave Delphine Galou, la Dorinda amoureuse de Nuria Rial et Luca Pisaroni (le magicien Zoroastro), sans omettre Kathryn Lewek (Angelica). Après Vivaldi et ses fabuleux opéras sur le thème des vertiges et de la folie amoureuses (Orlando Furioso), Haendel, champion de l’opéra seria à Londres, démontre sa passion des affects humains et du théâtre des sentiments éprouvés, contrariés, démunis ; sur les traces des chevaliers errants, abattus par le dragon amour, tels qu’ils ont été conçus et pensé par L’Arioste et Le Tasse, le Saxon affirme une connaissance nuancée du cœur humain, ses contradictions, ses faiblesses et ses désirs.
Avec l’ensemble sur instruments anciens, Il Pomo d’Oro, dirigé par Francesco Corti.

PrĂ©sentation du drame par notre rĂ©dacteur Benjamin Ballifh :… “ HĂ©ros aux pieds d’argile. Avant nos Batman,  Spiderman,  Hulk ou Superman…. autant de vertueux sauveurs dont le cinĂ©ma ne cesse de dĂ©voiler les fĂŞlures sous la… cuirasse, les figures de l’opĂ©ra ont elles aussi le teint pâle car sous le muscle et l’ambition se cachent des ĂŞtres de sang,  inquiets, fragiles d’une nouvelle humanitĂ© tendre et faillible. Ainsi Hercule chez Lully,  Dardanus chez Rameau, surtout Orlando de Haendel… avant Siegfried de Wagner, hĂ©ros trop naĂŻf et si manipulable. Sur les traces de la source littĂ©raire celle transmise par L’Arioste au dĂ©but du XVIème siècle et qui inspire aussi Vivaldi,  voici le paladin fier vainqueur des sarasins,  en prise aux vertiges de l’amour, combattant si frĂŞle face Ă  la toute puissance d’Eros. Un chevalier dĂ©risoire en somme, confrontĂ© au dragon du dĂ©sir. Mais impuissant et rongĂ© par la jalousie le pauvre hĂ©ros s’effondre dans la folie. Que ne peut-il pourtant fier conquĂ©rant inflĂ©chir le coeur de la belle asiatique Angelica qui n’a d’yeux que pour son Medoro. En un effet de miroir subtil, Haendel construit le personnage symĂ©trique mais fĂ©minin de Dorinda, tel le contrepoint fraternel des vertiges et souffrances du coeur : elle aime Orlando qui n’a d’yeux que pour la belle AngĂ©lique.”

 

 

 

Orlando rene jacobs archiv-CDLIRE aussi notre critique complète d’un rĂ©cent cd ORLANDO / RenĂ© Jacbos, version captivante qui rĂ©vèle entre autres aux cĂ´tĂ©s du rĂ´le titre, les personnages fĂ©minins clĂ©s : Dorinda et Angelica… https://www.classiquenews.com/cd-haendel-orlando-archiv-rene-jacobs-2013/ 

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PARIS, TCE. Lundi 13 janv 2020. Haendel : ORLANDO

RESERVEZ directement sur le site du théâtre TCE

https://www.theatrechampselysees.fr/la-saison/opera-en-concert-et-oratorio/orlando

boutonreservation

 

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Distribution ORLANDO de Haendel
Christophe Dumaux : Orlando
Kathryn Lewek : Angelica
Delphine Galou : Medoro
Nuria Rial : Dorinda
Luca Pisaroni : Zoroastro
Francesco Corti, direction
Il Pomo d’Oro
Opéra chanté en italien, surtitré en français et en anglais

SAUL par Barrie KOSKY

handel-haendel-portrait-classiquenewsParis, Châtelet, Haendel : SAUL. B KOSKY, 21-31 janv 2020. Le roi Saül accueille avec jalousie le retour de David qui vient de terrasser Goliath. Ses deux filles et son fils ne le comprennent pas et le drame se noue autour de la folie meurtrière dans laquelle Saül s’enferme. L’oratorio de Haendel est un drame biblique basé sur le livre de Samuel, composé en 1739 par Haendel au faîte de sa gloire en Angleterre : le Saxon a désormais conquis son public tout en inventant un nouveau genre, prolongement réussi de ses tentatives d’opéra italien : l’oratorio anglais. La production de Barrie Kosky, produite par le Festival de Glyndebourne en 2015, est haute en couleurs avec ses costumes étincelants se détachant d’un fond noir et d’un sol recouvert de terre. A la tête de la Komische Oper de Berlin dont il est le directeur général, Barrie Kosky revisite les œuvres du répertoire de manière véritablement novatrice avec audace et intelligence. Sa « mise en scène libre, inventive renouvelle la perception du drame haendélien. A voir de toute évidence.

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PARIS, Théâtre du Châteletboutonreservation
Grande Salle
Les 21, 23, 25, 27, 29 et 31 janv 2020

https://www.chatelet.com/programmation/saison-19-20/saul/

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SaĂĽl / Apparition Samuel : Christopher Purves
Merab : Karina Gauvin
Michal : Anna Devin
Jonathan : Benjamin Hulette
David : Christopher Ainslie
Le Grand Prêtre / Doeg / Abner / un amalécite : Stuart Jackson
La sorcière d’Endor : John Graham Hall
Danseurs… Robin Gladwin, Ellyn Hebron, Merry Holden, Edd Mitton, Yasset Roldan, Gareth Mole
Chœur du Châtelet
Les Talens lyriques
Laurence Cummings, direction

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CD événement, critique. HAENDEL : MESSIAH, Le Messie – Jordi Savall (2 cd ALIA VOX, déc 2017)

critique-582-haendel-savall-le-messie-messiah-oratorio-hwv-56-savall-chapelle-royale-de-versailles-critique-review-critique-cd-opera-concert-classiquenews-alia-vox-dec-2019CD Ă©vĂ©nement, critique. HAENDEL : MESSIAH, Le Messie – Jordi Savall (2 cd ALIA VOX, dĂ©c 2017) – enregistrĂ©e sous la voĂ»te de la chapelle royale de Versailles, cette lecture du Messie de Haendel, chef d’œuvre incontestable du Saxon baroque dans le genre de l’oratorio anglais (1742), ravira les plus exigeants. Arguments de poids de cette production sous la direction du catalan Jordi Savall, parmi les solistes, le très subtil soprano de l’écossaise Rachel Redmond (habituĂ©e des Arts Flo et laurĂ©ate du Jardin des Voix), mais aussi le formidable baryton Matthias Winckhler, nuancĂ©, Ă©lĂ©gant, souple et naturel… sans omettre le geste choral palpitant des chanteurs de la Capella Reial de Catalunya. Le Concert des Nations et son « concertino » Manfredo Kraemer assurent le relief et le souffle d’une partition irrĂ©sistible dans ses Ă©vocations naturalistes et spirituels.
La partition tel un miracle inespéré, lumineux surgit après l’année noire 1737 quand le théâtre d’opéra qu’il avait fondé fait faillite, que surmené, et trop productif, il est foudroyé par une paralysie (du bras droit, en avril), que meurt le 20 nov, sa seule protectrice la plus fervente et amicale, la Reine Caroline (épouse de Georges II), honorée dans le sublime Funeral Anthem. Pourtant Haendel au fond du gouffre ressuscite. De ce traumatisme intime naît un nouveau genre l’oratorio anglais dont il fait un écrin spirituel d’une exceptionnelle intensité. La renaissance de Haendel passe ainsi : après une cure de vapeur à Aix la Chapelle, on le pensait fini, il enchaîne ressuscité, une nouvelle carrière qui le mène directement vers la gloire. Le Messie / The Messiah raconte cela surtout : la sublimation et le salut d’une âme donnée pour perdue. Dont la partition du Messie exprime l’inflexible espoir, l’inaltérable foi en Dieu. Les textes des trois parties sont invitation à la méditation, dans la confrontation de ce qu’a réalisé le Christ.

Ă  Versailles,
Majesté et méditation du Messie
par Jordi Savall

A Versailles, Jordi Savall offre une lecture pleine de panache et de ferveur, selon l’expérience personnelle de Haendel à l’époque de la composition de la partition du Messie. Le chef catalan en construit l’architecture méditative, telle la confession sincère d’un homme miraculé qui rend grâce et remercie dans la joie.  Jordi Savall souligne la profondeur des textes qui citent et évoquent la grandeur morale du Christ sans le portraiturer directement mais l’exposent continument comme source d’admiration. Le chœur participe intensément à la suggestion et les solistes soulignent la nécessité de méditer cet exemple de vertu inlfexible et de volonté tragique.

Passons sur les petites faiblesses de cette lecture globalement superlative (en réalité qui concernent 2 solistes éreintés). Le ténor Nicholas Mulroy plafonne ; voix fatigué et trop lisse, il n’empêche pas son medium d’être voilé, ce qui l’écarte d’une réelle brillance du timbre (en particulier dans la seconde partie où le ténor est le plus sollicité ; ses airs manifestent l’autorité belliqueuse divine ; le timbre est sans aucun éclat ; dommage). Même triste constat pour un Damien Guillon en déça de ce que nous connaissons : voix faible et intensité comme justesse en fragilité. C’était pour le chanteur français, un soir sans âme ni éclat.

Par contre le choeur final de la partie centrale (II) « Allelujah » confirme l’excellente tenue des choristes ; aussi racés, exaltés, dramatiques mais sans épaisseur, détaillés, articulés que les chanteurs des Arts Flo : c’est dire. Dans cette conclusion de la seconde partie,- la plus virtuose et éclatante, à la fois majestueuse et volontaire de Haendel (rappelant Zadok), le collectif choral se montre nerveux ; il confirme l’excellente préparation de la Cappela Real de Catalunya et une évidente intelligence haendélienne. Associé à l’orchestre et aux autres solistes, le chœur ainsi convaincant, demeure le pilier de cette lecture sur le vif. La vivacité de chaque pupitre renforce la clarté de la polyphonie (fugue finale), ainsi que le geste dramatique de chaque section chorale. Voici un chant habité, incarné : celui des fervents illuminés à la fin, et auparavant chœur des anges, des brebis égarées, chœur de haine, de violence, selon l’exhortation des solistes et les épisodes bibliques qu’ils évoquent ; la justesse expressive des choristes est indiscutable ; elle réussit à déployer le souffle spirituel et l’ardente aspiration dans l’espérance.  Le choeur, la soprano, la basse associé au geste impétueux, éclatant mais nuancé de l’orchestre réalisent un sans faute.

La prĂ©sence rayonnante, son angĂ©lisme pour le coup lui aussi, lumineux et sĂ»r de Rachel Redmond, son Ă©mission naturelle, sa couleur tendre et dĂ©terminĂ©e, reste le second pilier de cette lecture ; son air de ferveur apaisĂ© et accomplie, (d’après Job), « I know that my Redeemer… » qui ouvre les lumières de la Partie III – Ă©voquant surtout la RĂ©surrection, atteste de cette certitude de Haendel, ce miraculĂ© terrassĂ©, Ă  jamais confirmĂ©. La succession de ces deux sĂ©quences – chĹ“ur exultant, soprano en lĂ©vitation-, demeure très convaincant.
MĂŞme tenue exemplaire, autant dramatique qu’inspirĂ©e, du baryton Matthias Winckhler qui affirme tout autant une suretĂ© naturelle, ronde et magnifiquement timbrĂ©e – expression du fervent touchĂ© par la grâce qu’il reçoit peu Ă  peu (son dernier air solo avec trompette « the trumpet shall sound » rayonne littĂ©ralement, Ă  la fois sobre, flexible, libre).
CLIC_macaron_2014D’ailleurs, toute la troisième partie, confirmation du miracle de la RĂ©surrection et de la dĂ©faite de la mort – grâce aux airs pour soprano, pour basse (avec trompette) et dans le duo tĂ©nor / alto, exprime la profondeur et l’activitĂ© de la mĂ©ditation Ă  laquelle Haendel nous invite : il a vu comme une rĂ©vĂ©lation, – après sa guĂ©rison miraculeuse, Dieu dans le ciel dans une vision spectaculaire et Ă©blouissante ; ce tĂ©moigne nous est offert Ă  travers la musique, vivante, fragile, vibrante sous la direction très fraternelle de Jordi Savall. Magnifique lecture qui mĂ©rite bien cet enregistrement mĂ©morable. CLIC de CLASSIQUENEWS de dĂ©cembre 2019.

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CD événement, critique. HAENDEL : MESSIAH, Le Messie – Redmond, Winckhler, Capella Real de Catalunya… Jordi Savall (2 cd ALIA VOX, Versailles déc 2017)  -   CLIC de CLASSIQUENEWS de décembre 2019.

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Approfondir 

visiter le site du baryton mozartien / haendélien :
https://www.matthiaswinckhler.de/en/oper

celui de la soprano Rachel Redmond
http://rachelredmondsoprano.com/fr/accueil/

voir Rachel Redmond dans le Messie de Haendel,
autre production 2015  -  Le Concert d’Anvers
/ Bart Van Reyn
https://www.youtube.com/watch?time_continue=834&v=xSWreIkLM3E&feature=emb_logo

CD Ă©vĂ©nement, annonce. HAENDEL : MESSIAH, Le Messie – Jordi Savall (2 cd ALIA VOX, dĂ©c 2017)

critique-582-haendel-savall-le-messie-messiah-oratorio-hwv-56-savall-chapelle-royale-de-versailles-critique-review-critique-cd-opera-concert-classiquenews-alia-vox-dec-2019CD Ă©vĂ©nement, annonce. HAENDEL : MESSIAH, Le Messie – Jordi Savall (2 cd ALIA VOX, dĂ©c 2017) - enregistrĂ©e sous la voĂ»te de la chapelle royale de Versailles, cette lecture du Messie de Haendel, chef d’œuvre incontestable du Saxon baroque dans le genre de l’oratorio anglais (1742), ravira les plus exigeants. Arguments de poids de cette production sous la direction du catalan Jordi Savall, parmi les solistes, le très subtil soprano de l’écossaise Rachel Redmond (habituĂ©e des Arts Flo et laurĂ©ate du Jardin des Voix), mais aussi Damien Guillon ou encore Matthias Winckhler… sans omettre le test choral palpitant de la Capella Reial de Catalunya. Le Concert des Nations et son « concertino » Manfredo Kraemer assure le relief et le souffle d’une partition irrĂ©sistible dans ses Ă©vocations naturelles ou mystiques.
La partition telle un miracle inespéré, lumineux surgit après l’année noire 1737 quand le théâtre d’opéra qu’il avait fondé fait faillite, que surmené, et trop productif, il est foudroyé par une paralysie (du bras droit, en avril), que meurt le 20 nov, sa seule protectrice la plus fervente et amicale, la Reine Caroline (épouse de Georges II), honorée dans le sublime Funeral Anthem. De ce traumatisme intime naît un nouveau genre l’oratorio anglais dont il fait un écrin spirituel d’une exceptionnelle intensité. La renaissance de Haendel passe ainsi : après une cure de vapeur à Aix la Chapelle, on le pensait fini, il enchaîne ressuscité, une nouvelle carrière qui le mène directement vers la gloire. Le Messie / The Messiah raconte cela surtout : la sublimation et le salut d’une âme donnée pour perdue.
CLIC D'OR macaron 200A Versailles, Jordi Savall offre une lecture pleine de panache et de ferveur, selon l’expérience personnelle de Haendel à l’époque de la composition de la partition du Messie, comme la confession sincère d’un homme miraculé qui rend grâce et remercie dans la joie. Grande critique à venir dans la mag cd dvd livre de classiquenews. CLIC de CLASSIQUENEWS de décembre 2019.

 

 

 

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CD Ă©vĂ©nement, annonce. HAENDEL : MESSIAH, Le Messie – Jordi Savall (2 cd ALIA VOX, dĂ©c 2017)  -   CLIC de CLASSIQUENEWS de dĂ©cembre 2019.

CD événement, annonce. JAKUB JOZEF ORLINSKI : FACE D’AMORE (1 cd ERATO)

Facce-d-Amore jakub jozef orlinski il pomo d oro cd reviex critique cd opera concert annonce classiquenews cd baroque chant baroque critique classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, annonce. JAKUB JOZEF ORLINSKI : FACE D’AMORE (1 cd ERATO) – Un an après son premier album en solo, dĂ©diĂ© Ă  une collection de pièces lyriques exclusivement sacrĂ©es (Anima Sacra), le contretĂ©nor polonais Jakub Jozef Orlinski nous revient avec Facce d’Amore, recueil de pièces lyriques uniquement profanes cette fois, autant de facettes de l’amour : languissant (chez les compositeurs du XVII), plus dĂ©monstratif et rĂ©voltĂ© au XVIIIè oĂą rayonne l’écriture juste et efficace, directe de Haendel. Le soliste et le chef ajoute plusieurs « premières mondiales «  qui rĂ©vèlent des tempĂ©raments inouis dont celui entre autres d’un certain Giovanni Antonio Boretti ; sont ainsi rĂ©alisĂ©s deux superbes extraits de ses opĂ©ras Eliogabalo et Claudio Cesare. Puissance langoureuse, relief du texte, suavitĂ© bondissante du continuo attestent d’un auteur injustement mĂ©connu. Sur les traces de la Bartoli qui avait su ressuscitĂ© les opĂ©ras de Vivaldi en son heure, le dĂ©fricheur Orlinski semble douĂ© de la mĂŞme juste intuition exhumatrice. Par ses aspĂ©ritĂ©s expressives, une ligne de chant toujours investie et très incarnĂ©e ayant le souci du texte, le programme ainsi dĂ©fendu mĂ©rite le meilleur accueil. CD Ă©vĂ©nement. Prochaine grande critique Ă  venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews de dĂ©cembre 2019.

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CD Ă©vĂ©nement, annonce. JAKUB JOZEF ORLINSKI : FACE D’AMORE (1 cd ERATO) – Jakub Jozef Orlinski, contre tĂ©nor – Il Pomo d’Oro / Maxim Emelyanychev

GLORY : Haendel majestueux, royal par Le Palais Royal

handel-haendel-portrait-classiquenewsSEINE MUSICALE, le 30 nov, 20h30. GLORY, Le Palais Royal. Voici un Haendel officiel, serviteur du prestige monarchique de la Cour de Georges II ; Ă  la fois virtuose, festif et brillant. Jean-Philippe Sarcos et son orchestre sur instruments d’époque, après avoir fait paraĂ®tre un album discographique plein de nerf et d’énergie (cd ” le temps des hĂ©ros “, Mozart et Beethoven, album Ă©lu “CLIC de CLASSIQUENEWS“), interrogent la facilitĂ© de Haendel pour la veine cĂ©lĂ©brative voire solennelle : les 4 Coronation Anthems et le Te Deum de Dettingen, HWV 283, partitions majestueuses et sacrĂ©es, sollicitent un choeur expĂ©rimentĂ©, des solistes de premier plan et un orchestre contrastĂ© oĂą perce le chant cĂ©rĂ©moniel des trompettes, timbales… autant de signes d’une activitĂ© glorieuse. Au sein des Coronation Anthems, liĂ©s dĂ©finitivement au prestige de la monarchie britannique, rayonne le sublime Zadok the Priest, créé en 1727, pour le couronnement de Georges II et de la reine Caroline ; Zadok, claire rĂ©fĂ©rence au sacre du Roi Salomon, est chantĂ© depuis lors pour chaque couronnement Ă  Westminster Abbey, dont le couronnement de la reine Elisabeth II. A la crĂ©ation les Anthems Ă©taient composĂ©s pour 200 musiciens dans la vaste Abbaye de Westminster, avec l’Ă©clat spĂ©cifique des instruments choisis : 2 hautbois, 2 bassons, 3 trompettes…
Le Te Deum de Dettingen, composé en 1743, un an après la création triomphale de son oratorio anglais Le Messie (1742), reste l’ultime partition cérémonielle de Haendel. Salué comme le compositeur le plus méritant d’Angleterre, attaché à la pompe et au décorum de la Cour anglaise, Haendel, le plus britannique des saxons, fusionne virtuosité italienne et profondeur digne de son prédécesseur Purcell. L’écriture pour le chœur manifeste ce goût particulier du compositeur pour la grandeur et pour la profondeur : une équation délicate que peu d’interprètes arrivent à exprimer…
Bien que peu enclin à la guerre comme à l’encouragement des troupes, Georges II, sexagénaire, (portrait ci dessous) sur le champ de bataille se révèle d’une ardeur inespérée et triomphante : à Dettingen, alors contre les français, le cheval du souverain s’emballe, devient incontrôlable et galope face à l’ennemi ; les soldats anglais découvrant le courage imprévu de leur roi, le suivent avec ardeur et remporte la victoire.

 

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RESERVEZ VOTRE PLACE pour ce concert BAROQUE Ă  la Seine Musicale :boutonreservation
Samedi 30 nov 2019, 20h30
Auditorium de la Seine Musicale

 

 

 

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PROGRAMME

 

 

Georg Friedrich Haendel (1685-1759)

Coronation Anthems :
– Zadok the Priest, HWV 258 (5′)
– Let thy hand be strengthened, HWV 259 (10′)
– The King shall rejoice, HWV 260 (10′)
– My heart is inditing, HWV 261 (10′)

Te Deum de Dettingen, HWV 283 (40′)

 

 

 

DISTRIBUTION
Carlo Vistoli, contre-ténor
Mathias Vidal, ténor
Aimery Lefèvre, basse
Le Palais royal, chœur et orchestre sur instruments d’époque
26 instrumentistes, 29 chanteurs.
Direction musicale : Jean-Philippe Sarcos
Durée : 1h15

 

 

 

En LIRE PLUS sur le site du Palais Royal / Jean-Philippe Sarcos :

 

 

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COMPTE-RENDU, critique, oratorio. VERSAILLES, Chapelle royale, le 24 nov 2019. HAENDEL : La Resurrezione. Les nouveaux Caractères, Sébastien d’Hérin.

handel-haendel-portrait-classiquenewsCOMPTE-RENDU, critique, oratorio. VERSAILLES, Chapelle royale, le 24 nov 2019. HAENDEL : La Resurrezione. Les nouveaux Caractères, SĂ©bastien d’HĂ©rin. Les Nouveaux Caractères sous la direction de leur chef fondateur SĂ©bastien d’HĂ©rin donnent cet après midi la première de leur lecture d’un oratorio flamboyant mais dramatiquement saisissant : La Resurrezione de Haendel (1708), alors que le Saxon encore jeune achève son tour d’Italie, dĂ©couvrant Ă  Rome (1706 – 1710), et le genre de l’oratorio et l’expressivitĂ© virtuose de la ferveur italienne.
Il en découle un drame sacré d’une étonnante puissance, lié certes à la musique, mais aussi au texte d’un lettré romain, particulièrement inspiré par le sujet du mystère et du miracle de la Résurrection ; chaque témoins du Miracle exprimant sa sidération et sa compassion admirable à mesure que le Diable se réjouit au contraire de la mort du Sauveur dont il doute de la nature divine et salvatrice.
Haendel reprend ici la tradition des oratorios du XVIIè, des Sepolcri, de tous les oratorios qui organisent l’expansion du drame musical à partir des personnages clés que sont la Vierge, Marie-Madeleine, Jean… chacun de leur air cristallise l’émotion ressentie et l’intensité de leur foi revivifiée.
Sébastien d’Hérin réactive à son tour la puissance dramatique de la partition, dans l’énergie et d’indiscutables rebonds dramatiques, se rappelant très probablement les plus de 40 musiciens (jusqu’à 47 !) qui sous la direction de Corelli assurèrent la création du drame allégorique au Palais Bonelli (propriété du commanditaire le Prince Francesco Maria Ruspoli).

