vendredi 4 juillet 2025

Toulouse. Cloître des Jacobins, le 8 septembre 2011. Piano aux Jacobins. Haydn, Kit Armstrong, Schumann, Liszt … Till Fellner, piano

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Till Fellner est bien connu à Toulouse et son récital dans le cadre du festival de rentrée, Piano aux Jacobins était très attendu. Elégant et racé, le jeune viennois a offert un récital de grande tenue. Débutant avec une sonate tardive et originale du sage Joseph Haydn il a su en tirer toute la classe et l’élégance possibles avec une touche d’humour bienvenue.
Jouant avec délectation du thème unique de l’allegro initial comme d’une farce iconoclaste Till Fellner a démontré que son touché si lumineux lui permet un jeu précis et souple à la fois. Il ne comporte jamais la moindre dureté ni le moindre laisser-aller. Tout semble couler sous ses doigts aristocratiques. L’adagio central acquiert beaucoup de profondeur en sa somptueuse complexité. Le final plein de malice a semblé un feu d’artifice réjouissant. Assumant un contraste saisissant Till Fellner, a osé jouer la composition dont il est le commanditaire: Half of One, six dozen of the Other, du jeune compositeur (et pianiste virtuose, élève d’Alfred Brendel) Kit Armstrong âgé de 19 ans, est une partition peu séduisante. Jouée avec une concentration un peu appliquée elle n’a pas déclenché un grand mouvement du public. Pièce intéressante mais qui ne sera pas inoubliable…

Un prince à Toulouse

Les Scènes d’enfants de Schumann ont été un grand moment de musique sous les doigts très contrôlés de Till Fellner. On sait comme de nombreuses libertés sont prises dans ces pièces par les plus grands pianistes. Cette lecture pure et maîtrisée rend sa beauté immanente à ces miniatures ici débarrassées de mignardises comme de trop de nostalgie. La simplicité formelle de ces courtes pages, l’intelligence de cette composition en devient aveuglante. Comme un retour aux sources de la pureté d’âme de l’enfance. C’est Traumerei qui restera comme le moment le plus idyllique. Le phrasé subtil, les silences habités et l’élégance des nuances tout est comme un songe heureux hors du temps. Du grand Art !

Les extraits judicieusement choisis de la deuxième année de Pèlerinage de Liszt après l’intégrale époustouflante de Bertand Chamayou, prouve combien ce chef d’œuvre si complexe et varié peut sonner différemment sous des doigts également doués. Cherchant à mettre en valeur chaque pièce Till Fellner est extrêmement convaincant partout, y compris dans la virtuosité la plus folle, mais son charme aristocratique semble sans égal dans les moments élégiaques. La précision des phrasés, le délicat touché, les nuances exquises, les tempi tenus tout cela fait la noble matière d’un grand musicien au piano.
Le bis donné, extrait du premier recueil : le Lac de Wallenstadt, termine ce récital merveilleux sur une note de splendeur liquide dans un legato de rêve digne du bel canto ; idéal dans ce beau lieu en cette douce soirée d’été. Till Fellner est un artiste qui nous est précieux entre tous. Le public l’a fêté comme il se doit.

Toulouse. Cloître des Jacobins, le 8 septembre 2011. Piano aux Jacobins. Joseph Haydn (1732-1809) : sonate n°60, en ut majeur, Hob XVI/50 ; Kit Armstrong né en 1992 : Half of One, Six Dozen of the Other ; Robert Schumann (1810-1856) : Scènes d’enfants ; Frantz Liszt (1811-1886) : Années de Pèlerinage, extraits ; Till Fellner, piano

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