vendredi 29 mars 2024

Vestiaire de divas Catalogue de l’exposition au CNCS. Juin 2010

A lire aussi

Vestiaire de divas
Catalogue de l’exposition au CNCS. Juin 2010

« Vestiaire » de divas et non « garde robe »… entendez donc des habits de féerie que portent plusieurs personnes, d’une époque à l’autre, d’une diva à l’autre, d’un chant et donc d’un style lyrique à l’autre… une rotation qui renforce davantage la valeur des soieries et broderies ouvragées, du seul fait de l’identité prestigieuse des artistes: voyez ainsi cette robe à grands paniers XVIIIè en soie ocre marron recouverte de tulle d’or… portée par la Maréchale dans Rosenkavalier de Strauss que revêtirent tour à tour, sur la scène de l’Opéra de Paris: mesdames Saunders, Ludwig, Dernesch, Te Kanawa (1976), Soederstroem… 5 étiquettes cousues dans la doublure attestent de ce brillant pedigree.

Le Centre national du costume de scène (CNCS) regroupe plusieurs costumes (et le plus souvent robes) de scène portées par les divas de l’opéra, mais aussi des variétés (Mistinguett, Dalida…), des étoiles du théâtre comme Isabelle Adjani ou Sarah Bernhardt… sur les traces de Rachel, Adrienne Lecouvreur (laquelle inspira un opéra de Cilea: du théâtre à l’opéra, il n’y a toujours qu’un pas), de Mademoiselle Dumesnil…), des égéries incarnant la femme française (Emma Calvé, Cléo de Mérode…). En exposant les plus beaux atours des divas souvent légendaires, l’exposition et le catalogue qui en découle offrent un condensé de féminités rayonnantes lesquelles souvent incarnent des souveraines historiques, des héroïnes de la fable, des sirènes, haineuses, tragiques, suicidaires… exaltées sublimes ou désespérées lunaires, qui parlent toutes à notre imaginaire. Leurs parures qui souvent a magnifié leur silhouette sont des tenues de scène ou de récital. Pour elles, les plasticiens et créateurs de toutes disciplines oeuvrent de concert pour rehausser davantage la magie de la scène et le charme de leur voix, parlée, chantée, déclamée… bijoux et écrins, les costumes rassemblés ressuscitent l’aura de celles qui les ont porté.
Quand les couturiers s’en mêlent (lire l’article de Christian Lacroix, collaborateur au catalogue qui est aussi président d’honneur du CNCS), les divas deviennent incarnation du style, du rêve, de la beauté: voyez June Anderson, Maria Callas, Sybill Sanderson (créatrice de nombreuses héroïnes des opéras de Massenet), La Duse, La Lubin, Renée Fleming et Marthe Chenal… Ce sont aussi Cecilia Bartoli dans le costume de Chérubin (1990), La Berganza dans la robe de Cenerentola (1977), Lucienne Bréval en Walkyrie (1893), Grace Bumbry en Ariane (1975), La Caballe en Turandot (1987), Teresa Stratas en Lulu (1979), Shirley Verrett (Sinaïde, 1983)… et que dire (davantage encore) des superbes costumes portés (donnés?) par La Crespin (divine Maréchale ou palpitante Ariane à Naxos: deux costumes révélés, dons magnifiques de la diva après sa mort en 2007), Mirella Freni (Adrienne Lecouvreur en 1993), Kiri Te Kanawa et Jessye Norman (Didon, 1984), Christa Ludwig (Elektra, 1974), … Adelina Patti, Jane Rhodes (en Carmen, 1959), Hortense Schneider en Duchesse de Gerolstein (1867)… et tant d’autres légendes qui ont été le temps de leur rôle, des étoiles touchant l’éternité…

La plupart des costumes proviennent des productions de l’Opéra national de Paris.
Evidemment celle qui les surclasse toutes, Maria Callas en costume de Norma (Opéra de Paris, 1964) paraît aussi dans sa démesure inégalable: diva mutante, la silhouette changeante régénérée, surgissant de sa chrysalide, l’impératrice du lyrique essaie chez sa couturière de Milan, Madame Biki, (1958), une nouvelle robe new style… L’étoile lyrique, véritable mythe de son vivant, s’expose ainsi en couverture du catalogue, avec ce beau geste de la main gauche sur l’épaule. Instant de grâce et de maintien, d’une perfection volée, et pourtant hors de scène… Callas forever. Constellation à elle seule.

Vous consulterez enfin la partie dédiée aux actrices et artistes de variétés (dernière partie représentant 1/3 du catalogue) pour constater que la diva est aussi un genre captivant hors du lyrique. De Barbara à Mistinguett, de Dalida à Piaf (la fameuse robe « fétiche » toute en noir), sans omettre Isabelle Adjani (Ondine, 1974), les costumes de La Bernhardt (Reine dans Ruy Blas, Jeanne d’Arc…), Edwige Feuillère (la dame aux camélias, 1939,1959), et Zizi Jeanmaire (et son truc en plumes, évidemment): toutes offrent une diversité de facettes étonnantes qui nourrit encore le mythe de la diva à travers l’extravagance et la personnalité des costumes et des accessoires… Etourdissant et exaltant.

Vestiaire de divas. Catalogue de l’exposition au CNCS. 189 pages. Editions Gourcuff Gradenigo Centre national du costumes de scène CNCS. Parution: juin 2010. Prix indicatif : 25 euros.

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars 2024. LULLY : Atys (version de concert). Les Ambassadeurs-La Grande Ecurie / Alexis Kossenko (direction).

Fruit de nombreuses années de recherches musicologiques, la nouvelle version d’Atys (1676) de Jean-Baptiste Lully proposée par le Centre...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img