TOURCOING. P. Jaroussky chante Les Nuits d’étĂ©, 14, 16 octobre 2016. Pour fĂŞter les 50 ans de la crĂ©ation de son orchestre sur instruments d’époque, en cela pionnier visionnaire avant l’heure, Jean-Claude Malgoire dirige un programme 100% Berlioz Ă Tourcoing : rĂŞverie, obsession, folie de la Symphonie Fantastique, vĂ©ritable festival de couleurs et de timbres judicieusement combinĂ©s, spĂ©cifiquement français, et aussi manifeste du romantisme français (1830) ; furie italienne dans l’Ouverture de Benvenuto Cellini et cycle prosodique intimiste et miniaturiste avec Les Nuits d’étĂ©, sommet de la mĂ©lodie française avec orchestre, dĂ©clamĂ©es par le contre-tĂ©nor Philippe Jaroussky, lequel depuis quelques annĂ©es abandonne l’agilitĂ© des vocalises baroques pour approfondir un nouveau travail sur le texte français romantique… C’est donc une nouvelle version des Nuits d’Ă©tĂ© de Berlioz, non pas pour soprano mais ici, tĂ©nor et orchestre, option permise par Berlioz lui-mĂŞme qui n’a jamais fermĂ© la distribution de son cycle gĂ©nial…
Concert Berlioz, 50ème anniversaire
de la Grande Ecurie et la Chambre du Roy
Mercredi 12 octobre 2016 Ă 20h
Vendredi 14 octobre 2016 Ă 20h
TOURCOING, Théâtre Municipal R. Devos
Programme :
Symphonie fantastique Op. 14
Ouverture de Benvenuto Cellini Op. 23
Les Nuits d’été / 
Hector Berlioz (1803-1869)
Philippe Jaroussky, contre-ténor
Direction musicale : Jean Claude Malgoire / 
La Grande écurie et la Chambre du Roy
Symphonie fantastique Op. 14
(créée le 5 décembre 1830 ). En janvier 1830, avant de composer la Symphonie fantastique, Berlioz décrit à sa soeur la joie qu’il éprouve à la pensée « des champs vierges de la musique » qui s’ouvrent à lui. Des champs que les préjugés académiques ont laissé « incultes jusqu’à présent » et qu’il considère, depuis son « émancipation » due à Beethoven, comme son domaine. C’est le caractère révolutionnaire de l’oeuvre et son exploration hardie d’un nouveau territoire sonore et expressif qui frappèrent ses premiers auditeurs… Aujourd’hui encore, cette création romantique impressionne par sa modernité.
Ouverture de Benvenuto Cellini Op. 23 (créé le 10 septembre 1838). L’ouverture de cet opéra est une symphonie qui nous place d’emblée devant la redoutable destinée qui attend le héros de l’histoire : le célèbre orfèvre et sculpteur Benvenuto Cellini (1500-1571) dont Berlioz avait son héros. Au-delà de son amour (fou) pour Teresa – premier thème de cette intrigue – Benvenuto est d’abord un personnage sulfureux. Il se débattait avec les grands de ce monde, desquels il recevait de fastueuses commandes et une immunité passablement scandaleuse vu les vols, duels, meurtres qu’il commit… Une confrontation perceptible dès les premières mesures dont le rythme nerveux et l’emportement traduisent un irrésistible assaut, les dérèglements d’un psychisme tendu, nerveux, agité…
Les Nuits d’été
Voici l’un des joyaux de l’oeuvre de Berlioz. Dans ses Mémoires ou sa correspondance, le bouillant romantique ne fait aucune allusion à la genèse de ces six mélodies écrites sur des poèmes de son ami Théophile Gautier (La Comédie de la mort). L’orchestre structure ici la musique du compositeur français bien plus qu’il ne l’habille. Il donne un lustre particulier à chaque tableau, exaltant le relief des plans sonores, magnifiant le dessin splendide, intime et pudique, nostalgique voire lugubre (« Ma belle amie est morte »…) qui porte chaque mélodie. Les thèmes qui y sont développés sont ceux d’une sensibilité que la mort a frappé, enivre, exalte au delà du désespoir. Et c’est avec L’Île inconnue, le dernier des épisodes, une terre inaccessible mais présente dans la pensée du héros, qui s’affirme, telle la quête vital d’un idéal inaccessible…