vendredi 19 avril 2024

Sylvie Reboul: « Le vin & la musique. Révélations sur des accords divins » Editions Féret

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Noces divines


« Le vin & la musique: Révélations sur des accords divins » par Sylvie Reboul, oenologue

Musique et vin réalisent des noces divines, car comme le précise Platon, dans Les Lois, le vin prépare l’homme à la musique et au chant. Rien de plus musical au final que le divin breuvage dont l’âme est chantante (Baudelaire). Vin et musique, et bientôt champagne et opéra marquent le sommet d’une civilisation raffinée. L’auteur, par le texte et l’image, récapitule la rencontre du vin (du champagne, de la bière et d’autres alcools plus lourds, comme on lira plus loin…) avec la musique à travers l’histoire, au fil des civilisations, de l’Antiquité à nos jours (il est même question du renouveau du Cognac grâce au goût des… rappeurs noirs américains!).

Plus proche de nous, l’oenologue distinguée consacre surtout tout un chapitre à la place de l’alcool dans l’oeuvre et la carrière de nos chers musiciens, instrumentistes et compositeurs. « Le vin dans la vie des musiciens » , là encore richement illustré, est une partie passionnante où le mélomane retrouvera nombres d’anecdotes décisives, découvrira de non moins nombreuses facéties oubliées où la réalité dépasse l’imaginaire et la fable. Troubadours et chansons à boire, dès le haut Moyen-Age, se nourrissent des « bons biberons », essor de la chanson bachique grâce à Philippot (XVIIème); à l’appel du divin alcool, Lully ne sait résister: il fut même un sacré « débauché », quand au siècle suivant Gluck, ne savait lui non plus composer sans son seau de bouteilles de champagne à portée de mains. A l’âge classique, ni Haydn ni Mozart ne sont absents: le premier est un « bon vivant », et le second, un véritable « connaisseur »… de vin de Tokay, de Moselle ou de bière. Mais aussi de Champagne. Car comme le dit l’auteur de Don Giovanni: « l’eau est vraiment trop mauvaise!« .

Les pages instruisent le lecteur grâce au portrait arrosé des autres compositeurs et non des moindres de l’âge romantique: Schubert, Beethoven, et Rossini, mais aussi Berlioz (qui mène un train d’enfer à Rome après avoir remporté -enfin- le Prix de Rome), sans omettre les rois de la valse, la dynastie des Strauss… après Verdi, Wagner, Liszt; ici, Offenbach, autre apôtre du champagne, fait figure de « paradoxe ». Parler de vin, signifie indirectement aborder le régime alimentaire des compositeurs. Si sur ce point l’hédonisme de Rossini reste bien connue, il n’en est pas de même concernant par exemple Brahms, Puccini, E.T.A. Hoffmann, Poulenc et Gershwin…

En regard des textes, saluons la qualité et la pertinence du choix iconographique qui associe, en un accord festif, qui flatte et réjouit le plaisir de l’oeil, peintres déjà connus, ambassadeurs des sens éveillés/épanouis: Honhorst, Poussin, Véronèse (chacun auteur exemplaire dans l’art du Concert, de la Bacchanale, des Noces de Cana…) mais aussi Fantin Latour, Schwind, Vautenet, Hébert…

Après lecture, vous aurez goûté les nuances distinctives qui singularisent la coupe levée de Parsifal, les retrouvailles arrosées d’Hoffmann et de son ami Devrient dans la cave à vin de Luther (tableau de Karl Themann), l’ivresse hallucinatoire des chanteurs et chanteuses de Jazz ou de rock, l’amateurisme mesuré des chanteurs de variété française… Révélations sur des accords divins: le titre n’usurpe pas son appellation annoncée. Lecture enivrante.

Sylvie Reboul: « Le vin & la musique, révélations sur des accords divins ». 186 pages (éditions Féret)

Illustrations: la couverture du livre « Le Vin et la musique, révélations sur des accords divins » par Sylvie Reboul. Ernest Hébert: le petit violoneux endormi (DR), l’un des nombreux tableaux présents dans le livre des éditions Féret. Johannes Vermeer: la buveuse, un tableau à la poétique subtile qui aurait pu illustrer le propos de Sylvie Reboul (DR)

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