vendredi 29 mars 2024

Compte-Rendu, OPERA. Strasbourg, Palais de la Musique, le 25 avril 2019. Hector Berlioz : La Damnation de Faust. Spyres, Di Donato, Courjal, Duhamel / John Nelson.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique et à l’opéra - et notamment avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

COMPTE-RENDU, opéra. STRASBOURG, le 25 avril 2019. BERLIOZ : La Damnation de Faust. Spyres, Di Donato… Orch Phil Strasbourg, J Nelson. On était sorti ébloui du Palais de la Musique de Strasbourg – il y a deux ans- après l’exécution des Troyens de Berlioz donnés en version de concert dans le cadre d’un enregistrement effectué pour le label Erato. Deux ans plus tard, après l’incroyable succès de l’entreprise (le coffret a obtenu une avalanche de récompenses discographiques à sa sortie), c’est au tour de La Damnation de Faust d’être gravé en public, dans la même salle, avec le même chef (John Nelson), le même orchestre (le Philharmonique de Strasbourg), et les deux héros de la première captation : Michael Spyres en Faust et Joyce Di Donato en Marguerite.

 

 

 

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A peine sorti des représentations du Postillon de Lonjumeau à l’Opéra-Comique (nous y étions / 30 mars 2019) où il vient de triompher dans le rôle-titre, l’extraordinaire ténor américain Michael Spyres subjugue à nouveau ce soir, en dépit d’une fatigue perceptible en fin de soirée, qui l’empêche de délivrer le redoutable air « Nature immense » avec le même incroyable aplomb que tout le reste. On admire néanmoins chez lui l’homogénéité de la tessiture, un timbre de toute beauté, la perfection de la diction, la suavité des accents et sa capacité à passer de la douceur à l’éclat. Il est et reste – à n’en pas douter – LE ténor berliozien de sa génération. Apparaissant sur scène dans une magnifique robe en soie bleue nuit, la grande Joyce Di Donato offre une Marguerite comme on l’attendait : sensuelle, ardente, d’une superbe ampleur, graduant avec soin son abandon dans sa romance du IV. Ses « hélas ! » qui concluent le sublime « D’amour l’ardente flamme » donnent le frisson (et font même monter les larmes de certains…), et c’est un triomphe aussi incroyable que mérité qu’elle récolte au moment des saluts. Quant à la formidable basse française Nicolas Courjal, il se hisse au même niveau que ses partenaires, en composant un magistral Méphisto. Outre le fait de coller admirablement à la vocalité grandiose requise par le rôle, l’artiste ravit également par sa voix somptueusement et puissamment timbrée, son phrasé incisif et sa musicalité impeccable, à la ligne scrupuleusement contrôlée. Diable extraverti, insinuant, sardonique, inquiétant, menaçant, Nicolas Courjal possède beaucoup de charisme, comme il vient également de le prouver dans sa magnifique incarnation de Bertram dans Robert le Diable de Meyerbeer au Bozar de Bruxelles le mois dernier. Dans la partie de Brander, l’excellent baryton français Alexandre Duhamel n’est pas en reste qui, en vrai chanteur et vrai comédien qu’il est, renouvelle entièrement ce rôle bref, souvent saccagées par des voix épuisées.

 

 

 

SPYRES, DI DONATO, COURJAL
Grand trio berliozien à Strasbourg

 

 

 

BERLIOZ damnation de faust marguerite di donato joyce la diva berliozienne strasbourg nelson critique opera critique concert par classiquenews 362x536Grand chef berliozien devant l’Eternel, l’américain John Nelson dispose avec l’Orchestre Philharmonique se Strasbourg une phalange d’une ductilité parfaite, avec notamment des cordes d’un incroyable raffinement, des cuivres acérés et des harpes éthérées, mais surtout un alto et un cor solo capables d’une infinie tendresse lors des interventions de Marguerite, devenant ainsi de vrais protagonistes du drame. De leur côté, le Chœur Gulbenkian (dirigé par Jorge Matta) ainsi que Les Petits chanteurs de Strasbourg et la Maîtrise de l’Opéra national du Rhin (dirigés par Luciano Bibiloni) méritent eux aussi des éloges sans réserves. On retiendra l’humour dont le premier fait preuve dans la fameuse fugue des étudiants, délivrant l’ « Amen » avec des sons nasillards et moqueurs, tandis que les seconds, spatialisés dans la salle pour les derniers accords, font preuve d’une douceur proprement angélique dans l’envolée finale.

Comme pour Les Troyens, le délire gagne la salle après de longues secondes d’un silence absolu qui est une plus belle récompense encore, et les rappels se multiplieront avant que l’audience ne se décide à enfin quitter les lieux….

Compte-Rendu, OPERA. Strasbourg, Palais de la Musique, le 25 avril 2019. Hector Berlioz : La Damnation de Faust. Spyres, Di Donato, Courjal, Duhamel / John Nelson.

 

 

 

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APPROFONDIR

LIRE aussi :

CRITIQUE, CD : Les Troyens de Berlioz par John Nelson (ERATO) – enregistrement live avril 2017

Compte rendu, opéra. NANTES, le 23 septembre 2017. BERLIOZ : LA DAMNATION DE FAUST. Spyres, Hunold, Alvaro, Bontoux… Roché – une autre incarnation de Faust par Michale Spyres en sept 2017 à NANTES

 

 

 

 

 

 

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