Vadim Repin
Violon
En concert
Ludwig van Beethoven
Concerto pour violon et orchestre
Rouen, Théâtre des Arts
Orchestra of London
Dirk Joeres, direction
Le 17 novembre 2007
Lyon, Auditorium
Orchestre national de Lyon
Jün Markl, direction
Du 13 au 15 décembre 2007
Toulouse, Halle aux grains
Orchestre national du Capitole
Tugan Sokhiev, direction
Le 1er février 2008
1971, Novosibirsk
Rien au départ de destinait le jeune Repin au violon. Le hasard fait parfois bien les choses. A Novosibirsk où il est né en 1971, l’enfant de 5 ans suit l’invitation de sa mère pour suivre une classe de musique. Or la seule place disponible est celle d’un violoniste. Après six mois d’inititation, l’enfant est mordu et ne peut plus se passer de l’instrument qui sera désormais sa passion. Elève de Zakhar Bron, l’adolescent perfectionne son jeu et sa technique. A 11 ans, le jeune Repin donne de nombreux concerts dans l’ex URSS. Très vite la pureté de sa sonorité rapelle celle de David Oïstrakh. En 1987, il remporte le Prix du Concours Tibor Varga à Sion (Suisse). En 1989, le jeune artiste de 18 ans gagne la médaille d’or du Concours Reine Elisabeth de Bruxelles. Sa carrière internationale, de l’Est à l’Ouest est désormais lancée.
Entente et partage
Enregistré en février 2007, au Musikverein de Vienne (Concerto) puis en juillet suivant à Lugano (Sonate), le nouvel album du violoniste russe, marque un nouvel accomplissement dans la discographie de l’artiste. Pour son premier album chez DG, le violoniste âgé de 36 ans, a choisi d’enregistrer une partition qu’il connaît bien mais qu’il n’avait jamais gravée jusque là: le Concerto pour violon de Beethoven. C’est dans l’attente du « bon moment » que l’interprète se réservait, se destinait ainsi à l’aborder avec la complicité de Riccardo Muti, à la tête des musiciens du Philharmonique de Vienne. D’emblée, la filiation de Repin avec Menuhin s’impose au travers de l’oeuvre. Le maître a transmis des conseils judicieux au jeune appentis musicien car il n’a cessé lui-même de jouer la partition beethovénienne dès 8 ans, jusqu’à ses 65 ans. Menuhin devait sa propre conception de son maître Enesco. En l’abordant aujourd’hui, Vadim Repin s’inscrit dans le sillon tracé par son mentor car il faut infiniement de modestie et de maîtrise, d’intériorité et d’ingénuité voire d’insouciance pour réussir la lecture, une approche qui doit trouver un juste cheminement entre « simplicité enfantine » et « spiritualité la plus mûre ». Dans le mouvement central, Larghetto, le violoniste se dévoile personnellement. C’est un chant qui surgit de l’âme et du coeur, dans lequel il n’y a pas de place pour le calcul, l’artifice, la dissimulation. Dans le troisième mouvement, Vadim Repin a finalement opté pour la cadence qu’ a écrite Kreisler car sa compréhension de l’oeuvre y construit une vision apaisée et synthétique qui « réunit magnifiquement tous les fils et résume toute l’idée du Concerto ». Entente et affinité comme à mots couverts, la Sonate à Kreutzer dévoile une subtile opération de séduction quasi fusionnelle à deux. Autour du velours lumineux d’une heureuse séduction déployé, lové par une Agerich visiblement aux anges, l’infinie subtilité d’un Repin suspendu, facétieux et tonique, lui-même nourri d’une éloquence endiablée, s’engage dans les vertiges d’une partition réputée pour sa complexité de climats et de jeu. Le couple Argerich/Repin fonctionne à merveille.
Stylé, élégant, d’une tenue d’archet impeccable, tendue et souple comme un arc sonore, le violon de Vadim Repin (le fameux violon « Von Szerdahely » fabriqué par Guarneri del Gesù en 1736) sculpte dans la finesse et l’intime, un son souverain par sa tendresse et son épanouissement. Son chant est un fil lumineux, d’une exceptionnelle hauteur de vue, à la fois musicale et finie, mais aussi pure et éclatante par l’intensité du sentiment qui la soutient. Dans le Concerto, il conduit même Riccardo Muti dans d’infimes méandres de la mémoire, dans les replis de la sensibilité la plus secrête. Dans une vision personnelle, quasi arachnéenne, le violoniste a trouvé en Muti et Argerich, deux complices de premier ordre. Leur chant est d’une suprême entente.
CD
Lire notre critique du premier album de Vadim Repin chez Deutsche Grammophon: Beethoven, concerto pour violon et Sonate n°9 « à Kreutzer » (2 cd)
Crédit photographique
Vadim Repin © Kasskara/Deutsche Grammophon