samedi 20 avril 2024

Exposition: « Louis XIV: l’homme & le roi ». Château de Versailles. Portrait d’un roi musicien…. Jusqu’au 7 février 2010

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Portrait du Roi mélomane

louis_XIV_portraitUne exposition magistrale dresse le portrait d’un Louis XIV
connaisseur et protecteur des arts. Sous le masque monarchique, les
qualités de l’esthète, le goût de l’homme, ainsi révélés, continuent de
nous fasciner. A Versailles, jusqu’au 7 février 2010.

Le château de Versailles
présente pour la première fois, une exposition dédié à celui qui en fut
l’acteur principal, le maître-d’oeuvre, l’âme et le grand concepteur: Louis XIV (1638-1715).
Versailles est un opéra célébrant la grandeur de la monarchie
française: de son parc à son orangerie, de l’alignement de ses
parterres jusqu’à l’infini du Grand Canal, se précise une vision, à la
fois abstraire et très concrète du Roi, « le plus grand souverain de
l’Univers ». Héros militaire et conquérant insatiable…

Versailles plutôt que le Louvre (malgré le voeu de Colbert): dans
l’écrin de la cour de marbre qui a conservé l’ordonnance de l’ancien
château de Louis XIII, le palais édifié pour Louis-le-Grand s’érige
comme un manifeste personnel.

L’oeuvre renseigne sur la personnalité du Roi, sa propre représentation
du pouvoir, surtout ses préférences culturelles, son rapport aux
disciplines artistiques, ses goûts.

Voici en une somptueuse galerie de portraits, les images d’un Roi
narcissique certes mais d’une exigence artistique constante comme le
choix des portraitistes en témoigne: « Apollon servi par les nymphes »,
groupe sculpté réalisé entre 1667 et 1675 par François Girardon et
Thomas Regnaudin; buste réalisé en 1665 par l’architecte et
scénographe Bernin (magistralement restauré); effigie désormais célèbre
codifiée et fixée par le peintre Hyacinthe Rigaud en 1702. Plus
incroyable encore, le profil du roi en cire coloriée par Antoine
Benoist, à partir d’empreintes effectuées directement sur le visage du
roi, alors sexagénaire…
Danseur et guitariste, amateur de théâtre et d’opéras…

L’attrait de l’exposition et sa pertinence se concentrent sur cet
aspect méconnu de la personne royale: l’être plutôt que le politique
(si tant est que l’on puisse identifier chez le Roi, un aspect de sa
vie qui ne soit pas « officiel »).

Ainsi le mélomane comprendra au cours de la visite comment le Roi avait une approche résolument « concrète »
de l’art. Comme il fut danseur, Louis XIV entend connaître
techniquement la conception des oeuvres: c’est un souverain qui cherche
à suivre les étapes de la création auprès des peintres, comme des
compositeurs. Original et déterminé, le souverain sut imposer a
contrario de son père qui jouait le luth (instrument plus noble), la
guitare. Exigeant que Robert de Visée le meilleur guitariste du
royaume, ait une chambre proche car il souhaitait écouter l’instrument
pendant ses nuits d’insomnies…

Mais l’exposition éclaire aussi toute la genèse et l’évolution du
divertissement à Versailles qui inscrit la musique au coeur du
fonctionnement du Palais et de son parc: fêtes privatives réservées à
la Cour et aux invités du monarque, ballets donc, puis comédies-ballets
pour lesquels oeuvrent de concert, Molière et Lully. Enfin tragédies en
musique, avec une oeuvre encore trop méconnue qui a valeur d’étape
décisive pour le nouveau genre: Psyché de 1671, ouvrage fondateur conçu par Lully, Molière, Corneille et Quinault… (ne manque plus que Racine).

Peintures, sculptures, nombreux dessins et pièces de mobilier… soit
300 oeuvres réunies, ressuscitent le profil esthétique et l’évolution
du goût d’un Roi-Artiste, monarque danseur puis amateur de théâtre…
qui aima se faire représenter en Apollon, dieu des arts, aux côtés de
l’image incontournable du « Roi-Soleil ». Voici enfin le portrait
culturel et musical de Louis XIV que nous attendions. L’apport est
capital.

Versailles, salles d’Afrique et de Crimée. Exposition « Louis XIV, l’homme et le roi ». Du 20 octobre 2009 au 7 février 2010.

A lire

Le catalogue de l’exposition
édité par Skira Flammarion: près de 500 pages (496 pages précisément)
dédiées aux thématiques (et questionnements passionnants) que
l’exposition suscite. Sous la direction des deux commissaires, -Nicolas
Milovanovic et Alexandre Maral, respectivement en charge à Versailles,
des peintures et des sculptures-, le contenu synthétise les enjeux et
les apports scientifiques de la rétrospective à Versailles. Un
remarquable travail éditorial replace au coeur des textes édités, la
qualité et la beauté des oeuvres exposées (abondance et qualité des
illustrations choisies). Voyez déjà, en couverture, ce plan rapproché
du buste de Louis XIV par Bernin (1665): l’angle jamais dévoilé
avant, nous fait (re)découvrir le Roi -alors âgé de 27 ans- d’une toute
nouvelle façon: sous l’épiderme du marbre, semble frémir la vraie
personnalité de l’homme qui est le sujet central de l’exposition
événement.

Pour dévoiler l’être sous artifices et costumes du pouvoir, les textes
réunis analysent les caractères distinctifs de Louis XIV dans
l’exercice du pouvoir (esprit à la fois brutal et surprenant), les
métamorphoses de l’image royale, le mythe vivant à travers ses images
sculptées, … Tout oeuvre à préciser le portrait du roi et surtout son goût.
A ce tire, le lecteur sera comblé car en matière d’art, Louis XIV plus
qu’aucun autre souverain, sauf Leopold Ier son contemporain à Vienne,
ne fut aussi mélomane. Amateur de danses, de fêtes, de théâtre,
d’opéras, Louis XIV a façonné ce goût classique français, à la fois
sobre, monumental, mesuré et naturel qui le distingue désormais de
l’Italie, et l’impose à l’échelle européenne comme l’exemple à suivre.
Lecture incontournable. Catalogue de l’exposition: « Louis XIV: L’homme et le roi ». Editions Skira Flammarion, 496 pages. Prix indicatif: 49 euros.

Illustration: Louis XIV par Claude Lefèvre, vers 1669. Portrait méconnu
du jeune monarque, âgé de 31 ans: roi conquérant (en armure) mais d’une
élégance indiscutable. Celui qui impose une gloire inédite, vient de
cesser sa carrière de danseur et s’intéresse sans faiblir aux arts.
Portrait peu connu… c’est l’une des révélations de l’exposition
versaillaise (New Orleans, Museum of art, huile sur toile).

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