Versailles réussit un coup de maître
en associant au décor de la Chapelle royale,
l’oratorio romain La Resurrezione de Haendel
superbement dĂ©fendu par SĂ©bastien d’HĂ©rin et ses Nouveaux Caractères…

Haendel joue avec un instrumentarium minutieusement choisi (comme JS BACH dans ses Passions) et SĂ©bastien d’HĂ©rin dĂ©montre une rĂ©elle sensibilitĂ© pour les timbres, veillant Ă  la tenue des trompettes, hautbois, thĂ©orbe, viole de gambe, sans omettre le concert de flĂ»tes (Marie Madeleine ; ou la flĂ»te solo pour Jean) qui marquent de façon spĂ©cifique, le caractère de chaque intervention magnifiquement incarnĂ©e. D’autant que le choix des solistes accrĂ©dite la valeur de l’approche, dĂ©sormais emblĂ©matique du travail de SĂ©bastien d’HĂ©rin, dans la caractĂ©risation des personnages sacrĂ©s, dans l’explicitation graduelle et argumentĂ©e du drame, l’un des plus aboutis, des plus riches mĂ©lodiquement, et des mieux conçus par son architecture dramatique. On y relève par exemple le final de la première partie qui deviendra cette fameuse bourrĂ©e de la Water Music ; de mĂŞme que la conception impressionnantes des Ă©vocations confiĂ©es en particulier aux cordes, au souffle Ă©pique (entre autres, air pour Jean : “Cosi la tortorella” qui oppose la certitude ailĂ©e de la colombe aux plongeons tĂ©nĂ©breux du faucon prĂŞt Ă  la chasser et fondre sur elle…), annonçant les grands oratorios de la maturitĂ©, ceux anglais de la dĂ©cennie 1740 (auxquels appartient Le Messie). SĂ©bastien d’HĂ©rin n’omet ni les vertiges d’une foi Ă©clatante, ni la sincĂ©ritĂ© de chaque protagoniste dont sobre et percutant, le soprano direct de Caroline Mutel (Marie-Madeleine), comme l’aplomb textuel de la basse FrĂ©dĂ©ric Caton (Lucifer). En Delphine Galou que nous avions il y a quelques annĂ©es dĂ©couverte dans le Viol de Lucrèce de Britten Ă  Nantes, Marie-Cleophas gagne un relief Ă©vident, une prĂ©sence indĂ©niable grâce Ă  sa persuasion mĂ©lismatique et son sens du texte. Les nouveaux Caractères n’en sont pas Ă  leur premier concert dans le château de Louis XIV : ils y ont ressuscitĂ© Le Devin du village de Rousseau, ou L’Europe Galante de Campra… avec ce mĂŞme souci de prĂ©cision et de vraisemblance expressive.

 

 

 

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Les auditeurs de la Chapelle royale de Versailles savent l’acoustique si particulière du lieu historique. Le jour de Pâques 1708, c’est la diva Durastanti qui chantait Madeleine tandis que deux castrats réalisaient les deux parties de soprano. A Versailles, sous la voûte peinte et son sujet du Christ ressuscité (par le néovénitien et grand coloriste La Fosse), la musique de Haendel a su émouvoir et toucher l’audience en une expérience unique qui se produit comme rarement quand le geste musical, le thème du drame, collent idéalement à l’écrin patrimonial qui les accueille (La Fosse peint sa Résurrection à la même époque que Haendel soit de 1708 à 1710 : magistrale convergence !). Superbe production qui atteste de la grande maturité artistique de l’ensemble fondé par Sébastien d’Hérin : Les Nouveaux Caractères. A suivre.

 

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COMPTE-RENDU, critique, oratorio. VERSAILLES, Chapelle royale, le 24 nov 2019. HAENDEL : La Resurrezione. Les nouveaux Caractères, Sébastien d’Hérin.

Jeanine De Bique, soprano (l’Ange)
Caroline Mutel, soprano (Marie-Madeleine)
Delphine Galou, contralto (Marie-Cleophas)
Hugo Hymas, ténor (Jean)
Frédéric Caton, basse (Lucifer)

Les Nouveaux Caractères
Sébastien d’Hérin, direction musicale

 

 

 

 

Les Nouveaux Caractères, SĂ©bastien d’HĂ©rin Ă  VERSAILLES :

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rousseau cd dvd critique nouveaux caracteres herin critique cd versailles spectacles sur classiquenewsCD, critique. ROUSSEAU : Le devin du village (Château de Versailles Spectacles, Les Nouveaux Caractères, juil 2017, cd / dvd). “Charmant”, “ravissant”… Les qualificatifs pleuvent pour évaluer l’opéra de JJ Rousseau lors de sa création devant le Roi (Louis XV et sa favorite La Pompadour qui en était la directrice des plaisirs) à Fontainebleau, le 18 oct 1752. Le souverain se met à fredonner lui-même la première chanson de Colette, … démunie, trahie, solitaire, pleurant d’être abandonnée par son fiancé… Colin (« J’ai perdu mon serviteur, j’ai perdu tout mon bonheur »). Genevois né en 1712, Rousseau, aidé du chanteur vedette Jelyotte (grand interprète de Rameau dont il a créé entre autres Platée), et de Francœur, signe au début de sa quarantaine, ainsi une partition légère, évidemment d’esprit italien, dont le sujet emprunté à la réalité amoureuse des bergers contemporains, contraste nettement avec les effets grandiloquents ou plus spectaculaire du genre noble par excellence, la tragédie en musique.

campra europe galante cd herin les nouveaux caracteres cd critique review cd la critique cd par classiquenewsCD, critique. CAMPRA : L’EUROPE GALANTE, 1697 (Nouveaux Caractères, Hérin, nov 2017 – 2 cd CVS Château Versailles Spectacles). Campra dut-il décamper ? Le 24 oc 1697, le compositeur employé de l’Archevèque de Paris, n’avait pas souhaité voir mentionné son nom sur les affiches et le livret car son patron n’aurait pas vu d’un bon œil la conception d’un ouvrage à la sensualité et aux références érotiques scandaleuses… Dans les faits, Campra revendiquera officiellement la paternité de l’Europe Galante, puis du Carnaval de Venise de 1699, après s’être libéré de ses engagements d’avec l’Archevêché de Paris en octobre 1700. Le Ballet selon la terminologie du XVIIè (et non pas « opéra-ballet » comme il est dit aujourd’hui par les musicologues), séduit immédiatement par la sensualité séduisante de son écriture, la fine caractérisation des actes selon le lieu concerné et le style « ethnographique » évoqué.

 

 

 

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Le Messie de HAENDEL au Québec

messie-haendel-festival-classica-marc-boucher-baryton-noel-2019-annonce-concert-evenemnt-classiquenewsFESTIVAL CLASSICA. QUEBEC, HAENDEL : LE MESSIE : 3 – 8 dĂ©c 2019. CĂ©lĂ©brer la magie de NoĂ«l avec l’oratorio le plus saisissant de Georg Friedrich Haendel. VoilĂ  une invitation qui ne se refuse pas. A la fois dramatique comme un opĂ©ra, Le Messie est une partition de maturitĂ©, emblĂ©matique de Haendel dans le genre de l’oratorio anglais et qui a le souci d’une vĂ©ritable intention spirituelle, permettant de mĂ©diter sur les thèmes de la Passion, de la RĂ©surrection…

Premier acteur de la vie musicale classique au QuĂ©bec, le Festival Classica s’associe Ă   L’Harmonie des saisons pour une nouvelle lecture du Messie de Haendel du 3 au 8 dĂ©cembre 2019, soit 6 concerts en tournĂ©e, en MontĂ©rĂ©gie ; poursuivant ainsi une nouvelle aventure automnale amorcĂ©e en 2017 ; les musiciens chanteurs et instrumentistes se retrouvent dans cette mĂŞme Ĺ“uvre phare du temps des fĂŞtes jouĂ©e sur instruments d’époque. Le chef Eric Milnes dirige les musiciens et chanteurs directement du clavecin, comme le fit Haendel Ă  son Ă©poque.

Mélisande Corriveau
Direction artistique

Magali Simard-Galdès
Soliste, soprano

Florence Bourget
Soliste, mezzo-soprano

Emmanuel Hasler
Soliste, ténor

Marc Boucher
Soliste, baryton

SAINT-LAMBERT
Mardi 3 décembre 2019, 19 h 30
Paroisse catholique de Saint-Lambert
RESERVEZ ici
https://app.beavertix.com/fr/billetterie/achat-de-billet/1034/4878

GRANBY
Mercredi 4 décembre 2019, 19 h 30
Église Sainte-Famille
https://app.beavertix.com/fr/billetterie/achat-de-billet/1034/4874

VAUDREUIL-DORION
Jeudi 5 décembre 2019, 19 h 30
Église Saint-Michel
https://www.trestler.qc.ca/content/concert-bénéfice-de-noël#top-menu

SAINT-BENOĂŽT-DU-LAC
Samedi 7 décembre 2019, 14 h
Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac
https://app.beavertix.com/fr/billetterie/achat-de-billet/1034/4872

REPENTIGNY
Dimanche 8 décembre 2019, 15 h
Église de la Purification
https://hector-charland.com/programmation/le-messie-de-haendel/

BOUCHERVILLE
Dimanche 8 décembre, 19 h 30
Église Sainte-Famille
https://app.beavertix.com/fr/billetterie/achat-de-billet/1034/4871

 

 

Pour toute information
Le Messie de Haendel, Saint-Lambert
nhoude@festivalclassica.com
(450) 912-0868

 

DUBLIN, 1742…

handel haendel portrait vignette dossier handel haendel 2016 496px-George_Frideric_Handel_by_Balthasar_DennerIncontestablement, l’oratorio en anglais Le Messie (1742) marque le triomphe des efforts de Georg Friedrich Handel (1685-1759) dans le genre de l’opéra sacré. Certes pas de mise en scène, mais le souffle dramatique des chœurs, le raffinement de l’orchestre et surtout la beauté mélodique des airs, solos et duos, incarnent un âge d’or lyrique en langue anglaise, qui tout en prolongeant le travail du compositeur saxon à Londres après ses tentatives (malheureuses) pour perpétuer l’opéra seria italien, parvient à créer de toute pièce, un nouveau genre en Angleterre, l’oratorio anglais. Depuis Trevor Pinnock en 1988, il n’y a guère d’interprètes aujourd’hui qui réussise cette alliance rare de l’intelligibilité, de la subtilité et de la nervosité expressive, tout en restituant aussi cette élégance du geste et de l’intonation qui fonde la singularité du style haendélien. Après La Resurrezzione (1708), Esther (1720), Deborah (1733), Athalia (1733), saul (1739), Israel en Egypte (1739), Le Messie est avant Londres un triomphe irlandais…

DUBLIN, 1742. LONDRES, 1750… Le Messie évoque le succès de Haendel, hors de Londres, en particulier à Dublin, répondant à l’invitation du Lord Lieutenant d’Irlande : créé en avril 1742, Le Messie suscite un triomphe immense (près de 700 spectateurs dès sa création). A Londres, les spectateurs furent plus réservés, hostiles mêmes, choqués d’écouter des textes sacrés au théâtre.
Il fallut attendre 1750 pour que Le Messie s’impose à Londres quand Handel, reprenant la vocation altruiste de ses concerts, imagina de le donner au Foundling Hospital au profit des nécessiteux de Londres. Enrichie de hautbois et de bassons, la partition devait connaître une faveur croissante au point d’être jouée devant une salle comble, chaque année.

Prémices, Passion, Résurrection… Dans la première partie, les Prophètes annoncent l’arrivée du Messie, figure du sauveur, lumière du monde en une succession d’airs, hymnes, prières d’une joie éperdue… tandis que le choeur, plus inspiré et mystique que précédemment, en exprimant son omnipotence, glorifie Dieu.

La seconde partie s’interroge sur le sens de la Passion ; puis la troisième et courte dernière partie, se concentre surtout sur le sens de la Résurrection. Elégantissime, inspiré, plein d’espoir et de tendresse lumineuse, Haendel à la différence des Passions de Bach, plus âpre (Saint-Jean) ou fraternel et déploratif (Saint-Matthieu) explore une ferveur des plus étincelantes où les promesses du pardon envoûtent l’auditeur à force de nobles et très humaines prières. Architecte inspiré, il sait ciseler la délicate modénature entre choeurs méditatifs, airs solos, parure orchestrale de plus en plus raffinée et inspirée. Avec Haendel, l’oratorio anglais devient poésie musicale.

LIRE aussi notre dossier spécial les oratorios de Haendel:
http://www.classiquenews.com/hanendel-handel-les-oratorios/

Compte-rendu critique. Opéra. INNSBRUCK, HAENDEL, Ottone, 22 août 2019. Orchestre Accademia La Chimera, Fabrizio Ventura.

Compte-rendu critique. Opéra. INNSBRUCK, HAENDEL, Ottone, 22 août 2019. Orchestre Accademia La Chimera, Fabrizio Ventura. Après trois productions « jeune » d’un très haut niveau, cette nouvelle production d’Ottone déçoit un peu sur le plan scénique, mais révèle une belle galerie de chanteurs très prometteurs. En raison du mauvais temps… qui finalement était plutôt beau, le concert a dû se replier dans la nouvelle salle de la Hausmusik, à l’acoustique un peu sèche. Comme souvent, dans ces productions destinées aux lauréats du Concours Cesti, la mise en scène vise à l’efficacité et à la concentration dramatique avec une grande économie de moyens. Dans cet opéra superbe de Haendel, le premier composé pour le King’s Theater, saturé de considérations politiques, la lecture de l’actrice et metteuse en scène de théâtre Anna Magdalena Fitzi, est allée à l’essentiel, en gommant notamment les références au contexte politique (la conquête de l’Italie par un souverain allemand) ; exit ainsi les scènes spectaculaires et pittoresques de la bataille du premier acte, dans les jardins nocturnes au bord du Tibre, dans la prison, au second acte, ou la scène de la tempête du 3e.

 

 

Ottone en demi-teintes

 

 

Ottone 3152Les décors et les costumes sobres et élégants de Bettina Munzer renvoient davantage à un huis-clos presque abstrait et atemporel, une sorte d’hôtel lorgnant davantage vers un sommet de dirigeants du G7 que d’une confrontation entre souverains du Bas-Empire. À cela s’ajoutent trois figurants, un barman et deux policiers gardes du corps, qui accompagnent de leurs déplacements le déroulement plein de péripéties de l’intrigue. Sur scène, une simple bâtisse blanche à trois étages, dont le niveau inférieur est constitué d’arcades permettant d’entrevoir la circulation des personnages à l’arrière-plan de la scène ; quelques fauteuils sur le côté, une table au centre où le repas est servi, et l’arrivée des protagonistes avec leurs bagages, achèvent de planter le décor. Cette transposition efficace mais guère originale, aurait pu davantage fonctionner si la partition n’avait pas été autant amputée dans ses récitatifs, qui seuls, dans le dramma per musica des 17e et 18e siècles, permettent à l’action d’avancer. On perd ainsi en clarté et lisibilité ce qu’on gagne en concentration musicale, mais la cohérence de la dramaturgie s’en ressent.
Heureusement, sur scène, la distribution, extrêmement homogène, compense largement ces défauts de mécanique théâtrale. Dans le rôle-titre, la mezzo Marie Seidler incarne à merveille le souverain allemand, tiraillé entre l’optimisme de sa récente victoire militaire et l’incapacité manifeste à maîtriser ses affects. Voix sonore, d’une belle amplitude, à l’élocution irréprochable, la chanteuse allemande campe un souverain tour à tour langoureux (« Ritorna, o dolce amore ») et dépité (« Dopo l’orrore »), épris d’une Teofane qui ne le connaît qu’à travers un portrait. La princesse impériale, véritable moteur de l’intrigue, a les traits de la soprano française Mariamelle Lamagat, 3e prix au Concours Cesti 2018. Nous avions assisté à ce concours et sa prestation ne nous avait pas pleinement convaincu, malgré une voix solidement charpentée, mais qui privilégiait davantage la performance vocale que la clarté de l’élocution, défaut perceptible à nouveau dans cette production. En revanche, la jeune mezzo Valentina Stadler, en Gismonda, veuve du tyran Berengario, impressionne par sa puissance vocale et son autorité qu’elle manifeste dès son air d’entrée (« La speranza è giunta in porto »). En Matilda, sans doute le personnage le plus touchant de l’opéra, l’autre mezzo, bolivienne, Angelica Monje Torrez, est encore plus convaincante, par la chaleur et le moelleux de son timbre, et les multiples nuances qu’elle apporte dans le phrasé, tant dans la déclamation des récitatifs que dans les termes pathétiquement chargés des arias (« Diresti poi così » au premier acte, en est un exemple éloquent). Les deux autres voix masculines n’appellent que des éloges, aussi bien le contre-ténor espagnol Alberto Moguélez Rouco, voix fine et acidulée, mais non sans un abattage certain qui sied bien au personnage falot d’Adelberto (son chant émerveille dans les airs élégiaques : « Bel labbro » ou de colère : « Tu puoi straziarmi »), que la magnifique basse allemande Yannick Debus, corsaire qui ne révèlera qu’in fine son identité royale. Ses graves caverneux (« Al minacciar del vento »), sa diction impeccable (« No, non temere »), et sa présence très expressive sur scène, ont été l’une des révélations de cette soirée.
Dans la fosse (qui n’en est pas une, l’orchestre se situant au même niveau que les chanteurs), Fabrizio Ventura dirige sa phalange de La Chimera – bien réduite eu égard à l’orchestre opulent du King’s Theater – avec précision et intelligence, conférant un bel équilibre entre les voix et les instrumentistes.

 

 

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Compte-rendu opĂ©ra. Innsbruck, Festwochen der Alten Musik, Georg Friedrich Haendel, Ottone, 22 aoĂ»t 2019. Marie Seidler (Ottone), Mariamielle Lamagat (Teofane), Valentina Stadler (Gismonda), Alberto MiguĂ©lez Rouco (Adelberto), Angelica Monje Torrez (Matilda), Yannick Debus (Emireno), Anna Magdalena Fitzi (mise en scène), Bettina Munzer (dĂ©cors et costumes), Accademia La Chimera, Fabrizio Ventura (direction) – Illustrations : Mariamielle Lamagat © Rupert Larl / Marie Seidler, Alberto MiguĂ©lez Rouco© Rupert Larl.

 

 

 

 

Le CONCERT DE L’HOSTEL DIEU et MAX EMANUEL CENCIC, 11 juil 2019 (Wigmore Hall, UK)

LE CONCERT DE L’HOSTEL DIEU et MAX EMANUEL CENCIC en tournĂ©e. Le 11 juil 2019 Ă  Wigmore Hall. Franck Emmanuel COMTE poursuit sa formidable odyssĂ©e baroque avec ses instrumentistes du Concert de l’HOSTEL DIEU : après avoir publier un nouveau cd dĂ©diĂ© Ă  l’Ă©mulation crĂ©ative entre Porpora et Handel Ă  Londres dans les annĂ©es 1730, chef et musiciens Ĺ“uvrent en complicitĂ© avec le contre-tĂ©nor Max Emanuel Cencic dans un rĂ©cital inĂ©dit intitulĂ© “Orlando”, claire rĂ©fĂ©rence aux vertiges sentimentaux du chevalier Roland, en proie aux tourments et brĂ»lures de l’amour jaloux et de la folie naissante…

cencic-emanuel-porpora-arias-decca-cd-presentation-and-review-cd-critique-par-classiquenewsLe Concert de l’Hostel Dieu annonce  sa première collaboration avec Max Emanuel Cencic dans un programme conçu « sur mesure » pour le contre-ténor croate : « Orlando », un portrait en trois dimensions mis en musique par Handel, Vivaldi, Porpora, soit les plus grands maîtres de l’opera seria italien, à la fois virtuose et expressionniste. Le titre rappelle le livre à la fois futuriste et fantastique de Virginia Woolf dont le héros change de sexe à travers les âges… couleur trouble qui renvoie surtout au timbre si particulier du contre-ténor qui joue souvent à revêtir travestissements et figures de l’ambivalence…  Concerts au festival de Froville et au très select Wigmore Hall à Londres.

> Pour en savoir plus cliquez ICI

http://www.concert-hosteldieu.com/diffusion/baroque-et-18eme/orlando-recital-cencic/

7 juillet 2019

Festival de Froville (54)

11 juillet 2019

Wigmore Hall (UK)

 

 

PROGRAMME & PRÉSENTATION

Extraits d’opéra d’Antonio Vivaldi (Orlando furioso), Georg Friedrich Händel (Orlando furioso, Rinaldo) et Nicola Porpora (Angelica e Medoro). Orlando furioso est considéré comme le résumé et le joyau de toute la littérature épique. L’action de ce roman de chevalerie met en scène le héros Roland qui accomplit mille exploits. Imaginé par le poète de la Renaissance Ludovico Ariosto, dit l’Arioste, Orlando furioso a été écrit dans le dialecte de Ferrare puis adapté en toscan. L’action a pour toile de fond la guerre que mène Charlemagne contre les Sarrasins.

Deux siècles plus tard, le poème épique devient le point commun et une source d’inspiration majeure des trois « géants » du style baroque : Handel, Vivaldi et Porpora. Chacun compose un opéra sur le sujet. Agencé sur mesure pour les caractéristiques vocales et le charisme de Max Emanuel Cencic, le nouveau programme du Concert de l’Hostel Dieu a pour fil conducteur le personnage d’Orlando, ses actions romanesques, sa rencontre avec la guerrière Bradamante et la magicienne Alcina, ses élans amoureux, mais aussi sa folie… Un récital brillant et expressif à la hauteur du souffle épique du poème de l’Arioste et du talent du contre-ténor. Ici la passion amoureuse vainc le héros guerrier : sur l’échiquier sentimental ce dernier perd la raison…

 

 

 

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DERNIR CD : « DUEL »

duel-concert-de-l-hostel-dieu-franck-emmanuel-comte-giuseppina-bridelli-opera-cd-evenement-critique-cd-cd-review-opera-musique-classique-news-classiquenewsL’enregistrement paru chez Arcana/Outhere et qui gagne son relief musical de la confrontation entre les écritures lyriques de Porpora et de handel à Londres dans les années 1730, bénéficie de la complicité entre le somptueux et ardent mezzo de la jeune Giuseppina Bridelli et de Franck-Emmanuel Comte, et ses instrumentistes du Concert de L’Hostel Dieu. Le cd DUEL paru en avril 2019 a reçu le CLIC de CLASSIQUENEWS. Le programme Duel poursuit sa tournée après un concert au Händel-Festpiel de Halle il est aussi à Saint-Donat le 11 août pour la clôture du Festival Bach.

https://www.youtube.com/watch?v=5RWzXj5y6Nw

Duel: Porpora and Handel in London by Giuseppina Bridelli, Le Concert de l’Hostel Dieu & F-E Comte

 

 

LIRE notre critique du cd DUEL : Porpora versus Handel par Giuseppina Bridelli et Franck-Emanuel COMTE : Le Concert de l’HOSTEL DIEU

 

 

 

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TOUTES LES INFOS, LES DATES DES CONCERTS sur le site du CONCERT DE L’HOSTEL-DIEU

 

 

CONCERT DE L'HOSTEL DIEU : saison 2018 - 2019

 

 

COMPTE-RENDU, oratorio. BEAUNE, Basilique Notre-Dame, le 6 juillet 2019. Haendel : Saül. Zasso, Watson…LG Alarcon

Les oratorios de HaendelCOMPTE-RENDU, oratorio. BEAUNE (Festival), Basilique Notre-Dame, le 6 juillet 2019. Haendel : Saül. Leonardo Garcia Alarcon… Beaune poursuit avec bonheur son cycle Haendel, ce qui nous vaut, pour cette 37ème édition, Saül, le Dixit Dominus, et Serse. 48h après Namur, le Festival nous offre ce chef d’oeuvre sous la direction de Leonardo Garcia Alarcòn. Ecrit juste après Serse, que le festival produira le 19 juillet, c’est un oratorio, certes, par la volonté du compositeur de poursuivre ses succès en passant par l’église, mais certainement plus proche de la scène qu’on ne feint généralement de reconnaître. Tel n’est pas le cas de Leonardo Garcia Alarcon, car ne manquent que les décors et un metteur en scène, tant tous sont habités par leur personnage, pour en faire un véritable opéra.

