Verdi: Il Trovatore (Armiliato, Alvarez, 2011)
Metropolitan, avril 2011: Marco Armiliato dirige avec fermeté et nerf (parfois précipitation) l’orchestre new yorkais. Le plateau est heureusement porté par 4 tempéraments sûrs et de plus en plus charismatiques: Sondra Radvanovsky hier superbe Elisabeth dans Don Carlo à Bastille, fait ici une Leonora ardente et stylistiquement impeccable (malgré un vibrato permanent, mais quelle projection juste! Et quel air :« D’amor sull’ali rosee« : déchirant, pour le coup totalement incandescent aux couleurs lugubres, habité par la mort!); Dmtri Hvorostovsky est un comte de la Luna plein de noblesse, de panache quoique moins nuancé que ses partenaires, et souvent rien que trop en force!: sa berceuse il balen del suo sorriso manque terriblement de fluidité et de simplicité comme parfois de justesse. Il revient à Marcello Alvarez en grande forme d’incarner le Trouvère Manrico avec une finesse et un engagement très convaincant: flamme vocale, sens du texte, vaillance du timbre, projection facile et claire. Seule la sorcière gitane, 4è pilier de la distribution Dolora Zajick, ne sait parfois guère éviter le placement caricatural de sa voix certes intense mais totalement étrangère à l’italien comme au jeu simple et habité: dommage que la chanteuse manque sa partie qui doit être hallucinée, rongée et dévorée par des visions atroces et déchirantes, dès la première note de « Stride la vampa« … C’est chanté honnêtement mais sans plus. Verdi a le génie de lui réserver un rôle exceptionnellement riche: accents déclamés du début puis vertiges maternels pour son fils présumé Manrico… Il n’empêche que souvent le théâtre verdien trouve ici grâce au jeu entier, radical des chanteurs, une force et une vérité franche. De son côté, le duo Alvarez/Radvanovsky est brûlant, palpitant proche de la perfection.
Cast solide
Choeurs magnifiquement conduits également (de vrais acteurs avec figurants sachant manier l’épée en joutes barbares comme l’enclume), chef vivant et nerveux (parfois lourd cependant dans le choeur des gitans), mise en scène ultra classique citant en filigrane l’Espagne exsangue et fantastique de Goya (signée McVicar et présentée dès 2009)… Rien ne manque à ce spectacle haut en couleurs et en voix. Très belle réussite globale.
Giuseppe Verdi: Il Trovatore. Marcelo Alvarez, Sondra Radvanovsky, Dolora Zajick, Dmitri Hvorostovsky… Marco Armiliato, direction. David McVicar, mise en scène. Enregistrement réalisé au Metropolitan Opera de New York, en avril 2011. 1 dvd Deutsche Grammophon Ref.: 0044007 34783
