vendredi 29 mars 2024

Compte rendu, danse. Paris, Opéra Bastille, le 14 mars 2017. Balanchine : Le Songe d’une nuit d’été. Simon Hewett, direction musicale.

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Compte rendu, danse. Paris. Opéra Bastille, le 14 mars 2017. Balanchine : Le Songe d’une nuit d’été. Paul Marque, Eleonora Abbagnato, Stéphane Bullion, Alice Renavand… Ballet de l’Opéra de Paris. Félix Mendelssohn, compositeur. Orchestre et choeurs de l’Opéra de Paris. Anne-Sophie Ducret, Pranvera Lehnert, solistes. Simon Hewett, direction musicale. Entrée au répertoire du ballet narratif de Balanchine, Le Songe d’une Nuit d’Eté d’après la délicieuse comédie de Shakespeare. Une rareté dans l’œuvre du maître néoclassique, encore méconnue en France, la chorégraphie permet à l’occasion aux jeunes talents du Ballet de l’Opéra, d’assumer des rôles, pendant qu’une partie de la compagnie est en tournée à l’étranger. Sur les musiques de Felix Mendelssohn, chœur et orchestre sont dirigés par le chef Simon Hewett pour une soirée d’amour et d’humour féerique, bondissant et léger.

 

 

 

Un Songe délicieux

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Avec l’ancien directeur du Ballet, la maison nationale a eu une ouverture remarquable vis à vis de Balanchine et son œuvre. Pendant le court mandat Millepied nous avons vu donc une série de pièces du Russe, entrer au répertoire de l’Opéra. L’ouverture continue maintenant avec la nouvelle directrice de la danse, Aurélie Dupont, et le moment est finalement venu pour Le Songe de Balanchine d’être appris et dansé par le Ballet parsien ! La nouvelle production s’inspire directement des maquettes originales, surtout en ce qui concerne les décors et les costumes signés Christian Lacroix. A la musqiue de Mendelssohn, déjà citée, (musique de scène pour la pièce de Shakespeare), sont ajputés ses opus 21 et 61, avec l’ajout d’autres pièces supplémentaires du compositeurs, comme le poème symphonique Die Schöne Melusine, féérique à souhait. Le chœur de l’opéra et les solistes Anne-Sophie Ducret et Pranvera Lehnert interprète les morceaux chantés dans la fosse comme d’habitude. Dès les premières mesures de l’ouverture, l’ambiance fantastique est instaurée, avec un orchestre très en forme et complice (seul bémol : les cuivres parfois faux). Le chant agrémente davantage et rehausse l’attrait de la production.

balanchine28Balanchine, peu habitué à chorégraphier des ballets narratifs, réduit l’intrigue de Shakespeare à une histoire d’amour et met en valeur les différentes facettes des relations amoureuses. Il n’y a pas de véritable rigueur au sein de la dramaturgie, avec un premier acte de plus d’une heure, où il y a de l’action, et un deuxième plus court qui n’est que du divertissement ; comme d’habitude chez Balanchine la virtuosité est surtout l’affaire de la ballerina, son élément fétiche. Ce soir, l’Etoile Eleonora Abbagnato danse le rôle de Titania qui lui sied comme un gant de soie. L’allure altière et le raffinement sont là, saisissants mais aussi, et surtout, l’attitude et l’arabesque sont très belles, avec un je ne sais quoi de coquin, rayonnant, de naturel et de tonicité avec l’illusion toujours efficace et impressionnante de l’absence d’effort. L’Abbagnato est Titania, pour notre plus grande bonheur.
abbagnato eleonora le-songe-d-une-nuit-d-ete_repetition_emmanuel-thibault_eleonora-abbagnatoSon Obéron n’est autre que le jeune Paul Marque, récemment nommé Sujet suite à ses performances exemplaires au Prix de Varna. Il est ce soir un Roi des fées des plus élégants: ses lignes, son legato distingué, ses entrechats captivent. Sa pantomime est efficace sans être affectée. Un beau couple princier. L’Etoile Stéphane Bullion est, lui, tout aussi remarquable dans le rôle du Chevalier de Titania et nous avons droit à un fabuleux duo avec Titania au premier acte où il est un excellent partenaire, de surcroît séducteur. Le Puck d’Hugo Vigliotti bondissant est mignon et drôle, comme l’est le Bottom facétieux, grotesque ma non troppo, de Francesco Vantaggio. Les couples d’Hermia et Lysandre, et Héléna et Démétrius sont interprétés par Laëtitia Pujol / Alessio Carbone et Fanny Gorse / Audric Bezard respectivement. Remarquons particulièrement l’Héléna hystérique et hyperactive de Fanny Gorse, Coryphée (!), et l’allure macho mais beau gosse du Démétrius de Bezard, Premier Danseur. La Pujol et Alessio Carbone sont peut-être plus en retrait mais avec un bel investissement. L’Hippolyte d’Alice Renavand, Etoile, est virtuose et captivante, tandis que le Thésée du Premier Danseur Florian Magnenet est tout à fait princier, mais pas très héroïque — Illustration : Eleonora Abbagnato en répétition.

Au deuxième acte, paraît le couple formé par Karl Paquette, Etoile et Sae Eun Park, première Danseuse récemment nommée. Ils sont excellents, virtuoses, elle plus tremblotante que lui, bien sûr, et lui toujours beau et solide partenaire. N’oublions aussi l’excellente interprétation du Corps de Ballet de l’Opéra, très sollicité dans ce ballet, et des élèves de l’Ecole de Danse de l’Opéra, très touchants ! En conclusion, c’est une soirée féerique où s’accordent plus ou moins harmonieusement, la danse néoclassique virtuose, une comédie timide mais coquine et les plus belles pages de musique jamais écrites. Fabuleux spectacle drôle, attendrissant et léger. Encore à l’affiche de l’Opéra Bastille, les 15, 17, 18, 21, 23, 24, 27 et 29 mars 2017.

 

 

 

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