 

 

A BEAUNE, UN SAUL INCANDESCENT

Chacun connaît l’histoire de David, de sa victoire sur Goliath, de l’amour de Jonathan, de la haine de Saül, auquel il succédera. Habilement, le librettiste a ajouté une figure féminine au texte biblique, Merab, dont il fait la sœur aînée de Michal, fille de Saül, que le roi veut unir à David. A la jalousie féroce du souverain à son endroit s’ajoutent donc la relation de David à Jonathan, mais aussi les sentiments amoureux des jeunes femmes.
L’ouvrage est l’un des plus ambitieux, des plus aboutis, du compositeur. Renonçant à l’opéra italien pour l’oratorio dramatique, il fait de ce dernier un opéra biblique d’une force expressive singulière. Si l’ouverture en donne le ton, les riches et majestueux anthems qui ouvrent et ferment l’ouvrage encadrent l’action. Celle-ci culmine à la troisième scène du premier acte, lorsque Saül laisse libre cours à sa haine à l’endroit de David, rentré vainqueur. L’autre sommet se situe, symétriquement, lorsqu’il consulte la sorcière d’Endor, qui va faire apparaître Samuel, lequel révélera au roi sa destinée funeste. Le chef a choisi de ne conserver qu’un entracte, qu’il a placé judicieusement entre les deux duos que partagent David et Mikal, la seconde partie étant ouverte par une ample symphonie avec l’orgue concertant. Quelques menues coupures n’altèrent pas l’œuvre.
Dominant tout l’ouvrage, Christian Immler est Saül, qu’il vit avec une intensité singulière. Tout est là pour ce rôle périlleux, où le roi, imbu de son pouvoir, jaloux, rageur, calculateur, sombre dans une folie meurtrière : voix sonore dans tous les registres, bien timbrée, projetée à souhait. Son engagement dramatique est exemplaire. Qu’attend un producteur pour le mettre en scène ? En pleine possession de ses moyens, Lawrence Zasso incarne magistralement David. La voix est puissante, chargé de séduction, souple et expressive, y compris jusqu’à son accès de violence où il fait exécuter le messager funeste. Dès son O godlike youth, Ruby Hughes impose cette figure attachante de Michal, fraîche, aimante mais aussi résolue. Merab, son aînée est ici complexe, impressionnante d’autorité, passant de l’orgueil à la compassion, Katherine Watson, dans son répertoire d’élection comme dans sa langue, donne chair à son personnage. Samuel Boden incarne avec justesse, ardeur et conviction la figure attachante de Jonathan. Ses accompagnati, ses nombreux récits, puis son air Sin not, o King, suivi de From cities storm’d sont autant de bonheurs. Les autres rôles sont dévolus aux artistes du chœur, en tous points remarquables, de la soprano solo à laquelle est confié le premier air (An infant rais’d) au Grand-prêtre. Une mention spéciale pour la sorcière d’Endor dont le timbre si surprenant, au service d’un récit et d’une invocation stupéfiante, ne laisse aucune ambigüité à son caractère maléfique, surnaturel. Le Chœur de chambre de Namur, dont on connaît l’excellence, se joue de toutes les difficultés de la partition pour une expression qui participe de la force de ce chef d’œuvre.
L’orchestre, seul (pour six interventions dont la célèbre marche funèbre) ou partenaire des solistes et du chœur, est également remarquable par ses qualités collectives, comme celles de chacun de ses musiciens. Le Millenium Orchestra nous offre ainsi des passages concertants où les solistes (orgue, flûte, harpe, violoncelle, bassons) se situent au meilleur niveau.
Leonardo Garcia Alarcon ne fait qu’un avec ses interprètes, et l’on perçoit de façon constante cette communion qui nous vaut cette réussite incontestable. La direction est claire, expressive, précise, attentive à chacun et à tous : un modèle. Le public, enthousiaste, leur réserve un triomphe

 

 
 

 

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COMPTE-RENDU, oratorio. BEAUNE (Festival), Basilique Notre-Dame, le 6 juillet 2019. Haendel : Saül. Leonardo Garcia Alarcon – Christian Immler, Lawrence Zasso, Samuel Boden, Katherine Watson, Ruby Hugues. Illustrations : © Jean-Claude Cottier

 

 

CD événement, critique. DUEL : Porpora / Handel in London. Le Concert de l’Hostel Dieu / Giuseppina Bridelli / Franck-Emmanuel COMTE, direction (1 cd ARCANA, juin 2018)

duel-concert-de-l-hostel-dieu-franck-emmanuel-comte-giuseppina-bridelli-opera-cd-evenement-critique-cd-cd-review-opera-musique-classique-news-classiquenewsCD événement, critique. DUEL : Porpora / Handel in London. Le Concert de l’Hostel Dieu / Giuseppina Bridelli / Franck-Emmanuel COMTE, direction (1 cd ARCANA, juin 2018). Londres : 1733-1737. Les années 1730 marquent l’essor du seria italien à Londres. Au point que les spectateurs londoniens arbitrent une émulation inédite entre deux créateurs, d’un théâtre à l’autre, chacun selon ses ressources propres. Deux compositeurs, deux goûts, deux esthétiques… Porpora le napolitain, Haendel / Handel le Saxon présentent simultanément à Londres leurs ouvrages respectifs, dans un esprit défricheur et d’estime réciproque, dont témoignent leurs opéras « italiens », goûtés par l’élite et le public londoniens. La guerre n’aura pas lieu, d’ailleurs comme le rappelle les interprètes ici, elle n’eut jamais lieu.
« Stille amare », extrait du Tolomeo de Handel était très admiré de Porpora… dont les cantates opus 1 étaient bien connues et plutôt très appréciées de Haendel. Estime réciproque avérée vous disait-on. De fait, le geste de Franck-Emmanuel Comte, fondateur de son ensemble sur instruments historiques, Le Concert de l’Hostel Dieu, souligne la noblesse des écritures, surtout leur plasticité expressive et leur essence dramatique.

En choisissant la soliste Giuseppina Bridelli, la réalisation insiste aussi sur l’articulation saisissante du texte, dans ses éclaircissements vocaux propres : la jeune diva proposant même sa propre résolution des vocalises, selon le témoigne de contemporains qui au XVIIIè ont laissé des écrits sur le chant des castrats … napolitains évidemment, pour lesquels ont composé Porpora comme Handel (cf variations da capo et section B pour Scherza infida d’Ariodante de Handel : superbe révélation du programme).
En 1733, Handel qui règne sur la scène lyrique londonienne doit subir la concurrence de l’Opera of Nobility qui invite Porpora. Le Prince de Galles Frederick souhaite mettre à l’affiche les plus grands chanteurs d’alors Francesca Cuzzoni, Senesino, Antonio Montagnana, et bien sûr Farinelli, dans des pièces composées directement par les Italiens, surtout Napolitains… d’où Porpora. Dès lors une rivalité, souvent exacerbée par les medias de l’époque, s’impose aux deux compositeurs ; Handel allant même jusqu’à démontrer son ouverture stylistique en intégrant des ballets français, avec le concours de la ballerine vedette Marie Sallé (cf les ballets ici joués de l’acte II d’Ariodante).
PORPORA HANDEL concert hostel dieu bridelli opera italien classiquenewsDramatique et d’une étonnante sensibilité orchestrale, Handel varie ses effets comme dans Alcina (Sta nell’ircana pietrosa tana) où Ruggiero en chasseur hésitant (alors chanté par Carestini) brille par sa virtuosité technique, une flexibilité vocale dont Giuseppina Bridelli transmet le feu et l’énergie expressive. Assurent alors pour sa performance incarnée, habitée, les instrumentistes du Concert de l’Hostel Dieu. C’est pour le chef et l’orchestre un retour éloquent aux sources de l’opéra baroque, une manière de revisiter ce qu’ils connaissaient déjà, et qu’ils réinvestissent avec feu et vérité.

 
 
 

LONDRES, 1733…
Handel / Porpora : essor du verbe incarné
Giuseppina Bridelli et Le Concert de l’HOSTEL DIEU

 
 
 

Le grand succès de ses années pour Porpora demeure Polifemo (écrit simultanément à Ariodante de Handel) qui regroupe les divos et divas d’alors : Cuzzoni, Mantagnana, Farinelli, Senesino, Francesca Bertolli, Maria Segatti. Giuseppini Bridelli en chante l’air de Calypso, amoureuse éperdue et admiratrice lumineuse d’Ulysse dont elle raconte alors l’exploit sur le cyclope géant Polyphème (Il gioir qualor s’aspetta, plage 10). Tout l’art de la jeune mezzo sait y fusionner la chair agile, ductile de sa technique et la justesse de ses intonations, celles d’un chant clair et explicite, qui suit avec intelligence et variations de nuances, le sens du texte (l’attente et l’espérance alimentent l’ardeur du désir).
Mais l’échec global de la venue de Porpora à Londres tient aux limites de la langue italienne : les récitatifs fussent-ils aussi ciselés que ceux de David dans l’oratorio (unique) David e Bersabea, ne suffirent pas à convaincre l’audience londonienne, trop volage ; on sait avec quel talent Handel recompose totalement son style en adoptant des recitatifs plus courts et en anglais. Le sens du verbe incarné défendu par Giuseppina Bridelli, la souple ardeur du continuo comme sculpté, nerveux, mordant, bondissant par Franck-Emmanuel Comte réussissent pourtant une superbe scène amoureuse (David exprime son amour naissant pour Bethsabée qu’il rencontre alors). Entre émoi et ravissement, le travail sur le texte et les couleurs de l’orchestre témoignent d’une vision et d’une conception très fouillées de la part des instrumentistes et du chef du Concert d’Hostel Dieu.

CLIC_macaron_2014On ne cesse de pesner, du début à la fin de ce programme, qu’ils ont eu bien raison de revenir aux fondamentaux du Baroque lyrique, le théâtre à la fois linguistique et coloratoure de Handel. L’intonation poétique sert avant tout le sens de la situation dramatique et la direction du texte : la franchise du chef de ce point de vue, son efficacité et sa poésie soulignent aussi chez Handel comme chez Porpora, à travers les exemples que nous avons mis en avant, tout ce qui caractérise et distingue l’un par rapport à l’autre. Entre un Handel obligé au renouvellement, et un Porpora ductile, naturellement agile mais contraint lui aussi à une nouvelle exigence dramatique et vocale, nous tenons dans ce récital lyrique, une claire évocation d’un âge d’or du seria italien à Londres. Magistrale réalisation pour un sujet original, idéalement explicité. CLIC de CLASSIQUENEWS d’avril 2019.

 
 
 
 
 
 

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CD Ă©vĂ©nement, critique. DUEL : Porpora / Handel in London. Le Concert de l’Hostel Dieu / Giuseppina Bridelli / Franck-Emmanuel COMTE, direction (1 cd ARCANA, juin 2018) – CLIC de CLASSIQUENEWS du mois d’avril 2019.

 
 
 
 
 
 

LIRE AUSSI notre prĂ©sentation du cd DUEL / PORPORA vs HANDEL – Le Concert de l’Hostel Dieu / Giuseppina Bridelli / Franck-Emmanuel COMTE, direction (1 cd ARCANA, juin 2018)
https://www.classiquenews.com/cd-evenement-annonce-duel-porpora-and-handel-in-london-le-concert-de-lhostal-dieu-franck-emmanuel-comte-1cd-arcana-2018/

 
 
 
 
 
 

CD événement, annonce. DUEL, Porpora and Handel in London (Le Concert de l’HOSTEL DIEU, Franck Emmanuel Comte (1cd Arcana 2018)

duel-concert-de-l-hostel-dieu-franck-emmanuel-comte-giuseppina-bridelli-opera-cd-evenement-critique-cd-cd-review-opera-musique-classique-news-classiquenewsCD événement, annonce. DUEL, Porpora and Handel in London (Le Concert de l’HOSTEL DIEU, Franck Emmanuel Comte (1cd Arcana 2018). Dans les faits, la rivalité entre les compagnies d’opéra dirigées par Handel et Porpora à Londres (1734-1737) s’expose outrageusement. La réalité est autres, car sur le plan strictement musical, il est plus approprié de parler d’estime réciproque car chacun d’eux admirait la musique de l’autre. Leur rivalité produit des effets artistiques majeurs : les opéras nouveaux Ariodante de Handel et Polifemo de Porpora sont des sommets lyriques (même si le second est moins joué que le premier…). Les compositeurs rivalisent de trouvailles et de nouvelles formes pour renouveler le genre et séduire le public londonien. Chacun peut s’appuyer sur le talent des chanteurs de sa troupe dont les fameux castrats (Farinelli, Senesino, Carestini…).

Le nouvel enregistrement du Concert de l’Hostel Dieu, dirigé par Franck-Emmanuel Comte évoque les méandres et les apports d’une relation intellectuelle et artistique complexe : plus qu’un duel, l’équation Handel / Porpora précise une étonnante émulation qui a profité à l’expressivité du genre lyrique; les interprètes proposent plusieurs exemples éloquents de chaque style (restituant aussi la vocalisation d’époque dans les reprises) ; offrent un tour d’horizon éloquent et superbement caractérisé de l’art vocal et lyrique au début du XVIIIè dans le genre seria. Chef et instrumentistes s’associent au mezzo-soprano ductile, expressif, articulé de Giuseppina Bridelli qui relève les défis de partitions aussi intenses dramatiquement que virtuoses sur le plan technique. Prochaine grande critique dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com

 

 

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Tracklisting :

George Frideric Handel (1685-1759)
1. Sta nell’ircana pietrosa tana – Alcina HWV 34 (London, 1735)
Nicola Porpora (1686-1768)
2. Nume che reggi ’l mare – Arianna in Naxo (London, 1733 )
3. Dolce è su queste alte mie logge a sera – David e Bersabea (London, 1734)
4. Fu del braccio onnipotente – David e Bersabea (London, 1734)
5-7. Ouverture – Polifemo (London, 1735)
8. A questa man verrĂ  – Calcante e Achille (London, 1735)
George Frideric Handel
9. Scherza infida – Ariodante HWV 33 (London, 1735)
Nicola Porpora
10. Il gioir qualor s’aspetta – Polifemo (London, 1735)
George Frideric Handel
11-14. Suite de ballet – Ariodante HWV 33
Nicola Porpora
15. Alza al soglio i guardi – Mitridate (London, 1736)
George Frideric Handel
16. Inumano fratel, barbara madre – Tolomeo HWV 25 (London, 1728)
17. Stille amare, giĂ  vi sento – Tolomeo HWV 25 (London, 1728)
18. Quando piomba improvvisa saetta – Catone in Utica HWV A7 (London, 1732)

 

 

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DUEL : PORPORA ET HANDEL À LONDRES
Giuseppina Bridelli, mezzo-soprano
LE CONCERT DE L’HOSTEL DIEU
Franck-Emmanuel Comte, direction
1 CD ARCANA – A 461 – 1 CD TT : 1h05mn

 

 

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LA VIDEO du cd DUEL

https://youtu.be/5RWzXj5y6Nw

 

 

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CONCERTS 2019
Duel, Handel vs Porpora :

Felicia Blumental International Festival, Tel Aviv (30 mars) I
Salle Molière, Lyon (7 avril) |
Handel Festival, Londres (8 avril) |
Handel-Festspiele, Halle (9 juin)
Festival Bach de Saint-Donat (11 août)

Folia : Theaterhaus, Stuttgart (2-3 juillet) |

Festival 1001 Notes en Limousin, Zenith de Limoges (20 juillet)
Sinfonia en Périgord, Périgueux (24 août)

 

 

+ d’infos sur le site du CONCERT DE L’HOSTEL DIEU

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DUEL : Handel / Porpora par Le Concert de l’HOSTEL DIEU

Nicola_Antonio_PorporaLYON, CHD: DUEL, Handel / Porpora. 7 avril 2019. La Salle Molière à Lyon affiche un programme prometteur, dédié à l’opéra italien en Angleterre où s’affrontent deux compositeurs renommés de la scène lyrique. S’ils sont à Londres, redoutables rivaux, prêts à démontrer la virtuosité et l’expressivité juste de leur écriture respective, le plus italien des compositeurs germaniques du XVIIIè, le saxon Handel, et son contemporain le plus européen des compositeurs Napolitains, Porpora (portrait ci contre), s’associent dans ce récital à deux visages, mais grâce au geste du Concert de l’Hostel-Dieu, en une joute des plus apaisées.

 

 

Handel ou Porpora ?
LONDRES, temple de l’opéra italien….

 

 

LE CONCERT DE L'HOSTEL-DIEU : DUEL Porpora / Handel

 

 

haendel handel londres oratorio anglaisAinsi : « En janvier 1733, souhaitant contrer l’hégémonie haendélienne de la Royal Academy of music, un groupe d’investisseurs issu de la noblesse londonienne crée L’Opera of the Nobility, et choisissent le « maître des castrats », Nicolo Porpora, mentor des Farinelli, Senesino, Porporino. Les londoniens se passionnent depuis longtemps pour l’opéra italien, en particulier napolitain, et ses voix agiles, virtuoses, expressives, où la vocalise de plus en plus vite et de plus en plus aiguë, exprime vertiges et palpitation de l’âme humaine. Le public entre les deux théâtres, applaudit alors les plus grands ouvrages jamais composés dans l’histoire de l’opéra italien au XVIIIè dont le Polifemo de Porpora ou Ariodante d’Handel (portrait ci contre).
Soucieux de porter le chant expressif et tragique de la mezzo Giuseppina Bridelli, les instrumentistes du Concert de l’Hostel-Dieu ressuscitent ainsi les heures les plus intenses de l’opéra italien à Londres, dans les années 1730… Le programme est l’objet d’une tournée internationale et aussi d’un nouveau cd de l’ensemble (parution annoncée le 12 avril 2019.

 

 CONCERT DE L'HOSTEL DIEU : saison 2018 - 2019

 

 

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G.-F. Handel : arias et instrumentaux extraits des opéras Alcina, Ariodante, Tolomeo, Cantone in utica

N. Porpora : arias et ouvertures extraits des opéras Polifemo, Mitridate, Arianna in Naxo, David e Bersabea

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Giuseppina Bridelli, mezzo-soprano


Le Concert de l’Hostel Dieu,
Reynier Guerrero, premier violon
Franck-Emmanuel Comte, direction
 / Stefano Aresi, musicologue

 

 

PORPORA HANDEL concert hostel dieu bridelli opera italien classiquenews

 

 

 

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30 mars 2019
Felicia Blumental International Festival de Tel Aviv (Israël)

7 avril 2019
Salle Molière à Lyon (69)

8 avril 2019
London Handel Festival (UK)

12 avril 2019
Sortie du disque (Arcana/Outhere)

9 juin 2019
 : Händel-Festspiele à Halle (Allemagne)

11 août 2019
Festival Bach de Saint-Donat (26)

 

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Présentation et enjeux du programme DUEL : PORPORA vs HANDEL par le Concert de l’HOSTEL-DIEU. Franck-Emmanuel COMTE et les instrumentistes du Concert de l’Hostel-Dieu reviennent à leurs premières amours, l’éloquence dramatique de Haendel, présentée donc en concert avec la complicité de l’étonnante mezzo soprano italienne Giuseppina BRIDELLI, mais aussi en studio, puisque parallèlement à la tournée des concerts, musiciens et chefs ont enregistré le programme et sortent le disque prévu ce 12 avril 2019.
Les airs d’oratorios et d’opéra de Haendel lancent un défi à tout ensemble de musique baroque : il y faut de la précision, des nuances, un équilibre idéal entre voix et instruments, de la finesse expressive comme de la profondeur. Autant de qualités qui distinguent le génie de Haendel de tous les autres. C’est aussi pour Franck-Emmanuel Comte, le prolongement de son travail comme directeur du Concours de Froville dont la mission est l’émergence des jeunes chanteurs baroques. Lauréate du Concours, Giuseppina BRIDELLI retrouve ainsi les instrumentistes du CHD Concert de l’Hostel-Dieu et enregistre avec eux un premier disque Haendel qui sera suivi d’autres opus (dont le prochain avec la soprano Sophie Junker), car Haendel reste un pilier dans le répertoire de l’ensemble fondé par Franck-Emmanuel Comte.

VOCALITA et ORNEMENTS DE HAENDEL

handel-haendel-portrait-classiquenewsCe premier programme Haendel, au disque comme au concert permet de découvrir les qualités de la voix de la soliste (qu’il s’agisse d’airs fameux comme « Scherza infida » d’Ariodante) : voix longue et flexible, agile et colorée sur toute la tessiture, taillé pour des incarnations dramatiques, tragiques ou implorantes comme Haendel a su les concevoir. De quoi promettre un relecture du texte dans la subtilité et la sensibilité. Chanteuse et chef ont particulièrement travaillé sur les reprises des da capo pour certains airs dont la notation des vocalises a été notée depuis l’époque de Haendel : il s’agira de redécouvrir ainsi les ornements tels qu’ils auraient pu être réalisés du vivant de Haendel selon la technique de ses chanteurs.

 

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Plus d’infos sur le site du CHD Concert de l’HOSTEL-DIEU
http://www.concert-hosteldieu.com/diffusion/baroque-et-18eme/duel-porpora-handel/

VIDEO Handel versus Porpora
https://www.youtube.com/watch?v=HJy7jckJw18

 

 

CRITIQUE DU CD HANDEL PORPORA / DUEL – CLIC DE CLASSIQUENEWS

duel-concert-de-l-hostel-dieu-franck-emmanuel-comte-giuseppina-bridelli-opera-cd-evenement-critique-cd-cd-review-opera-musique-classique-news-classiquenewsCD événement, critique. DUEL : Porpora / Handel in London. Le Concert de l’Hostel Dieu / Giuseppina Bridelli / Franck-Emmanuel COMTE, direction (1 cd ARCANA, juin 2018). Londres : 1733-1737. Les années 1730 marquent l’essor du seria italien à Londres. Au point que les spectateurs londoniens arbitrent une émulation inédite entre deux créateurs, d’un théâtre à l’autre, chacun selon ses ressources propres. Deux compositeurs, deux goûts, deux esthétiques… Porpora le napolitain, Haendel / Handel le Saxon présentent simultanément à Londres leurs ouvrages respectifs, dans un esprit défricheur et d’estime réciproque, dont témoignent leurs opéras « italiens », goûtés par l’élite et le public londoniens. La guerre n’aura pas lieu, d’ailleurs comme le rappelle les interprètes ici, elle n’eut jamais lieu.
« Stille amare », extrait du Tolomeo de Handel Ă©tait très admirĂ© de Porpora… dont les cantates opus 1 Ă©taient bien connues et plutĂ´t très apprĂ©ciĂ©es de Haendel. Estime rĂ©ciproque avĂ©rĂ©e vous disait-on. De fait, le geste de Franck-Emmanuel Comte, fondateur de son ensemble sur instruments historiques, Le Concert de l’Hostel Dieu, souligne la noblesse des Ă©critures, surtout leur plasticitĂ© expressive et leur essence dramatique. LIRE notre critique complète DUEL / Handel, Porpora par Le Concert de l’HOSTEL-DIEU, Giuseppina Bridelli

LYON, Concert Hostel-Dieu: DUEL, Handel / Porpora.

Nicola_Antonio_PorporaLYON, CHD: DUEL, Handel / Porpora. 7 avril 2019. La Salle Molière à Lyon affiche un programme prometteur, dédié à l’opéra italien en Angleterre où s’affrontent deux compositeurs renommés de la scène lyrique. S’ils sont à Londres, redoutables rivaux, prêts à démontrer la virtuosité et l’expressivité juste de leur écriture respective, le plus italien des compositeurs germaniques du XVIIIè, le saxon Handel, et son contemporain le plus européen des compositeurs Napolitains, Porpora (portrait ci contre), s’associent dans ce récital à deux visages, mais grâce au geste du Concert de l’Hostel-Dieu, en une joute des plus apaisées.

 

 

Handel ou Porpora ?
LONDRES, temple de l’opéra italien….

 

 

LE CONCERT DE L'HOSTEL-DIEU : DUEL Porpora / Handel

 

 

haendel handel londres oratorio anglaisAinsi : « En janvier 1733, souhaitant contrer l’hégémonie haendélienne de la Royal Academy of music, un groupe d’investisseurs issu de la noblesse londonienne crée L’Opera of the Nobility, et choisissent le « maître des castrats », Nicolo Porpora, mentor des Farinelli, Senesino, Porporino. Les londoniens se passionnent depuis longtemps pour l’opéra italien, en particulier napolitain, et ses voix agiles, virtuoses, expressives, où la vocalise de plus en plus vite et de plus en plus aiguë, exprime vertiges et palpitation de l’âme humaine. Le public entre les deux théâtres, applaudit alors les plus grands ouvrages jamais composés dans l’histoire de l’opéra italien au XVIIIè dont le Polifemo de Porpora ou Ariodante d’Handel (portrait ci contre).
Soucieux de porter le chant expressif et tragique de la mezzo Giuseppina Bridelli, les instrumentistes du Concert de l’Hostel-Dieu ressuscitent ainsi les heures les plus intenses de l’opéra italien à Londres, dans les années 1730… Le programme est l’objet d’une tournée internationale et aussi d’un nouveau cd de l’ensemble (parution annoncée le 12 avril 2019.

