mardi 19 mars 2024

CD. Concert du nouvel An à Vienne 2015. Philharmonique de Vienne. Zubin Mehta (1 cd Sony classical)

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josef_strauss_modifiedCD. Concert du nouvel An à Vienne 2015. Philharmonique de Vienne. Zubin Mehta (1 cd Sony classical). C’était un cru standard dans la longue histoire des Concerts viennois du 1er janvier. Le charisme fédérateur de Zubin Mehta qui n’en est pas à son premier programme viennois dans la Goldener Saal des Wiener Musikvereins, opère une indiscutable fluidité à un exercice où toute la complicité entre les musiciens et le chef fait la différence. Le chef indien dirige ainsi l’orchestre fondé en 1843, pour la 5ème fois en janvier 2015. Le programme reste classique mais pas tant que cela qui laisse une part légitime et remarquable à l’autre Strauss, celui aussi virtuose et inspiré, raffiné et élégantissime que Johann II son frère aîné : Josef, l’ingénieur qui à défaut de se dédier à une carrière technique, expérimentale, d’ingénierie, fit bon gré mal gré, comme les garçons de la famille, de la musique. Bien lui en prit car ses dons de compositeurs sont aussi bon que ceux de Johann fils, le champion du clan (portrait de Josef Strauss, auteur révélé lors de ce Concert du Nouvel An à Vienne 2015).

 

 

 

Josef : l’oublié des Strauss

 

cd-neujahrskonzert-cd-nouvel-an-vienne-2015-zubin-mehta-sony-classicalMehta ouvre le bal avec une ouverture très rossinienne signée Suppé : Ein Morgen ein Mittag : lever de rideau majestueux qui comme le Guillaume tell de Rossini et préfigurant aussi le jeune Verdi, offre  un somptueux solo de violoncelle. Chef et instrumentistes savent nourrir le final échevelé.  Premier Johann II, et clin d’oeil aux origines indiennes du maestro né à Bombay : la Marche orientale qui suit (Contes de l’Orient) déploie une fine suavité, voire une franche lascivité qui flatte la fluidité des cordes. Josef très en vedette dans ce programme fait son entrée avec une polka française qui se fait scintillement perpétuel : le raffinement de l’orchestrateur se révèle ici (pizzicato de la harpe entre autres…). Même inspiration irrésistible et jamais tapageuse pour Hirondelles de printemps : l’élégance de cette valse très suggestive, porté par son thème printanier subjugue littéralement (au solo de la première clarinette répond la 2ème clarinette particulièrement caressante…). La subtilité du ton, la tendresse infinie de l’inspiration classent cette valse de Josef parmi ses meilleures partitions. AInsi s’achève la première partie.

A la délicatesse ondulante de Josef, répond en début de seconde partie, le génial trait expressif du Perpetuum mobile opus 356, qui fait se siccéder le basson, piccolo, clarinette, triangle : la finesse de l’orchestration démontre le génie de Johann, l’aîné de la fratrie. Accélaration pourrait avoir pour origine de son énergie quasi fièvreuse, l’hommage du compositeur aux avancées technologiques de l’époque : pour se faire, les téléspectateurs du concert ont pu suivre le développement de la valse à travers les jeunes danseurs du ballet de l’Opéra de Vienne, dans les espaces (escaliers, salle de lecture) de l’Université technique de Vienne. Là encore au service d’une œuvre entraînante, les instrumentistes viennois font entendre les qualités qui les distinguent depuis des années : la transparence, la clarté, la mesure et l’élégance du style.

La Valse Les bords de l’Elbe est l’une des dernières composées par Johann Strauss II, ici même dans la salle dorée du Musikverein : au raffinement omniprésent, Zubin Mehta apporte le sens de la couleur et une exquise caractérisation qui en fait une pièce d’atmosphère.

Concert du Nouvel An à Vienne : Zubin Mehta dirige StraussPour le 2ème rv dans l’Université technique de Vienne où l’on retrouvait sur le petit écran, le corps de Ballet de l’Opéra de Vienne, Zubin Mehta inscrit une plus rare valse, celle des étudiants. Clin d’oeil aussi enjoué que le Perpetuum mobile, l’Annen Polka du même Strauss fils opus 117 transporte par sa facétie électrique et scintillante, c’est un hymne plein de pétillance et d’ivresse première. Mais tout concert du NOuvel An viennois ne serait pas digne de ses prédécesseurs s’il ne programmait en conclusion les deux sommets absolus de la famille : Le beau Danube bleu, éternel scintillement en tendresse et nostalgie liquide puis la Marche de Radetzky : prétexte ainsi à réconcilier les compositeurs antagonistes, car Johann le fils s’était fâché avec Johann le père… lequel avait abandonné femme et enfants. A la fois ferme et nerveuse, d’une générosité allante et racée, le direction de Zubin Mehta porte l’ultime tension de ses deux pièces maîtresses que le public attend depuis le début de la performance comme deux joyaux symphonique d’une irrépressible activité. Saluons Sony classical de nous offrir dans le prolongement du concert viennois la trace d’une nouvelle étape plus que convaincante dans l’histoire des Philharmoniker, toujours enthousiastes et unis pour que résonne de la façon la plus élégante qui soit, la célébration de l’an neuf.

Concert du Nouvel An à Vienne / Neujahrskonzert – New Year’s concert 2015  : 1er janvier 2015. Valses, polka, galop, pièces diverses et ouverture de Suppé, Johann I et II Strauss, Josef et Eduard Strauss.  Wiener Philharmoniker. Zubin Mehta, direction. 2 cd Sony classical. Enregistrement réalisé au Musik verein de Vienne le 1er janvier 2015.

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