vendredi 29 mars 2024

Les Grands Motets de Rameau et Mondonville par William Christie

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Rameau_Joseph_Aved-Portrait_de_Jean-Philippe_Rameau_vers_1728Rameau, Mondonville : les Grands Motets en concert. William Christie. 22>29 juillet 2014.  Lessay, Salzbourg, Beaune, Londres… En 2014, l’agenda des concerts met en avant l’inspiration sacrée de Rameau ; Un interprète d’exception offre sa vision des Grands Motets de Rameau mis en perspective avec ceux de son cadet, Mondonville : William Christie. C’est le maître pour tous, pionnier de la reconnaissance de Rameau en France et dans le monde, et son meilleur serviteur, le plus inspiré, à la tête de ses fascinants Arts Florissants… Bill l’enchanteur dirige 4 dates (les premières d’une vaste tournée internationale qui débute donc en France et en Europe à partir du 22 juillet et passe par Lessay, Salzbourg, Beaune puis Londres… voir détail de la tournée, dates et lieux en fin d’article ). Avant d’être le génie de l’opéra, Rameau, tâcheron plus ou moins connu, plus ou moins apprécié pour ses écarts imprévisibles à l’orgue (ses improvisations fascinent et terrifient à la fois par leurs audaces) dans plusieurs paroisses Avignon, Clermont-Ferrand, Montpellier, Dijon…, apprend, perfectionne son métier. Avant Paris (rejoint en 1722), le compositeur prépare son séjour à la Cour, traitant déjà la forme officielle (Lullyste) du grand motet. Inspiré par le cérémonial liturgique officiel dont celui royal, pour l’Ordinaire des Messes, Rameau s’intéresse au genre qu’il renouvelle considérablement avec cette touche dramatique, cette science harmonique et mélodique dont il a le secret. C’est un poète du verbe biblique et un architecte dans l’écriture chorale, instrumentale (déjà d’un souffle symphonique). Le dijonnais enrichit sensiblement le genre qu’avant lui, Lully et Dumont ont porté à Versailles en une forme accomplie.

Solennité et profondeur du Rameau sacré

Tournée. William Christie dirige Belshazzar de HaendelEn d’autres termes, pas encore auteur lyrique, Rameau importe déjà l’opéra à l’église : ses motets offre une ambition des moyens expressifs jamais vue jusque là. D’un corpus certainement plus étendu à l’origine, il nous reste principalement trois motets, d’un souffle et d’une portée là aussi visionnaires, dont l’expressivité et les audaces musicales annoncent les grandes réalisations à l’opéra, à partir des années 1730 (1733: création scandaleuse d’Hippolyte et Aricie). A l’église, Rameau apprend et perfectionne le métier. A l’opéra, il révèle son génie.
Véritable acte de ferveur, volontiers théâtral, le grand motet d’une durée moyenne de 20 mn ouvre la messe, avec faste et solennité (réunissant chœur, solistes et orchestre). Lui succède, pièce plus intime, le petit motet pour solistes et basse continue. Enfin, conclusion majestueuse, propre à la monarchie française, le Domine salvum fac regem apporte une fin digne du cérémoniel royal.
Trois pièces majeures ont subsisté à ce jour (une quatrième Exultet coelum laudibus avait été redécouverte puis disparut de nouveau) : In Convertendo, Deus noster refugium, Quam dilecta tabernacula.


Tournée des Arts Florissants, William Christie
9 dates : du 22 juillet au 11 octobre 2014
Christie William portrait 290De son côté William Christie, maître incontestable de la dramaturgie ramiste, alterne les motets de Rameau avec ceux de son successeur Mondonville dont il partage la qualité des mélodies et le sens de la caractérisation dramatique : Dominus Regnavit et In exigu Israel sont mis en regard avec deux motets de Rameau : Quam dilecta et In convertendo Dominus.
Déjà abordés au concert et au disque (sublime réalisation), les motets de Mondonville permettent à Bill d’affiner encore son geste musical, dévoilant chez le Narbonnais, une théâtralité palpitante héritière des accomplissements de son aîné Rameau : solennité mais humanité, ferveur et raffinement, vivacité prodigieuse, construction harmonique audacieuse, articulation du verbe ciselée, mordante, agissante. Sans élèves directs, Rameau a su transmettre sa géniale créativité : Dauvergne comme Mondonville après lui savent perpétuer son style autant orchestrale, chorale que vocale…