 

 CONCERT DE L'HOSTEL DIEU : saison 2018 - 2019

 

 

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G.-F. Handel : arias et instrumentaux extraits des opéras Alcina, Ariodante, Tolomeo, Cantone in utica

N. Porpora : arias et ouvertures extraits des opéras Polifemo, Mitridate, Arianna in Naxo, David e Bersabea

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Giuseppina Bridelli, mezzo-soprano


Le Concert de l’Hostel Dieu,
Reynier Guerrero, premier violon
Franck-Emmanuel Comte, direction
 / Stefano Aresi, musicologue

 

 

PORPORA HANDEL concert hostel dieu bridelli opera italien classiquenews

 

 

 

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30 mars 2019
Felicia Blumental International Festival de Tel Aviv (Israël)

7 avril 2019
Salle Molière à Lyon (69)

8 avril 2019
London Handel Festival (UK)

12 avril 2019
Sortie du disque (Arcana/Outhere)

9 juin 2019
 : Händel-Festspiele à Halle (Allemagne)

11 août 2019
Festival Bach de Saint-Donat (26)

 

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Présentation et enjeux du programme DUEL : PORPORA vs HANDEL par le Concert de l’HOSTEL-DIEU. Franck-Emmanuel COMTE et les instrumentistes du Concert de l’Hostel-Dieu reviennent à leurs premières amours, l’éloquence dramatique de Haendel, présentée donc en concert avec la complicité de l’étonnante mezzo soprano italienne Giuseppina BRIDELLI, mais aussi en studio, puisque parallèlement à la tournée des concerts, musiciens et chefs ont enregistré le programme et sortent le disque prévu ce 12 avril 2019.
Les airs d’oratorios et d’opéra de Haendel lancent un défi à tout ensemble de musique baroque : il y faut de la précision, des nuances, un équilibre idéal entre voix et instruments, de la finesse expressive comme de la profondeur. Autant de qualités qui distinguent le génie de Haendel de tous les autres. C’est aussi pour Franck-Emmanuel Comte, le prolongement de son travail comme directeur du Concours de Froville dont la mission est l’émergence des jeunes chanteurs baroques. Lauréate du Concours, Giuseppina BRIDELLI retrouve ainsi les instrumentistes du CHD Concert de l’Hostel-Dieu et enregistre avec eux un premier disque Haendel qui sera suivi d’autres opus (dont le prochain avec la soprano Sophie Junker), car Haendel reste un pilier dans le répertoire de l’ensemble fondé par Franck-Emmanuel Comte.

VOCALITA et ORNEMENTS DE HAENDEL

handel-haendel-portrait-classiquenewsCe premier programme Haendel, au disque comme au concert permet de découvrir les qualités de la voix de la soliste (qu’il s’agisse d’airs fameux comme « Scherza infida » d’Ariodante) : voix longue et flexible, agile et colorée sur toute la tessiture, taillé pour des incarnations dramatiques, tragiques ou implorantes comme Haendel a su les concevoir. De quoi promettre un relecture du texte dans la subtilité et la sensibilité. Chanteuse et chef ont particulièrement travaillé sur les reprises des da capo pour certains airs dont la notation des vocalises a été notée depuis l’époque de Haendel : il s’agira de redécouvrir ainsi les ornements tels qu’ils auraient pu être réalisés du vivant de Haendel selon la technique de ses chanteurs.

 

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Plus d’infos sur le site du CHD Concert de l’HOSTEL-DIEU
http://www.concert-hosteldieu.com/diffusion/baroque-et-18eme/duel-porpora-handel/

VIDEO Handel versus Porpora
https://www.youtube.com/watch?v=HJy7jckJw18

 

 

CRITIQUE DU CD HANDEL PORPORA / DUEL – CLIC DE CLASSIQUENEWS

duel-concert-de-l-hostel-dieu-franck-emmanuel-comte-giuseppina-bridelli-opera-cd-evenement-critique-cd-cd-review-opera-musique-classique-news-classiquenewsCD événement, critique. DUEL : Porpora / Handel in London. Le Concert de l’Hostel Dieu / Giuseppina Bridelli / Franck-Emmanuel COMTE, direction (1 cd ARCANA, juin 2018). Londres : 1733-1737. Les années 1730 marquent l’essor du seria italien à Londres. Au point que les spectateurs londoniens arbitrent une émulation inédite entre deux créateurs, d’un théâtre à l’autre, chacun selon ses ressources propres. Deux compositeurs, deux goûts, deux esthétiques… Porpora le napolitain, Haendel / Handel le Saxon présentent simultanément à Londres leurs ouvrages respectifs, dans un esprit défricheur et d’estime réciproque, dont témoignent leurs opéras « italiens », goûtés par l’élite et le public londoniens. La guerre n’aura pas lieu, d’ailleurs comme le rappelle les interprètes ici, elle n’eut jamais lieu.
« Stille amare », extrait du Tolomeo de Handel Ă©tait très admirĂ© de Porpora… dont les cantates opus 1 Ă©taient bien connues et plutĂ´t très apprĂ©ciĂ©es de Haendel. Estime rĂ©ciproque avĂ©rĂ©e vous disait-on. De fait, le geste de Franck-Emmanuel Comte, fondateur de son ensemble sur instruments historiques, Le Concert de l’Hostel Dieu, souligne la noblesse des Ă©critures, surtout leur plasticitĂ© expressive et leur essence dramatique. LIRE notre critique complète DUEL / Handel, Porpora par Le Concert de l’HOSTEL-DIEU, Giuseppina Bridelli

CD, critique. HANDEL Atalanta, HWV35 (McGegan, 2005 – 2 cd Philharmonia Baroque)

Atalanta-web-cover cd critique cd review McGegan clic de classiquenewsCD, critique. HANDEL Atalanta, HWV35 (McGegan, 2005 – 2 cd Philharmonia Baroque). Quel rafraĂ®chissement stimulant apporte aujourd’hui le collectif rĂ©uni et portĂ© par le chef Nicholas McGegan, en Californie (Berkeley), lequel inspirant ses troupes outre-Atlantiques du Philharmonia Baroque (orchestre et chĹ“ur), s’ingĂ©nie Ă  dĂ©fendre une vision gorgĂ©e de verve et de franche sincĂ©ritĂ©, Ă  mille lieues des directions franco-françoises, souvent trop cĂ©rĂ©brales et corsetĂ©es qui ont oubliĂ©es depuis des dĂ©cennies de dictat en tous genres, l’esprit du Baroque : son caractère certes discursif mais surtout improvisĂ©. La libertĂ© du geste telle qu’elle est aujourd’hui dĂ©fendue par McGegan incarne une direction pour nous salutaire dans l’interprĂ©tation baroque, d’autant que depuis les annĂ©es 1990/2000, nombre de chefs autoproclamĂ©s experts en la matière, distille chacun un système et un type directionnel bien identifiable et parfaitement mĂ©canisĂ©. Faisant oubliĂ©, la caractère essentiel de la rĂ©volution baroqueuse dĂ©fendue depuis les annĂ©es 1970, l’audace, le risque, l’expressionnisme. A croire que l’intensitĂ© dĂ©fricheuse des Harnoncourt et Malgoire, puis Jacobs et Goebel, … est devenue lettre morte.

 

 

Nicholas McGegan :
le souffle nouveau, revivifiant du Baroque
venu de Californie

 

 

Rien de tel avec le Britannique McGegan qui grâce Ă  une politique avisĂ©e de publications discographiques, entretient la mĂ©moire de son approche avec un discernement et une activitĂ© constante que beaucoup peuvent lui envier. D’emblĂ©e, c’est la preuve de la vitalitĂ© du courant et de l’interprĂ©tation baroque en CALIFORNIE…
Voyez cette ATALANTA enregistrée à Berkeley (Californie), en septembre 2005.

haendel handel classiquenewsPASTORALE AMOUREUSE... La partition a Ă©tĂ© rarement jouĂ©e et cette rĂ©surrection complète, très historiĂ©e, fait tout le mĂ©rite du chef. Créée le 12 mai 1736 – avec feu d’artifice final, pour cĂ©lĂ©brer les noces du Prince de Galles et de la princesse Augusta de Saxe-Gotha, l’œuvre est ici enregistrĂ©e sur le vif et comme « chauffĂ©e », après une sĂ©rie de reprĂ©sentations scĂ©niques donnĂ©es auparavant au Göttingen Handel Festival. McGegan officie avec un instinct vĂ©ritable, une intuition de l’instant qui aiguise l’acuitĂ© des accents et rĂ©ussit la caractĂ©risation des personnages de cette Arcadie lyrique. SĂ©duire une beautĂ© glaçante est un dĂ©fi souvent relevĂ© qui honore d’autant mieux celui qui sort victorieux ; ainsi l’histoire lĂ©guĂ©e par la mythologie grecque, celle d’Atalante, qui au prĂ©alable dĂ©daigne les avances du beau MĂ©lĂ©agre (le frère de DĂ©janire), prĂ©fĂ©rant les plaisirs de la chasse aux dĂ©lices plus subtils de l’amour… Mais voilĂ , pendant la chasse du monstrueux sanglier de Calydon, Atalante et MĂ©lĂ©agre croisent leurs regards.
En maĂ®tre des passions humaines, chasseur / rĂ©vĂ©lateur du sentiment enfoui, HaĂ«ndel sait dĂ©velopper le vertige profond, en particulier celui qui inspire Ă  Atalante (très convaincante Dominique Labelle) son grand monologue du II (« â€Lassa! ch’io t’ho perduta »), oĂą la jeune chasseresse exprime son trouble et ses tiraillements car elle comprend qu’elle se ment Ă  elle-mĂŞme, foudroyĂ©e en vĂ©ritĂ© par le jeune MĂ©lĂ©agre. Il est vrai que face au MĂ©lĂ©agre, toute tendresse et sĂ©duction de la seconde soprano, Susanne RydĂ©n, tout cĹ“ur ne saurait demeurer de pierre… l’optimisme lumineux du timbre renforce l’attractivitĂ© du jeune guerrier.
Aux côtés des amoureux principaux, l’assemblée des bergers tel Aminta (excellent Michael Slattery) et son aimée Irene (superbe air, plein de juvénile ardeur : « Come alla tortorella », parfaite et sensuelle Cécile van de Sant) enrichit la partition d’une myriade d’émotions vraies dont Haendel a le secret.

CLIC_macaron_2014Le Philharmonia Baroque Orchestra démontre d’étonnantes affinités dans l’art d’ornementer et de caractériser, selon le souci de fluidité et d’éloquence, de dramastisme et d’élégance, souhaité manifestement par le chef. Voilà qui surclasse évidemment sa première approche de l’oeuvre de Haendel, qui remonte à 1984 avec une équipe bien moins engagée et ciselée.

 

 

Atalanta-web-cover-cd-critique-cd-review-McGegan-clic-de-classiquenews-582

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CD, critique. HANDEL Atalanta, HWV35 (McGegan, 2005 – 2 cd Philharmonia Baroque)

Distribution
Dominique Labelle, soprano
Susanne Ryden, soprano
Cecile van de Sant, mezzo-soprano
Michael Slattery, tenor
Philip Cutlip, baritone
Corey McKern, baritone
Philharmonia Chorale – Bruce Lamott, director
Philharmonia Baroque Orchestra
Nicholas McGegan, conductor
Philharmonia Baroque Productions™

Achetez ce cd édité par le label fondé par Nicholas McGEGAN
https://philharmonia.org/product/handel-atalanta-2/

 

 

 

Coffret cd événement, annonce : HANDEL, The great oratorios (Decca 41 cd)

oratorios the great oratorios coffret beox review critique cd classiquenews 41 cd deccaCvr-00028948301423Coffret cd Ă©vĂ©nement, annonce : HANDEL, The great oratorios (Decca 41 cd). Decca cĂ©lèbre le gĂ©nie du Haendel londonien qui après avoir tentĂ© (vainement) d’affirmer l’opĂ©ra seria italien, invente l’oratorio en langue anglaise. Sobre (en rouge avec fine quadrature jaune/or), le coffret de 41 cd regroupe 16 opus ou oratorios qui retracent chacun les jalons de la formidable aventure de l’opĂ©ra anglais version Handel : le Saxon en devenant plus britannique que les londoniens, abandonne toute ambition lyrique en italien, et invente un nouveau genre, l’oratorio anglais. Pour dĂ©fendre son Ă©criture, les chefs Sir John Eliot Gardiner, Trevor Pinnock, Christopher Hogwood, Marc Minkowski et Harry Christophers. Avec entre autres les oratorios :  La Resurrezione, La Messe du Couronnement, Acis et GalatĂ©e, Judas MacchabĂ©e, Salomon, Saul, Israel en Egypte, incarnĂ©s par les solistes Emma Kirkby, Joan Sutherland, Anne Sofie von Otter, Andreas Scholl, Anthony Rolfe Johnson, Arleen Auger. Soit plusieurs gĂ©nĂ©rations d’interprètes, relevant ou non de la pratique baroqueuse, historiquement informĂ©e. Mais jouer des instruments d’Ă©poque ne fait pas tout : car comme Ă ’opĂ©ra, l’Ă©criture handĂ©lienne, parmi les plus dramatiques qui soient, exige des voix Ă  tempĂ©raments, de vĂ©ritables personnalitĂ©s vocales…

haendel handel georg-friedrich-haendel_1_jpg_240x240_crop_upscale_q9530 ANS D’INTERPRETATION BAROQUE… L’éventail interprĂ©tatif est vaste et rend compte de plusieurs dĂ©cennies de styles variĂ©s selon les nationalitĂ©s du chef et des musiciens. Judas Maccabaeus est le plus ancien enregistrement : 1977, -sous la direction de Charles Mackerras (avec la crème du chant anglais dont Felicity Palmer, Janet Baker, John Shirley Quirck) et l’ECO English Chamber Orchestra, sur instruments modernes. Lui succèdent par ordre chronologique de rĂ©alisation : Acis et GalatĂ©e (1978); La Resurrezione (1982), Esther (1985), Athalia (1986), le Messie et Alexander’s Feast (1988), Jephtha (1989), Saul et Belshazzar (1991), Semele (1993), Israel in Egypt, Coronation Anthems (1995), Solomon (1999), Theodora (2000), enfin Hercules (2002), donc le plus rĂ©cent, par Les Musiciens du Louvre et Marc Minkowski (avec Paul Groves, Anne Sofie von Otter…). Pour chacun, le style oratorien ne doit rien sacrifier Ă  l’éloquence du drame, ni Ă  la fièvre Ă©pique, sans omettre Ă©videmment le souffle de la prière spirituelle voire mystique.  Les plus engagĂ©s en nombre de rĂ©alisations sont ici Hogwood, Pinnock et surtout Gardiner.

 

 

Parution : début juillet 2016. Prochaine critique complète du coffret HANDEL / The great oratorios 41 cd Decca, à venir dans le mag cd de classiquenews.com

En savoir plus sur http://www.clubdeutschegrammophon.com/albums/handel-the-great-oratorios/#DiPUlsYVkgjVIRWQ.99

Haendel : Bellezza contre le temps et la désillusion

nattier-haendel-handel-portrait-jean-marc-nattier-portrait-of-francis-greville,-baron-brooke,-later-1st-earl-of-warwick-(1719-1773)France Musique. Mercredi 6 juillet 2016, 22h. Handel : Il trionfo del tempo e del disinganno. Le jeune Haendel romain, vedette du festival d’Aix 2016. L’oratorio en deux parties que le jeune Haendel – âgĂ© de 22 ans, livre en Italie en 1707 est une personnalitĂ© europĂ©enne venu Ă  Rome enrichir sa propre expĂ©rience et aussi dĂ©montrer combien il maĂ®trise au dĂ©but du XVIIIè, la langue sensuelle et conquĂ©rante de la Contre RĂ©forme. Sur le livret du Cardinal Benedetto Pamphili, Il Trionfo est une succession d’airs Ă©lectriques, exigeant des solistes une habilitĂ© virtuose exceptionnelle, entre expressivitĂ© dramatique, et subtilitĂ© d’intonation. Soit de vrais chanteurs d’opĂ©ras. C’est une annonce directe de ce que fera le gĂ©nie saxon, plus tard Ă  Londres, après avoir Ă©chouĂ© Ă  affirmer son mĂ©tier dans le genre de l’opĂ©ra sedia : Il trionfo dĂ©signe cet oratorio anglais bientĂ´t Ă  naĂ®tre et remarquablement dĂ©ployĂ© dès la fin des annĂ©es 1730. Mais ici, Ă  Rome, le jeune compositeur apprend et perfectionne sa langue dramatique et poĂ©tique.

 

 

haendel handel classiquenewsBEAUTE / BELLEZZA s’enivre d’elle mĂŞme… 4 personnages allĂ©gories se confrontent, exprimant les diverses Ă©lans et dĂ©sirs de l’âme humaine; Bellezza (beautĂ©), Piacere (Plaisir), Disinganno (dĂ©sillusion) et Tempo (Temps), tous imposent Ă  l’homme les limites et les mirages d’une vie d’insouciance ; sans conscience ni morale, sans valeurs ni sagesse, une vie humaine est vaine, creuse, fĂ»t-elle belle, hĂ©doniste. Le temps rattrape vite les Ă©lans du plaisir. Tout n’a qu’un temps et passe et s’efface. L’appel est lancĂ© : l’âme doit ĂŞtre responsable. Ainsi la BeautĂ© s’enivre d’elle-mĂŞme… Si le sujet est sĂ©rieux et hautement moral, la forme musicale Ă©poustoufle par son raffinement, sa suprĂŞme Ă©lĂ©gance, l’invention des mĂ©lodies, la finesse et la subtilitĂ© de la langue orchestrale. Jamais le gĂ©nie haendĂ©lien n’aura Ă©tĂ© aussi imaginatif, contrastĂ©, sensuel et nerveux : le compositeur rĂ©utilisera d’ailleurs nombre de ses airs dans ses opĂ©ras futurs. Aix propose une version mise en scène par le polonais dĂ©jantĂ©, souvent provocateur, en tout cas dĂ©calĂ©, Krzysztof Warlikowski. La distribution elle suscite une adhĂ©sion immĂ©diate :

Bellezza : Sabine Devieilhe*
Piacere : Franco Fagioli
Disinganno : Sara Mingardo
Tempo : Michael Spyres

Tous sont conduits par Emmanuelle Haim, à la tête de son ensemble Le Concert d’Astrée.

 

 

 

A l’affiche du festival d’Aix 2016 : les 1er, 4, 6, 9, 12 et 14 juillet 2016 / Théâtre de l’Archevêché, 22h. VISITER le site du festival d’Aix en Provence 2016

 

 

logo_france_musique_DETOUREDIFFUSION : en direct sur France Musique et France 2, le 6 juillet 2016 Ă  22h. Voici l’un des temps forts du festival d’Aix en Provence 2016, et non sans raison mais de façon confidentiel, la place du Baroque Ă  Aix. Il reste dommage que les grands crĂ©ateurs baroques lyriques, français ou italiens aient depuis des dĂ©cennies – depuis la direction de Bernard Foccroule prĂ©cisĂ©ment, quittĂ© le plateau de l’ArchevĂŞchĂ©. On se souvient des Orfeo ou Dido qui avaient pourtant enchantĂ© les soirs Ă©toilĂ©s du festival. Qu’en sera-t-il avec le nouveau directeur Pierre Audi ?

 

 

Illustration : évocation du jeune Haendel / Handel à Rome / Portrait de jeune homme Baron Brooke par Nattier (DR)

 

L’Orlando de William Christie Ă  Zurich

OPERA DE ZURICH : reprise d'Orlando de handel version BILLZURICH. Orlando de Handel par William Christie, jusqu’au 25 mai 2016. Bill retrouve son cher orchestre suisse Ă  Zurich, La Scintilla, fleuron des phalanges sur instruments d’Ă©poque, une Rolls instrumentale qui lui permet de ciseler et insuffler Ă  sa propre lecture de Haendel, le nerf, l’Ă©lĂ©gance, le sens dramatique dont il dĂ©tient seul le secret. Au coeur d’Orlando, rgène sans partage la lyre dĂ©lirante, hallucinĂ©e inspirĂ© de L’Arioste : errance et folie du chevalier amoureux Roland dans une forĂŞt devenue labyrinthe aux Ă©preuves pour un dĂ©voilement voire une rĂ©vĂ©lation finale qui le libĂ©rera totalement de ses entraves personnelles.

Créé le 27 janvier 1733 Ă  Londres, Orlando (créé par le castrat vedette de Haendel, Il Senesino) met en scène le cheminement des cĹ“urs entre raison et passion. La production reprise Ă  Zurich est dĂ©jĂ  ancienne : la vision scĂ©nographiĂ©e et visuelle de Jens-Daniel Herzog enferme le pastoralisme permanent et les rĂ©fĂ©rences au milieu sylvestre et arboricole dans un lieu fermĂ©, asphyxiant, un hĂ´pital des annĂ©es 1920. La bergère Dorinda devient infirmière, juste transposition qui convient au caractère, car elle soigne de facto les âmes chancelantes et perdues. Le mage Zoroastro est Ă©videmment un mĂ©decin, guĂ©risseur vraisemblable et impressionnant au vrai charisme. Enfin Orlando, victime de l’amour, est la proie manifeste d’un dĂ©règlement des sens, un ĂŞtre dĂ©truit par la passion qui le submerge et le ronge…
En filigrane, un couple principal – ainsi prĂ©sentĂ©, la reine Angelica et le prince Medoro s’aime et se dĂ©chire, alors qu’ils sont respectivement aimĂ©s simultanĂ©ment par Orlando et Dorinda…
La tradition lyrique s’est habituĂ© Ă  distribuer le rĂ´le titre Ă  un alto voire contralto (par exemple la contralto Marijana Mijanovic dans le dvd qui existe de cette production) ; en 2016, c’est plutĂ´t un haute contre, ici Bejun Mehta, voire aigre et peu nuancĂ© qui exĂ©cute systĂ©matiquement ses parties sans guère varier, colorer, affiner ; c’est du moins le reproche Ă©mis Ă  l’Ă©coute de son interprĂ©tation sous la baguette de RenĂ© Jacobs dans un coffret cd rĂ©cent Ă©ditĂ© par Archiv (2013). Pourtant l’opĂ©ra, surtout psychologique, comporte une scène fameuse, celle de la folie d’Orlando Ă  la fin du II,

christie_625Héros aux pieds d’argile. Avant nos Batman,  Spiderman,  Hulk ou Superman…. autant de vertueux sauveurs dont le cinéma ne cesse de dévoiler les fêlures sous la… cuirasse, les figures de l’opéra ont elles aussi le teint pâle car sous le muscle et l’ambition se cachent des êtres de sang,  inquiets, fragiles d’une nouvelle humanité tendre et faillible. Ainsi Hercule chez Lully,  Dardanus chez Rameau, surtout Orlando de Haendel… avant Siegfried de Wagner, héros trop naïf et si manipulable. Sur les traces de la source littéraire celle transmise par L’Arioste au début du XVIème siècle et qui inspire aussi Vivaldi,  voici le paladin fier vainqueur des sarasins,  en prise aux vertiges de l’amour, combattant si frêle face à la toute puissance d’Eros. Un chevalier dérisoire en somme, confronté au dragon du désir. …
Mais impuissant et rongé par la jalousie le pauvre héros s’effondre dans la folie. Que ne peut-il pourtant fier conquérant infléchir le coeur de la belle asiatique Angelica qui n’a d’yeux que pour son Medoro. En un effet de miroir subtil, Haendel construit le personnage symétrique mais féminin de Dorinda, tel le contrepoint fraternel des vertiges et souffrances du coeur : elle aime Orlando qui n’a d’yeux que pour la belle Angélique.

