vendredi 29 mars 2024

CD. coffret. Renata Tebaldi : Voce d’angelo, the complete Decca recordings (66 cd Decca)

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tebaldi renata voce d angelo complete decca recordingsCD. coffret. Renata Tebaldi : Voce d’angelo, the complete Decca recordings (66 cd Decca). Elève de Carmen Melis, diva de La Scala de Milan, la jeune Renata débute dans le rôle d’Elena de Mefistofele en 1944, elle a 22 ans (plus tard en 1958 pour Decca justement, elle chantera sous la direction de Tulio Serafin à Rome, le rôle de Marguerite, offrant à l’héroïne sacrifiée sa chair angélique dans une fresque orchestrale pleine de souffle et de ressentiment goethéen…). Puis à 24 ans, c‘est le chef Arturo Toscanini antinazi convaincu, qui deux ans plus tard (1946) lance sa prodigieuse carrière pour le concert de réouverture de La Scala. Le maestro lui fait apprendre le rôle titre d’Aida dès 1950 (avec del Monaco : c’est un triomphe). Plus qu’en Europe, c’est principalement à New York que La Tebaldi s’impose ensuite sans faiblir jusqu’en 1973 ! La diva enchaîne les prises de rôles, surtout véristes dont Adrienne Lecouvreur montée pour elle avec Franco Corelli… Le rythme est trépidant et l’usure de la voix menace : en 1959 à 37 ans, Tebaldi doit cependant modérer ses engagements pour se reposer… La soprano ne fut guère bellinienne, – comme une Sutherland plus tard. Elle avait pourtant la noblesse et la pureté des aigus : mais Tebaldi s’intéresse à Verdi et surtout à ses successeurs italiens : Puccini et les véristes (Mascagni, Cilea, Ponchielli…). Cet ange descendu du ciel aurait-elle néanmoins un grain de voix adapté pour les rôles très dramatiques ? c’est là qu’elle rejoint Maria Callas.

 

 

 

Tebaldi, l’ange tragique

 

CLIC D'OR macaron 200Au regard de ce coffret évidemment incontournable, la voix d’ange, vraie rivale de Callas sur le plan expressif et esthétique, Renata Tebaldi, fut surtout une … vériste ; moins la verdienne étincelante comme on aime nous la présenter exclusivement. Ici 27 opéras intégraux l’attestent. Certes la voix d’ange comme il est rappelé sur le coffret, saisit par sa pureté d’émission : la cantatrice avait tout autant un tempérament ardent, prête à déclamer avec une expressivité ciselée. De même ses Puccini diamantins confirment l’aisance et l’éclat d’une voix étincelante et inoubliable pour ceux qui l’ont écoutée sur scène (Mimi ici en 1951, 1959 ; Butterfly de 1951 et 1958 ; Manon Lescaut de 1954…), et qui eut pour partenaires dans les années 1950 / 1960 : en particulier l’excellent et solaire Carlo Bergonzi (Rodolfo de La Bohème, ou Pinkerton de Madama Butterfly, Radamès d’Aida), Mario del Monaco (Dick Johnson de la Fanciulla del West, Radamès d’Aida, Manrico du trouvère), Fernando Corena… L’importance des opéras véristes est d’autant plus pertinente qu’elle nuance l’image de la cantatrice blanche, désincarnée, céleste…

Renata-Tebaldi-1960Qu’il s’agisse de sa subtile Adriana Lecouvreur (1961, à la déclaration digne et tragique propre aux grandes actrices sur la scène du théâtre), surtout de l’éblouissante Gioconda, sur le livret de Boito (1967, pour nous un accomplissement inégalé à ce jour, d’autant que sous la direction de Lamberto Gardelli, Tebaldi chante Gioconda avec des graves riches, aux côtés de Nicolai Ghiuselev, Marylin Horne, Carlo Bergonzi… ), surtout son rôle de Marguerite dans Mefistofele d’Arigo Boito (1958), La Tebadli assure un chant plein, expressif proche du texte, d’une déclamation troublante parce que pure et aussi articulée : son style, sa musicalité rayonnent. Sa Tosca confirme l’étendue d’une voix qui savait être puissante et tragique voire sombre (le coffret réunit ses deux emplois dans le rôle de Floria, 1951 et 1959) : c’est là que la comparaison avec la Callas paraît incontournable : elle révèle deux natures lyriques égales, indiscutables, deux conceptions distinctes tout autant cohérentes l’une et l’autre… Ses trois rôles les plus tardifs étant ici Il Trittico de Puccini (Giorgetta, Suor Angelica, Lauretta)1962), La Wally (1968), Un ballo in maschera (Amelia, 1970 aux côtés de Luciano Pavarotti). Ce dernier formera ensuite un duo tout autant légendaire avec Joan Sutherland toujours pour Decca, dans le sillon ouvert par la sublime Tebaldi.

Pour les 10 ans de sa disparition, Decca a bien raison de rééditer l’intégrale des opéras (et récitals thématiques) devenus mythiques à juste titre, d’autant que le duo qu’elle forme avec Mario del Monaco (la félinité mordante du timbre), avec Carlo Bergonzi (au style musical d’une élégance princière absolue) est un modèle inoubliable de musicalité comme d’intelligence expressive. Quelle autre diva d’une telle trempe peut revendiquer des partenariats aussi convaincants ? Coffret événement. Cadeau idéal pour les fêtes 2014.

 

 

CD. coffret. Renata Tebaldi : Voce d’angelo, the complete Decca recordings (66 cd Decca).66 cd Decca 478 1535

 

 

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