Giuseppe Verdi
En direct du
Théâtre Antique d’Orange
France 2,
mardi 12 juillet 2011 à 21h45
Pour Aïda, la distribution
réunit l’américaine Indra Thomas dans le rôle-titre et Carlo Ventre dans
celui du général égyptien vainqueur, favori de Pharaon, Radamès… sous
la direction de l’excellent Tugan Sokhiev qui dirige « son » Orchestre
national du Capitole de Toulouse. Charles Roubaud qui a déjà traité Aïda
à Orange (2006) réactualise son regard et se concentre sur la violence
des passions, la menace que fait peser auprès des individus, un climat
de guerre totale (la référence historique retenue est la guerre entre
l’Egypte et l’Ethiopie après l’ouverture du Canal de Suez, en
1875/1876). « Ma vision sera volontiers plus sombre, plus acerbe que
ma mise en scène précédente ; je souhaite mettre en évidence la violence
de l’ouvrage, l’un des plus réussis de Verdi qui concilie le huit clos
psychologique et la grande fresque égyptienne« . La mise en scène
qui sollicite les images et vidéos projetés s’accordera à l’ampleur du
Théâtre et jouera de fait avec les dimensions de l’immense mur antique.
La
dramaturgie de Verdi fait évoluer les personnages du drame. Au départ,
véritable type psychologique, presque figé, associé à une voix (soprano
tragique, mezzo sombre et envieuse, baryton noble, ténor vaillant et
amoureux), les caractères se modifient, et à partir des années 1870, –Aïda est
crée en 1871 à l’opéra du Caire-, les individus mêlent la gravité et la
tendresse, le tragique et le combatif, en un mélange complexe qui imite
la vie.
Dans cette veine réaliste et de couleur tragique là aussi, verdi composa Rigoletto qui inaugura le nouvel opéra du Caire, en 1869.
Commande du Khédive égyptien, Ismaïl Pacha pour le nouvel opéra caïrote, Aïda
est d’autant moins artificiel ou décoratif, que le livret s’appuyant
sur une trame validée par le directeur du musée égyptien du Louvre,
Auguste Mariette, met en scène non plus des « types » mais des êtres de
chair et de sang, qui éprouvent sur la scène, l’horloge des sentiments
les plus extrêmes. Un temps compté, et des épreuves passionnelles qui
révèlent et brûlent caractères et ardeurs. En quatre actes, Aïda
recompose une lente chute vers le gouffre : la déchéance du héros
certes, mais l’élévation a contrario d’un coeur amoureux, fidèle,
jusqu’à la mort.
La carrière du général Radamès, gloire de
l’Egypte, amoureux de l’esclave Aïda, fille d’un roi ennemi, illustre
cette descente aux abîmes : trahison, passion amoureuse, exécution.
Historique, tragique, l’opéra verdien révèle sa triple identitié :
psychologique.
Verdi sous l’influence de Wagner, son contemporain,
abolit les anciennes conventions de l’aria et du récitatif, de la
cabalette triomphale, pour un drame musical continu. Le choix des
options pour une vraisemblance accrue est d’autant plus révélatrice des
intentions du compositeur que c’est Verdi lui-même qui écrit le livret
final ou, du moins, valide la dramaturgie générale.
Dans ce mode formel renouvelé, l’air d’Aïda à l’acte I : « Ritorna Vincitor »
incarne l’expression la plus élaborée d’un arioso dramatique où se
dilue l’ancien air classique. Et même l’ouverture d’Aïda aurait été
composée dans le souvenir du choc que lui causa l’ouverture de Tannhäuser, découvert et admiré en 1865 à Paris.
Aïda,
opéra en quatre actes
Livret de Verdi, versifié par Ghislanzoni
sur un texte de Camille du Locle (1868) d’après
l’intrigue d’Auguste Mariette
Créé à l’Opéra du Caire, le 24 décembre 1871.
Approfondir
Lire notre dossier biographique Giuseppe Verdi