Passionanntes Angelica et Dorinda
La musique exprime le souffle des hĂ©ros impuissants, la toute puissance de l’amour, sait pourtant s’alanguir en vagues et dĂ©ferlantes pastorales (l’orchestre est somptueux en poĂ©sie et teintes du bocages), annonce comme Rameau quand il nous parle d’amour (Les Indes Galantes), cet essor futur du sentiment, nuançant en bien des points les figures un rien compassĂ©es et mĂ©caniques du sĂ©ria napolitains.  GorgĂ© d’une saine vitalitĂ©, William Christie connaĂ®t son Haendel comme peu… le maestro, fondateur des Arts Florissants en 1979, reste indĂ©passable par le sentiment et l’alanguissement.

DORINDA, un personnage captivant. D’une juvĂ©nilitĂ© incandescente, pleine d’expressivitĂ© ardente et naturelle : un modèle d’élocation dramatique qui rééclaire le rĂ´le de Dorinda, en fait bien cette sĹ“ur en douleur de l’impuissant Paladin devenu fou. Les grandes lectures savent Ă©clairer et souligner le profil fĂ©minin, vĂ©ritable double opposĂ© du sombre Orlando. Les chefs haendĂ©liens savent fouiller le relief et l’activitĂ© Ă©motionnelle de leur orchestre. Exprimer les teintes mordorĂ©es voire tĂ©nĂ©bristes des situations en droite ligne du roman de l’Arioste entre l’illusion de l’amour, la sincĂ©ritĂ© du cĹ“ur, la folie de la jalousie : de fait, l’orlando de Haendel est contemporain du choc orchestrĂ© par Rameau son contemporain (Hippolyte et Aricie, 1733), et de 20 ans plus tardif que les sommets lyriques prĂ©cĂ©dents signĂ©s Vivaldi Ă  Venise…  Aucun doute cet Orlando de Haendel touche autant qu’Alcina, par la justesse du regard psychologique. Des ĂŞtres de chair et de sang paraisse ici, loin des archĂ©types baroques..

Orlando de Haendel Ă  l’OpĂ©ra de Zurich
William Christie
JD Herzog (reprise)
Les 13, 16, 20, 22 et 24 mai 2016
Avec B. Mehta, Fuchs, Galou, Breiwick, Conner

Orlando : Bejun Mehta
Angelica : Julie Fuchs
Medoro : Delphine Galou
Dorinda : Deanna Breiwick
Zoroastro : Scott Conner

Réservez

http://www.opernhaus.ch/vorstellung/detail/orlando-16-05-2016-17573/

CD, compte rendu critique : Arminio de Haendel par Max Emanuel Cencic et George Petrou (2 cd Decca, septembre 2015)

ARMINIO Decca max emanuel cencic haendel handel annonce announce classiquenews review critique cd 61TCPTYOKYL._SL1400_CD, compte rendu critique : Arminio de Haendel par Max Emanuel Cencic et George Petrou (2 cd Decca, septembre 2015). C’est le dernier des opĂ©ras baroques ressuscitĂ©s par le contre-tĂ©nor entrepreneur Max Emanuel Cencic, et sa fidèle troupe de chanteurs rĂ©unie / recomposĂ©e pour chaque projet / ouvrage lyrique : collectif toujours investi Ă  exprimer en une caractĂ©risation affĂ»tĂ©e, jamais neutre, les passions dramatiques ici du gĂ©nie haendĂ©lien. En couverture, alors que sa consĹ“ur romaine Cecilia Bartoli, elle aussi inspirĂ©e par des programmes insolites ou des rĂ©surrections captivantes, s’affichait en prĂŞtre exorciste (pour ses relectures dĂ©fricheuses de Steffani : en un album choc intitulĂ© non sans esprit de provoc “Mission”), voici Cencic, tel un acteur de cinĂ©ma sur un visuel sensĂ© nous sĂ©duire pour susciter le dĂ©sir d’en Ă©couter davantage : voyageur emperruquĂ© pistolet (encore fumant) Ă  la main, tel un espion en pleine mission…

ARMINIO… L’AVENTURE DU SERIA HAENDELIEN A LONDRES. Créé en 6 reprĂ©sentations au Covent Garden de Londres en janvier et fĂ©vrier 1737, Arminio a visiblement marquĂ© les esprits de l’Ă©poque, certains tĂ©moins commentateurs n’hĂ©sitant pas Ă  parler de “miracle”… La partition n’a jamais pu depuis, Ă©tĂ© remontĂ©e jusqu’Ă  ce que Cencic s’y intĂ©resse. Le sujet emprunte Ă  l’histoire romaine (Tacite) : c’est mĂŞme un Ă©pisode peu glorieux pour les lĂ©gions de Rome confrontĂ©es en 49 avant JC, aux Germains, dans la forĂŞt de Teutoburg. Le gĂ©nĂ©ral Varus est fait prisonnier par le prince barbare prince Hermann Arminius, commandant des 7 valeureuses tribus germaines. La dĂ©faite des Romains enterre toute vellĂ©itĂ© de Rome Ă  assoir sa puissance sur une vaste zone au-delĂ  du Rhin.
L’opera seria s’attache Ă  ciseler chaque profil psychologique, (selon le livret signĂ© Antonio Salvi) chaque intention, chaque espoir silencieux, chaque noeud d’une situation conflictuelle (chère Ă  Racine au siècle prĂ©cĂ©dent, entre amour, dĂ©sir et jalousie) que l’action contredit ou prĂ©cipite, souvent de façon artificielle : ainsi la mort de Varus/Varo, le romain dĂ©fait, est-elle Ă©vacuĂ© en quelques mots Ă  la fin de l’ouvrage dans un rĂ©citatif lapidaire qui vaut dĂ©nouement. Auparavant, Arminio est capturĂ© par Varo qui a des vues sur l’Ă©pouse de son ennemi captif… Pour captiver l’audience londonienne qui n’entend pas l’italien pour la majoritĂ©, Haendel n’hĂ©site pas Ă  rĂ©duire le texte de Salvi, en particulier ses rĂ©citatifs, vĂ©ritables tunnels d’ennui pour qui peine Ă  goĂ»ter les subtilitĂ©s de l’italien.
Parmi les chanteurs vedettes, les castrats sont toujurs Ă  l’honneur ; après la trahison du contralto Senesino, son chanteur contralto fĂ©tiche, rival de Farinelli, qui finalement quitte Haendel pour un troupe rivale en 1733, c’est dans le rĂ´le-titre, l’alto aigu Domenico Annibali qui relève les dĂ©fis d’un personnage exigeant ; le castrat Sigismondo lui emboĂ®te le pas, l’Ă©galant mĂŞme par sa partie non moins audacieuse : Ă  la crĂ©ation, rĂ´le tenu par le sopraniste Domenico Conti, surnommĂ© Gizziello, probablement le plus connu des solistes rĂ©unis par Haendel en 1737 : c’est le seul castrat soprano (en dehors des mezzos et contraltos) pour lequel le compositeur Ă©crira des rĂ´les Ă  Londres. CĂ´tĂ© chanteuses, la prima donna demeure dans le rĂ´le de Tusnelda, la soprano cĂ©lĂ©brĂ©e alors, Anna  Maria Strada del Pò, partenaire et interprète familière de Haendel depuis le dĂ©but des annĂ©es 1730 dont la laideur lĂ©gendaire Ă©galait la finesse dramatique et l’engagement vocal. Le tĂ©nor anglais John Beard chante le commandant Vero. Le chanteur deviendra directeur du Covent Garden, et continuera de se produire comme chanteur pour Haendel dans de nombreux autres ouvrages lyriques et aussi dans ses futurs oratorios.

Le synopsis veille Ă  prĂ©senter de superbes profils psychologiques, tous impressionnĂ©s (les Romains), stimulĂ©s (les Germains) par l’hĂ©roĂŻsme stoĂŻcien du captif Arminio, prisonnier du gĂ©nĂ©ral romain Vero… Au dĂ©but, le Germain SĂ©geste livre le chef germain Arminio au gĂ©nĂ©ral romain Vero. La fille et le fils de SĂ©geste, Tusnelda (Ă©pouse d’Arminio) et Sigismondo payent très cher, la trahison de leur père : Tusnelda en l’absence d’Arminio, doit affronter les avances de Vero ; Sigismondo ne peut rien faire quand sa fiancĂ©e Ramise, la soeur d’Arminio, rompt leur vĹ“u… Pour augmenter les chances d’une paix avec Rome, SĂ©geste souhaite l’exĂ©cution d’Arminio pour que sa fille Tusnelda Ă©pouse Vero ; d’autant que Sigismondo a rejoint le parti de son père et accepte de pactiser avec les Romains. Figure hĂ©roĂŻque prĂŞte Ă  mourir, Arminio dans sa prison dĂ©clare qu’il ne cèdera pas quitte Ă  mourir. Son Ă©pouse Tusnelda lui reste fidèle.
A l’acte III, tout semble ĂŞtre jouĂ© : Arminio est conduit Ă  l’Ă©chafaud : mais Vero impressionnĂ© par la noblesse du prisonnier, reporte l’exĂ©cution quand on apprend que des Germains rebelles ont soumis les lĂ©gions de Rome. Les femmes Tusnelda et Ramise libèrent Arminio avec la complicitĂ© de Sigismondo ; Arminio prend la tĂŞte de la rĂ©bellion contre les Romains et tue Vero. SĂ©geste est soumis ; par clĂ©mence et grandeur morale, Arminio pardonne Ă  SĂ©geste en l’Ă©pargnant.
Arminio de 1737 incarne un jalon majeur de l’expĂ©rience de Haendel Ă  Londres ; l’ouvrage par son sujet Ă©difiant et moral contient aussi l’objectif finalement non exhaucĂ© : fidĂ©liser les spectateurs londoniens Ă  l’opera seria italien. MalgrĂ© toutes ses tentatives, Haendel Ă©chouera en y perdant des fortunes. Il se refera grâce au nouveau genre de l’oratorio anglais (en anglais Ă©videmment et non plus en italien), format inĂ©dit, promis Ă  de nombreux triomphes.

cencic Arminio-Cencic-1024x680LA CRITIQUE DU CD ARMINIO DE HAENDEL PAR MAX EMANUEL CENCIC. InterprĂ©tation d’Arminio. Ecartons d’emblĂ©e le maillon faible du plateau vocal globalement Ă©quilibrĂ© et homogène : le Sigismondo de la haute-contre Vince Yi : timbre clair certes mais le plus souvent aigre et trop mĂ©tallisĂ©, avec une rĂ©gulière et persistante incomprĂ©henion au texte italien, dĂ©duite de ses respirations instables, des ses phrasĂ©s discutables (comprend-t-il rĂ©ellement ce qu’il chante?).
D’autant que le sopraniste faiblit sur la durĂ©e et dans le dĂ©roulement de l’action, sans aucune nuance dans l’Ă©mission ; il claironne rĂ©vĂ©lant de grandes failles dans ses rĂ©citatifs si peu colorĂ©s, comme expĂ©diĂ©s avec toujours la mĂŞme intonation, projetant avec intensitĂ© mais artifice tous ses airs, tel un instrument sans âme. Tout cela contredit le travail des autres chanteurs dans le sens de la caractĂ©risation des passions.

En Arminio, rĂ©flĂ©chi, intĂ©rieur et souvent profond, Ă©videmment Max Emanuel Cencic se taille la part du lion, incarnant idĂ©alement la figure de l’hĂ©roĂŻsme et du stoicisme, prĂŞt Ă  se sacrifier pour la cause morale dont il est serviteur jusqu’au dĂ©nouement du drame. L’alto sĂ©duit toujours par la justesse de son intonation, mĂŞlant idĂ©alement tendresse grave, contredite ensuite par un indĂ©fectible esprit de revanche et de fière dĂ©termination (“Ritorno alle ritorte” qui ouvre le III).

MĂŞme sur un bon niveau vocal, la voix parfois poussĂ©e de la soprano Layla Claire (Tusnelda, Ă©pouse d’Arminio et fille de SĂ©geste) peine Ă  trouver une teinte affirmĂ©e dans le personnage tout autant loyal que celui de son Ă©poux Arminio. De toute Ă©vidence l’opĂ©ra de Haendel prend parti pour les Barbares… qui n’ont de barbare que leur (fausse) rĂ©putation, tant les Germains ici surclassent en grandeur morale leur rivaux romains.

Plus convaincant le Varo du tĂ©nor hĂ©roĂŻque Juan Sancho : il campe un romain colonisateur et conquĂ©rant par une voix claire et mĂ©tallique, idĂ©ale dans son air avec cor : “Mira il ciel”  (au III) ; la Ramise de l’alto fĂ©minin, cuivrĂ©e, incarnĂ©e de Ruxandra Donose s’affirme nettement (Voglio seguir) mĂŞme si l’on eĂ»t prĂ©fĂ©rĂ© articulation plus prĂ©cise et percutante.
De toute Ă©vidence, l’ouvrage fait l’apothĂ©ose des Germains, outrageusement dĂ©nigrĂ©s et finalement consolidĂ©s dans leur indĂ©fectible sens de l’honneur ; tout converge et prĂ©pare au duo final des Ă©poux enfin libĂ©rĂ©s, rĂ©confortĂ©s (après la mort expĂ©diĂ©e de Vero) : duetto final d’Arminio et Tusnelda qui rĂ©alise le lieto finale, dĂ©nouement heureux de mise dans tout seria. Le tenue orchestrale d’Armonia Atenea, conduit par George Petrou confirme sa rĂ©putation : alliant nervositĂ© et fluiditĂ©, acuitĂ© et accent d’un continuo, vĂ©ritable acteur plutĂ´t qui suiveur. Belle rĂ©alisation rĂ©vĂ©lant un inĂ©dit de Haendel. La production Ă©tait l’Ă©vĂ©nement du dernier festival Haendel de Karlsruhe (fĂ©vrier 2016) : on souhaite Ă  l’Ă©vĂ©nement allemand bien d’autres rĂ©surrections dĂ©fendues par un engagement aussi partagĂ© (hormis les solistes nettement moins convaincants que leur partenaires). MalgrĂ© ces (petites) rĂ©serves, la prĂ©sente rĂ©surrection mĂ©rite le meilleur accueil.

CLIC_macaron_2014CD, compte rendu critique. Haendel : Arminio HWV 36, recrĂ©ation. Max Emanuel Cencic (Arminio), Juan Sancho (Varo), Ruxandra Donose (Ramise), Layla Claire (Tusnelda), Xavier Sabata (Tullio)… Armonia Atenea. George Petrou, direction; EnregistrĂ© en septembre 2015 Ă  Athènes — 2 cd Decca 478 8764. CLIC de CLASSIQUENEWS avril 2016.

CD, opéra baroque. ANNONCE : Arminio de Haendel par Max Emanuel Cencic et George Petrou (2 cd Decca)

ARMINIO Decca max emanuel cencic haendel handel annonce announce classiquenews review critique cd 61TCPTYOKYL._SL1400_CD, opĂ©ra baroque. ANNONCE : Arminio de Haendel par Max Emanuel Cencic et George Petrou (2 cd Decca). C’est le dernier des opĂ©ras baroques ressuscitĂ© par le contre-tĂ©nor entrepreneur Max Emanuel Cencic, et sa fidèle troupe de chanteurs : collectif toujours investi Ă  exprimer en une caractĂ©risation affĂ»tĂ©e, jamais neutre, les passions dramatiques ici du gĂ©nie haendĂ©lien. En couverture, alors que sa consĹ“ur romaine Cecilia Bartoli, elle aussi inspirĂ©e par des programmes insolites ou des rĂ©surrections captivantes, s’affichait en prĂŞtre exorciste (pour ses relectures dĂ©fricheuses de Steffani), voici Cencic, tel un acteur de cinĂ©ma sur un visuel sensĂ© nous sĂ©duire pour susciter le dĂ©sir d’en Ă©couter davantage : voyageur emperruquĂ© pistolet (encore fumant)Ă  la main, tel un espion en pleine mission…

ARMINIO… L’AVENTURE DU SERIA HAENDELIEN A LONDRES. Créé en 6 reprĂ©sentations au Covent Garden de Londres en janvier et fĂ©vrier 1737, Arminio a visiblement marquĂ© les esprits de l’Ă©poque, certains tĂ©moins commentateurs n’hĂ©sitant pas Ă  parler de “miracle”… La partition n’a jamais plu depuis Ă©tĂ© remontĂ©e jusqu’Ă  ce que Cencic s’y intĂ©resse. Le sujet emprunte Ă  l’histoire romaine (Tacite) : c’est mĂŞme un Ă©pisode peu glorieux pour les lĂ©gions de Rome confrontĂ©es en 49 avant JC, aux Germains, dans la forĂŞt de Teutoburg. Le gĂ©nĂ©ral Varus est fait prisonnier du prince Hermann Arminius, commandant de 7 valeureuses tribus germaines. La dĂ©faite des Romains enterre toute vellĂ©itĂ© de Rome Ă  assoir sa puissance sur une vaste zone au delĂ  du Rhin. L’opera seria s’attache Ă  ciseler chaque profil psychologique, (selon le livret signĂ© Antonio Salvi) chaque intention, chaque espoir silencieux, chaque noeud d’une situation conflictuelle (chère Ă  Racine au siècle prĂ©cĂ©dent, entre amour, dĂ©sir et jalousie) que l’action contredit ou prĂ©cipite, souvent de façon artificielle : ainsi la mort de Varus/Varo le romain dĂ©fait est-elle Ă©vacuĂ© en quelques mots Ă  la fin de l’ouvrage dans un rĂ©citatif lapidaire qui vaut dĂ©nouement. Auparavant, Arminio est capturĂ© par Varo qui a des vues sur l’Ă©pouse de son ennemi captif… Pour captiver l’audience londonienne qui n’entend pas l’italien pour la majoritĂ©, Haendel n’hĂ©site pas Ă  rĂ©duire le texte de Salvi, en particulier ses rĂ©citatifs, vĂ©ritables tunnels d’ennui pour qui ce peut goĂ»ter les subtilitĂ©s de l’italien.

Parmi les chanteurs vedettes, les castrats sont toujurs Ă  l’honneur ; après la trahison du contralto Senesino, son chanteur contralto fĂ©tiche, rival de Farinelli, qui finalement quitte Haendel pour un troupe rivale en 1733, c’est dans le rĂ´le-titre, l’alto aigu Domenico Annibali qui relève les dĂ©fis d’un personnage exigeant ; le castrat Sigismondo lui emboĂ®te le pas, l’Ă©galant mĂŞme par sa partie non moins audacieuse : Ă  la crĂ©ation, rĂ´le tenu par le sopraniste Domenico Conti, surnommĂ© Gizziello, probablement le plus connu des solistes rĂ©unis par Haendel en 1737 : c’est le seul castrat soprano (en dehors des mezzos et contraltos) pour lequel le compositeur Ă©crira des rĂ´les Ă  Londres. CĂ´tĂ© chanteuses, la prima donna demeure dans le rĂ´le de Tusnelda, la soprano : Anna  Maria Strada del Pò, partenaire et interprète familière de Haendel depuis le dĂ©but des annĂ©es 1730 dont la laideur lĂ©gendaire Ă©galait la finesse dramatique et l’engagement vocal. Le tĂ©nor anglais John Beard chante le commandant Vero. Le chanteur deviendra directeur du Covent Garden, et continuera de chanter pour Haendel dans de nombreux autres ouvrages lyriques et aussi ses futurs oratorios.

 

 

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Le synopsis veille Ă  prĂ©senter de superbes profils psychologiques, tous impressionnĂ©s (les Romains), stimulĂ©s (les Germains) par l’hĂ©roĂŻsme stoĂŻcien du captif Arminio, prisonnier du gĂ©nĂ©ral romain Vero…  Au dĂ©but, le Germain SĂ©geste livre le chef germain Arminio au gĂ©nĂ©ral romain Vero. La fille et le fils de SĂ©geste, Tusnelda (Ă©pouse d’Arminio) et Sigismondo payent très cher, la trahison de leur père : Tusnelda en l’absence d’Arminio, doit affronter les avances de Vero ; Sigismondo ne peut rien faire quand sa fiancĂ©e Ramise, la soeur d’Arminio, rompt leur vĹ“u…  Pour augmenter les chances d’une paix avec Rome, SĂ©geste souhaite l’exĂ©cution d’Arminio pour que sa fille Tusnelda Ă©pouse Vero ; d’autant que Sigismondo a rejoint le parti de son père et accepte de pactiser avec les Romains. Figure hĂ©roĂŻque prĂŞte Ă  mourir, Arminio dans sa prison dĂ©clare qu’il ne cèdera pas quitte Ă  mourir. Son Ă©pouse Tusnelda lui reste fidèle. A l’acte III, tout semble ĂŞtre jouĂ© : Arminio est conduit Ă  l’Ă©chafaud : mais Vero impressionnĂ© par la noblesse du prisonnier, reporte l’exĂ©cution quand on apprend que des Germains rebelles ont soumis les lĂ©gions de Rome. Les femmes Tusnelda et Ramise libĂ©rent Arminio avec la complicitĂ© de Sigismondo ; Arminio prend la tĂŞte de la rĂ©bellion contre les Romains et tue Vero. SĂ©geste est soumis ; par clĂ©mence et grandeur morale, Arminio pardonne Ă  SĂ©geste en l’Ă©pargnant. Toutes les sĂ©quences pointent finalement vers le duo des Ă©poux germains qui se retrouvent en fin d’action : duetto final qui souligne les vertus de la fidĂ©litĂ© et de la constance de l’amour entre Arminio et Tusnelda).

Arminio de 1737 incarne un jalon majeur de l’expĂ©rience de Haendel Ă  Londres ; l’ouvrage par son sujet Ă©difiant et moral contient aussi l’objectif finalement non exhaucĂ© : fidĂ©liser les spectateurs londoniens Ă  l’opera seria italien. MalgrĂ© toutes ses tentatives, Haendel Ă©chouera en y perdant des fortunes. Il se refera grâce au nouveau de l’oratorio anglais promis Ă  de nombreux triomphes.

 

 

CD, annonce. Haendel : Arminio par Max Emanuel Cencic (2 cd Decca). Prochaine critique complete dans le mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS.COM. Parution : le 25 mars 2016. La production d’Arminio ressuscitĂ© par Max Emanuel Cencic fait l’ouverture du festival Handel Ă  Karlsruhe, le 13 fĂ©vrier 2016. Le haute-contre, devenu metteur en scène transpose l’intrigue romaine dans l’Europe de la RĂ©volution et de l’Ă©poque nĂ©opolĂ©onienne, tout en s’inspirant du film de Milos Forman “Les Ombres de Goya”… ambitieux projet.

 

 

 

Compte-rendu, opĂ©ra en concert. Toulouse, le 8 fĂ©vrier 2016. Haendel : Alcina. Inga Kalna, Emöke Barath… Ottavio Dantone.

Haendel, handel MessiePeut-ĂŞtre que la raison du succès est plus simple qu’il n’y paraĂ®t. MĂŞme si les affiches mettaient en avant les deux principaux chanteurs davantage que l’ouvrage, force est de constater que le succès rencontrĂ© par ce concert avec une Halle-aux-Grains pleine Ă  craquer est plein d’enseignements. Non, le public n’a pas besoin d’être distrait par une mise en scène pour Ă©couter trois heures et demi de musique. Quand on sait la laideur ou la bĂŞtise de certaines mises en scène, il convient de dire combien cette Alcina en version de concert a Ă©tĂ© théâtrale. Une Ă©quipe de chanteurs cooptĂ©s et au service d’une des plus belles partitions d’un gĂ©nie baroque arrive avec des regards, des dĂ©placements sobres, des gestes esquissĂ©s Ă  faire comprendre des sentiments ou des situations complexes. Les laisser sâ€exprimer est bien prĂ©fĂ©rable Ă  certaines directions d’acteurs alambiquĂ©es. Nous tenons peut-ĂŞtre lĂ , la recette de l’émotion lyrique du moins tant que le rĂ´le des metteurs en scènes sera si disproportionnĂ©.

 

 

 

Immense Alcina, de passion et d’Ă©motions….

