vendredi 29 mars 2024

CD. Compte rendu critique. Verdi : Requiem (Lorin Maazel,février 2014, 1 cd Sony classical)

A lire aussi

Maazel verdi messa da requiem 1 cd classical sonyCLIC D'OR macaron 200CD. Compte rendu critique. Verdi : Requiem (Lorin Maazel,février 2014, 1 cd Sony classical). L’adage veut que parvenus au soir de leur carrière, les artistes offrent le meilleur d’eux-mêmes, faisant surgir un je ne sais quoi de sublime et de supérieur sans forcer leur nature. Ce disque comme le dernier Abbado (9ème Symphonie de Bruckner, DG) ne déroge pas à la règle. Le Maazel de Munich vaut bien l’Ababdo de Lucerne… des prophètes qui semblent nous parler depuis l’autre monde. Heureuse fin, bouleversante et d’une gravité qui suscite l’admiration. Enregistré en février 2014 soit quelques mois avant sa disparition (juillet 2014 à 84 ans), ce Requiem verdien peut être vécu comme le chant du cygne du chef Lorin Maazel. De fait à Munich, le maestro exprime avec les qualités que nous lui connaissons l’ample ferveur incarnée si dramatique de la Messe des morts de Giuseppe Verdi. Nous sommes bel et bien à l’opéra ici, tant la violence juste des chœurs (superbes vagues chorales des basses surtout), l’engagement des solistes, l’orchestre très expressif et souple à la fois (cuivres flamboyantes et mordantes) tissent une lecture vive, parfois attendrie donc intérieure, à mille lieues de bien des approches plus péremptoires et purement démonstratives. Le chef n’oublie pas le sens du recueillement, le souffle des témoignages en particulier dans le Recordare, suite d’interventions pour les quatre solistes : le ténor coréen seul montre d’abord d’évidentes faiblesses dans la tenue de la ligne, avec une propension malgré la beauté du timbre à surjouer et en faire trop. Heureusement, il se reprend en cours de flux, s’accordant progressivement à la ligne d’humilité de ses partenaires. L’unité de ton entre les solistes est donc à souligner grâce à la baguette scrupuleuse du chef.

 

 

 

En février 2014, Lorin Maazel enregistre à Munich le Requiem de Verdi, avant de décéder 5 mois plus tard…

Testament spirituel de Maazel

 

 

maazel-lorin-582-594-maestro-verdi-messa-da-requiem-sony-classical-clic-de-classiquenews-avril-2015L’Offertoire qui ouvre le cd 2 saisit par son introspection tendre, presque innocente : Hostias remarquablement tenu et d’une douceur surprenante. La basse (Georg Zeppenfeld) comme l’alto (Daniela Barcellona) sont irréprochables : exaltés, vivants, humains avec humilité. Idem pour Le lux aeternam : autre moment d’effusion dans la communion. Le ton est constamment justes. Le soprano parfois vibré et instable d’Anja Harteros, malgré elle aussi la distinction du timbre, faiblit en cours de cycle mais dans le cd 2 révèle ses qualités expressives en particulier dans le Libera me final, vraie confession panique d’une âme pêcheresse en quête de salut comme de paix : comment ne pas penser ici à la Desdemona d’Otello, et aussi dans sa prière exacerbée enivrée à la Tosca de Puccini. De toute évidence, avec son nez légendaire, au départ, Maazel réunit de très solides solistes. L’ultime section à l’énoncé du Requiem par la soprano atteint une pureté d’intention réellement jubilatoire, d’autant que les chœurs sont présents, murmurés, palpitants eux aussi (superbe prise de son spacialisée).
En maître lyrique incontesté, Maazel mène ses troupes avec une tension somptueuse, soulignant les arêtes vives d’essence opératiques de la partition. Les passages et les transitions sont ciselées dans le sens de l’intériorité suave. Cet hédonisme qui puise ses racines dans l’opéra ravira les amateurs du Verdi opératique, de fait si présent dans son Requiem : les puristes pour des voix plus angéliques moins épaisses maintiendront d’évidentes réserves. Pourtant la cohérence du style, l’équilibre de l’intention sans débordement composent une lecture prenante, développe un juste accord entre expressivité et ferveur. Voilà qui laisse un témoignage plutôt convaincant s’agissant du dernier Maazel. Par sa sincérité rayonnante qui s’affirme peu à peu la Missa da Requiem du dernier Maazel mérite le meilleur accueil, c’est donc un CLIC de classiquenews d’avril 2015. In memoriam maestro.

 

 

Maazel verdi messa da requiem 1 cd classical sonyVerdi : Messa da Requiem. Anja Harteros, Daniela Barcellona, Wookyung Kim, Georg Zeppenfeld. Münchner Philharmoniker. Philharmonischer Chor München. Lorin Maazel, direction. Enregsitrement réalisé à Munich en février 2014. 1 cd Sony classical

 

 

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars 2024. LULLY : Atys (version de concert). Les Ambassadeurs-La Grande Ecurie / Alexis Kossenko (direction).

Fruit de nombreuses années de recherches musicologiques, la nouvelle version d’Atys (1676) de Jean-Baptiste Lully proposée par le Centre...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img