Tournée Grands Motets de Rameau et de Mondonville
William Christie, direction
9 dates 2014 : Abbaye de Lessay (22 juillet) – Salzbourg (25 juillet) – Beaune (27 juillet) – BBC Proms (29 juillet) – puis après l’été : Cité de la musique (2 octobre) – Ambronay (4 oct) – Versailles (7 octobre) – Poissy (10 octobre) – Royaumont (11 octobre)

Toutes les infos sur le site des Arts Florissants William Christie

Les derniers enregistrements de William Christie et des Arts Florissants :

Belshazzar de Handel (CLIC de classiquenews)
Le Jardin de Monsieur Rameau (CLIC de classiquenews)

 

 

Pourquoi y aller ? Nos 3 raisons qui rendent ce programme en tournée, incontournable :
– Parce que le geste noble, élégant, raffiné de Bill (William Christie) reste inégalé chez Rameau.
– Le souffle dramatique des grands motets font des Motets de Rameau comme de Mondonville de véritables fresques lyriques et symphoniques.
– Pour l’année Rameau 2014, aborder la ferveur ramélienne par son meilleur interprète est un must absolu pour tout amateur de Baroque français.

rameau portraitD’In convertendo à In exitu Israel… Le souffle biblique. Le programme défendu par Les Arts Florissants en grand effectif met heureusement en regard deux musiciens experts dans l’écriture ambitieuse associant chœur, orchestre, solistes. Les Grands motets de Rameau et de Mondonville illustrent l’essor de la littérature sacrée en France au XVIIIème siècle.
D’une durée égale, In Convertendo du premier et In exitu Israel affirment la science et l’expertise dans la grande forme de Rameau (1683-1764) comme de son suiveur Mondonville. In Convertendo met en avant la soprano et son double (hautbois, pastoral et aérien), dialoguant avec le chœur ; avant d’être l’immense compositeur d’opéras (à partir de 1733 avec Hippolyte et Aricie), Rameau se montre élégant, virtuose dans les formes concertantes, en particulier dans le trio (pour baryton, soprano, ténor) souple et d’une éloquence onctueuse (Qui seminant in lacrimis). Les choeurs y sont flamboyants, d’un contrepoint précis, dansant, immensément virtuoses là encore. Chaque détail de l’orchestre, chaque intervention des solistes et du choeur relève d’un esprit précis qui a le souci de l’exactitude expressive et dramatique.
Rameau, maître à danser par William ChristieMondonville (171-1772), après Rameau, semble recueillir de son illustre aîné l’esprit de la grandeur mais aussi tout autant la profondeur et un sens de la noblesse tragique très emblématique du Versailles XVIIIème. Le chant choral y atteint comme chez Rameau un flamboiement dramatique d’un souffle qui annonce les grandes fresques à venir celles de Gossec et même de Berlioz. Son Dominus Regnavit (choeur solennel  » Elevaverunt flumina « , synthétise depuis Lully, la ferveur piétiste individuelle au même titre que l’arche grandiose des célébrations officielles.  « In exitu Israel  » (1753) est de loin le plus captivant, étourdissant par l’imaginaire poétique que son traitement musical suscite. Extrait du Psaume 113, le texte évoque l’élément marin à l’époque de l’exode des Israélites : d’abord description lente et statique (Mare vidit) puis rapide et intensément dramatique lorsque les eaux se retirent en une séquence vocalement flamboyante digne des plus belles pages  léguées par Rameau, lui-même maître des éléments (par ses nombreuses tempêtes, tremblement de terre)… Le chœur des Arts Florissants comme la direction nerveuse, élégantissime et finement caractérisée du dramaturge Christie relèvent les défis multiples de partitions parmi les mieux inspirées du baroque français. Choeur, orchestre, solistes expriment en images puissantes et violentes la force et le sens profond du récit biblique.

Illustrations ci dessous : Rameau et Mondonville (DR)

 

 

 

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