 

 

Parfaitement à l’aise sur scène chaque chanteur a su insuffler tant dans les récitatifs que dans les airs toute la force des personnages, s’appuyant souvent par un regard vers les instrumentistes les accompagnant. L’orchestre plutôt chambriste a fait preuve d’une virtuosité parfaite et d’un engagement réconfortant. La direction d’Ottavio Dantone est précise et souple, laissant une large part aux respirations si essentielles et même au silence. Le dosage entre orchestre complet, quatuor à cordes, ou basse continue durant les airs da capo a permis une belle aération pleine de vie. Proche des musiciens comme des chanteurs, Ottavio Dantone passe de la direction au clavecin avec une aisance confondante et une naturel total. Il obtient de son orchestre de belles nuances, des couleurs variées permettant au chant de se développer dans un écrin magnifique.

Nous parlerons du chant tant cette équipe est soudée dans un art du bel canto au sommet. Chacun,  et même dans les plus petits rôles, a été magistral. Ainsi la voix ronde et homogène de Hasnaa Bennani a donné au jeune Roberto toute la flamme de sa fraîche jeunesse, puis aborde un «  Barbara » à l’acte 3 plein d’énergie. Christian Senn en Melisso a su camper avec vitalité le mentor qui cherche a remettre chacun à sa place. La beauté du timbre, la conviction de l’expression sont celles qui conviennent à ce personnage positif. Le ténor Anicio Zorza Giustiniani arrive dans un rôle un peu ingrat, à en dessiner plusieurs facettes. Le timbre est délicieusement chaud et sa capacité à vocaliser à pleine voix, avec des fioritures incroyables dans les reprises, est du grand art. Les longues phrases, les lignes parfaitement galbées forment un art du chant assez inhabituel pour un ténor. La précision des récitatifs donne de la force au personnage habituellement moins présent. Sa coquette amoureuse est incarnée par la pulpeuse Emöke Barath qui allie des qualités vocales rares en terme de beauté et chaleur du timbre de soprano aigu et des capacités d’alanguissement de haute séduction. La finesse du jeux, le charme des regards,  associés a une grande musicalité , tout permet de prédire à cette jeune chanteuse une très belle carrière.

Le rôle de Bradamante même au théâtre est souvent sacrifié en raison de son ton moralisateur. Ce soir la belle mezzo soprano Delphine Gailloux avec des geste élégants et fluides, mais surtout l’humour qu’elle sait y mettre, prend une dimension bien plus sympathique qu’au théâtre. Quel timbre de bronze, quelle ligne de chant ; quelle assurance dans les vocalises de colères comme de passion !

Pour finir, nous devons  mettre en vedette deux chanteurs dâ€exception. Philippe Jaroussky est le chouchou de toute une partie du public. Il est un musicien hors pairs qui a un chic dans ce qu’il fait tout Ă  fait inimitable. Vocalement nous n’avons pas toujours Ă©tĂ© adepte d’un son trop systĂ©matiquement angĂ©lique. Le travail sur l’incarnation de la voix est très intĂ©ressant et donne aujourd’hui au personnage de Ruggierro la dimension charnelle qui lui revient. Le timbre est plus chaud et plus prenant mais la voix reste aĂ©rienne. La ligne de chant est prodigieuse d’apesanteur. Les longues notes tenues en voix filĂ©e et  prolongĂ©e par une reprise sans respiration sont un prodige vocal rare et d’une belle puissance expressive. Une telle longueur de souffle est prodigieuse. L’air « Verdi prati » est un moment de pur dĂ©lice. Mais c’est peut ĂŞtre l’air « Sta nell’Ircana » avec les deux cors qui montre le mieux l’extraordinaire musicalitĂ© du contre tĂ©nor. Sans avoir la vaillance requise, il arrive avec une dose d’humour Ă  faire de cette aventure de couleurs, car les cors font ici leur unique apparition, un moment intense.

Mais Alcina ne serait pas un moment magique sans une grande Alcina. Si Inga Kalyna sauve cette production (Sonya Yoncheva Ă©tait originellement attendue) nous ne pouvions rĂŞver Alcina plus convaincante abolissant par la perfection de sont art, la temporalitĂ© et la notion de beautĂ© par une sĂ©duction du chant irrĂ©sistible. La voix est riche, pleines d’ harmoniques sombres mais dans une lumière de timbre irradiante. Les phrasĂ©s sont admirables d’élĂ©gance et de subtilitĂ©. Les moments d â€Ă©motions sont musicalement accomplis ; tant de colère, de douleur avec cette maĂ®trise vocale sur toute la tessiture est rare. La souffrance de la sorcière amoureuse est un moment absolument fascinant. Le grand air « Ah mio cor » est chantĂ© avec toute son âme. Sons filĂ©s, nuances creusĂ©es entre pianissimi blafards et forte flamboyants prouvent une maĂ®trise vocale absolue. La magie de son art du chant personnifie le rĂ´le. Du point de vue technique, cette maestriĂ  vocale lui permet outre une parfaite maitrise du vibrato, un usage des sons filĂ©s : piano, forte, piano et Ă  nouveau forte que je n’avais jamais entendue avec cette puissance vocale. Et il est peu de dire qu’aucune vocalise ne semble n’être autre chose qu’une Ă©vidence pour cette voix Ă  l’agilitĂ© diabolique.

Grande habituée du rôle, elle le chante sans partition et le joue de tout son corps avec sobriété. Une soirée d’opéra exceptionnelle que nous devons aux Grands Interprètes. Merci à ces artistes si soudés et si engagés à rendre justice à une superbe partition.

 

 

Compte-rendu, opĂ©ra en concert. Toulouse, le 8 fĂ©vrier 2016. Haendel : Alcina. Inga Kalna, Emöke Barath… Ottavio Dantone.

Acis et Galatée à Clermont-Ferrand

Haendel handel oratorio opera baroqueCLERMONT-FERRAND. Haendel : Acis et GalatĂ©e, les 4 et 6 fĂ©vrier 2016. Créée Ă  Avignon en octobre 2015, voici dans la ville qui a sĂ©lectionnĂ© les chanteurs solistes de cette nouvelle production, Acis et GalatĂ©e de Haendel, pastorale tragique et sanglante qui nĂ©cessite un chant articulĂ© ciselĂ© et un orchestre sur instruments anciens, bondissant, dramatique, habitĂ©. CLASSIQUENEWS Ă©tait prĂ©sent lors du dernier concours de chant lyrique de Clermont-Ferrand en octobre 2015 (VOIR notre reportage vidĂ©o 24ème Concours international de chant lyrique de Clermont-Ferrand ; entretien avec Damien Guillon, directeur musical de la production, Ă  propos de la distribution Ă  constituer dans Acis et GalatĂ©e ; entretien avec le baryton laurĂ©at Edward Grint, distinguĂ© pour chanter Polyphème) oĂą entre autres une partie de la distribution Ă©tait sĂ©lectionnĂ©e au cours de la Finale : ainsi on Ă©tĂ© choisis, les chanteurs Patrick Kilbride, dans le rĂ´le de Damon, et Eg-dward Grint, dans le rĂ´le de Polyphemus. A leurs cĂ´tĂ© c’est l’excellent Cyril Auvity qui chante Acis (avec Katherine Crompton en Galatea).

L’opĂ©ra Acis et GalatĂ©e de Haendel prĂ©sentĂ© par l’OpĂ©ra de Clermont-Ferrand :

clermont ferrand opera acis galatee large_acis_and_galatea“Conte cruel pour bergère dĂ©vergondĂ©e. Un homme aime une femme. Mais un autre homme aime la mĂŞme femme. Et c’est le drame ! Autrement : un jeune homme pauvre aime une jeune femme pauvre mais belle (jusqu’ici pas de lutte des classes !) mais un vieil homme riche, puissant et surtout laid aime aussi le tendron. Et c’est le drame ! Mais au-delĂ  de la fable, Haendel et Ovide nous disent que la femme dĂ©sirante a de bien dangereux pouvoirs… Et quand Ovide est lĂ , Shakespeare n’est jamais très loin tant ses mots s’installèrent en lui, fascinĂ© qu’il fut par son artifice fantastique, sa merveilleuse théâtralitĂ© et une sexualitĂ© omniprĂ©sente. Car Shakespeare Ă©tait portĂ© sur le sexe, indubitablement et Les MĂ©tamorphoses fut son livre d’or. Un hommage théâtral donc mais Ă©galement musical grâce Ă  Haendel qui donna ses lettres de noblesse Ă  l’opĂ©ra anglais. Avec Damien Guillon et Anne-Laure LiĂ©geois, William Shakespeare sera Ă  la fĂŞte !”

 

 

 

boutonreservationACIS AND GALATEA de Georg Friedrich Haendel (1718)
Ă  l’OpĂ©ra-Théâtre de Clermont Ferrand
Jeudi 4 février 2016, 20h
Samedi 6 février 2016, 15h

Cyril Auvity, Acis
Katherine Crompton, Galatea
Patrick Kilbride, Damon
Edward Grint, Polyphemus
Emilie Nicot, Choriste

Ensemble musical Le Banquet Céleste
Damien Guillon, direction musicale
Anne-Laure Liégeois, Mise en scène et scénographie

 

 

 

Haendel à Clermont-Ferrand : les 4 et 6 février 2016

 

 

Illustration : © Ludovic Combe – crĂ©ation Ă  Avignon (au premier plan, Edward Grint. Au second plan : de G Ă  D : Cyril Auvity et Patrick Kilbride)

 

 

Nouvel Alcina à Genève

Haendel handel oratorio opera baroqueGenève, Gd Théâtre.Haendel : Alcina. 15-29 fĂ©vrier 2016. Le Grand Théâtre de Genève (en rĂ©alitĂ© le cadre intimiste du théâtre de bois de l’OpĂ©ra des Nations) accueille une nouvelle production d’Alcina de Haendel, chef d’oeuvre absolu inspirĂ© de la poĂ©sie noire et tragique de L’Arioste, oĂą la passion amoureuse conduit chevaliers et magiciennes aux bords de la folie solitaire, destructrice. Chacun ici fait l’expĂ©rience de l’impuissance, mĂŞme l’enchanteresse Alcina qui malgrĂ© ses pouvoirs, n’est pas la souveraine manipulatrice que l’on pourrait croire : son empire est celui de l’artifice et de l’illusion et gare au moment oĂą en un Ă©clair de pleine conscience, les masques tombent et la magicienne mesure la rĂ©alitĂ© dĂ©risoire de son pouvoir. Avant les Armide et les MĂ©dĂ©e de la pĂ©riode des Lumières et des Romantiques, Haendel s’intĂ©resse au personnage central d’Alcina dont il fait une figure de femme surtout humaine, troublante, attachante, et formidablement dĂ©chirante. Peu Ă  peu, la magicienne humanisĂ©, sombre dans le noir de l’amertume, la rancoeur sourde d’une âme blessĂ©e, dĂ©truite, dĂ©vastĂ©e. Car Renaud qu’elle aime et qu’elle a ensorcelĂ© pour qu’il l’aime en retour, en reprenant ses esprits (grâce Ă  ses amis chevaliers et Ă  sa première compagne venue le recherche : Bradamante), comprend qu’il a Ă©tĂ© trompĂ© ; il n’aime pas Alcina et le lui fait savoir sans mĂ©nagement. Terrible et effrayant, l’abĂ®me qui se prĂ©sente alors Ă  la souveraine impuissante. Qui n’a pas su se faire aimer pour elle mĂŞme. Qui se fait aimer par magie. Mais pour si peu de temps. Les airs d’Alcina sont d’une effrayante et captivante vĂ©ritĂ© : ils mettent peu Ă  peu Ă  nu, l’âme dĂ©chirĂ©e et soumise de la magicienne. Remarquable de subtile effusion, d’une vĂ©ritĂ© inouĂŻe Ă  son Ă©poque, l’Ă©criture de Haendel, en vĂ©ritable mĂ©decin des âmes, grand connaisseur du sentiment humain, Ă©blouit par l’Ă©lĂ©gance d’une action fantastique qui se montre cruellement humaine.

 

 

 

boutonreservationGenève, Opéra des Nations
Haendel : Alcina 8 représentations
Les 15,17,19,21, 23, 25,27 et 29 février 2016
Nouvelle production
Leonardo Garcia Alarcon, direction
David Bösch, mise en scène
Avec Nicole Cabell, Monica Bacelli, Siobhan Stagg, Kristina Hammarström, Michael Adams… L’OpĂ©ra des Nations
La Cappella Mediterranea (continuo)

Dramma per musica en 3 actes de Georg Friedrich Haendel.
Livret anonyme d’après celui d’Antonio Fanzaglia pour l’opéra L’Isola d’Alcina de Riccardo Broschi, lui-même inspiré de l’Orlando furioso de L’Arioste.
Créé le 16 avril 1735 à Londres, au Covent Garden Theatre.

Chanté en italien avec surtitres en anglais et français 
Billets de Fr. 44.- à Fr. 199.- / Location dès le 31 août 2015 à 10h

 

 

ConfĂ©rence de prĂ©sentation de l’opĂ©ra Alcina
Mercredi 10 fĂ©vrier 2016, 18h15 au Théâtre de l’EspĂ©rance
Diffusion sur Espace 2, samedi 2 avril 2016, 20h.

 

 

 

Partenope de Haendel Ă  Paris et Ă  Madrid

Haendel handel oratorio opera baroquePARIS, MADRID. Partenope de Haendel, les 13 puis 23 janvier 2016. Au TCE Ă  Paris le 13 janvier puis Ă  Madrid (Auditorio nacional de Musica) le 23 janvier 2016, l’opĂ©ra de 1730, Partenope de Georg Friedrich Handel tient le hait de l’affiche dans la distribution du rĂ©cent enregistrement dirigĂ© par l’excellent Riccardo Minasi. Les vertus de ce disque exemplaire dramatiquement aurait-il conquis a posteriori les directeurs de salles ? Force est de cosntater que le cast, homogène et d’une vive caractĂ©risation, aussi subtile qu’intense et passionnĂ©e (combinaison primordiale chez Haendel) dĂ©fend ici la partition avec un engagement exceptionnel ; ce qui rend justice Ă  une partition peu jouĂ©e du Saxon. Voici ce qu’en Ă©crit notre rĂ©dacteur Benjamin Ballif, responsable de la critique dĂ©veloppĂ© de l’enregistrement de paru chez Erato en novembre 2015 :

Handel-Haendel-partenope-erato-il-pomo-d-oro-riccardo-Minasi-gauvin-jaroussky-barath-cd-review-critique-CLIC-CLASSIQUENEWS-novembre-2015-JAROUSSKY---Haendel-Partenope---Gauvin-Ainsley“… Après une première pĂ©riode au King’s Theatre, assez chaotique (1719-1728), conclu par le dĂ©part de la troupe de chanteurs italiens pourtant stupĂ©fiante (dont le castrat vedette Senesino, et les prime donne Francesca Cuzzoni et Faustina Bordoni), tous retournant Ă  Venise pour ne jamais plus remettre les pieds Ă  Londres, Haendel rĂ©ussit un tour de force en convaincant les nobles anglais, soutiens de l’entreprise lyrique (Royal Academy of Music) de le reconduire pour 5 annĂ©es, Ă  partir de janvier 1729 afin de lui offrir un confort de travail et le moyen de construire dans la durĂ©e, une vraie programmation d’opĂ©ra italien Ă  Londres : après avoir en vain sensibilisĂ© Farinelli pour participer Ă  sa nouvelle Ă©quipe, Haendel regroupe de nouvelles personnalitĂ©s chantantes, vrais tempĂ©raments autant chanteurs qu’acteurs, mais de nouveaux solistes : Francesca Bertolli, contralto (Armindo), la soprano Anna Maria Strada del Po (Partenope), Antonio Bernacchi (castrat : Arsace), Antonio Margherita Merighi (Rosmira)… Ainsi naĂ®t le chef d’oeuvre mĂ©sestimĂ© aujourd’hui, Partenope, créé le 24 fĂ©vrier 1730 au King’s Theatre. L’enjeu est de taille pour le compositeur qui vient d’essuyer un premier revers avec son premier ouvrage composĂ© pour la nouvelle Ă©quipe Lotario (créé en dĂ©cembre 1729 et vite mis au placard au regard de son peu de succès).
L’enregistrement dirigé par Riccardo Minasi, directeur musical si séduisant de l’excellent ensemble Il Pomo d’Oro (un titre : la Pomme d’or, en référence au chef d’oeuvre absolu signé par Cesti pour la Cour d’Innsbruck au XVIIè) a le mérite d’exprimer ce nouveau feu bouillonnant d’un Haendel quinquagénaire, plein d’entrain, dont l’objectif est au début d’un nouveau cycle musical où il peut enfin travailler en sécurité comme salarié de la Royal Academy, la reconquête d’une forte audience amatrice d’opéra seria.
antiquite-deesse-grece-renaissance-athena-294Partenope malgré son titre qui fait référence à la fondation de la ville de Naples a très peu à voir avec la Fable mythologique propres aux aventures d’Ulysse de retour à Ithaque (l’une des sirènes qui souhaitait le charmer, se jette dans la mer et échoue sur le rivage de la futur Naples donnant son nom à la fière cité) : ici, le librettiste, membre de l’Arcadia romaine, académie poétique : Silvio Stampiglia dans le sillon des poètes pessimistes et satiriques tel le Vénitien Busenello (esprit libertin volontiers cynique et sensuel), transpose l’intrigue napolitaine dans un théâtre sentimental, véritable marivaudage avant l’heure où la reine Partenope est le centre des attentions de trois soupirants : Arsace, prince de Corinthe et favori en titre ; Armindo, prince de Rhodes, trop timide pour titiller la curiosité de la Souveraine bien qu’elle ne soit pas insensible à son charme tendrement viril ; enfin, Emilio (seul ténor), prince de Cumes qui est finalement humilié en étant défait lors d’une bataille expéditive. L’arrivée de Rosmira, ancienne maîtresse d’Arsace, devenu ici jeune arménien Eurimène, bouscoule les positions de cet échiquier amoureux : à son contact (entre haine vengeresse et regain amoureux), Arsace se rend compte qu’il est toujours épris de Rosmira ; les deux finiront par s’avouer leur indéfectible lien et Partenope convolera finalement avec le jeune Armindo.
Haendel regorge d’inventive inspiration pour exprimer surtout les vertiges Ă©motionnels nĂ©s du choc entre le favori en titre (Arsace) et la passion contradictoire Ă  son Ă©gard de son ex : Rosmira, passionnant personnage, cĹ“ur racinien Ă  l’opĂ©ra dont chaque air, comme c’est le cas d’Arsace, accumule en les nuançant, chaque jalon sentimental Ă  travers les 3 actes d’un drame surtout psychologique.”

LIRE la critique complète et développée de Partenope de Haendel par Riccardo Minasi (3 cd Erato)

Le coffret a été récompensé par le CLIC de classiquenews en novembre 2015.

Paris, TCE Théâtre des Champs Elysées
Le 13 janvier 2016, 19h30

Madrid, Auditorio nacional de Musica
Le 23 janvier 2016, 20h

CD. Compte rendu critique. Handel / Haendel : Partenope, 1730. Karina Gauvin, Philippe Jaroussky, Teresa Iervolino… Il Pomo d’Oro. Riccardo Minasi, direction.

Handel-Haendel-partenope-erato-il-pomo-d-oro-riccardo-Minasi-gauvin-jaroussky-barath-cd-review-critique-CLIC-CLASSIQUENEWS-novembre-2015-JAROUSSKY---Haendel-Partenope---Gauvin-AinsleyCD. Compte rendu critique. Handel / Haendel : Partenope, 1730. Karina Gauvin, Philippe Jaroussky, Teresa Iervolino… Il Pomo d’Oro. Riccardo Minasi, direction (3 cd Erato). Après une première pĂ©riode au King’s Theatre, assez chaotique (1719-1728), conclu par le dĂ©part de la troupe de chanteurs italiens pourtant stupĂ©fiante (dont le castrat vedette Senesino, et les prime donne Francesca Cuzzoni et Faustina Bordoni), tous retournant Ă  Venise pour ne jamais plus remettre les pieds Ă  Londres, Haendel rĂ©ussit un tour de force en convaincant les nobles anglais, soutiens de l’entreprise lyrique (Royal Academy of Music) de le reconduire pour 5 annĂ©es, Ă  partir de janvier 1729 afin de lui offrir un confort de travail et le moyen de construire dans la durĂ©e, une vraie programmation d’opĂ©ra italien Ă  Londres : après avoir en vain sensibilisĂ© Farinelli pour participer Ă  sa nouvelle Ă©quipe, Haendel regroupe de nouvelles personnalitĂ©s chantantes, vrais tempĂ©raments autant chanteurs qu’acteurs, mais de nouveaux solistes : Francesca Bertolli, contralto (Armindo), la soprano Anna Maria Strada del Po (Partenope), Antonio Bernacchi (castrat : Arsace), Antonio Margherita Merighi (Rosmira)… Ainsi naĂ®t le chef d’oeuvre mĂ©sestimĂ© aujourd’hui, Partenope, créé le 24 fĂ©vrier 1730 au King’s Theatre. L’enjeu est de taille pour le compositeur qui vient d’essuyer un premier revers avec son premier ouvrage composĂ© pour la nouvelle Ă©quipe Lotario (créé en dĂ©cembre 1729 et vite mis au placard au regard de son peu de succès).
L’enregistrement dirigĂ© par Riccardo Minasi, directeur musical si sĂ©duisant de l’excellent ensemble Il Pomo d’Oro (un titre : la Pomme d’or, en rĂ©fĂ©rence au chef d’oeuvre absolu signĂ© par Cesti pour la Cour d’Innsbruck au XVIIè) a le mĂ©rite d’exprimer ce nouveau feu bouillonnant d’un Haendel quinquagĂ©naire, plein d’entrain, dont l’objectif est au dĂ©but d’un nouveau cycle musical oĂą il peut enfin travailler en sĂ©curitĂ© comme salariĂ© de la Royal Academy, la reconquĂŞte d’une forte audience amatrice d’opĂ©ra seria.
CLIC_macaron_2014Partenope malgrĂ© son titre qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  la fondation de la ville de Naples a très peu Ă  voir avec la Fable mythologique propres aux aventures d’Ulysse de retour Ă  Ithaque (l’une des sirènes qui souhaitait le charmer, se jette dans la mer et Ă©choue sur le rivage de la futur Naples donnant son nom Ă  la fière citĂ©) : ici, le librettiste, membre de l’Arcadia romaine, acadĂ©mie poĂ©tique : Silvio Stampiglia dans le sillon des poètes pessimistes et satiriques tel le VĂ©nitien Busenello (esprit libertin volontiers cynique et sensuel), transpose l’intrigue napolitaine dans un théâtre sentimental, vĂ©ritable marivaudage avant l’heure oĂą la reine Partenope est le centre des attentions de trois soupirants : Arsace, prince de Corinthe et favori en titre ; Armindo, prince de Rhodes, trop timide pour titiller la curiositĂ© de la Souveraine bien qu’elle ne soit pas insensible Ă  son charme tendrement viril ; enfin, Emilio (seul tĂ©nor), prince de Cumes qui est finalement humiliĂ© en Ă©tant dĂ©fait lors d’une bataille expĂ©ditive. L’arrivĂ©e de Rosmira, ancienne maĂ®tresse d’Arsace, devenu ici jeune armĂ©nien Eurimène, bouscoule les positions de cet Ă©chiquier amoureux : Ă  son contact (entre haine vengeresse et regain amoureux), Arsace se rend compte qu’il est toujours Ă©pris de Rosmira ; les deux finiront par s’avouer leur indĂ©fectible lien et Partenope convolera finalement avec le jeune Armindo.
Haendel regorge d’inventive inspiration pour exprimer surtout les vertiges Ă©motionnels nĂ©s du choc entre le favori en titre (Arsace) et la passion contradictoire Ă  son Ă©gard de son ex : Rosmira, passionnant personnage, cĹ“ur racinien Ă  l’opĂ©ra dont chaque air, comme c’est le cas d’Arsace, accumule en les nuançant, chaque jalon sentimental Ă  travers les 3 actes d’un drame surtout psychologique. La partition du dernier acte est la plus emblĂ©matique de cette vision intimiste des passions humaines, oĂą s’affirme le gĂ©nie de Haendel apte Ă  concilier drame et tourments intĂ©rieurs.
Le cast rĂ©unit ici est exemplaire, d’autant que la caractĂ©risation subtile dĂ©fendue par l’ensemble de Riccardo Minasi apporte un raffinement Ă©lĂ©gantissime qui s’inscrit dans le sillon d’un William Christie, pilier de l’interprĂ©tation haendĂ©lienne : c’est dire le style et la tenue ainsi dĂ©fendus. Aucun des airs, aucun des Ă©pisodes ne faiblit et chaque sĂ©quence, prise comme unitĂ© singulière, est spĂ©cifiquement conçue comme le reflet prĂ©cis d’un nouveau sentiment, surgissant Ă  un moment clĂ© de la situation concernĂ©e.
L’enchaĂ®nement des premières sĂ©quences de l’acte III rĂ©vèle ce travail superlatif rĂ©alisĂ© par les interprètes, chanteurs et instrumentistes :
VĂ©ritable dĂ©fi et sommet de contrastes oĂą elle s’adresse Ă  ses deux soupirants chacun suscitant un sentiment prĂ©cisĂ©ment contraire : tendresse pour Armindo ; nouvelle haine pour Arsace : l’air “Spera e godi, oh mio tesoro” (cd3, plage7) impose l’excellente Partenope de Karina Gauvin, aux vertiges passionnels contrastĂ©s, dont la flexibilitĂ© Ă  passer d’un sentiment l’autre, d’autant plus qu’elle respecte l’articulation projetĂ©e du texte, confirme son Ă©loquente incarnation d’une souveraine toujours fière et digne, vraie arbitre de la situation sentimentale.
Dans son air hĂ©roĂŻque et de sagesse, “la speme ti consoli” (plage9), le (seul) tĂ©nor du plateau, John Mark Ainsley confirme une belle endurance vocale, combinant Ă©lĂ©gance et espĂ©rance.

