CD, coffret, critique. CHARLES MUNCH, complete recordings on Warner Classics (13 cd – WARNER). Mort en 1968, Munch le magnifique incarne lâexcellence de la baguette depuis lâaprĂšs guerre, dĂ©fenseur zĂ©lĂ©, inspirĂ© du rĂ©pertoire français, quand tous les grands dĂ©montraient leur compĂ©tence voire leur brio dans Beethoven, Brahms voire Bruckner, soit les compositeurs germaniques romantiques. NĂ© en 1891, lâAlsacien, fut enrolĂ© sous banniĂšre prussienne pendant la grande guerre, puis devint français en 1918 (son nom perd le trĂ©ma du u) : triste et cynique rĂ©alitĂ© politique. Mais la carrure du chef dĂ©passe les conflits nationalistes car il est europĂ©en et lâun des meilleurs chefs de son temps. Fils de musiciens Ă©tablis Ă Strasbourg, tous interprĂštes et connaisseurs de Bach, Charles sâengage rĂ©solument pour Bruckner.
CHARLES MUNCH en majesté
avec les orchestres français
FormĂ© entre Paris et Berlin, Charles Munch devient premier violon au Gewandhaus de Leipzig (1925) et joue sous la direction dâun chef qui devient modĂšle pour son expĂ©rience propre, FurtwĂ€ngler ; puis sous Bruno Walter dont lâhumanisme le marque profondĂ©ment. A Paris en 1932, Munch dirige lâorchestre Straram ; en 1935, la SociĂ©tĂ© Philharmonique de Paris créée par Cortot. Enfin, devient le chef attitrĂ© de la SociĂ©tĂ© des concerts du Conservatoire (1938), laquelle avait en 1830 créé la Fantastique de Berlioz.
Pendant lâOccupation, le chef poursuit sa carriĂšre musicale, et renverse ses cachets Ă la RĂ©sistance. Un hĂ©ros, le modĂšle du musicien engagĂ©. Tout en dĂ©fendant les Français (de Berlioz Ă Ravel), Munch se passionne aussi pour la crĂ©ation et joue les oeuvres nouvelles de ses contemporains ou des jeunes auteurs dont Martinon, Messiaen, Honegger. Il dirige lâOrchestre national de France encore jeune (créé en 1934), lâemmĂšne aux States en 1946 ; lĂ , le Boston Symphony Orchestra lui offre sa direction musicale dĂšs 1949 (et jusquâen 1962, tout en dirigeant le Festival de Tanglewood, rĂ©sidence dâĂ©tĂ© de lâorchestre bostonien). Il fait de la phalange amĂ©ricaine, un orchestre racĂ©, stylĂ©, Ă©lĂ©gant, français et terriblement nerveux.
Les 13 cd du coffret WARNER, regroupe lâintĂ©grale des enregistrements rĂ©alisĂ©s pour EMI et ERATO, dans les annĂ©es 1930, 1940 et 1960. Lâensemble reflĂšte lâĂ©clectisme du goĂ»t musical de Munch, du Baroque (VIVALDI : Concerto pour violon opus 3 n°9 ; Bach son dieu : Cantate BWV 189, cd10), aux Français Romantiques (Chopin et Saint-SaĂ«ns), modernes (RAVEL : Daphnis, Pavane, les deux Concertos pour piano, La Valse⊠et DEBUSSY : La Mer), mais aussi les contemporains tels HONEGGER : Symphonies n°2, n°4, Danse des mortsâŠ, les jeunes auteurs comme DUTILLEUX (Symphonie n°2 Le Double, âŠ). Sa version des Symphonies 3 et 4, fĂ©brile et puissante (cd5) reste indĂ©passable. CĂŽtĂ© germaniques se distinguent la Symphonie n°1 de Brahms, le Concerto pour piano LâEmpereur de Beethoven.
Le prĂ©sent coffret Ă©vĂ©nement sâil en est, pour ceux qui veulent Ă©couter le son dâun maestro anthologique, rassemble le travail du chef mythique avec les orchestres français : SociĂ©tĂ© des Concerts du Conservatoire devenue Orchestre de Paris, Concerts Lamoureux, Orchestre National de lâORTF, National de la Radio diffusion française. Il nous reste aujourdâhui pour mesurer le gĂ©nie de Munch Ă lâĆuvre, les versions (deux) de la Fantastique de Berlioz, sa partition fĂ©tiche ; la Mer de Debussy ou Daphnis de Ravel sans omettre les Symphonies de Roussel : Munch pas toujours trĂšs prĂ©cis sur le plan mĂ©tronomique, savait comme nul autre Ă©lectriser les instrumentistes au moment du concert, les emportant littĂ©ralement comme les spectateurs, jusquâĂ des sommets dâextase poĂ©tique. Rien de moins. Coffret Ă©vĂ©nement. CLIC de CLASSIQUENEWS de novembre et dĂ©cembre 2018.
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CD, coffret, critique. CHARLES MUNCH, The complete recordings on Warner Classics (13 cd – WARNER). Ref. : 0190295611989