mardi 19 mars 2024

André Chénier à l’Opéra de Tours

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GIORDANO Umberto_Giordano_by_Gaetano_Esposito_(color)TOURS, Opéra. GIORDANO : Andréa Chénier. Les 24, 26, 28 mai 2019. L’étonnante et audacieuse saison lyrique 2018 – 2019 de l’Opéra de Tours s’achève en mai 2019 avec la dernière (et quatrième) nouvelle production maison : Andrea Chénier d’Umberto Giordano (1896), en coproduction avec l’Opéra de Nice : 3 dates de mai, les 24, 26 et 28 mai 2019. Benjamin Pionnier dirige l’Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours ; avec Gustavo Porta dans le rôle-titre, Béatrice Uria-Monzon (Madeleine de Coigny), André Heyboer (Charles Gérard)…  Mise en scène : Pier Francesco Maestrini.
On ne saurait insister sur l’activité de la scène lyrique Tourangelle, qu’il s’agisse de défrichement (comme le récent spectacle des 7 péchés capitaux de Kurt Weill l’a montré fin avril, dévoilant le geste acide et poétique du compositeur berlinios de passage à paris dans les années 1930…), ou de productions courageuses qui nécessitent des moyens vocaux, orchestraux et visuels de premier plan. Le cas de ce Chénier le montrera encore, car s’agissant de l’ouvrage fétiche de Umberto Giordano, les défis sont multiples et plutôt élevés.

chenier-poete-classiquenews-chenier-andre-umberto-giordanoD’inspiration historique, l’ouvrage revisite l’histoire française et évoque le parcours à la fois héroïque et fatal du poète André Chénier (1762-1794). L’opéra nécessite toutes les ressources d’une maison d’opéra (le choeur y est très présent). Car derrière le huit clos sentimental qui rapproche le poète Chénier, – poète martyr, victime des dérives terrifiantes de la Révolution française-, Madeleine et Gérard, le compositeur vériste Giordano sait surtout évoquer le souffle et la terreur de la période révolutionnaire… Sens de la couleur orchestrale, dramatisme vocal, efficacité scénique… les talents de Giordano sont nombreux ; c’est assurément le plus doués des créateurs de la Jeune Ecole, particulièrement marqué par le modèle légué par Puccini. Giordano sait construire un opéra historique, évoquer la terreur parisienne et l’échec des révolutionnaires, auxquels il oppose la sincérité des valeurs de fraternité, de paix, de liberté. Giordano offre aux ténors, un rôle très complet, nécessitant profondeur, expressivité, drame et subtilité. Une performance que les plus grands chanteurs ont relevé, de Pavarotti, Domingo, Carreras à Cura et plus récemment, Jonas Kaufmann… L’action plonge au cœur de la Révolution française dont la face brutale et sanguinaire est exposée sans masque : Giordano aurait-il fait un opéra politique, dénonçant les dérives de ceux qui se frappent de bonnes intentions ; prêts à imposer un nouvel ordre de liberté, pour mieux assoir leur pouvoir despotique. N’y a t il pas duperie dans tout acte politique ? L’amour, la liberté et la fraternité ne sont-elles pas les clés d’une société libre justement ?

 

A l’acte I en 1789, acte de présentation des caractères, le poète Andréa Chénier est l’invité de la Comtesse de Coigny ; il improvise sur l’intransigeance du clergé et de la noblesse. Mais l’admirent la fille de la Comptesse, Madeleine, et aussi Gérard, serviteur, qui est épris de cette dernière.

Acte II : cinq ans ont passé (1795) et Giordano évoque ce Paris révolutionnaire des Incroyables et Merveilleuses, créatures hallucinantes mais figures bien historiques dont la mine et l’étoffe étudiés contrastent avec la terreur et la barbarie ordinaire : la Révolution a enfanté une période de doutes et de chaos… Chénier, bien que suspecté (alors qu’il défend les idées d’égalité et de fraternité), retrouve la belle Madeleine (superbe duo d’amour : « Ora suave »). jaloux, Gérard provoque Chénier et le blesse, puis devant la foule haineuse, l’innocente.

Acte III. Gérard devenu juge au tribunal révolutionnaire signe contre son gré l’accusation de Chénier : Madeleine qu’il aime, s’offre à lui s’il sauve le poète qu’elle adore (sublime prière crépusculaire « La Mamma morta »). Mais Chénier est condamné et Gérard jure de le sauver.

Acte IV. En prison, Chénier attend la mort (« Come un bel di di Maggio »). Gérard a aidé Madeleine pour approcher son aimé : les deux amoureux peuvent mourir, fortifiés par la splendeur du lien qui les unit (dernier duo « Vicino a te »).

La fresque est terrible et violente ; l’amour de Chénier et de Madeleine, tragique et irréversible. Contre la barbarie humaine, – fruit de la Révolution française, Giordano défend les valeurs de fraternité (Gérard / Chénier), d’amour (Chénier et Madeleine) ; la vanité et l’échec de tout système politique s’il ne sert pas l’amour et le bonheur des êtres.

 

Nouvelle production événement avec Les Fées du Rhin de Jacques Offenbach (création française) en ouverture de saison 2018 – 2019.

 

 

TOURS, Opéra. Giordano : Umberto Chénier, 1896
Les 24, 26 et 28 mai 2019

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/andrea-chenier

 

 

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