Il Pomo d’oro restitue la passion palpitante du Haendel le mieux conquĂ©rant Ă  Londres d’une nouvelle audience pour l’opĂ©ra italien

Feu haendélien des années 1730

antiquite-deesse-grece-renaissance-athena-294Parfaitement employĂ© au regard de son caractère et de son format vocal, le contre tĂ©nor Philippe Jaroussky compose un Arsace totalement convaincant dont chaque air nuance le tempĂ©rament Ă©pris d’un amant officiel (favori de Partenope) rattrapĂ© par son premier amour (pour Rosmira) ; chacun des tableaux qui rĂ©vèlent peu Ă  peu sa lente implosion intĂ©rieure, Ă©claire l’inclination naturelle de son caractère pour la tendresse : langueur murmurĂ©e, douceur extatique idĂ©ale pour sa voix peu puissante qui tient la note dans le medium riche et onctueux pour “Ch’io parta” (plage11), climat de langueur et de renoncement d’une âme atteinte magnifiquement approfondie encore dans la suite des plages 16 et 17 (“Ma quai note di mesti lamenti“), c’est Ă  dire le tableau du sommeil oĂą Ă©blouit la juste coloration instrumentale – flĂ»te, thĂ©orbe, cordes : vĂ©ritable palpitation introspective d’une grave sincĂ©ritĂ©, … notons l’exceptionnelle profondeur du geste du chef et de ses instrumentistes dans l’expression de cette mise en sommeil qui marque une pause sereine dans un tempĂŞte affective Ă©reintante.
Lui donne la rĂ©plique, la non moins nuancĂ©e Rosmira de la mezzo italienne Teresa Iervolino, aux graves droits et affirmĂ©s qui toujours proche du texte exprime parfaitement l’agitation et les vertiges contradictoires d’une amoureuse en reconquĂŞte (plage 13 : superbe air “Quel volto mi piace“) qui malgrĂ© son ressentiment, n’espère qu’une chose, retrouver l’amour d’Arsace. Le violon solo agile et subtile y exprime prĂ©cisĂ©ment l’Ă©moi et la panique Ă©motionnelle d’une âme tiraillĂ©e entre vengeance et tendresse pour celui qui l’a quittĂ© mais qu’elle aime toujours : la mezzo affirme contrĂ´le et de superbes couleurs : elle est parfaite dans le rĂ´le travesti de Rosmira / Eurimène.
On reste moins convaincu par l’approche de la soprano Emöke Barath, certes dotĂ©e d’un joli timbre mais qui chantonne et papillonne sans consistance, sans vraiment comprendre le caractère de son personnage (douceur tendre d’Armindo, futur Ă©poux de Partenope).
Ses rĂ©serves mises Ă  part, voilĂ  donc ce Haendel palpitant, extatique, rĂŞveur, exaltĂ©, passionnĂ©, vrai poète dramaturge dans un excellent coffret, dĂ©fendu avec une passion raffinĂ©e par un collectif très attentif au feu haendĂ©lien, si typique au dĂ©but des annĂ©es 1730 Ă  Londres. Aujourd’hui, les intĂ©grales d’opĂ©ras sont rares : alors ne boudons pas notre plaisir. CLIC de classiquenews de novembre 2015.

 

 

 

 

Handel-Haendel-partenope-erato-il-pomo-d-oro-riccardo-Minasi-gauvin-jaroussky-barath-cd-review-critique-CLIC-CLASSIQUENEWS-novembre-2015-JAROUSSKY---Haendel-Partenope---Gauvin-AinsleyCD. Compte rendu critique. Handel / Haendel : Partenope, 1730. Karina Gauvin, Philippe Jaroussky, Teresa Iervolino… Il Pomo d’Oro. Riccardo Minasi, direction (3 cd Erato). Enregistrement rĂ©alisĂ© Ă  Lonigo, Italie, en fĂ©vrier 2015 – 3 cd ERATO, 0825646090075 – CLIC de classiquenews de novembre 2015

Compte rendu, oratorio. Paris, TCE, le 10 octobre 2015. Haendel : Theodora. Katherine Watson, D’Oustrac, Thorpe… William Christie, direction

Compte rendu, oratorio. Paris, TCE, le 10 octobre 2015. Haendel : Theodora. Katherine Watson, D’Oustrac, Thorpe… William Christie, direction. Grand retour de Theodora, l’oratorio du silence et de la lenteur, au TCE Ă  Paris, sublimĂ© par le geste concentrĂ©, noble et introspectif de William Christie Ă  la tĂŞte de ses troupes des Arts Florissants. C’est un comble mĂ©ritant en effet que l’oratorio, forme abstraite et spirituelle, de surcroĂ®t celui qui est le plus allĂ©gorique, ne nĂ©cessitant doncpas de mise en scène, soit ici scĂ©nographie : pas facile de rendre dramatique, une partition qui l’est dĂ©jĂ  par la seule musique, ses contrastes et Ă©pisodes enchaĂ®nĂ©s. Hymne fraternel pour la tolĂ©rance, contre l’oppression sous toute ses formes, Theodora malgrĂ© son sujet chrĂ©tien est une fresque saisissante qui dĂ©passe l’anecdote pour atteindre Ă  l’universel. C’est toute la comprĂ©hension profonde et subtilement intĂ©rieure qu’apporte William Christie dont on ne cessera jamais de remarquer cet Ă©quilibre souverainentre l’élĂ©gance de la forme et la profondeur de chaque inflexion. Ce poli formel, cette perfection de l’intonation dont de ses Haendel, des rĂ©fĂ©rences absolues (ses rĂ©cents enregistrements d’un autre oratorio Belshaazar, qui inaugurait son propre label, puis Musiques pour les FunĂ©railles de la Reine Caroline ont confirmĂ© une affinitĂ© viscĂ©rale entre le chef et le compositeur saxon. Les 2 cd ont Ă©tĂ© Ă©lus CLIC de classiquenews Ă  juste titre.

 

 

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Après Glyndebourne en 1996, William Christie reprend Theodora à Paris

Magie haendélienne au TCE

 

 

Le metteur en scène Stephen Langridge a le mérite de travailler la clarté de l’action ; des soldats d’une époque et d’un lieu indéfini oppriment un peuple de croyants (qui peuvent être aussi de toute époque et de tout continent) : ce n’est donc pas un narration restituée dans son milieu et dans son histoire qui importe ici mais la violence et la barbarie de la situation qui prime sur le reste (les spectateurs sont confrontés à des scènes allusives cependant très fortes : exécution, prostitution obligée dont celle de la chrétienne Theodora… emblèmes ordinaires d’un pouvoir totalitaire qui exerce la terreur).
Ainsi l’oratorio de 1749 gagne une grandeur symbolique évidente ; et dans une scène épurée, la force psychologique des protagoniste est particulièrement mise en avant, d’autant que William Christie a le secret de leur caractérisation. Le chef s’entend à merveille à exprimer la gravité digne du dernier Haendel, celui qui aux portes de la mort et de la nuit (à cause de sa cécité grandissante) s’économise et cible l’essentiel.
Si l’on attendait le sopraniste Philippe Jaroussky en Didyme (honnête il est vrai mais pas mémorable : trop lisse, trop plastiquement poseur), c’est surtout Katherine Watson, partenaire familière de Wiliam Christie (elle a déjà chanté à son festival vendéen de Thiré : Dans les Jardins de William Christie), qui captive par sa très fine présence, offrant au caractère de Theodora, la puissance calme et serine des élus : certitude intérieure, d’une inaltérable conviction servie par un tempérament extérieur entre maîtrise et sensibilité (les détracteurs diront froideur et rigidité anglosaxonne). Le style est parfait et la langue, idéalement articulée. Les voix graves, Stéphanie d’Oustrac en Irène (embrasée) et Callum Thorpe (hier lauréat d’un précédent Jardin des voix) en Valens (gouverneur dictateur juvénil, un parfait « effeminato », pervers/autoritaire à la façon du Nerone de Monteverdi et Busenello), tempèrent cette fresque angélique et profonde, de teintes plus âpres et déchirantes ; inquiet et tiraillé, le compagnon de Didymus, et comme lui soldat romain, trouve en Kresimir Spicer, un être palpitant à l’âme ardente et en déséquilibre (quoique parfois une rien retenu, presque naît et trop candide). Remarquables figures.

 

 

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A la ligne noble et mordante des solistes rĂ©pond la masse ciselĂ©e du choeur, l’un des plus mĂ©ditatifs et spirituels de Haendel (chrĂ©tiens inspirĂ©s, hallucinĂ©s ; romains quoiqu’ils en disent, admirateurs d’une telle passion), grâce Ă  la direction ample, mesurĂ©e, structurelle d’un Christie, expert en la matière. Souvent le chef peste contre la rĂ©action bruyante du public, mais il est soucieux de la tension continue et de la fluiditĂ© de son incroyable mĂ©canique musicale. Les spectateurs oublieraient-ils qu’ils assistent Ă  un oratorio, et non un opĂ©ra ? On se souvient d’une Susanna inoubliable Ă  Ambronay et d’une Theodora dĂ©jĂ  lĂ©gendaire il y a 20 ans Ă  Glyndebourne (1996, scĂ©nographiĂ©e alors par Peter Sellars avec les torches incandescentes Lorraine Hunt et Richard Croft) : cette Theodora parisienne, grâce Ă  la magie envoĂ»tante d’un Christie plus handĂ©lien que jamais, – et inĂ©galĂ© dans ce rĂ©pertoire : entre finesse et spiritualitĂ©-, est en passe de renouveler le prodige, tout au moins sur le plan instrumental et choral.

 

 

 

Theodora de Haendel par William Christie, à l’affiche du TCE à Paris, les 16, 18 et 20 octobre 2015.

 

 

INTERNET. Theodora de Haendel par William Christie

arte_logo_2013Internet. “Theodora” de Haendel, vendredi  16 octobre, 20h, en direct du Théâtre des Champs ElysĂ©es sur ARTE Concert ; Ă  voir depuis le lien suivant, en direct puis pendant plusieurs mois :

http://concert.arte.tv/fr/theodora-de-haendel-au-theatre-des-champs-elysees

 

L’oratorio mis en scène, sera diffusĂ© Ă  l’antenne d’Arte, courant 2016. Nouvelle production dirigĂ©e par William Christie et Les Arts Florissants. Avec Philippe Jaroussky et Katherine Watson… dans les deux rĂ´les principaux, Dydimus et Theodora, amants chrĂ©tiens, unis jusque dans la mort…

William Christie,  direction
Stephen Langridge,  mise en scène
Philippe Giraudeau,  chorégraphie
Alison Chitty,  décors et costumes
Fabrice Kebour,  lumières

Katherine Watson, Theodora
Stéphanie d’Oustrac, Irène
Philippe Jaroussky, Dydime
Kresimir Spicer, Septime
Callum Thorpe, Valens

Orchestre et Chœur Les Arts Florissants

 

LIRE notre présentation complète de l’oratorio Theodora de Haendel par William Christie, grand spécialiste de Haendel et connaisseur de l’oratorio Theodora.

 

 

William Christie rejoue Theodora de HaendelParis, TCE. Theodora de Haendel par William Christie. 10-20 octobre 2015. 5 dates événements (10,13,16,18,20 octobre) pour le sommet spirituel de Haendel par son interprète le mieux inspiré. Grand retour (d’autant plus attendu) de Wiliam Christie (fondateur des Arts Florissants et créateur récent du festival enchanteur à Thiré en Vendée, “Dans les jardins de William Christie”, – chaque dernière semaine d’août). “Bill” connaît Haendel comme personne : il en fait respirer les moindres nuances, sachant caractériser comme peu avant lui, chaque profil psychologique, chaque situation dramatique. Un récent album dédié aux musiques funèbres de Haendel pour son amie et protectrice, la Reine Caroline (édité par le label des Arts Florissants) a encore confirmé les affinités du chef avec la lyre hautement mystique du saxon. Ses derniers oratorios dont Theodora (1750) illustrent une maîtrise rare dans l’art expressif et lyrique sans déploiement théâtral… émotions, enjeux et action étant seulement portés par les élans et vertiges du chant, solistique ou choral.
L’ouvrage d’une durée indicative de 2h, est le seul oratorio de Haendel, d’après l’histoire chrétienne : Theodora est une martyre chrétienne du IVè siècle, incarnant avec une rare réussite la plénitude fervente et la certitude spirituelle du croyant. Sa passion entraîne avec elle son fiancé Didymus : aucune épreuve y compris la mort ne peut entraver la croyance et l’espérance intérieures qui portent la vierge martyre. EN LIRE +

 

 

William Christie reprend Theodora de Haendel

William Christie rejoue Theodora de HaendelParis, TCE. Theodora de Haendel par William Christie. 10-20 octobre 2015. 5 dates Ă©vĂ©nements (10,13,16,18,20 octobre) pour le sommet spirituel de Haendel par son interprète le mieux inspirĂ©. Grand retour (d’autant plus attendu) de Wiliam Christie (fondateur des Arts Florissants et crĂ©ateur rĂ©cent du festival enchanteur Ă  ThirĂ© en VendĂ©e, “Dans les jardins de William Christie”, – chaque dernière semaine d’aoĂ»t). “Bill” connaĂ®t Haendel comme personne : il en fait respirer les moindres nuances, sachant caractĂ©riser comme peu avant lui, chaque profil psychologique, chaque situation dramatique. Un rĂ©cent album dĂ©diĂ© aux musiques funèbres de Haendel pour son amie et protectrice, la Reine Caroline (Ă©ditĂ© par le label des Arts Florissants) a encore confirmĂ© les affinitĂ©s du chef avec la lyre hautement mystique du saxon. Ses derniers oratorios dont Theodora (1750) illustrent une maĂ®trise rare dans l’art expressif et lyrique sans dĂ©ploiement théâtral… Ă©motions, enjeux et action Ă©tant seulement portĂ©s par les Ă©lans et vertiges du chant, solistique ou choral.
L’ouvrage d’une durĂ©e indicative de 2h, est le seul oratorio de Haendel, d’après l’histoire chrĂ©tienne : Theodora est une martyre chrĂ©tienne du IVè siècle, incarnant avec une rare rĂ©ussite la plĂ©nitude fervente et la certitude spirituelle du croyant. Sa passion entraĂ®ne avec elle son fiancĂ© Didymus : aucune Ă©preuve y compris la mort ne peut entraver la croyance et l’espĂ©rance intĂ©rieures qui portent la vierge martyre.

 

 

 

L’oratorio anglais selon Haendel

En 1750, Haendel accomplit une forme remarquablement raffinĂ© de l’oratorio anglais

 

Les chĹ“urs sont magnifiquement Ă©crits : chrĂ©tiens puissamment contrapuntiques et d’une sĂ©duction rare – spirituelle et d’une ineffable Ă©lan mystique en rĂ©sonance avec le parcours fervent de l’hĂ©roĂŻne ; Romains paĂŻens non moins engagĂ©s, mais d’une simplicitĂ© homorythmique pourtant très orchestrĂ©e.
Le profil des personnalitĂ©s montre le travail de Haendel pour caractĂ©riser avec beaucoup de finesse chacun des protagonistes : tant de subtilitĂ© dans le traitement des personnages dĂ©montre l’humanitĂ© qui inspire Haendel, son humanisme compatissant Ă  la douleur des ĂŞtres, Ă  la souffrance des âmes Ă©prouvĂ©es sur l’autel de l’intolĂ©rance. Au delĂ  de la lĂ©gende chrĂ©tienne, Haendel s’intĂ©resse Ă  la tragĂ©die des justes, sacrifiĂ©s par la machine de la barbarie.

 

 

synopsis

Haendel handel oratorio opera baroqueActe I. Pour fĂŞter l’anniversaire de l’Empereur DioclĂ©tien, le prĂ©fet romain d’Antioche Valens ordonne que le peuple sacrifie Ă  Jupiter. Pourtant le jeune officier romain Didymus s’oppose Ă  cette tyrannie religieuse : lui-mĂŞme converti secrĂŞtement au christinianisme milite pour la libertĂ© de conscience. La jeune noble Theodora dĂ©fie l’autoritĂ© romaine : elle est arrĂŞtĂ©e pour ĂŞtre prostituer dans le temple de VĂ©nus. DĂ©jĂ , l’âme languissante de Theodora, habitĂ©e par la mort de dĂ©livrance, se recommande aux anges (scène 5). Didymus jure de la libĂ©rer.
Acte II. Didymus rĂ©ussit Ă  revoir Theodora dans sa loge (grâce Ă  l’acceptation de Septimus), cependant que la suivante de la jeune prisonnière, Irène, prie pour son salut. Didymus propose Ă  Theodora de revĂŞtir son armure pour s’Ă©chapper pendant que le jeune homme, qui l’aime et qui est prĂŞt Ă  mourir, prendra sa place.
Acte III. Theodora libĂ©rĂ©e exprime le seul air gracieux presque insouciant dans une succession de lamentations langoureuses. Mais Didymus a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort. Theodora pour sauver le jeune homme se livre Ă  Valens.Le dernier chĹ“ur des chrĂ©tiens cĂ©lèbrent l’abnĂ©gation et la courage des deux chrĂ©tiens marchant Ă  leur supplice.

 

 

boutonreservationParis, TCE. Theodora de Haendel par William Christie. 10, 13, 16, 18, 20 octobre 2015. 5 dates événements. Mise en scène : Stephen Langridge. Oratorio en trois actes créé en 1750, Livret de Thomas Morell.

 

William Christie  direction
Stephen Langridge  mise en scène
Philippe Giraudeau  chorégraphie
Alison Chitty  décors et costumes
Fabrice Kebour  lumières

Katherine Watson Theodora
Stéphanie d’Oustrac Irène
Philippe Jaroussky Dydime
Kresimir Spicer Septime
Callum Thorpe Valens

Orchestre et Chœur Les Arts Florissants

 

 

William Christie vous ouvre les portes de ses jardins enchantĂ©s15 ans après son enregistrement lĂ©gendaire, William Christie reprend Theodora avec l’intense caractĂ©risation qui lui est propre : le chef fondateur des Arts Florissants s’entoure d’une nouvelle distribution vocale dont l’excellente soprano Katherine Watson dans le rĂ´le titre, cependant que StĂ©phanie d’Oustrac prĂŞte son somptueux timbre âpre et chaud au personnage d’Irène (la suivante de la jeune noble Theodora), Philippe Jaroussky chante la partie du jeune officier romain converti, Didymus (premier emploi dans un oratorio anglais pour le chanteur français), et que la basse Callum Thorpe (laurĂ©at du Jardin des Voix 2013) incarne l’implacable gouverneur d’Antioche, bourreau des deux fiancĂ©s chrĂ©tiens, Valens.

 

 

handel-haendel-portrait-grand-formatContexte. Avec Theodora, oratorio de l’indĂ©fectible ferveur de la vierge martyre, Haendel perfectionne encore sa maĂ®trise dans le genre dont il s’est le champion inatteignable : l’oratorio anglais. Après le succès de l’oratorio Judas Maccabaeus de 1746, Haendel renoue avec le succès Ă  Londres dans le genre de l’oratorio. En 1749, le compositeur surenchĂ©rit dans l’excellence et toujours en langue anglaise, avec deux nouveaux accomplissements : Solomon et Susanna. Theodora de 1750 marque avec Jephta de 1752, un sommet de son inspiration sur un livret rĂ©digĂ© par le rĂ©vĂ©rend Thomas Morell (recommandĂ© par le prince de Galles). On ne saurait insister sur la couleur spĂ©cifique dans le genre de l’oratorio anglais de Theodora, unique drame inspirĂ© de la passion chrĂ©tienne. Morell s’inspire du drame de Corneille (ThĂ©odore, vierge et martyre de 1646) dont il puise ce souffle poĂ©tique souvent irrĂ©sistible. On ne saurait insister sur la justesse poĂ©tique et la profonde cohĂ©rence de l’oeuvre : l’ouverture en sol mineur affirme la tonalitĂ© dĂ©sormais associĂ©e Ă  Theodora, sa foi inextinguible et indestructible, laquelle conclut aussi la partition.

 

 

christie-william-les-arts-florissants-3-cd-critique-review--handel-theodora-erato-cd-reference-clic-de-classiquenews-compte-rendu-critiqueCD. Handel : Theodora, 1750. William Christie, Les Arts Florissants (3 cd Erato). EnregistrĂ© Ă  Paris Ă  l’Ircam en mai 2000, la version de Bill de l’oratorio oriental de Handel (l’action se dĂ©roule Ă  Antioche) captive de bout en bout grâce Ă  un travail spĂ©cifique sur la caractĂ©risation dramatique de l’action : situations et protagonistes gagnent un relief revivifiĂ© dans un cycle continu qui frappe par sa cohĂ©rence et son souffle. William Christie a poursuivi son exploration du théâtre de Handel : ses rĂ©centes lectures de Belshaazar puis des Musiques pour la reine Caroline (2 titres Ă©ditĂ©s en 2014 et 2015, sous le nouveau label des Arts Florissants) ont confirmĂ© la profonde comprĂ©hension du chef, fondateur des Arts Florissants, de l’écriture haendĂ©lienne. Ici prĂ©valent l’intensitĂ© spirituelle, surtout le parcours Ă©motionnel du couple des martyrs chrĂ©tiens, Theodora et son fiancĂ© Didymus, jeune officier romain converti au christianisme. Toujours plus contraints, les chrĂ©tiens renforcent leur certitude et leur croyance. EprouvĂ©s, humiliĂ©s, inquiĂ©tĂ©s (par l’inflexible et furieux Valens), les deux Ă©lus savent garder leur conviction en une droiture intĂ©rieure saisissante que la musique exprime directement. L’importance des chĹ“urs, chrĂ©tiens et romains, remarquablement Ă©crits, souligne l’ampleur spirituelle souhaitĂ©e par Handel. Erato réédite le coffret de 3 cd Ă  l’occasion de la nouvelle lecture de Theodora par William Christie en octobre 2015. Sophie Daneman dans le rĂ´le titre signe l’un de ses derniers rĂ´les parmi les plus habitĂ©s. Dès son premier air  : “Fond; flatt’ring world, adieu!” la soprano exprime le caractère Ă  la fois Ă©thĂ©rĂ© et abandonnĂ© une inĂ©luctable mort sacrificielle d’une Theodora, totalement embrasĂ©e par son destin qui la voue au martyre.En Dydimus, Daniel Taylor a des aigus faciles et un medium bien assurĂ© : le contre tĂ©nor (Ă  l’origine le rĂ´le fut confiĂ© au castrat alto Gaetano Guadagni affirme la certitude du jeune officier romain converti. Le Septimus de Richard Croft gagne un relief lui aussi finement caractĂ©risĂ© grâce Ă  sa tessiture de tĂ©nor tendre : le chanteur exprime la sensibilitĂ© d’un romain qui sait ĂŞtre permĂ©able Ă  la conversion de Didymus. L’Irène de Juliette Galstian fait valoir un timbre plus neutre, moins nuancĂ© et flexible que Sophie Daneman. Emblème d’une direction articulĂ©e et claire, le geste de William Christie sait rĂ©aliser cette texture pointilliste de l’orchestre, Ă  la fois parfaitement dĂ©taillĂ©e, et tout autant d’une onctuositĂ© flexible et chaude qui convoque l’Ă©popĂ©e et la transfiguration spirituelle. Bill semble nous rappeler combien le tempĂ©rament de Haendel mĂŞme en eaux sacrĂ©es et oratoriennes, demeure viscĂ©ralement sensuel, d’un esthĂ©tisme aristocratique, raffinĂ©, chaleureux, toujours onctueux. Flamboyant, spirituel. Du très grand Haendel, rĂ©vĂ©lĂ©, magnifiĂ© par un interprète princier.

