samedi 20 avril 2024

Compte rendu, concert. Paris. Salle Pleyel, le 31 janvier 2014. Orchestre Philharmonique de Radio France. Leonidas Kavakos, violon et direction.

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kavakos leonidas concert mozart-kavakos_classicalLa Salle Pleyel accueille l’Orchestre Philharmonique de Radio France pour un concert d’envergure autour du classicisme viennois et son influence dans l’histoire de la musique. Le violoniste et chef grec Leonidas Kavakos dirige un orchestre dans la meilleure des formes et se présente lui-même en soliste pour le Concerto pour violon et orchestre n° 3 de Mozart, la seule œuvre réellement classique du programme. Le concert commence avec Mozart, figure emblématique du classicisme viennois. Nous rappelons que le dit « classicisme » musical a été théorisé à posteriori (à la différence du romantisme musical) ; les pères du classicisme Haydn, Mozart, Beethoven, ne pensaient pas aux étiquettes archaïsantes et théoriques de leur art, qu’ils considéraient vivant et moderne. Incontestablement classique, le Concerto pour violon et orchestre n°3 en sol majeur K216 est aussi l’un des plus connus et joués, ses mouvements très souvent choisis par le jury et les interprètes de concours et compétitions de violon. Le premier mouvement est toute gaîté et toute brillance, le deuxième plus équilibré, est toute grâce avec un zeste de mélancolie, tandis que le dernier est populaire et dansant. Kavakos présente une lecture d’une grande réserve pourtant. Son jeu paraît plus élégant et ralenti que dynamisant et solaire comme la tonalité de la pièce. Il a heureusement de l’humour dans sa prestation au violon, mais l’orchestre paraît beaucoup plus osé et plus vivace que lui.

Le Classicisme rêvé

La complicité entre le chef et les musiciens est néanmoins plus qu’évidente. Dans la Symphonie n° 1 de Prokofiev dite « Classique » (1918), que le Russe a composée pendant son adolescence, nous découvrons un autre visage du chef grec. Si les tempi sont ralentis comme dans l’œuvre précédente, la performance est riche en effets expressionnistes, parfois intéressants, parfois déroutants, toujours remarquables. Ainsi, la symphonie « Classique » paraît moins classique, surtout en ce qui concerne les cordes, d’une intensité… singulière. Cependant, le concertino des vents offre une prestation très distinguée, avec une concision et une limpidité en l’occurrence rafraîchissante.

Après l’entracte ne pouvait venir que l’apothéose du concert :  la Symphonie n° 9 en ut majeur dite « La Grande » de Franz Schubert. Schubert est souvent situé en concurrence avec Beethoven, qu’il a peu en vérité, à envier à part ses mécènes et protecteurs. En effet, Franz Schubert est officieusement le quatrième « classique viennois », d’autant plus qu’il s’agît du seul véritable viennois. Ce qui, comme c’est le cas pour Mozart et Beethoven, n’exclut pas son appartenance au mouvement romantique. La symphonie, créée de façon posthume en 1839 sous la direction de Félix Mendelssohn, est un exemple fastueux de la syntaxe du premier romantisme, descendant spirituel du classicisme tardif. Il s’agît aussi de la symphonie que le compositeur appréciait le plus de son opus. La correspondance existante nous montre qu’il la considérait comme sa seule symphonie digne de publication, et la seule qu’il ait effectivement envoyée aux éditeurs. Dit l’anecdote que Robert Schumann la considérait comme la meilleure œuvre instrumentale après la mort de Beethoven. L’Orchestre Philharmonique de Radio France est à la hauteur de la composition, et Leonidas Kavakos nous offre finalement une lecture …  irréprochable de la partition. Le premier mouvement commence  ainsi avec un élan édifiant qui devient triomphal, avec une certaine sensualité quand même. Les vents sont prodigieux dans les quatre mouvements. Dans le deuxième, la mélodie ensorcelante présentée par le hautbois puis reprise par la clarinette est enivrante. Mais les percussions s’expriment avec éclat, Kavakos se sert d’elles d’une façon «  « haydnienne »  très pertinente. Le chiaroscuro schubertien est représenté avec un brio et une sensibilité inattendus. Le troisième mouvement est charmant et dansant et l’allegro finale une révélation. Ici les cuivres deviennent indépendantes et impressionnent par leur brio autant que les cordes. Le public ovationne fortement les musiciens qui ont ravi leurs sens pendant une heure de splendeur instrumentale ! Bravo !

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