 

 

 

William Christie relit Theodora de Haendel

William Christie rejoue Theodora de HaendelParis, TCE. Theodora de Haendel par William Christie. 10-20 octobre 2015. 5 dates Ă©vĂ©nements (10,13,16,18,20 octobre) pour le sommet spirituel de Haendel par son interprète le mieux inspirĂ©. Grand retour (d’autant plus attendu) de Wiliam Christie (fondateur des Arts Florissants et crĂ©ateur rĂ©cent du festival enchanteur Ă  ThirĂ© en VendĂ©e, “Dans les jardins de William Christie”, – chaque dernière semaine d’aoĂ»t). “Bill” connaĂ®t Haendel comme personne : il en fait respirer les moindres nuances, sachant caractĂ©riser comme peu avant lui, chaque profil psychologique, chaque situation dramatique. Un rĂ©cent album dĂ©diĂ© aux musiques funèbres de Haendel pour son amie et protectrice, la Reine Caroline (Ă©ditĂ© par le label des Arts Florissants) a encore confirmĂ© les affinitĂ©s du chef avec la lyre hautement mystique du saxon. Ses derniers oratorios dont Theodora (1750) illustrent une maĂ®trise rare dans l’art expressif et lyrique sans dĂ©ploiement théâtral… Ă©motions, enjeux et action Ă©tant seulement portĂ©s par les Ă©lans et vertiges du chant, solistique ou choral.
L’ouvrage d’une durĂ©e indicative de 2h, est le seul oratorio de Haendel, d’après l’histoire chrĂ©tienne : Theodora est une martyre chrĂ©tienne du IVè siècle, incarnant avec une rare rĂ©ussite la plĂ©nitude fervente et la certitude spirituelle du croyant. Sa passion entraĂ®ne avec elle son fiancĂ© Didymus : aucune Ă©preuve y compris la mort ne peut entraver la croyance et l’espĂ©rance intĂ©rieures qui portent la vierge martyre.

 

 

 

L’oratorio anglais selon Haendel

En 1750, Haendel accomplit une forme remarquablement raffinĂ© de l’oratorio anglais

 

Les chĹ“urs sont magnifiquement Ă©crits : chrĂ©tiens puissamment contrapuntiques et d’une sĂ©duction rare – spirituelle et d’une ineffable Ă©lan mystique en rĂ©sonance avec le parcours fervent de l’hĂ©roĂŻne ; Romains paĂŻens non moins engagĂ©s, mais d’une simplicitĂ© homorythmique pourtant très orchestrĂ©e.
Le profil des personnalitĂ©s montre le travail de Haendel pour caractĂ©riser avec beaucoup de finesse chacun des protagonistes : tant de subtilitĂ© dans le traitement des personnages dĂ©montre l’humanitĂ© qui inspire Haendel, son humanisme compatissant Ă  la douleur des ĂŞtres, Ă  la souffrance des âmes Ă©prouvĂ©es sur l’autel de l’intolĂ©rance. Au delĂ  de la lĂ©gende chrĂ©tienne, Haendel s’intĂ©resse Ă  la tragĂ©die des justes, sacrifiĂ©s par la machine de la barbarie.

 

 

synopsis

Haendel handel oratorio opera baroqueActe I. Pour fĂŞter l’anniversaire de l’Empereur DioclĂ©tien, le prĂ©fet romain d’Antioche Valens ordonne que le peuple sacrifie Ă  Jupiter. Pourtant le jeune officier romain Didymus s’oppose Ă  cette tyrannie religieuse : lui-mĂŞme converti secrĂŞtement au christinianisme milite pour la libertĂ© de conscience. La jeune noble Theodora dĂ©fie l’autoritĂ© romaine : elle est arrĂŞtĂ©e pour ĂŞtre prostituer dans le temple de VĂ©nus. DĂ©jĂ , l’âme languissante de Theodora, habitĂ©e par la mort de dĂ©livrance, se recommande aux anges (scène 5). Didymus jure de la libĂ©rer.
Acte II. Didymus rĂ©ussit Ă  revoir Theodora dans sa loge (grâce Ă  l’acceptation de Septimus), cependant que la suivante de la jeune prisonnière, Irène, prie pour son salut. Didymus propose Ă  Theodora de revĂŞtir son armure pour s’Ă©chapper pendant que le jeune homme, qui l’aime et qui est prĂŞt Ă  mourir, prendra sa place.
Acte III. Theodora libĂ©rĂ©e exprime le seul air gracieux presque insouciant dans une succession de lamentations langoureuses. Mais Didymus a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort. Theodora pour sauver le jeune homme se livre Ă  Valens.Le dernier chĹ“ur des chrĂ©tiens cĂ©lèbrent l’abnĂ©gation et la courage des deux chrĂ©tiens marchant Ă  leur supplice.

 

 

boutonreservationParis, TCE. Theodora de Haendel par William Christie. 10, 13, 16, 18, 20 octobre 2015. 5 dates événements. Mise en scène : Stephen Langridge. Oratorio en trois actes créé en 1750, Livret de Thomas Morell.

 

William Christie  direction
Stephen Langridge  mise en scène
Philippe Giraudeau  chorégraphie
Alison Chitty  décors et costumes
Fabrice Kebour  lumières

Katherine Watson Theodora
Stéphanie d’Oustrac Irène
Philippe Jaroussky Dydime
Kresimir Spicer Septime
Callum Thorpe Valens

Orchestre et Chœur Les Arts Florissants

 

 

William Christie vous ouvre les portes de ses jardins enchantĂ©s15 ans après son enregistrement lĂ©gendaire, William Christie reprend Theodora avec l’intense caractĂ©risation qui lui est propre : le chef fondateur des Arts Florissants s’entoure d’une nouvelle distribution vocale dont l’excellente soprano Katherine Watson dans le rĂ´le titre, cependant que StĂ©phanie d’Oustrac prĂŞte son somptueux timbre âpre et chaud au personnage d’Irène (la suivante de la jeune noble Theodora), Philippe Jaroussky chante la partie du jeune officier romain converti, Didymus (premier emploi dans un oratorio anglais pour le chanteur français), et que la basse Callum Thorpe (laurĂ©at du Jardin des Voix 2013) incarne l’implacable gouverneur d’Antioche, bourreau des deux fiancĂ©s chrĂ©tiens, Valens.

 

 

handel-haendel-portrait-grand-formatContexte. Avec Theodora, oratorio de l’indĂ©fectible ferveur de la vierge martyre, Haendel perfectionne encore sa maĂ®trise dans le genre dont il s’est le champion inatteignable : l’oratorio anglais. Après le succès de l’oratorio Judas Maccabaeus de 1746, Haendel renoue avec le succès Ă  Londres dans le genre de l’oratorio. En 1749, le compositeur surenchĂ©rit dans l’excellence et toujours en langue anglaise, avec deux nouveaux accomplissements : Solomon et Susanna. Theodora de 1750 marque avec Jephta de 1752, un sommet de son inspiration sur un livret rĂ©digĂ© par le rĂ©vĂ©rend Thomas Morell (recommandĂ© par le prince de Galles). On ne saurait insister sur la couleur spĂ©cifique dans le genre de l’oratorio anglais de Theodora, unique drame inspirĂ© de la passion chrĂ©tienne. Morell s’inspire du drame de Corneille (ThĂ©odore, vierge et martyre de 1646) dont il puise ce souffle poĂ©tique souvent irrĂ©sistible. On ne saurait insister sur la justesse poĂ©tique et la profonde cohĂ©rence de l’oeuvre : l’ouverture en sol mineur affirme la tonalitĂ© dĂ©sormais associĂ©e Ă  Theodora, sa foi inextinguible et indestructible, laquelle conclut aussi la partition.

 

 

christie-william-les-arts-florissants-3-cd-critique-review--handel-theodora-erato-cd-reference-clic-de-classiquenews-compte-rendu-critiqueCD. Handel : Theodora, 1750. William Christie, Les Arts Florissants (3 cd Erato). EnregistrĂ© Ă  Paris Ă  l’Ircam en mai 2000, la version de Bill de l’oratorio oriental de Handel (l’action se dĂ©roule Ă  Antioche) captive de bout en bout grâce Ă  un travail spĂ©cifique sur la caractĂ©risation dramatique de l’action : situations et protagonistes gagnent un relief revivifiĂ© dans un cycle continu qui frappe par sa cohĂ©rence et son souffle. William Christie a poursuivi son exploration du théâtre de Handel : ses rĂ©centes lectures de Belshaazar puis des Musiques pour la reine Caroline (2 titres Ă©ditĂ©s en 2014 et 2015, sous le nouveau label des Arts Florissants) ont confirmĂ© la profonde comprĂ©hension du chef, fondateur des Arts Florissants, de l’écriture haendĂ©lienne. Ici prĂ©valent l’intensitĂ© spirituelle, surtout le parcours Ă©motionnel du couple des martyrs chrĂ©tiens, Theodora et son fiancĂ© Didymus, jeune officier romain converti au christianisme. Toujours plus contraints, les chrĂ©tiens renforcent leur certitude et leur croyance. EprouvĂ©s, humiliĂ©s, inquiĂ©tĂ©s (par l’inflexible et furieux Valens), les deux Ă©lus savent garder leur conviction en une droiture intĂ©rieure saisissante que la musique exprime directement. L’importance des chĹ“urs, chrĂ©tiens et romains, remarquablement Ă©crits, souligne l’ampleur spirituelle souhaitĂ©e par Handel. Erato réédite le coffret de 3 cd Ă  l’occasion de la nouvelle lecture de Theodora par William Christie en octobre 2015. Sophie Daneman dans le rĂ´le titre signe l’un de ses derniers rĂ´les parmi les plus habitĂ©s. Dès son premier air  : “Fond; flatt’ring world, adieu!” la soprano exprime le caractère Ă  la fois Ă©thĂ©rĂ© et abandonnĂ© une inĂ©luctable mort sacrificielle d’une Theodora, totalement embrasĂ©e par son destin qui la voue au martyre.En Dydimus, Daniel Taylor a des aigus faciles et un medium bien assurĂ© : le contre tĂ©nor (Ă  l’origine le rĂ´le fut confiĂ© au castrat alto Gaetano Guadagni affirme la certitude du jeune officier romain converti. Le Septimus de Richard Croft gagne un relief lui aussi finement caractĂ©risĂ© grâce Ă  sa tessiture de tĂ©nor tendre : le chanteur exprime la sensibilitĂ© d’un romain qui sait ĂŞtre permĂ©able Ă  la conversion de Didymus. L’Irène de Juliette Galstian fait valoir un timbre plus neutre, moins nuancĂ© et flexible que Sophie Daneman. Emblème d’une direction articulĂ©e et claire, le geste de William Christie sait rĂ©aliser cette texture pointilliste de l’orchestre, Ă  la fois parfaitement dĂ©taillĂ©e, et tout autant d’une onctuositĂ© flexible et chaude qui convoque l’Ă©popĂ©e et la transfiguration spirituelle. Bill semble nous rappeler combien le tempĂ©rament de Haendel mĂŞme en eaux sacrĂ©es et oratoriennes, demeure viscĂ©ralement sensuel, d’un esthĂ©tisme aristocratique, raffinĂ©, chaleureux, toujours onctueux. Flamboyant, spirituel. Du très grand Haendel, rĂ©vĂ©lĂ©, magnifiĂ© par un interprète princier.

 

 

 

Compte rendu, opéra. Halle, Goethe Theater de Bad-Lauchstädt, samedi 6 juin 2015, 14h. Haendel : Alessandro. Cencic, Staskiewicz. George Petrou, direction. Lucinda Childs, mis en scène.

haendel_handel_costume_portraitIl y a parfois dans l’histoire humaine des instants cocasses.  Alexandre le Grand, au-delà de sa dimension hollywoodienne, est un personnage qui a séduit politiquement et sensuellement, créant une légende. Dans les épisodes de sa conquête de l’Asie Centrale, il y a celui du siège d’Oxidraca et de son second mariage avec la mystérieuse et sensuelle Roxane, princesse de Bactriane. Alexandre le Grand ayant épousé les coutumes orientales, impose aussi à son entourage la polygamie.  Outre la nature sociétale complexe de ces changements, la multiplication des conjoints peut causer quelques désagréments.

Alexandros polygamos !

Entrer dans l’univers Händelien à Halle est parfois un long saut dans le temps. Surtout quand, à quelques kilomètres se situe un des hauts lieux secrets de la musique : le Théâtre Goethe de Bad-Lauchstädt.  La ville balnéaire pluri-séculaire a été au cœur des célébrations autour de Händel et notamment son théâtre. Cette salle très ancienne a été construite et dirigée par le grand écrivain Johann Wolfgang Goethe. Ce lieu est magique, encore dans son jus néo-classique et aussi c’est le lieu où le jeune Wagner débuta en tant que chef d’orchestre avec un Don Giovanni, curieux et quelque peu ironique. C’est le Goethe theater qui accueillit les déboires d’Alessandro de Händel. Cet opéra dont la composition date du pinacle opératique de Händel quand il employait les plus grands interprètes de son temps. Mettre sur une même scène en 1728 la Cuzzoni, la Bordoni et Senesino ce serait comme si Peter Eötvös créait un opéra avec la Netrebko, la Georghiu et Fagioli, de quoi provoquer des remous ! Et c’est le parti pris du star system qui a inspiré la mise en scène de Lucinda Childs, cinématographique et quelque peu décorative.  Tous les arguments du livret sont glosés et saupoudrés ça et là de paillettes, sans une réelle volonté de donner à l’argumentaire autre chose que ce qu’il dit déjà. Cet Alessandro demeure une fable superficielle, de la « télé-réalité » scénique, pas plus et pas moins.

Et bien la part belle est aux chanteurs plus qu’à l’orchestre. George Petrou et Armonia Atenea, dont la carrière explose depuis cette récente décennie apportent un peu de légèreté à la partition riche en rebondissements de Händel. Les couleurs sont chatoyantes, les tempi souvent trop rapides, mais la pâte est là. Malgré quelques défauts significatifs de justesse et de départs, l’orchestre baroque grec demeure correct.

Parmi les chanteurs nous devons mettre en avant tout d’abord les deux mégères qui persécutent à tort et à raison le jeune Alessandro.  Dans le rôle dévolu à Bordoni à la création, Rossane, c’est une merveilleuse Blandine Staskiewicz qui relève le défi grâce à une tenue lyrique parfaite. Avec un sens incroyable du théâtre et du chant elle est idéale dans le rôle de la diva du cinéma hollywoodien. Une sorte d’incarnation de Mae West ou de Greta Garbo aux coloratures stratosphériques ! Nous sommes heureux d’entendre une voix Française défendre Händel dans sa patrie.

Face à elle, un peu moins assurée, la Lisaura de Dilyara Idrisova est plus terne. Affublée d’airs tout aussi formidables que sa rivale, malheureusement elle n’arrive pas à saisir la portée dramatique du rôle et le faire vivre avec la même force que Blandine Staskiewicz.

Assurant la part belle dans le rôle titre, Max-Emmanuel Cencic est un Alessandro désopilant, excellent comédien et vif dans l’interprétation surprenante de ce rôle dans la conception de Lucinda Childs. Musicalement il dépasse largement toute incarnation passée, dans la tessiture de Senesino il est à son apothéose.

Une autre voix formidable est celle de Xavier Sabata, formidable Tassilo, notamment dans le truchement de l’air « Da un breve riposo ».  Pour nous c’est une des meilleures voix de contre-ténor de notre époque !

Le trio masculin composé par Juan Sancho, Vasily Khoroshev et Pavel Kudinov est correct sans laisser un souvenir impérissable.

En somme, sous une chaleur caniculaire, cet Alessandro a permis à ce chef d’œuvre de rester dans la mémoire du XXIème siècle malgré les accrocs et les libertés prises par Lucinda Childs. Dans cette production, Alessandro est un best-seller, un succès du box office, pas plus pas moins.

Alessandro – Max-Emmanuel Cencic – contre-téno
Rossane – Blandine Staskiewicz – mezzo-soprano
Lisaura – Dilyara Idrisova – soprano
Tassile – Xavier Sabata – contre-ténor
Clito – Pavel Kudinov – Basse
Leonato – Juan Sancho – ténor
Cleone – Vasily Khoroshev – Alto

Mise-en-scène – Lucinda Childs
Décors et costumes – Paris Mexis
Chorégraphie – Bruno Benne

ARMONIA ATENEA
George Petrou, direction

Compte rendu, opéra. Halle, Goethe Theater de Bad-Lauchstädt, samedi 6 juin 2015, 14h. Haendel : Alessandro.  Cencic, Staskiewicz. George Petrou, direction. Lucinda Childs, mis en scène.

Compte rendu, opéra. Halle (Allemagne). Festival Händel. Le 5 juin 2015. Haendel / Handel : Lucio Silla. Romelia Lichtenstein, Antigone Papoulkas … Enrico Onofri, direction. Stephen Lawless, mise en scène.

HAENDEL CLASSIQUENEWS handel_-_fr_gesellschaftLe cœur de l’Allemagne est le creuset de la musique baroque. Des villes comme Eisenach, Magdeburg, Leipzig et Halle ont porté dans leur sein les plus grands compositeurs de la génération 1680 et même d’autres tels que Reichardt qui a contribué au Sturm und drang. A la convergence des villes, Halle est un centre intellectuel méconnu mais passionnant. Surtout évoquée dans les programmations par le célèbre Georg Friedrich Händel, la ville qui le vit naître et grandir est le siège d’un des plus grands festivals consacrés au compositeur du Messie. Sise dans sa maison natale, la Fondation Händel regroupe à la fois un musée, des éditions musicales et scientifiques, un centre de recherche, deux salles de concert et de conférences, un musée d’instruments musicaux. La belle « Maison jaune » de Halle est aussi un charmant lieu de rencontre avant les concerts qui ont lieu dans toute la ville. Pendant quasiment tout un mois,  Halle et sa région rayonnent à l’unisson de « vaillants Halle-lujahs ! ».

 

 

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Lucio Silla de Haendel au festival de Halle 2015
HALLE-LUJAH !
LA CADUTA DEGLI DEI

Faire revenir un des opéras privés de Händel est un pari. Comme dans tout pari, le risque n’est pas dans le hasard de la mise mais dans le moment et les numéros sur lesquels ont parie. En effet Lucio Silla est l’un des rares opéras de Händel qui ne bénéficie pas vraiment de la sollicitude publique. Ce mystérieux opus lyrique est vraisemblablement une commande du richissime Lord Burlington (aucun lien avec la marque de chaussettes !) et a été dédiée étonnamment au duc d’Aumont, ambassadeur du déclinant roi Louis XIV à Londres. En 1713, la Guerre de Succession d’Espagne faisait encore rage et le Roi-Soleil vivait un crépuscule plus que terni par quasiment 15 ans de conflit et des catastrophes naturelles.  Il est étonnant d’ailleurs, que le livret, portant sur un des tyrans les plus sanguinaires de Rome, puisse être sans ambigüité pour le monarque Bourbon. Quoi qu’il en soit, Lucio Silla demeure un ouvrage teinté d’ombres.

Et pourtant, l’œuvre est d’une richesse passionnante. La palette Händelienne est active dans toutes les mises en situation dramatiques, elle devient parfois beaucoup plus proche de l’école lyrique Hambourgeoise que de l’arcadisme italien.  Nous remarquons notamment l’efficacité des récits et des airs d’une inventivité géniale.

onofri-enrico-maestro-Ce Lucio Silla, histoire politique et mouvementée a déjà une intrigue d’une noirceur suffisante pour ajouter des gags à la Visconti dans Les Damnés. La mise-en-scène de Stephen Lawless est une lecture au papier calque sur l’intrigue, nous sommes déçus du manque de parti pris, du défaut d’appropriation  de l’histoire pour lui donner des nouveaux reliefs, pourtant présents tant dans le livret que dans la musique.  On dirait que Stephen Lawless manquait d’imagination et s’est contenté de construire une vision cinématographique, une glose ennuyeuse avec des clins d’œil aux dictatures… un résultat qui ne laisse pas un souvenir impérissable. Et pourtant l’affiche était belle.  La palme définitivement revient à l’extraordinaire Enrico Onofri ! Avec une souplesse et une hardiesse formidable, il engage cette partition dans une réalisation subtile, équilibrée et débordante de nuances.  Il réussit à galvaniser l’excellent Händelfestspielorchester Halle et nous offre une véritable recréation que nous espérons, un jour en CD plus qu’en DVD.

Côté voix c’est bien plus inégal malheureusement. Le Silla caricaturé par Filippo Mineccia qui demeure dans son registre sans apporter plus de plaisir ni de surprises. La voix est agile, techniquement correcte, mais sans plus. Peut-être qu’avec une autre mise-en-scène, Filippo Mineccia aurait pu nous offrir toute l’étendue d’une voix qui semble receler des promesses. Aux antipodes, l’extraordinaire Metella de Romelia Lichtenstein est une merveille à chaque note.  Cette magnifique interprète est purement formidable dans l’émotion, dans la puissance et les nuances. Elle nous offre des très beaux moments d’art lyrique et nous la plaçons sans hésiter dans le panthéon des grandes Händeliennes avec Ann Hallenberg, Rosemary Joshua, Renée Fleming et Sarah Connolly.

 

 

Papoulkas-Antigone-02

 

 

Mais le plus décevant, c’est Jeffrey Kim en Lepido.  Nous découvrons ici ce sopraniste d’ascendance coréenne.  Raide dans l’interprétation vocale et dramatique, son timbre est métallique et sans réel intérêt. Nous sommes surpris par l’emphase exagérée de ses ornements et de son émission, c’est contreproductif tant pour la partition que pour le drame. Dans la même veine, les soprani Ines Lex et Eva Bauchmüller n’ont pas réussi a émouvoir avec simplicité. C’est aussi le cas de la basse Ulrich Burdack. Cependant, dans le rôle de Claudio, la splendide Antigone Papoulkas (- NDLR : mezzo munichoise ; portrait ci contre -), a émerveillé nos sens avec ses coloratures et un sens réel du théâtre et de la musique. Son « Senti bel idol moi » d’anthologie, malgré un vibrato parfois un peu trop présent, rend le personnage de Claudio très attachant.

Halle est une fête, un lieu de toutes les surprises, malgré un pari risqué, le risque valait largement la peine, Lucio Silla est revenu des limbes et, on l’espère restera désormais parmi nous !

Lucio Silla de Haendel au Festival Halle 2015
Lucio Silla – Filippo Mineccia – contreténor
Metella – Romelia Lichtenstein – soprano
Lepido – Jeffrey Kim – contreténor (sopraniste)
Flavia – Ines Lex – soprano
Claudio – Antigone Papoulkas – mezzo-soprano
Celia – Eva Bauchmüller – soprano
Scabro / Il dio di guerra – Ulrich Burdack – basse
Mise-en-scène – Stephen Lawless
Décors et costumes – Franck Philip Schlößmann
Vidéo – Anke Tornow
Dramaturgie – André Meyer

Händelfestspielorchester Halle
Dir. Enrico Onofri

Compte rendu, opéra. Halle (Allemagne). Festival Händel. Le 5 juin 2015.  Haendel / Handel : Lucio Silla. Romelia Lichtenstein, Antigone Papoulkas … Enrico Onofri, direction. Stephen Lawless, mise en scène.